Identiterre

Bienvenue sur mon blogue personnel. Ce journal intimiste dans ses récits et propos exprime un désir de dépassement et d'authenticité.

Facebook | Galerie

Polarsteps



14 avril |

L'inspiration littéraire me provient ces temps-ci d'une bibliographie de Jack Kerouac, l'auteur du célèbre roman sur la route. La vie de l'auteur franco-américain de Lowell au Massachusetts ne sait pas fait dans la dentelle. Il fut le fondateur de la beat generation avec Allen Ginsberg et William Burroughs. C'est l'époque du jazz des années 40-60 à New York. Beat signifie le rythme associé au jazz. Le terme sert à désigner un ensemble de jeunes adultes paumés, nomades, qui deviennent auteurs et sujets de chroniques et textes. Cette période précédée au mouvement hippie et rock représentait une fracture sociale du conformiste américain, la contre culture. La différence entre la beat generation et le mouvement hippie est fort simple. Dans le premier, l'individualisme et les connaissances littéraires étaient mises de l'avant alors que le mouvement hippie des années 60 favorisait les communautés et la culture de masse. Toutes les deux étaient appuyés sur un modèle révolutionnaire et réfractaire à la culture en place. La drogue, l'alcool et la sexualité débridée étaient accompagnés des mouvements révolutionnaires non violentes de la contre culture. On retrouve quantité de terme associés aux mouvements. Hipster signifie un jeune urbain qui affiche un style vestimentaire et des goûts à contre-courant de la culture de masse. Le terme hobo provient de vagabond, clochard qui a précédé la beat generation qu'a repris Jack Kerouac dans ses aventures. Les hobo voyageaient dans les trains de marchandises au début du XIXème siècle qui a fait éclater sa propre culture. Le mouvement hippie est considéré la dernière résurgence spectaculaire du socialisme utopique. Le dénominateur commun de plusieurs artistes se retrouve dans leurs parcours parsemés de souffrances. Bob Dylan, récipiendaire d'un prix Nobel en littérature en 2016 fut l'un des plus grands porte-parole de ces époques révolutionnaires et encore acclamé aujourd'hui. Les modèles, tuteurs et influences ont fait défaut pour la plusieurs d'entre-eux. Ils ont rêvé d'idéal, d'utopie. Ils ont voulu changé le monde qui leur a échappé, plusieurs ont payés chers de leurs naïvetés. Certains ont réussi à se faire une place par leurs talents exceptionnels et leur détermination courageuse. Il n'y a rien de bien nouveau dans mon exposé historique. Il a ceci de fascinant que ma jeunesse l'a traversé en conservant des traces indélébiles. L'histoire m'aide à comprendre la société actuelle. Sortir du cadre me permet d'agir autrement en innovant. Get out of the box comme disent les américains est le recul nécessaire pour vivre consciemment. Aujourd'hui par hasard je rencontre deux anciennes connaissances plus jeunes que moi, le premier est devenu bipolaire et le second est atteint de la maladie de Parkinson. Un troisième a laissé sa femme à 72 ans après dix-huit de vie commune pour vivre son homosexualité. Ici je ne parle pas de tous ceux rencontré dans un passé qui m'apparaît pas si lointain que j'ai peine à reconnaitre. The time they are a changing chantait Bob Dylan comme si nous étions tous dans une gare pour une destination inconnue. Une montagne est comme un Bouddha. Pense à leur patience. Il y a des centaines de milliers d'années qu'elles sont parfaitement silencieuses, comme si elles priaient pour les êtres vivants dans le silence, attendant que nous mettions un terme à notre agitation et nos stupidités affirmait Jack Kerouac. En 1956 le poète, militant et anarchiste Gary Snyder, une connaissance de Kerouac écrit; j'entrevois la grande révolution des sacs à dos. Des milliers, des milions de jeunes américains, boudant leur rue et prenant la route, escaladant des montagnes, tous transformés en fous du zen, lancés de par le monde pour écrire des poèmes inspirés et des mots d'amour.

7 avril |

Le bon vieux jazz à mon goût; Chet Baker le matin, John Coltrane le soir. Les figures majeures sont les pianistes Duke Ellington, Oscar Peterson, Herbie Hancock et Count Basie, les trompettistes Louis Armstrong, Miles Davis, le contrebassiste Charles Mingus, les saxophonistes Lester Young, Charlie Parker et John Coltrane, le clarinettiste Sidney Bechet, et les chanteuses Nina Simone et Ella Fitzgerald. Dans un tout autre ordre d'idée, l'essai littéraire adopté est un travail écrit de réflexion concernant un ou plusieurs sujets précis. Il aborde divers domaines, à savoir la philosophie, la politique, l'histoire, la science etc. Ouvrage en prose, l'essai littéraire développe un discours libre et affectif. L'essai est un genre argumentatif proche de la réalité et rejetant la fiction. Il est toujours écrit en prose reposant sur l'observation de faits et sur une analyse de l'auteur qui présente sa propre opinion sur un ou plusieurs sujets étayées d'arguments et d'exemples tirés de son expérience personnelle. L'essai littéraire se distingue par un style simple et clair, typique de l'observation, l'analyse et l'explication. Le raisonnement se fait de manière logique en utilisant idéalement la première personne du singulier, le je. Sur un autre sujet, Heidegger se contentera de rappeler que la vérité n'est pas la construction d'un mécanisme explicatif pour tout ce qui arrive, mais le dévoilement de l'être par la parole poétique, dévoilement dont aucun mécanisme explicatif ne peut rendre compte. L'homme absurde n'a pas de sens car sa vie ne va nulle part, mais, n'allant nulle part, il lui semble permettre de vivre chaque instant avec intensité. Je peux me rapprocher de la vérité en sachant bien que je ne la posséderai jamais que ce soit envers moi-même ou autrui. Chercher la vérité, c'est comme disait Socrate, faire de la philosophie. La recherche de la vérité commence avec un aveu d'ignorance. Aucun jugement ne me donnera accès à la nature profonde des hommes et des choses.


4 avril |

Durant le long weekend de Pâques, j'ai mis de l'ordre dans mes affaires. Je mets ainsi le pied dans la nouvelle saison en ressuscitant parmi les morts, un peu comme l'autre gars. Un ami Roger, octogénaire vif d'esprit et de corps voudrait mon aide pour l'initier à internet et ses applications. Il était sociologue de formation, il possède un assez bon discernement et il a toute mon admiration. Il ménage la parole et privilégie l'écoute active. Dans un premier temps j'essaie de lui venir en aide avec son téléphone. Après quelques minutes je perds patience du faible degré de connaissance avec l'objet sacré. Quelques semaines passent que je pense à lui et ses intérêts qui me semblent contradictoires. En réalité il n'aime pas s'amuser avec son bidule à part d'avoir des nouvelles de ses quatre enfants à l'extérieur de la ville et prendre les appels de sa conjointe qui partage sa vie harmonieusement depuis quarante ans. Au café j'entrepends de pousser plus loin sa réflexion sur le sujet. Une seule et unique raison de sa motivation est d'envoyer sur la toile ses opinions diverses sur la société et le monde. Je lui demande s'il veux communiquer, échanger ou débattre. Dans la négative il ne semble vouloir qu'exprimer ses opinions en crachant son venin comme tant d'autres dans cet étrange univers. Il y a beaucoup plus d'émetteurs sur internet que de récepteurs. Les gens croient participer mais en réalité ils sont en face d'un monde cruellement vide. À moins d'y tenir un journal pour seul exercice exutoire comme je le fais par ailleurs son intention m'apparaît inconsistante. En le mettant face à lui-même vis-à-vis son intention, il a rapidement compris que son objectif était insensé et qu'il devait davantage tenter de s'exprimer dans le monde réel avec des gens réel. Ce n'est pas que les utilisateurs des médias sociaux ne soient pas réels mais le véritable dialogue est limité dans cet univers égocentrique et paradoxal. Depuis quelques mois j'ai la nette impression d'évoluer dans la bonne direction. Je revisite les forces qui m'ont toujours habité en déterminant méticuleusement mes intérêts profonds et les valeurs auxquelles je m'identifie. La retraite m'a permis de me détacher du rôle matérialiste qui fut celle de vendre mes idées et mon temps dans ce qu'on nomme le travail. Comme dit le dicton; le monde ne sait pas fait en une seule journée. Je dois prendre mon mal en patience que bientôt je récolterai le fruit de mes efforts. Ma force principale étant ma résilience, l'équilibre sera mon salut.


31 mars |

J'écris toujours le blogue de mon téléphone en débutant mon brouillon dans le bloc-notes. De ne pas être toujours dans la même position statique me fourni l'inspiration. De toujours j'ai été dans la simplicité volontaire et involontaire par défaut. Je voulais voyagé. J'ai réussis avec plus de trente pays côtoyés sans compter toutes les montagnes et le reste. Si j'avais travaillé pour les autres on ne m'aurait pas permis ces voyages. De plus, en accompagnant des touristes j'avais un salaire et mes dépenses modestes étaient payées. C'était loin d'être parfait tout comme le reste mais j'ai réalisé de grands rêves. Tôt dans la vie avec mon cheminement, mon énergie débordante, mon besoin d'attention et de reconnaissance, il m'était impensable de travailler pour les autres. De toujours j'ai pris des chemins de travers. Je fus un autodidacte engagé et je continue fièrement de l'être. De toute ma vie j'ai rêvé pour oublier l'indifférence et l'ennui. Je viens de lire les touchants poèmes de Raymond Lévesque dans l'espoir n'est pas un nuage qui descend du ciel. Le poète était un grand défenseur de l'amour. Il dénonçait vigoureusement la guerre, la misère, l'indifférence, la spéculation visant à enrichir les uns aux détriments des autres, de la nature et l'accumulation de richesses excessives. Dans une section du recueil il parle de la cité. Parmi la foule qui le bouscule, il se cherche un ami mais ne trouve rien. C'est chacun pour soi dans la course pour la survie. Peuplée de gens dont le coeur est ailleurs, la cité fait des hommes durs et égoïstes. La grande ville est un forgeron impitoyable, le profit et l'enrichissement pervertissent sans mesure. Là où il n'y a pas d'amour, il n'y a pas de civilisation. Partout des gens qui ont peur qu'on leur prennent quelque chose, de leur temps ou leur âme. Le poète éprouve du respect pour le bois qui représente la vie mais pas pour le fer qui représente la guerre et la mort. Le poète est rude envers les hommes. S'est-on déjà demandé si cela est normal qu'il y est un coût à la vie ? Que signifie gagner sa vie selon l'adage populaire ? Et l'on rajoute inlassablement; c'est ça la vie. Le Canada vient d'atteindre quarante et un millions d'habitants. Un million durant les derniers neuf mois. Le Canada est une terre d'accueil. Oui nous sommes généreux et naïf. Je crois en la diversité quand elle se porte bien. Pour le reste tant pis pour nous. Une fois j'aimais, et je crus qu'on m'aimerait, mais je ne fus pas aimé. Je ne fus pas aimé pour l'unique et grande raison que cela ne devait pas être. Je me consolai en retournant au soleil et à la pluie et en m'asseyant de nouveau à la porte de ma maison. Les champs, tout bien compté, ne sont pas aussi verts pour ceux qui sont aimés que pour ceux qui ne le sont pas. Tiré du gardeur de troupeaux d'Alvaro de Campos, hétéronyme de Fernando Pessoa. Je marche beaucoup seul en ville, malgré la relative tranquilité, rarement on ne m'aborde dans les cafés ou les lieux publics. De tout temps j'ai fait les premiers pas. En m'interposant la plupart du temps, les gens sont étonnés qu'un étranger leur adresse la parole. Ce n'est pas le propre à Québec mais à la plupart des villes. Toutefois c'est ici que j'ai grandi et vécu. Je me sens familier aux lieux mais pas aux gens. Les villes ne sont pas adaptées pour recevoir autant de gens, pour créer du bonheur. On ne se pose peu la question hors des préoccupations pécuniaires. Heureusement que les beaux jours s'en viennent et que le vent du large m'incombe le répit nécessaire devant ces réflexions blafardes. Raymond Lévesque fut un être contrarié avec raison. La vie n'a pas de sentiments, que des lois. Les lois sont au-dessus des gens riches. Ceux qui ne les respectent pas sont condamnés à mourir. Je suis un ressuscité comme l'autre gars cette semaine. Le poète nous aura donné une chanson éternel; quand les hommes vivront d'amour.

Résolution


28 mars |

J'ai recherché dans le dictionnaire de que signifie intérêt. Souci de ce qui va dans le sens de quelque chose, de quelqu'un, qui leur est favorable, constitue pour eux un avantage, un profit. Ce qui importe, ce qui convient, est avantageux. Il sait où est son intérêt. Souci de ce qui est avantageux pour soi, et en particulier attachement exclusif à l'argent. Agir pour ses intérêts. Attention favorable, bienveillante, que l'on porte à quelqu'un: témoigner de l'intérêt à ses amis. Sentiment de curiosité à l'égard de quelque chose, de quelqu'un, agrément qu'on y prend. Exciter l'intérêt de ses lecteurs. Ce qui, dans quelque chose, chez quelqu'un, retient l'attention par sa valeur, son importance. Somme que le débiteur paie au créancier en rémunération de l'usage de l'argent prêté. C'est étonnant comment un seul mot peut prendre des significations différentes. Je fais cette réflexion en rapport à ce qu'une dame me disait récemment et qui se retrouve largement dans le langage populaire. Les mots utilisés le sont souvent par méconnaissance étymologique. Comment établir une bonne communication alors que les mots sont galvaudés dans la conversation. Elle utilisait le mot pour me mentionner que pour se faire des amis il faut avoir des intérêts communs. Je peux interpréter cette affirmation que je peux être intéressant si j'ai de l'argent ou des biens pécuniaires à partager. Ne serait-il possible de se regrouper dans le seul objectif de partager amour et amitié en proposant des discussions stimulantes et non populiste? Depuis quelques temps j'éprouve une satisfaction d'exprimer clairement les mots utilisés. Par exemple le mot particulier ne veut pas dire grand chose à part quelque chose de très général. À part de dire qu'il y a ceci de particulier dans ceci ou cela en omettant de décrire la suite de ses pensées est limitatif. Si je dis que c'est un film particulier, qu'il n'est pas du genre normal, rien ne m'indique la nature de mes pensées. Qu'est-ce qui est normal? Que signifie particulier? Je n'aime pas le mot normal. Dans le dictionnaire ça n'indique rien d'exceptionnel. Dans le langage populaire on se réjouit d'être et de paraître normal. Invraisemblable n'est-ce pas? Normal provient de norme c'est-à-dire règle, critère ou principe où se fonde le jugement de la société. Dans ces termes je ne tiens pas à me considéré de normal sans pour autant être détraqué. Alexis de Tocqueville disait dans le chapitre des aptitudes pour les idées générales de la démocratie en Amérique que les idées générales n'attestent point la force de l'intelligence humaine, mais plutôt son insuffisance, car il n'y a point d'êtres semblables dans la nature. Le philosophe propose des réflexions approfondies sur la culture démocratique nord-américaine du XIXème siècle, les sujets n'ont pas excessivement évolués de nos jours à part pour les avancés scientifiques et technologiques. Si je reviens à mes intérêts, l'un d'eux s'est manifesté, il y a quelques années, dans les explorations urbaines. Urbex est le terme exact qui provient de l'anglais urban exploration. Ces dernières consistent à pénétrer à l'intérieur de bâtiments abandonnés qu'ils soient industriels, hospitaliers, institutionnels, etc... J'ai aussi été à la recherche du dernier ermite de Michaël Finkel dans l'ouest du Maine. J'ai fait du journaliste d'enquête en faisant de nombreuses découvertes qui m'ont manifestement stimulé. En entrant dans les bâtiments abandonnés tels les institutions psychiatriques par exemple, je voyais le passé ressurgir des ruines et, ce, davantage que si les lieux étaient restaurés. Ici le temps s'est arrêté avec la vie sauvage qui reprend sa place. On ressent la présence vive de ceux qui ont habités ces lieux qui n'ont pas été encore nettoyés. On retrouve les objets, décors, tapisseries et autres objets d'une époque révolue qui font tourner la tête une fois engagé à l'intérieur. Parfois je vis des squatters, des punks et des itinérants. L'émotion est au maximum sans compter les dangers relatifs aux matériaux fragilisés, aux résidus d'amiante, aux débris dangereux sous la pénombre, les policiers. La plupart du temps ces lieux sont interdits au public. Cela offre des frissons au même titre que de grimper les hautes montagnes. Peut être que ma vie manque de piquant pour avoir recours à de telles sensations. Peut importe, je me suis senti un véritable archéologue dans les rumeurs du passé au même titre que dans le rappetissage de ruines romaines. Le passé m'aide à comprendre le présent. Je ne crois pas que je poursuivrai dans ces champs d'intérêts lors de mes prochaines incursions mais j'ai appris avec le temps qu'il ne faut jamais dire jamais.

26 mars |

Hier fut une journée difficile en allant vidé la chambre de ma défunte mère à la résidence où elle habitait. Sur la porte de sa chambre était disposée une photo d'elle avec son nom. C'était pour qu'elle reconnaisse sa chambre dans la résidence privée. Ça lui permettait de la retrouver parmi les vingt autres chambres, elle souffrait d'Alzheimer depuis près de quinze ans. Elle est décédée à l'âge de 89 ans. La maison est modeste et rudimentaire, les résidents semblent las et dépassés par ce passage à vide. Le personnel soignant est dévoué et généreux mais les moyens et le personnel manquent cruellement à la résidence dont sont placés les vieux que plus personne ne s'intéresse. La plupart des aînés sont sur la responsabilité de l'état, c'est-à-dire de la curatelle. La chambre de ma mère n'était pas propre. Les images que je perçois me renvoie à mon propre destin qui tôt ou tard m'accablera de souffrance à moins d'avoir un accident ou de mourir subitement. Je crois que la dignité régnait dans les lieux malgré la crasse qui s'infiltrait insidieusement dans les recoins. Probablement que l'on ne la voit pas ou que l'on s'y résigne à vivre dedans. La plupart des effets personnels de Gurty, ma défunte mère naturelle que je n'ai connu qu'à mes vingt-cinq ans, ont pris la direction d'un organisme de charité à proximité de sa résidence dans de gros sacs. Le nom de la résidence privée était la tendresse, elle qui en as cruellement manqué. Une amie m'a accompagné dans cette pénible et essentielle tâche, je lui suis très reconnaissant. Ma tête chavirait sans cesse, mes émotions se bousculaient à un rythme effarant. J'ai récupéré une grosse valise, une boite d'objets dans laquelle étaient réunis des documents divers passés à l'oublie depuis une génération et plus. Je récupère au fond de l'armoire crasseuse un joli petit sac bleu avec l'inscription International Travelware Ltd. C'était des sacs de voyages haut de gamme à l'époque. Je n'ai pas réussi à dormir. Les images de ce lieu d'une tristesse immense tournaient sans cesse dans mon esprit entremêlé de souvenirs et de ruminations douloureuses. Je me suis levé en entreprenant vigoureusement de faire le ménage et le tri des choses récupérés. J'ai mis dans un gros sac des documents révolus sans importance et des factures irrécupérables. Dans la valise j'ai mis des choses personnelles destinées à ma demie soeur Suzanne que je lui donnerai au service funéraire en mai. Nous sommes elle et moi issue de la même mère mais de père différent. Je l'ai connu presque en même temps que Guerty à mes vingt-cinq ans. J'ai été adopté à ma naissance par une femme célibataire trop âgée qui s'est marié rapidement avec un homme qu'elle n'aimait pas pour pouvoir me garder près d'elle dans les faubourgs de Québec. Ma soeur fut adoptée par une famille aux valeurs sincères et traditionnelles dans une petite ville des Cantons de l'Est. Elle habite à Sherbrooke depuis avec son conjoint. Elle a eu une fille Virginie et est grand-mère de deux petites filles. Ce que je retiens, en plus des fortes émotions, c'est de nous voir quitter le monde en fin de vie avec peu de choses. Je ne conserverai que ce joli petit sac bleu avec plusieurs photographies d'elle avec son sourire camouflant son malaise récurant, un ourson, des documents personnels et quelques babioles pour me souvenir que j'ai eu une mère qui aurait pu m'être inconnue. J'ai surtout une histoire qui m'est propre dans le sens que c'est la seule que je possède. Ce qui m'a surpris est de constater qu'il n'y avait aucun livres ou écrits de sa part sinon des numéros de téléphone ici et là gribouillés maladroitement. Ceux qui sont atteints de démence ou d'Alzheimer éprouvent des moments intenses de panique et d'anxiété en rapport avec la perte de contrôle de soi-même et de mémoire. En sortant, une résidente, me parle de ma mère. Elle était appréciée pour sa trop grande tranquilité et son sourire qui masquait un malaise. Je lui offre trois peintures qui ornaient sa modeste chambre. Y passer une nuit m'aurait plongé dans une solide déprime. La dame était jolie et âgée de 72 ans. J'aurais aimé la connaître elle et son histoire. Je lui fais la bise chaleureusement. L'amour lui semble faire défaut. En quittant j'embrasse chaleureusement Tamanya, la directrice de la résidence. Elle provient du Bangladesh. Ses yeux noirs intenses de chaleur humaine sont tendres et profonds. Elle aura passé neuf années complètes avec Gurty comme si elle faisait parti de sa propre famille. Elle pleure et me dit que ma mère Gurty était une bonne personne. Elle aura passé plus de temps avec elle que je l'ai fait. Mes mots me manquent, de toute façon ils sont inutiles et superflus. Seuls les gestes comptent ici. Ce soir j'écris pour m'aider à franchir cette douloureuse étape de vie et la tristesse qui m'imprègne. Je vivrai en elle plusieurs semaines encore. La vie est douloureuse en ce sens que l'on sait qu'on va mourir un jour et disparaitre. Tout est cruellement passager. Je me libère ainsi temporairement en gravant sur papier mes souvenirs, mon histoire. Ce que j'aime plus que tout autre dans la littérature c'est que les écrits perdurent dans le temps et bien au-delà. Les amis les plus fidèles que je possède sont ces auteurs connus ou méconnus mais qui, certes, sont toujours présents dans une présence constante et immobile. Depuis lundi je n'ai qu'envie de dormir, je suis épuisé.

Je suis qui pour me permettre de juger tes textes? Je retiens ici la confiance que tu me portes en me les transmettant. Il serait trop simpliste de comparer avec tels ou tel auteurs. L'intention compte davantage que le style. Je reconnais leurs valeurs. J'y ressens quelque chose qui n'est nullement anodin. Une profondeur émane de tes textes. La philosophie s'y retrouve avec subtilité, les mots sont porteurs de sens. Je ne suis pas critique littéraire mais je reconnais chez toi le désir de vérité. Tu possède le discernement nécessaire et le ton. Tu es une personne appréciée à sa juste valeur quoi que tu penses. Pour ma part je ne plagie pas mais j'utilise l'essence d'autrui pour éclairer mes propos et me faire des amis. J'ai noté dans ton texte ; sa quête se justifie par son désir de comprendre ce monde non pas dans celui de transmettre. J'ajouterais; ou les deux. Ce n'est pas autant ce que je ferai qui fera de moi un être accompli mais ce que je pense. Toutefois l'esprit et le corps ont besoin d'action. Mes idées, projets et rencontres sont déterminants du moment que je ne tente pas de m'identifier au mental. Les jugements et critiques de valeurs ne signifient rien dans un esprit embrumé. Ce n'est pas tant le but que le chemin à prendre qui est l'essentiel. À qui ai-je la prétention d'être pour juger de propos si graves ? Ma seule responsabilité est de m'occuper de moi, le monde se chargera bien de lui-même. À quoi sert de sauver le monde si je ne suis pas capable de me sauver moi-même. Les idées et les jugements permettent de sortir du néant mais de bons usages sont plus que nécessaires. Prends garde, les gens se souviendront de ce que tu dis, la rancune est partout. Il existe des gens ignorants qui te jugeront pour les simples expressions de ton visage. Sois juste dans les mots utilisés afin qu'ils reflètent ta véritable identité. Elle ne doit pas être le reflet de l'égo. Sois humble, cultive la simplicité et l'équilibre autant qu'il est possible. Que ton regard et ton esprit s'éclairent sur toutes choses. De toute évidence, tu as largement la note de passage.

23 mars |

Tout comme Alexandre Jollien dans le philosophe nu, mes prouesses littéraires ne passeront pas au premier plan. L'essentiel est ailleurs. Il faut porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante disait Nietzsche dans Zarathoustra. La passion c'est l'orgueil. La passion est une chose qui faut se méfier, c'est un exil de soi. De Kierkegaard; le passionné comme le malheureux est toujours absent de lui-même. J'ai connu ces passions qui atrophient le coeur et la raison. J'ai recours à la philosophie afin de moins souffrir, pour me protéger. Où la soif de reconnaissance me pousse t'elle? La passion est un esclavage, l'amour véritable la libère mais combien difficile. Ça commence vers soi. Avec mon téléphone à la main je ne suis pas très loin de la folie, dans l'attente du moindre texto. Davantage de spams. Que s'est-il passé avec cette addiction? Je ne suis pas le seul, triste constat. Des manques m'ont marqués au fer rouge laissant des cicatrices profondes. Je dois regarder le verre à moitié plein pour me rassurer. Cette image me rassure. Je suis hypocondriaque, effrayé d'avoir des métastases de la mélancolie. Mon rituel incarné; le désir se lève, une colère s'attise, de la tristesse s'annonce et je m'efface. Alexandre Jollien dit; comment être libre alors même que l'on ne fait que réagir, que se positionner par rapport à autrui, ou contre lui? De Spinoza; tenter d'assumer le chaos intérieur, voilà la grande affaire. Alexandre est accaparé à la naissance d'un handicap physique qui le troublait psychologiquement jusqu'au moment où il prit la plume pour écrire et faire des études en philosophie et en littérature. La passion qui m'habite depuis quelques semaines est l'occasion unique d'observer mon délire. Spéculations et ruminations font de moi un abruti. Je lis, je prends des notes, mes livres encombrent ma table. Je passe rapidement d'un auteur à l'autre afin qu'ils me transmettent des vérités. Les auteurs sont mes meilleurs amis. Ils élèvent ma conscience et me détachent de moi-même. Je ressens l'urgence de vivre au point que parfois mes pensées ne suivent pas mes paroles. J'y travaille sans relâche, c'est vital. Il m'est difficile de rester longtemps seul dans mes pensées, les récurrentes les désespérantes. En lisant, en écrivant, en méditant je réussis à me profiler dans une latente réalité.

21 mars |

Les concepts nous libèrent des sensations, des images et de l'imagination. Comme les images existent grâce au travail de l'imagination, celle-ci a été condamnée par la majorité des philosophes. Le refus du réel conduit le psyché à imaginer un autre monde et à se réfugier dans l'espace imaginaire de cet autre monde. Dans le passé, l'imaginaire exacerbé passait par les statues et les représentations religieuses et artistiques, par exemple les illustrations de l'enfer de Dante. L'imaginaire est utilisé comme subterfuge aux manipulateurs, nous n'avons qu'à penser aux représentations serviles du christianisme pour ne nommer que celui-ci. Les religions utilisaient les images et les représentations, en premier lieu, pour offrir de l'espoir aux misérables, éviter le chaos social et plus tard soumettre les croyants en augmentant le pouvoir des dirigeants. Le désir d'un autre monde doit déboucher sur une activité constructive. L'imagination est nécessaire mais toutefois dangereuse si l'esprit ne peut plus accéder à un discours rationnel qui lui seul peut permettre d'entrer dans la réalité. L'imagination est nécessaire dans la mesure ou elle ébranle l'ordre des choses et l'image statique du monde. Ce magnifique passage de Philosophe... moi aussi de Jan Marejko illustre bien les influences de l'imagination dans notre espace. Ces déclarations sont redoutables de réalité. Internet, les communications et le marketing sont devenus les icônes contemporaines des représentations qui asservissent le monde moderne. Les détracteurs économiques qui les utilisent sont les dieux des temps modernes manipulant sans cesse les ignorants que nous sommes en nous asservissant de représentations erronées et insidieuses. Les plus grandes victimes sont les jeunes par manque de maturité et ceux qui n'ont pas le discernement nécessaire. Une place trop grande à l'imaginaire peut nous faire sombrer dans la folie en se détachant de la réalité, l'histoire nous le confirme à bien des égards.


20 mars |

Dans la vie quotidienne, nous nous perdons parfois dans nos pensées, dans nos soucis et dans nos projets divers et variés. Nous asseoir, c'est se restaurer, c'est devenir pleinement présent et pleinement vivant dans l'ici et le maintenant. En suivant sa respiration, en calmant son corps et son esprit, on peut facilement et rapidement être présent. Cela prend cinq à dix secondes pour se restaurer pleinement et générer sa présence véritable dans l'ici et le maintenant. Un individu qui perd l'un de ces cinq sens voit ceux qui lui restent augmenté pour compenser celui qui a perdu. J'en fus témoin par ma mère adoptive devenue aveugle. Il peut être de même avec certains troubles de la personnalité. La douance agit à titre compensatoire des manques subis plus tôt dans le développement. L'être humain est d'une remarquable complexité. Il est primordial de développer son potentiel par les connaissances en général et en particulier de soi-même. Il n'y aura qu'un seul et unique parcours, autant l'enrichir consciemment. Par la maîtrise et la reconnaissance de ses émotions et de ses pensées, les besoins essentiels et la réalisation de soi seront optimisés tels qu'ils apparaissent dans la pyramide de Maslow. Je reconnais la place considérable que prend mon mental. Mon apaisement provient de son observation active sans jugement laissant place à une conscience accrue. Ce n'est plus seulement la pointe de l'iceberg qui m'apparaît mais sa partie submergée. Je suis reconnaissant d'avoir le privilège de pouvoir vivre ma retraite librement sans contraintes matérielles. J'éprouve une grande satisfaction dans la liberté acquise de pouvoir ressentir et être en relative paix. Om namaḥ sivāya est le mantra du moi intérieur et de la conscience universelle qui est une. En le récitant à plusieurs reprises, des vibrations subtiles émanent de son être. C'est un mantra d'une puissance réelle.

19 mars |

L'estime de soi est un rapport à soi que la confiance à soi est en lien avec l'agir. Durant ma carrière en tourisme d'aventure et de travailleur autonome mon égo était surdimensionné. Je devais apparaître plus fort et plus malin qu'il me semblait l'être. Je me devais d'avoir des réponses, des concepts, des préceptes. Je devais montrer la direction et parfois l'attitude. Ce rôle devenait de plus en plus une façade avec le temps dans laquelle j'y ai perdu une certaine authenticité. C'est aujourd'hui seulement et avec le recul que j'en prends conscience. Tous et chacun avons de multiples traits de personnalité, les uns étant plus marqués que les autres. Il y a les traits de la personnalité, psychologique, de caractère, de tempérament. La liste est longue. Le caractère peut être considéré comme l'essence, tandis que la personnalité est la façon d'exprimer cette essence. Les déterminants de la personnalité sont à la fois génétiques, biologiques, et environnementaux. Si ces traits débordent dans la souffrance viennent alors les troubles de la personnalité allant de modérés à élevés dans trois classes distinctes A-B-C. Les troubles de la personnalité entraînent des comportements invalidants et des symptômes allant de la dépression, l'isolement, la détention, la mort à l'hospitalisation. Par exemple le narcissique est un trait de caractère qui en devenant un trouble apportent beaucoup de souffrance à lui-même et aux autres qui le côtoient. Les narcissiques sont omniprésents en politique, dans les arts, en affaires, dans les médias. Une grande partie de ceux-ci sont les influenceurs. Internet permet une plus grande proportion de narcissique dans la société. C'est souvent un moyen de défense inconscient et inadéquat pour prendre sa place. L'égo que j'ai porté a porté atteinte à mon véritable moi. C'est la dualité. L'équilibre doit être constamment maintenu pour être en harmonie avec soi et les autres. On parle beaucoup de la violence ces temps-ci mais on parle peu de la violence à soi qui est tout aussi destructeur.


Ma compréhension et ma conscience se développent en ce moment à un rythme fou car je me suis disponible, la retraite facilitant le travail. J'ai volontairement parlé de deux personnes, je et moi, cela est l'exemple de la dualité qui habite la plupart d'entre-nous. Ce fut malaisant au début cette rencontre avec moi-même, le vide était omniprésent. Je comprends maintenant l'espace qui s'est créé entre moi-même et autrui. Je comprends davantage les causes de ces souffrances. Je ne voulais pas y faire face, j'étais occupé ailleurs. Mes intérêts actuels, tels que je le pressentais depuis longtemps, m'apparaissent clairement maintenant. Ils s'affichent dans l'affirmation authentique de mon être, de mon ressenti, de mes expériences et de mes connaissances à l'exception que je suis désintéressé, c'est-à-dire que ne n'ai plus besoin de travailler alors plus de compromis. Il n'y a plus personne pour s'interposer avec mon cheminement, avec mon être. Ma motivation dans l'affirmation se traduit par la parole, l'écriture, la photographie, mon esprit ou mon corps. Dans mon défunt rôle certes, j'ai développé plusieurs aspects non-négligeables tels l'entrepreneurship et tout se qui s'en rapproche. Je suis devenu un expert en marketing et j'ai vendu mes idées et mes rêves. Je devais être convaincant et convaincu. Je ne regrette rien sauf de m'y avoir acharné avec trop de complaisance. À l'intérieur de moi abritait une personne profondément seul, hypersensible et apeuré. Je me suis illusionné de façon magistrale dans la naïveté, dans l'ambition, celle d'une jeunesse espérant un nouveau monde, un monde idéal. J'ai subi aveuglément des débâcles chaotiques mais aussi de pures enchantements pour ne pas dire extases. Ce fut le prix à payer pour l'obtention d'un savoir-faire et l'acquisition d'expériences. J'ai cru que le monde me suivrait toujours jusqu'au bout de la route et du rêve. En réalité ce n'était en partie que de mon rêve qu'il s'agissait. Le réveil fut brutal, la solitude douloureuse. Comment j'aurai pu réalisée tous mes rêves dans cette voie. Plusieurs certes qui furent non négligeables mais pas au plan intime et personnel. Je ne le saurai jamais et c'est mieux ainsi en évitant des regrets inutiles. Aujourd'hui ma motivation réside, en plus de l'affirmation, dans la connaissance et le développement de la conscience, pour moi-même en premier lieu et pour aller ensuite à la rencontre de l'autre. Plotin dans l'Ennéades disait; si tu ne vois pas ta propre beauté, fais comme le sculpteur d'une œuvre qui doit devenir belle. De la même manière, enlève tout ce qui est superflu jusqu'à ce que brille la clarté de l'authenticité. Les véritables beautés ne se voient que pas ton regard.


17 mars |

Les oiseaux printaniers sont arrivés. Tous nous allons renaître dans l'espoir. Le thème qui suscite le plus d'attention chez moi est la culture. Le social, communément nommé, est englobé dans la culture. Les humains sont davantage des êtres de culture que de nature affirmait Jan Marejko dans son livre Philosophe...moi aussi des éditions Qui suis-je. Cet essai est l'un des plus remarquables qu'il m'a été donné de lire. Durant mes voyages d'aventures des dernières années en vanlife à travers l'Amérique du Nord, cet essai philosophique me fait prendre conscience d'un élément révélateur. J'ai toujours aimé la nature mais je réalise que mes plus grandes immersions en ce sens n'ont pas été effectuées en solitaire. Au retour du dernier voyage l'an dernier j'ai eu un malaise substantiel en lien avec le manque de culture apparente s'associant au dialogue et l'isolement. L'absurde m'est apparu soudainement dans les gestes devenus mécaniques autant que dans ma carrière en tourisme parfois devant un auditoire paradoxalement transitoire. J'ai abusé des extrêmes avec passion, épuisant mon âme fracturée d'absences répétitives. Il faut lire le poète Fernando Pessoa dans son livre sur l'intranquilité pour retrouver pareil tourmente. La nature sauvage n'a pas comblé mes attentes comme je m'y attendais étant seul sur une trop grande partie du temps. J'éprouve de l'attraction pour la nature apprivoisée, les sommets dénudés et les régions désertiques. Un homme qui recherche la liberté dans un retour à la nature s'enfonce dans une quête obscure. Quelles semaines d'évasion en solitaire tout au plus sont bénéfiques mais au-delà de quelques mois le malaise se fait sentir. Le livre de Jan Marejko m'offre des réponses éclairées dans un langage simple mais jamais simpliste à mes grands questionnements existentiels. Les interactions significatives m'ont cruellement manqués. J'étais occupé ailleurs et mon esprit apparaissait embrumé d'insouciance. La jeunesse étant ainsi j'ai péniblement appris par des chemins de travers comme disait Serge Bouchard. Depuis quelques mois j'ai rectifié le tir mais je réalise la difficulté de sortir de la boîte, pour reprendre une expression populaire sinon réseauté avec autrui. Cela prend beaucoup de patience pour apprivoiser de nouveaux amis, chose qui n'est pas exemplaire chez moi. Ainsi j'ai trop souvent vite passé. Sortir de la boîte vaut aussi pour plusieurs couples, familles ou individus dépourvus de courage ou de moyens. Où il y a lieu de protection il y a possibilité de cloisonnement. Cette semaine j'ai ciblé mes intérêts actuels par écrits. Groupes spirituels, de lecture, de parole, café et cercle philosophique, pleine conscience, yoga, photographie, littérature, gym, plein air et voyages d'aventures. Cela me rassure d'avoir ces intérêts d'où, il y a quelques mois, je ne pensais plus en trouver qu'un seul faute de motivation. Au contact de la culture je me suis réanimé. Aujourd'hui pour les festivités de la St Patrick un kiosque a été aménagé sur l'avenue Cartier où était disposée une roue de fortune. Les primes récoltées pouvaient atteindre jusqu'à dix dollars. Il m'est impossible d'oublier cette fête, ma mère adoptive étant née le même jour. Il y a toujours du mauvais temps à la fête des irlandais. À la file indienne, je discute avec une dame plus âgée que moi. Elle me raconte avoir tombé d'un édifice de trois étage l'an passé du balcon d'en face. C'est une miraculée, je l'ai vu dans son regard. En tournant la roue, l'un après l'autre on s'est mérité chacun un suçon vert et ont a pris des directions opposées. Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain signifie carpe diem. Horace fut le premier à énoncer la maxime.

La misère et l'ignorance est l'une des sources de la violence. Il y a la violence engendrée par les chefs d'états en déclarant des guerres absurdes. Il y a la violence que l'on se porte. À part du suicide ce n'est pas compatibilisé car il n'y a pas de baromètre du bonheur. L'exclusion est une forme de violence qui engendre la violence d'ordre familiale, culturelle et économique. Dans le meilleur des mondes il n'y aurait pas d'exclusions et tous et chacun seraient reliés les uns comme les autres. L'éducation constante serait la base essentielle du bien-être individuel et collectif. Les frontières n'existaient plus dans leurs formes actuelles. L'égo surdimensionné est une source de violence évidente qui provient de malaises et de disfonctionnements chez les individus concernés. Toutes les années écoulées derrière moi sous forme d'expériences me permet un certain discernement. Je devient de plus en plus conscient de la différence entre l'être et l'avoir et les causes insidieuses d'un égo inadéquat. Le monde étant ce qu'il est, ma responsabilité concerne que mon propre éveil. Que ma lumière scintille dans mes mots, ma pensée et mes images, j'aurai transmis du peu de temps que je dispose pour apporter une certaine humanité dans ce qu'il me semble un affaissement social planétaire. Bien que le négatif existe la lumière aussi est présente. Le problème c'est que l'on ne l'a voit pas le trop grand nombre de préoccupations.


16 mars |

L'égo est la conscience de soi. Il est nécessaire dans une juste mesure. Dans son développement il prendra conscience de l'égo des autres en s'y accommodant judicieusement. L'égo reconnu en psychologie et dans les sociétés spirituelles occidentales sont différentes de l'égo associé en Orient et au bouddhisme. Un égo surdimensionné est dommageable. Il met un frein à la liberté dans la démesure de l'amour-propre qui conduit à l'égoïsme. En quoi suis-je intolérant envers autrui ? Il est important de savoir reconnaître le malaise qui prend sa source dans l'égo et qui apporte souffrances et préjugés. Il existe dans le comportement humain d'un côté la collaboration et de l'autre la confrontation. La collaboration est souvent associée au féminin notamment en éducation et la confrontation au masculin sans toutefois faire de l'énoncé une généralité. Les guerres sont trop souvent associées aux hommes dans la confrontation. La collaboration est essentielle en mettant de côté les valeurs supranationalistes révolues qui divisent et qui engendrent division et violence. Les enjeux actuels dépassent largement le cadre des frontières et le temps est venu de collaborer tous ensemble au bien-être de l'humanité avant de sombrer dans un cruel collapsus, synonyme d'effondrement. Les grands idéaux d'hier, leurs représentations et les habitudes inadéquates ne suffisent plus aux enjeux actuels tels les changements climatiques, l'immigration de masse et le déclin de la biodiversité. L'intention requise est de reconnaître et identifier ses faiblesses pour les obnubilés.


Gurty ma mère biologique est décédée cette semaine à l'âge de 89 ans. Étant adopté à ma naissance j'ai rencontré Gurty pour la première fois à mes vingt-cinq ans lors du décès de ma mère adoptive Marcelle. Gurty a eu un parcours douloureux. Je n'étais pas toujours près de toi Gurty. Ce que je retiens c'est ton silence, ton inquiétude. Tu es devenu Alzheimer pour tenter d'oublier ton histoire, c'est du moins ce que je présume. N'étant affectivement moins proche de toi Gurty qu'avec ma mère adoptive j'espère que tu reposeras en paix ayant comme mission de prendre soin de toi et de protéger tes deux enfants, Suzanne ma sœur et moi-même. Je veux te rendre hommage aujourd'hui pour la vie que tu m'as donné et pour la chance d'avoir une soeur aimante et bienveillante. Tu as fait ce qu'il t'était possible de faire avec les ressources que tu avais à ta disposition, en ce sens tu as toute mon admiration et mon respect. À ma naissance l'avortement était la norme, en ce sens je n'aurais jamais pu voir le jour aujourd'hui. Le passé étant ce qu'il est je te suis reconnaissant de m'avoir donné cette vie précieuse que je chéris dans de bonnes dispositions. Je nous souhaite la sérénité requise pour une vie heureuse ici et dans l'au-delà. Tu es entouré maintenant des anges qui prendront soin de toi. Je conserverai les bons moments notamment lorsque j'allais te chercher en auto pour aller au restaurant et que tu m'apportais quelques plats cuisinés. Grâce à toi j'ai connu ta soeur Astride qui est décédée aujourd'hui et, qui grâce à elle, m'a fait remonté aux sources de la famille. Grâce à ta soeur admirable je connais mon histoire, en ce sens je me sens en paix avec mon passé. Parti de deux noms à plus de deux-cent-cinquante noms inscrits dans mon arbre généalogique je connais dorénavant mon histoire. J'ai fait des rencontres substantielles depuis qui m'a fait mieux te connaitre et me connaître malgré tes silences. Tu vivras toujours parmi nous Suzanne et moi dans nos mémoires respectives. Grâce à toi nous nous sommes rapprochés. La vie étant ce qu'elle est repose en paix jusqu'à l'éternité.


9 mars |

J'écris peu ces temps-ci mais je lis beaucoup. J'ai entrepris certaines études sur les philosophes tels Marc Aurèle. L'authenticité est le chemin de la vertu. L'authenticité a remplacée de nos jours les vertus. Marc Aurèle est l'un des derniers grands stoïciens. Les stoïciens affrontaient les épicuriens dans leurs croyances. Plus jeune j'étais un fervent épicurien ne recherchant que le plaisir et la jouissance que dorénavant je m'identifie au stoïcisme par la pratique de la vertu. Les stoïciens prônent l'acceptation sereine du destin et la maîtrise de soi, en s'efforçant de vivre en accord avec la nature et en se détachant des émotions perturbatrices. Je passe d'un philosophe à l'autre pour tenter de me faire une idée globale des différents courants de pensée. Les grands-parents faisaient autrefois des études classiques qui offraient une continuité des apprentissages littéraires et philosophiques de la Grèce Antique jusqu'à nos jours. Aujourd'hui le lien de transmission est rompue entre les grands courants de la pensée classique et contemporaine. C'est à la création du nouveau système d'éducation d'après guerre que les grandes réformes ont adopté le modernisme et ses valeurs. Krishnamurti fut l'un de mes plus grands influenceurs et le demeure encore. Il est l'un des rares qui a rompu avec les traditions du savoir et des connaissances à propos de la liberté et de la pensée. Cette rupture ne peut pas s'effectuer sans heurts car le maître dit que l'on doit être influencé que par soi-même. Par ce fait il rejette toutes les doctrines, les religions, les maîtres et les dogmes. Cette proposition n'est pas simple à mettre en place par exemple on le voit aujourd'hui par le peu d'écoles dans le monde avec la pratique de Krishnamurti. Il est de ces philosophes difficiles à saisir mais que j'éprouve un certain plaisir à tenter de défricher tels Emmanuel Kant; la critique de la raison, David Hume; traité de la nature humaine, John Locke; l'entendement humain pour ne nommer que ceux-là. Friedrich Nietzsche et Baruch Spinoza seront les premiers a nié l'existence de Dieu. Une culture générale est souhaitable pour être capable de bien vivre. Le sens de la vie est d'augmenter le bonheur et diminuer la souffrance. Le bonheur ne peut s'atteindre qu'en régularisant ses pensées ou en tentant d'en diminué le rythme. Les actions, émotions et comportements se verront par ce fait modifié laissant un espace plus grand pour la calme et la contemplation. C'est le développement de la conscience. Si tous et chacun faisaient les exercices appropriés, le monde se porterait mieux. Je me suis parfois identifié d'égocentrique mais en réalité je tentais instinctivement de me protéger de menaces ancestrales et illusoires. En diminuant le nombre de pensées, la communication devient meilleure et plus limpide affirme David Bohm dans ses Dialogues. Le sujet étant moins important que ce qui se passe en dialoguant. La première grande vertu est la prudence. Existe les vertus morales, intellectuelles et humaines. En ce sens j'ai été téméraire plus d'une fois dans mes actions qui ont été le fruit d'une jeunesse mésadaptée et ignorante. Le combat et le courage sont éloquentes selon les dispositions de développés au fil du temps malgré des chutes occasionnelles et vertigineuses. J'ai toujours eu un vif besoin d'exprimer les grandes questions existentielles. Pour y arriver j'ai besoin de connaissances et d'expériences. Il n'est plus de mon ressort de critiquer mais plutôt d'observer les multiples nuances de la vie. Dans la nature seuls les humains agissent de façon incohérente avec eux-mêmes et leurs milieux de vie respectifs. Nous sommes plongés dans des habitudes trop souvent incohérentes, seul le travail sur soi et surtout de son esprit pourront rompre avec ces habitudes qui nous mettent en péril défavorisant la possibilité d'un bonheur durable. Quoi qu'il en soit le bonheur durable est inaccessible à part que l'amour véritable qu'il serait pour ma part impossible à définir. Aussitôt que je tente de le définir qu'il s'enfuit rapidement, la pensée n'étant pas l'outil pour le faire.


28 février |

Descartes affirme, selon la pensée des stoïciens, qu'il est préférable de changer ses désirs que l'ordre du monde. Depuis deux siècles le pouvoir est passé de plusieurs à un dieu. Ensuite le relais a passé vers la politique et de nos jours au pouvoir économique. Bientôt les aléas des changements climatiques laisseront place aux prochains grands décideurs mondiaux qui ne sont pas définis actuellement. Les hommes étant réticents au changement ce dernier s'effectuera lors de crises majeures. Au fil des siècles plusieurs villes se sont succéder comme puissance économique mondiale. Je citerai les cités de la Grèce Antique, Rome, Gênes, Venise pour ses navires, Anvers pour les diamants, Amsterdam pour le système bancaire, Londres pour le développement de l'ère industrielle, Boston pour les chemins de fer, New York pour la fabrication et la distribution des produits manufacturiers et de consommation. Maintenant c'est la Californie, notamment Silicon Valley pour les technologies qui dominent le monde. Jusqu'à ce jour le pouvoir économique appartient aux États-Unis. Nul ne connait la suite des choses dans la prochaine période de l'ère post-matérialiste. Les valeurs chez les prochaines générations et surtout chez les familles aisées et de classe moyenne sont moins matérialistes car ils n'ont pas connu la grande misère et la pauvreté. Les baby boomers qui déjà ont cédés la place aux milléniums en nombre depuis 2023 ont déjà modifié les valeurs actuelles dans le début  de l'ère post matérialiste. Ceux qui sont moins scolarisés ou ayant subi des pressions économiques tôt dans l'enfance adopteront davantage des valeurs matérialistes plus tard. Ce fut les résultats d'une thèse de doctorat en sociologie par Michel Pigeon qui démontre ces faits. Toutefois les données recueillies en 2020 se transforment rapidement avec le temps. Les baby boomers ont surfés beaucoup sur les valeurs matérialistes de par ce fait sans toutefois vouloir généralisé mes propos. Le fossé s'agrandit de plus entre plus entre le nord et le sud, d'ou l'exode massif des populations vers le nord. Les changements climatiques joueront un rôle majeur du déclin de cette grande période matérialisme dont nous navigueront depuis la dernière grande guerre. Une qualité de vie s'est largement développée dans les dernières générations par la richesse créée de la génération précédente. Un constat apparaît clairement dans la recherche de qualité de vie chez les jeunes générations en rapport avec l'exode des travailleurs en santé et en éducation. Nous sommes rendus à un point de non-retour avec tout ce qui a été vécu jusqu'à précédemment. Les gouvernements de ce monde n'ont plus le pouvoir qu'ils détenaient et c'est entre les mains des grandes sociétés capitalistes que reposeront les prochains enjeux. Les valeurs des plus âgés et des jeunes ne sont toutefois pas très différentes dans leur ensemble par le fait de vivre ensemble dans un système capitaliste et matérialisme basée sur l'accumulation des biens de consommation et le profit. Étant donné que l'existence des grandes sociétés dépend du capital acquis, il sera difficile pour eux de s'affranchir du modèle actuel sans heurts. Ce sera dans les conséquences des changements climatiques que ces grandes sociétés devront développées de profondes réformes ou disparaitre. La simplicité volontaire sera de plus en plus adoptée non pas toujours par choix mais par nécessité.


25 février |

Le bonheur est fugace. J'ai perdu quelques habilités sociales mais ce n'est que duperie. Temporairement j'ai perdu le goût d'écrire. Je suis rassasié du sentiment éprouvé de tourner en rond sur moi-même. De ce fait je suis allé vers les autres et me suis mis à lire davantage. Pendant près de trente ans dans mes fonctions exercées dans mon entreprise les gens venaient vers moi. J'y ai pris l'habitude. La rupture fut douloureuse mais nécessaire. Un travail sur moi immense s'est amorcé. Ce travail je le remettais sans cesse à plus tard. Plus tard n'existant plus je me suis mis à l'oeuvre, c'était urgent. Mon existence ne tiens à pas grand chose. La vie qui me traverse est infiniment petite dans l'univers. Je ne suis qu'un grain de sable, m'apportant plus d'importance qu'il se doit. Cela s'appelle l'instinct de survie, cela s'appelle l'égo. À trop vouloir m'accrocher, mon esprit devient rigide. Je comprends certaine chose en ce moment. J'identifie les démons qui m'habitent sans pouvoir les chasser définitivement. Vivre avec eux en les identifiant est préférable. Misanthropie, inquiétude, égocentrisme, compulsivité ne sont que quelques traits de personnalités plus ou moins modérés que je porte non pas par choix mais par habitude et par un instinct de survie dépassé. Ces habitudes ont jadis fait parti d'un processus de protection dans un monde qui m'a toujours apparu troublant. Je dois déployé une énergie intense pour renverser la spirale infernale que j'ai revendiqué il y a des décennies. La vanité m'a souvent côtoyé qu'aujourd'hui je laisse place à davantage d'humilité. Mon sens critique s'est affaissé en acceptant que le monde et ses pourvoyeurs sont ce qu'ils sont et qu'il ne sert à rien de m'en faire outre mesure en le critiquant farouchement. L'acceptation, le lâcher prise et la connaissance de moi-même sont les seules balises pour atteindre la paix, la compassion et l'amour. Mes lectures et explorations sont très riches à l'heure actuelle. Préférant pour le moment l'étude, la culture et l'introspection pour m'enrichir en m'abstenant d'écrire des balivernes stériles et inadéquates s'avère essentiel. Ce soir je prends le temps qu'il m'est offert pour voir où j'en suis dans le blogue. Si j'ai un commentaire à me faire c'est que mes écrits tournent trop autour de ma personne. J'en suis conscient. C'est pour cette raison que j'envisage des arrêts provisoires malgré que c'est en écrivant que j'apprends à écrire. Les mots ne représentent qu'une infime parcelle de la réalité. La réalité est différente selon la personne qui regarde. Une pause s'avère bénéfique dans le tourbillon de mes pensées. Ce soir il y a trois livres ouverts sur ma table. J'écoute des podcasts de France Culture en alternance qui me nourrit de récits et d'informations captivantes. Je tends vers l'équilibre et la liberté si difficile à atteindre, je transpire de fragilité. J'ai trop tendance a regarder le verre à moitié vide qu'à moitié plein mais j'y travaille du mieux que je peux avec les outils à ma disposition, tels la lenteur et la réflexion en autre.


18 janvier |

De toujours je fus fasciné par les salons littéraires ou groupes littéraires selon les époques. Toutefois j'ai sous-estimé mes forces qui sont l'une de mes faiblesses actuelles dans ma réorientation majeure. De mes dernières expériences j'en conviens de ne pas être habile et motivé pour les travaux manuels. À l'adolescence je me suis inspiré des éditions Michaud et Lagarde qui contient les grands classiques de la littérature avec les courants propres à chacun des siècles. Les salons littéraires, clubs de lecture ou café philosophique regroupent des gens qui cultivent l'esprit, la culture et le langage. Les gens souvent issues de la bourgeoisie possédant une éducation particulière se regroupent pour échanger les idées actuelles. N'ayant pas une formation académique rigoureuse et une juste appréciation de mes valeurs, je possède toutefois un intérêt marqué pour cette démarche stimulante, artistique et intellectuelle. Ayant fait l'expérience de multiples groupes sociaux et communautaires je privilégie maintenant les tables rondes autour de saines communications et de dépassement. La société telle que je l'ai connu change rapidement depuis quelques années. Le besoin de me redéfinir me prend d'assaut dans l'urgence de mieux vivre. Mes repères sont devenus instables durant les dernières années que je dois me redéfinir dans mes forces et intérêts actuels. Lorsque je passe plus lentement je réussi à découvrir un monde qui m'était inconnu à ce jour, voici une piste. Il devient impérial de revisiter un ensemble de facteurs qui m'ont construit à ce jour et qui sont devenus incongrus subitement. Le monde change et je change aussi dans une sensibilité accrue. La retraite me fait prendre conscience du contrôle que j'excerçais en moi et autour de moi. Cette étape exige un ajustement d'un ensemble de facteurs qui me caractérise et qui, dans certains cas sont devenus obsolètes. Mon principal objectif est de connaître l'amour en moi qui s'est dissipé et l'amour de mon prochain. J'ai écouté un webinaire de Marc Gervais cette semaine qui m'a troublé. Il indique les principales priorités à mettre en relief pour une vie davantage épanouie. Je vais poursuivre, au fil du temps, l'exploration des ressources en moi et qui m'entourent. Voici une question que je me pose ces temps-ci en boucle. Quel est le besoin de l'autre ou des autres pour être heureux sans tomber dans la dépendance? Dans les moments de désespoir on requiert la présence des autres, cela m'apparaît évident. Les autres, à utilisation consciente, nous permettent de nous dépasser largement dans le don de soi et les échanges fructueux. Dans la Grèce antique les gens se réunissaient dans des forums pour améliorer leur sort et la communauté. C'est dans ce sens que je tiens à me développer pour la suite des choses. Le changement s'effectue toujours de la base et non du sommet. Seul il m'apparaît ardu de franchir certaines barrières. Chez les amérindiens un homme seul était un homme mort. C'est en vieillissant qu'on prend conscience de tout ça car la vie s'avère plus fragile à un certain âge. Dans les dernières années l'individu s'est développé magistralement mais collectivement il s'est affaissé considérablement. La sociabilité des citadins m'attirait. L'absurdité qui régnait dans leurs moeurs m'amusait comme une farce enfantine, et dès lors que par nature j'étais bien au-delà de toutes les formes et conventions particulières en vigueur, je me jouais de toutes, les endossais et les ôtais tour à tour comme des habits de carnaval. Ce texte d'Holderlin m'indique l'état d'esprit que je me suis retrouvé bien souvent dans la cité. Ces temps-ci je n'éprouve pas autant la nécessité d'écrire car je suis occupé par les auteurs et leurs ouvrages qui nourrissent mon esprit. Et puis j'aurais l'impression de tourner en rond en moi-même. Le temps est venu de voir non pas le monde mais du monde.


13 janvier|

Le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même. C'est grâce à nos représentations qu'on peut survivre au réel. C'est grâce aux mots issus de nos représentations que je survis. Que j'aurai agi autrement qu'il y aurait toujours eu quelqu'un pour manifester son mécontentement dans mon travail. J'ai donné dans l'ensemble de ma carrière le meilleur de moi-même. Si j'avais senti que je n'étais pas à ma place n'ayant pas eu l'intérêt et la confiance en moi pour le projet que j'ai réalisé je n'aurais pas fait ça pendant près de trente ans. Les gens sont ce qu'ils sont, moi de même. Un chef et un leader doit pouvoir déléguer des responsabilités aux autres. J'ai une personnalité distincte en développant une approche distincte sachant me renouveler sans cesse. Les gens croisés à un moment X c'est un peu le cliché de l'instant qu'ils ont enregistré. Longtemps il m'était impossible et impensable de materner tous et chacun. Ce n'était pas, de un, mes objectifs ni ma principale force. Ma vision était que ce sont toutes les énergies d'un groupe qui interviennent et non celles de l'animateur uniquement. Mon objectif et mon rôle, tout en gagnant humblement ma vie, fut d'intégrer les participants en créant un réseau et une synergie à travers les chemins les moins fréquentés. Si j'avais materner tous et chacun comme certain l'auraient voulu, je n'aurais pas été très loin. Était-ce l'essentiel? Je ne saurais dire. Les groupes actuels reposent sur l'ensemble des forces et non sur le dos d'une seule personne à part pour les groupes de jeunes qui nécessite d'être encadrer. J'étais la plupart du temps accompagné d'adultes consentants et responsables en principe. Si j'avais materné tous et chacun je me serais écrouler très rapidement. En ce sens j'ai su me protéger devant la foule qui parfois est rapide pour lyncher leurs chefs. Des erreurs j'en ai commises, je l'avoue, comme la plupart d'entre nous. J'ai appris en développant des habiletés. Je n'ai jamais perdu quiconque dans des accidents, en ce sens j'ai eu de la chance. J'ai toujours cru en la force et la dynamique d'un groupe. Les gens étaient toujours informés du plan d'action et la communication était abondante. Ensuite vient les expériences qui déterminent nos limites, nos besoins et nos intérêts. J'ai fait ce passionnant boulot pour survivre et dépasser mes limites en m'accomplissant. Tant mieux si les gens qui m'ont accompagné dans ces aventures y ont appris quelque chose. Il était impensable que tous et chacun sortent indemnes des expériences que je proposais car ils n'étaient tout simplement pas au bon endroit et au bon moment. Je fus et je continue de croire que j'ai été un leader de mon temps dans la pure aventure. Était-ce mon égo qui s'affirmait ainsi et qui continue de le faire par l'intermédiaire du blogue? En partie fort probable. La formule est arrivée à son terme dans sa forme actuelle. J'ai recueilli beaucoup de pièces de monnaie pendant de nombreuses années en improvisant sans cesse dans une joyeuse et contagieuse créativité. Je fus une sorte de dinosaure en développant un modèle unique. Plusieurs regarderont leurs écrans numériques tranquillement chez eux afin d'éviter de se heurter. Ils paieront autrement pour la tristesse de ne pas avoir osé se dépasser. Pour ma part je peux dire mission accomplie. Il est difficile de se retourner rapidement de toutes ces années. Ce n'est pas en zappant compulsivement sur d'autres programmes ou activités que le passage s'effectuera. Bientôt je cesserai s'agiter ce passé qui me rend nostalgique. Je dois faire mon deuil, ça prendra le temps qu'il faut. Sans trop vouloir me fixé sur le passé, je le porte. C'est avec recul et introspection qu'émergeront les forces nécessaires qui sommeillent en moi. Toutes mes expériences bonnes ou mauvaises me serviront vers de nouveaux projets ici et maintenant nécessaire pour aller à la rencontre de l'autre et qui me rendra meilleur. À la bibliothèque aujourd'hui il y a davantage de gens sur les ordinateurs que dans les livres, dans les autobus aussi. 


12 janvier |

J'éprouve un grand plaisir à prendre des photographies partout où je vais. Ces temps-ci j'ai beaucoup de fascination pour le Vieux Québec qui, à bien des égards, est resplendissant de beauté lorsque la foule est absente. Ma lumière intérieure est en train de se rallumer lentement après plusieurs mois d'obscurité. Je me suis forcé d'agir en passant à l'action. J'ai l'impression de repartir à zéro. J'ai débuté l'année en initiant plusieurs activités. À vrai dire je revisite certains lieux qui, jadis, m'ont vu passé. Les premiers pas sont les plus difficiles. Je commence lentement à sortir d'une torpeur ténébreuse. Mon objectif est de mettre en place un horaire qui favorisera ma santé physique et mentale. Entraînement de l'esprit et du corps, groupes de parole et de soutien, activités créatrices, croissance personnelle, yoga et pleine conscience, ateliers de lecture en passant par les cercles littéraires. J'envisage de faire du bénévolat en prenant le temps de bien ciblé mon champ d'action. Je tiens à cultiver davantage mon ouverture vers les autres en développant de multiples réseaux à l'intérieur de force et de champs d'intérêts qui sommeillent en moi. Je retiens de ma dernière descente aux enfers que je dois m'appuyer sur plusieurs bases afin de ne pas tomber en déséquilibre lorsqu'une pièce vient qu'à s'écrouler. Une douleur lancinante à un pied me fait perdre l'équilibre en plus de la déprime ce fut très déstabilisant. La vie est fragile. Une connaissance m'a parlé d'un café philosophique dernièrement. Je fus ravi de cette expérience qui me démontre un vif intérêt à des activités participatives d'où la prise de parole est de mise. Cette soirée à caractère social et philosophique est un endroit fécond pour stimuler l'intellect, le partage et l'écoute. Moi qui généralement a le verbe facile je fus surpris de la qualité de mon écoute. Ici il y a matière à retenir mon attention par les règles en place, par le professionnalisme de l'animateur et la qualité des interventions. La vieille je suis allé dans un centre pour aînés, c'est là que j'en suis parait-il malgré le fait que je ne m'en rends pas toujours compte. Je fais mon âge dans le regard de l'autre bien souvent. Bienheureuse les dames dans ce centre mais il me fut impossible d'y rester plus de trente minutes. Plus loin je pénètre dans un autre centre communautaire avec la jeunesse en nombre, je m'y suis senti davantage à ma place m'y promettant d'y retourner. Soirées potlocks vegan, soirées animées de musique et de discussions, soupers communautaires, etc... Enfin un lieu rassembleur dans lequel je m'identifie. J'ai en ce moment un fort désir de m'imprégner de culture et d'amour. Je revisite les forces et les habiletés sociales qui m'ont longtemps habité. Le fait d'avoir passé une année complète sur les routes de l'Amérique seul dans une boîte de métal y est pour quelques choses. Le temps est venu comme dans le film classique du vol au dessus du nid de coucou de changer de place qui fera naître un regard neuf en moi pour la suite. Je pourrais écrire des poèmes, tenter de plaire par des mots assortis. L'heure n'est pas là pour le moment. Mes stratégies actuelles me redonneront confiance et feront résonner la musique en moi qui pendant un temps s'était éteinte.


8 janvier |

Je suis franchement étonné de constater du nombre élevé de livres sur la dépression. Du cheminement spirituel de la dépression aux aspects médicaux, de ses origines, ses conséquences, etc... Je ne m'y étais jamais attardé jusqu'à tout récemment. Je connais bien ce mal sournois pour avoir été affecté à de multiples reprises. Fort est de constater qu'il est très intéressant l'étude du sujet. La dépression a plusieurs causes; physiologiques, héréditaires, événementielles, environnementales, psychologiques ou culturelles. J'y apprends beaucoup. En cela je trouve rassurant d'obtenir des réponses claires à mes souffrances chroniques. En laboratoire on utilise les animaux pour la recherche sur la dépression. Le sujet demeure tabou encore de nos jours ce qui me donne davantage le goût d'en parler. On émet une charge électrique sur le côté d'une cage où un chien est déposé. Ensuite on met le courant sur les deux côtés, le chien tombe en profonde dépression dans un sentiment d'impuissance. Cet exemple démontre exactement les causes de ce mal sinistre et accablant. Identifier les malaises en exprimant les émotions est le début de la guérison. Le sujet n'est pas sexy mais il demeure actuel en touchant plus de gens que l'on croit. Nous vivons dans une période pré-dépressive. De multiples blessures débutées à l'enfance m'ont prédisposé à la dépression que j'ai entretenue dans certains comportements. Je ne me considère pas moins démuni que je possède une hypersensibilité qui peut m'être utile. Toutefois la vigilance est de mise. Je débute l'année avec des expériences en ouvrant des nouvelles portes. Il faut savoir changer de place parfois pour voir le monde différemment. Si le monde ne vient pas à moi j'irai vers lui. Je me suis inscris à un club de lecture philosophique dans les parages. J'ai aperçu une petite note dans la vitrine sombre d'un immeuble anonyme disant de lire la vie ordinaire, mode d'emploi de Georges Perec. On mentionne de lire jusqu'au quatrième chapitre ce que j'ai effectué. Je trouve très étrange cette lecture et quelque peu ennuyant malgré sa rigueur et ces descriptions atypiques. Le type contacté par courriel me répond que je suis le bienvenue et que l'on m'indiquerai les dates des activités ultérieurement. Le lieu me rappelle Oudewater en Hollande. Ce village brumeux et mystérieux était reconnu un haut-lieu où l'on jugeait les sorcières d'Europe. Une balance était disposée dans le village d'où était pesé les femmes soupçonnées de sorcellerie. Si elles étaient en-deçà d'un certain poids elles étaient immédiatement reconnues sorcières. Pour s'envoler sur un balai disaient-t-on il fallait avoir un poids plume. Si elles avaient les moyens elles achetaient à grand prix un certificat qui authentifiait leurs intégrités. L'argent ne fait pas le bonheur mais fourni la paix d'esprit. Dans une grande maison du village sans aucun commerce un homme étrange s'occupait de la seule auberge et d'une salle de réunion discrète d'où les gens feutrés entraient par l'arrière. Depuis peu j'assiste à des groupes de partage et de parole. J'y découvre des lieux qui émanent de la chaleur humaine et de compassion dont le but est le partage et l'amour. Après de longues années à me heurter à des portes fermées ces lieux insoupçonnés m'ouvrent le coeur. On ne nous demande rien en échange. Plus tard je compte faire du bénévolat en prenant le temps de bien cerner mon champ d'action. Mon travail sur moi et l'introspection effectuée m'indique de puiser les forces qui m'ont animé à la création de ma défunte entreprise.  Les thèmes qui m'interpellent sont l'intégration, le développement humain et les groupes d'appartenance. En cela je vois des pistes à suivre pour la suite des choses. Je tiens par dessous tout à m'intégrer dans ma communauté en m'impliquant dans les valeurs que je chéri se rapportant aux thèmes qui me tiennent à cœur. Ce sentiment d'isolement doit cesser. Mon combat de toujours est celui contre l'indifférence. Il en a toujours été ainsi. C'est le plus grand mal actuel, celui devant lequel j'éprouve le plus de douleurs.


4 janvier |

Pourquoi écrire? Pour me retrouver ou que l'on me trouve intéressant? Nourriture de l'égo ou créativité expressive? Écrire permet de m'ancrer dans l'instant présent comme jadis lorsque je faisais l'amour. Je ne me rappelle plus, amère déception. C'est comme ça qu'on devient las et blasé. L'une des causes possibles de l'angoisse et de l'anxiété est ce sentiment de ne pas être à la bonne place, sur la bonne route ou la bonne direction. L'anxiété s'installe sournoisement lorsque les besoins de bases ne sont pas comblés. En voulant bien écrire je tente de renforcer l'égo inconsciemment. Mais au fait qu'elle est ma vocation actuelle? Cette question sans réponse dans l'immédiat apporte de l'anxiété. Il y a urgence de vivre mais il ne faut pas paniquer même si l'envie me traverse. Lorsqu'elle prend trop de place je vais marcher sans aucun autre but que laisser dissoudre les questionnements et la douleur. C'est pour ça que j'ai tant marché. C'est en me perdant que je ne suis retrouvé à quelques reprises. La marche est devenue le pivot de ma vie. Retrouver le sens de mon existence s'effectue dans la lenteur. C'est dans la souffrance que la vie se métamorphose en plus grand que soi. On appelle ça le passage à vide. La vie n'aime pas le vide, en cela la souffrance est réelle. Lentement la vie reprend son cours en redonnant une nouvelle direction, un nouveau regard. Tout est cruellement passager même les douleurs, même l'égo, ce traître que l'on porte en soi si on sait le reconnaître. Dans le moment présent l'égo se dissout. En écrivant mon égo disparaît. Écrire doit être spontané. Pour se libérer il faut livrer les émotions sur la page blanche et faire confiance aux miracles. Ils existent dans le détachement seulement. Les répères alors s'éclaircissent dans l'humilité et une nouvelle voie se trace de l'obscurité. Rien ne sera acquis, les illusions nous porteront toujours. La vie se nourrit d'elle-même dans l'instant présent et rien d'autres ne pourra modifier son cours. Ça prend une force considérable pour atteindre un bonheur durable. Cette force se puise dans le détachement et l'instant présent, seule source de paix.

1er janvier |

La dernière année fut celle des grandes révélations sur moi-même. Des hauts et des bas j'en suis revenu vivant mais je porte des blessures qui, depuis quelques temps, je tente de panser. Mes objectifs étaient trop élevés en rapport avec mes limites et mes besoins. Le problème a résidé dans mon manque d'attention. Il est devenu impérieux de porter mon attention sur l'instant présent et cesser de me projeter en avant et ruminer le passé. La perte de conscience du moment présent s'est avérée douloureuse j'avoue. L'année qui s'amorce sera dotée, pour ma part, davantage de prudence, d'attention et d'introspection. L'année qui vient de s'écouler avait sa raison d'être pour la prise de conscience effectuée. Je perçois mes nouveaux projets à plus petite échelle mais qui m'apporteront, je l'espère, une plus grande source de sérénité, d'amour et de paix. Ce sont mes voeux à tous pour la prochaine année. J'ai trop voulu en mener large, plus qu'il m'était possible d'en prendre et d'en assumer les conséquences. Heureusement le destin a voulu me prévenir de maux beaucoup plus grands qu'ils auraient pu être. Mes voeux sont d'assimiler la prière de la sérénité. Accordez-moi le courage de changer les choses que je peux changer, la sérénité d'accepter celles que je ne peux changer et la sagesse d'en connaître la différence. Accordez-moi le courage de ne pas renier ce que je crois être bien, même si je pense que c'est sans espoir. Il devient impérieux de cesser s'agiter mon esprit sans cesse dans toutes les directions. De ce fait je dois faire les choix qui s'imposent avec une certaine rigueur et discipline, cela s'appelle l'équilibre. En ce premier jour de l'année je fais du yoga et de la méditation. Je serai à compter d'aujourd'hui davantage à l'affût des sources d'inspiration qui sont fort probable plus près que je ne le crois.