Proposal

Bienvenue sur mon blogue personnel. Ce journal intimiste dans ses récits et propos exprime un désir de dépassement et d'authenticité.

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Polarsteps



20 novembre |

David Bohm dans ses Dialogues affirme que dans les conversations, l'important était davantage ce qui se passe quand les gens discutent et non pas la formulation. J'ai opté pour cette pratique lors de la thérapie de groupe amorcée cette semaine. Je n'en suis pas à ma première et possiblement pas à ma dernière. Jadis, la honte m'affligeait à exprimer ce fait que maintenant j'y éprouve du courage. Je reconnais la chance que je possède en me comparant aux malheureuses à la table. Les participants dans le cercle présentaient des malaises apparents auxquels je fus confronté. J'avoue que les soins apportés par ces institutions sont d'une réelle nécessité. Il m'aurait été impensable jadis d'exprimer ouvertement les raisons qui m'entrainent dans un processus thérapeutique. Bien entendu, ce n'est pas toujours de gaieté et de cœur que j'y vais, mais comme le gym, c'est après un certain temps que je récolte des résultats. Je profite de tout ce que la société m'apporte afin d'être une meilleure personne et un meilleur citoyen. Je ressens le devoir de m'offrir les moyens nécessaires pour maximiser mon potentiel et ma vie. En ce sens, je n'ai absolument rien à cacher, bien au contraire. La thérapie révèle les thèmes reliés aux émotions, les pensées, la conscience, les comportements et les relations interpersonnelles. Plusieurs étapes de vie sont douloureuses et demandent une attention particulière, notamment la retraite pour moi. J'ai cru à tort y être préparer. À différentes étapes de ma vie, j'ai reconnu avoir quelques problèmes qui, sans une aide particulière, il m'aurait été difficile de traverser. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, mais une montagne à gravir. Demander de l'aide exige d'avoir beaucoup d'humilité. Demander de l'aide exige de reconnaître qu'il y a un problème qui devient difficile à faire face soi-même. Demander de l'aide exige de se démasquer envers soi et les autres. En ce sens, je crois que j'ai beaucoup cheminé, la preuve est l'exercice exprimé publiquement en ce moment. Cette fois, j'ai le temps et le goût de m'investir pleinement dans cette thérapie cognitive-comportementale que je considère comme l'une des meilleures approches thérapeutiques en ce qui me concerne. Je suis interpellé pendant les quelques mois qui suivront à témoigner de mes observations et de mon ressenti. Je n'entrerai pas dans tous les détails pour rendre mon témoignage accessible. Pour citer un élément de ma personnalité, je m'étonne d'être parfois, voire souvent, troublé par les comportements d'autrui. J'exagère les faits au point de passer parfois à côté de la réalité. Je suis un enfant de la télévision comme bien d'autres et, depuis une décennie, un addict des médias en ligne. Je comprends maintenant les causes de mes distorsions, n'étant pas prêt à les exprimer maintenant. Cela requiert beaucoup de discernement et de maturité pour filtrer le contenu des contenus médiatiques. La consommation de tranquillisants distribués aux enfants deviennent une manifestation des problématiques réelles de la société. Maintenant, si je pousse mon observation, je pourrai dire qu'il y a beaucoup d'enfants heureux sur terre déployant des énergies saines et contagieuses. Ce qui m'a apparu difficile hier était de me retrouver le seul homme dans un groupe de huit participants. J'ai survécu en cassant la glace. En réalité, le plus difficile aura été la fatigue émotive à mon retour. Plus jeune, je tenais un journal intime qui exprimait des émotions si fortes qu'il m'aurait été impensable de le publier. Ces cahiers illustraient des poèmes sombres. Je m'inspirais des poètes maudits de ma jeunesse. Je m'identifiai à eux par le malaise qui m'habitait. J'ai exploré à fond différents styles, ne m'y retrouvant guère. Plus tard, dans le cadre de mon travail, en maintenait à jour les communications et le site internet de l'entreprise que j'ai créé, au préalable, j'ai appris alors le sens de l'esthétique et du travail bien fait. Tout cela pour arriver aujourd'hui devant une profonde plénitude, une liberté totale d'expression et une confiance accrue en moi-même. Les germes si longtemps portés en moi développent aujourd'hui ses meilleurs fruits. Mon apprentissage ne s'est toujours pas acquis dans la facilité, que maintenant, avec le spectacle de tant de souffrances, je prend conscience que j'ai réussi ici et maintenant. Je ne suis pas à l'épreuve des intempéries, mais mon vaisseau est plus costaud pour affronter les tempêtes. La compassion s'exerce avant tout avec moi-même et ensuite avec autrui, sinon elle s'annule dans la complaisance. Dalaï-Lama a dit que les périodes de grandes difficultés sont souvent les plus profitables, en terme de sagesse et de force intérieure.


18 novembre |

Le 17 novembre, j'ai célébré le trentième anniversaire de l'occupation de mon logis. Pour l'occasion, j'ai effectué une splendide randonnée avec une précieuse amie suivie d'un repas. La première moitié de ma vie fut sous le signe d'une furieuse instabilité. La seconde a été plus pondérée et stable, dans laquelle j'ai travaillé d'arrache-pieds durant trente années, c'est le moins que je puisse dire, pour Vert l'Aventure Plein Air, une micro-entreprise que j'ai fondée en 1994. J'ai alimenté ce travail comme s'il était une part entière de moi-même et de ma famille qui n'a en réalité jamais existée. J'ai accompli ma tâche avec passion, rigueur et détermination. Au supermarché aujourd'hui, je m'étonne de voir tous les maghrébins qui y travaillent. Je tente un contact avec l'un d'entre eux qui me répond sèchement qu'il ne parle pas québécois, mais français. Que sommes-nous donc, lui dis-je. Aucun effort n'est déployé de sa part en retournant à ses tâches. Peut-être n'en a-t-il pas le goût ou n'a-t-il pas le temps, que sais-je. Me dirigeant vers la caissière, une marocaine voilée me mentionne de ne pas parler le québécois. Jadis, j'aurais perçu un curieux malaise que maintenant, avec un certain recul, je vois ces personnes différemment. Prendre cela personnel et verser dans des interprétations erronées serait malheureux de ma part. Lorsque j'ai créé mon entreprise en 1994, internet n'existait pas, il fallait alors aller vers les autres. On appelle étrangement le progrès cette affaire. Le seul progrès que j'observe est celle de la technologie. Le progrès humain et collectif, je les vois à peine au point de ne plus reconnaître mes repères. Ai-je à ce point changer ou est-ce le monde qui change ? Les deux dirais-je. Les relations humaines à l'ère numérique ont perdues leurs lustres où est-ce mes perceptions qui se sont atrophiées avec l'âge ? Ce progrès est récupéré en partie par les entreprises qui deviennent synonymes d'une recherche avide de pouvoir dans un va-vite condescendant. Dans ce temps-là, le Québec était homogène, à part la métropole. Malgré la misère, la fraternité et les cadres existaient. Les politiciens doivent renforcer les règles, celles que nos prédécesseurs ont déployées pour conserver les acquis, la culture et le vivre ensemble. Les gardes fous doivent être continuellement révisés pour éviter des situations conflictuelles voire dangereuses. L'ignorance, le repli sur soi dans le rejet de l'autre et l'indifférence sont le reflet d'une société atrophiée. Que s'est-il passé pour avoir si promptement rompu avec les valeurs qui nous ont porté ? L'appât du gain serait-il plus plus fort que notre amour au point de renier nos frères. Le fatalisme face aux défis contemporains est-il un refuge ou un danger ? La question se pose. Dans le dictionnaire, le fatalisme est ce qui s'abandonne aux événements et qui les accepte avec résignation et passivité. J'éprouve de la difficulté à me résigner, car il y a toujours une lueur au bout du tunnel. Par contre, j'ai l'impression parfois de vivre dans un tunnel qui me sert de refuge. Dans plus ou moins une décennie, le français pourrait devenir une langue seconde avec l'arrivée récente d'une immigration massive. Devrais-je parler l'arabe ou l'anglais dans un avenir rapproché ? Les immigrants, pour la plupart, tentent de reproduire le monde dans lequel ils proviennent, c'est le réflexe exaltant de l'instinct de survie. Les plus forts s'intègrent, les autres moins. Les guettos les guettent, beau jeu de mot qui en dit long sur ces malheureux qui seront peut-être nous dans un avenir rapproché. Les québécois en sont-ils venu à vivre reclus dans ces ghettos, le monde ne nous appartenant plus comme autrefois. Pour se rappeler qui nous sommes, le roman Menaud, maître-draveur de Félix-Antoine Savard est une référence considérable. C'est l'histoire d'un peuple qui se soumet. C'est une partie de mon histoire, ou presque. Ces adhérents trahissent leurs frères pour quelques dollars vaniteux et quelques heures de gloire. C'est comme ça que la vie est devenue si chère. Les gens venus d'ailleurs ne sont pas prêts à délaisser leurs coutumes et leurs cultures, néanmoins des efforts doivent être considérés afin de jeter des ponts dans les sociétés qui les accueillent. Qui suis-je, sombre abrupti, pour faire la morale ? Ne suis-je pas fait que pour décrire les beautés du monde, ne parvenant qu'à voir ses travers ? J'éprouve depuis peu un fort sentiment de liberté, celui de me penser et de penser le monde dans lequel je passerai le reste de ma vie. À tous les jours, mon voisin Karl me demande quel jour l'on est. Depuis qu'il ne va plus à la messe du dimanche, il est perdu. Un jour, il ne se souviendra même plus qu'il est perdu. C'est pour ça que j'écris, c'est pour me rappeler d'où je viens, où je vais, même si je n'en sais rien. En réalité, je ne sais pas grand chose à part d'assembler des mots furtifs. Les pensées que je ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'inscrustent, qui m'alourdissent, qui prennent la place des idées neuves et qui me pourrissent. Je deviendrais une décharge à vieilles pensées qui puent si je ne parlent pas, c'est pour ça que j'écris. Écrire m'apparaît le prolongement de mon regard vers l'intérieur de mon être. Écrire c'est échapper à la tentation de me fuir. 


J'ai mal au pied à trop vouloir me fuir. C'est la seule chose que j'ai apprise dans la vie jusqu'au moment de me raconter à travers le blogue. Il exprime ma renaissance autrement que par mes pas usés par la force des choses. Ce qui fut longtemps une échappée belle est devenu un exutoire, le fourre-tout de mes peurs. Écrire, c'est affronter le vent de face. C'est lentement écumer le vent me pousser dans le dos entre vents et marées. Écrire est ma force et ma dignité dans l'adversité. Écrire devient mon leitmotiv dans l'absence de ma chair. Des étincelles de vérité naissent dans des éclairs de lucidité. Tout à coup, les mots ressurgissent de ma mémoire, les formes se dessinent allègrement, vuptueusement, tel le vaisseau que l'on remonte lentement des eaux sombres. Il y a tellement de choses qui refont surface de mon profond sommeil, telles les portes d'un vieux manoir qui après des siècles s'entrouvrent à la lumière du jour.


16 novembre |

Et maintenant, que se passe-t-il ? Où en sont mes projets à part de respirer à fond et d'entendre au loin les clochettes du Père Noël. J'écris moins, je lis moins. Mes plus récentes pratiques sont en pause. Dans le dernier café philosophique, la question retenue fut : est-ce que la colère collective est justifiable ? Après la victoire de Trump, la colère est palpable. Il y a deux semaines, la question retenue demandait si l'autorité doit être bienvaillante. Le café philosophique me permet de pousser plus loin la réflexion. Dans le groupe, il y a les assidus, j'en fais partie. Plusieurs connaissent mon nom, ça me réjouit. Il y a les nouveaux, intrigués par les discussions. Plusieurs ne reviennent pas, je n'en connais pas les raisons à part un possible épurement naturel selon les intérêts. Certaines personnes sont vraiment bien articulées. J'aime la rhétorique, la dialectique. Je ne dois pas me sentir diminué par les exaltations verbales d'autrui, mais plutôt être fier de faire partie d'une fraternité dotée d'une profonde volonté d'humanisme. Les participants viennent sur une base volontaire et plusieurs d'entre eux appliquent la simplicité volontaire dans leur vie. J'apprécie et je respecte beaucoup l'animateur Jacques qui anime une émission radiophonique hebdomadaire sur la simplicité volontaire à 10h00 les vendredis à CKIA. Mikaël, le dernier venu, est un jeune français doué, il a assurément une carrière prometteuse devant lui. Il anime le café philosophique à l'intérieur d'un format différent. J'assisterai à son atelier à la fin du mois qui regroupera un public plus jeune. Plusieurs affichent une certaine aisance à débattre en public et possèdent des connaissances accrues. J'apprends à mieux réfléchir. Tous et chacun avons eu de la colère à certains moments. Cette émotion, si elle n'est pas gérée adéquatement apporte des problèmes récurrents. Il en est ainsi de cette colère collective qu'un grand nombre d'américains ont exprimée lors des récentes élections. Trump a su exploiter la colère du peuple pour se hisser à la présidence, ce n'est pas rien. Dominique de Villepin, ancien premier ministre de France, écrivain et diplomate traduit très bien les aléas de la politique mondiale. C'est un génie de la rhétorique. Les manifestations de tous genres permettent un exutoire laissant relâcher de la pression. La colère contenue est dangereuse. Les raisons de la colère peuvent être autres que l'événement lui-même. Une mauvaise gestion des émotions entraîne des pensées erronées et des comportements douteux n'ayant rien à voir avec ledit événement. Depuis un an, je participe à un club de lecture. Depuis le dernier atelier, je réalise que mon intérêt a diminué. Toutefois, la venue de Charles, le nouvel animateur, laisse envisager des jours meilleurs. Idéalement, un groupe ne doit pas être trop homogène, là est le problème. Je me méfie des ghettos de toutes sortes, des groupes fermés. Pour qu'un groupe se développe sainement, la règle est sa diversité et son cadre sauf pour les groupes d'activités physiques qui requièrent une force accrue. Dans ma jeunesse et plus tard, les tuteurs ont cruellement fait défaut. Dorénavant, j'ai des indispositions devant l'ignorance et l'absence de volonté visant le développement humain et social sous toutes ses formes. Mon temps est devenu précieux, et pour cause avec ce temps qui file à vive allure. Kant disait que l'on ne peut apprendre la philosophie, mais on ne peut qu'apprendre à philosopher.


8 novembre |

Ce matin, j'ai croisé Simon, un itinérant. Il avait la vingtaine. En plus de ses fringues et de son baluchon, il avait une petite tente avec lui. Je lui demande s'il passe l'hiver dehors, qu'il me répond ne pas savoir ce qu'il adviendra de lui. Son propriétaire l'a jeté dehors, lui et sa copine pour effectuer des travaux. En chômage tous les deux, ils n'ont eu d'autres choix que de prendre la rue comme des milliers d'autres. Je lui demande s'ils dorment dans les refuges. Répondant par la négative, ils ont peur de ce qu'il adviendront d'eux dans ces nids de violence, préférant camper dans les parcs urbains en attendant je ne sais quoi. Ils sont loin d'avoir un historique de santé mentale et de toxicomanie comme plusieurs qui sévicent dans les centre-villes. L'itinérance ne fait qu'augmenter avec le coût de la vie qui cible toutes les couches de la population. Que feront les gouvernements ? Réouvrir les institutions en santé mentale comme auparavant. À  partir des années 80 des milliers de patients des hôpitaux psychiatriques se sont fait montrer la porte. On appelait ça la réinsertion sociale et le rétablissement dans la société. Dans un passé pas si lointain, des groupes distincts de citoyens mal-aimés ont disparu de la circulation pour entrer dans ces hospices. Plusieurs d'entre eux étaient pourtant sains d'esprit, mais pauvres et orphelins. Les religieux, avec pour seul salaire la bénédiction du bon Dieu, s'occupaient de ces miséreux. Le système actuel ne peut aider tout le monde, un triage s'effectue, les moyens et le personnel aidant manquant cruellement. Il y a des itinérants que je vois dans la rue qui, avec un peu de soutien, seraient capables d'intégrer la société. Mais de quelle société parle-t-on ? Celle que je vois est aussi folle que les itinérants croisés. Mes propos sont acerbes à propos de la société, j'en conviens. N'est-ce pas ainsi que le monde est fait, pour les plus forts, comme dans la jungle. Qui vivra verra. Les plus faibles périront, le bon Dieu ayant pris des vacances prolongées pour le soutien des malheureux. C'est qu'aujourd'hui la science et la technologie ont remplacé la volonté du saint Esprit dans l'accompagnement des plus misérables. Voici le résultat et ce n'est rien à côté d'autres pays. Le système exige du rendement économique, ceux qui n'entrent pas dans cette case sont sévèrement exclus. Les organismes communautaires ne suffisent plus à la demande. Une réforme complète du système dans lequel on vit devrait être mise en place mais nul ne semble disposé à sortir de sa zone de confort en établissant de véritables réformes pouvant offrir par exemple un salaire universel garanti pour tous. Parfois, j'aimerais disparaître tout doucement à la lumière du jour pour m'envoler dans un monde meilleur. Parfois, je rêve d'une autre galaxie où la vie serait plus accueillante. Parfois je rêve d'un endroit où l'on ne perdrait pas sa vie à vouloir la gagner. Dans mon immeuble habite Karl, sa santé physique et mentale décroît considérablement. Il est négligent de sa personne, il fait pitié à voir. Pourtant, il sait raconter de belles histoires. Le problème, c'est que plus personne ne s'y intéresse. C'est ainsi que la vie se termine pour les mal aimés, les rêveurs et les incompris. Ils n'avaient qu'à joindre les rangs dira-t-on. La société n'a que faire des rêveurs, elle requiert davantage de combattants inutiles pour distraire les millionnaires. Par chance, la méditation quotidienne me ramener doucement de ces distractions insipides mais cruellement nécessaires. Les itinérants prenant du fantanyl ne mettent pas en totalité fin à leurs jours, c'est le système dans lequel oeuvre de grands réseaux bien intégrés dans la société les tuent. Ceux qui possèdent beaucoup de pouvoir et d'argent sont immunisés dans ce système où la justice les protègent. Et je ne parle pas des malheureux qui partent en guerre pour des sombres idéologies qui n'ont rien à voir avec eux pour la plupart.

7 novembre |

Je ne suis pas celui que je pense être. Je ne suis pas ma maison, mes diplômes, mon curriculum vitae. L'amour est mon salut. Vouloir être le monde, c'est vouloir être aussi fou que lui. Il a fallu être aussi fou que lui pour vouloir s'y intégrer. Souvent, j'ai perdu mon pouvoir dans la peur ne favorisant pas l'apprentissage. Au début, il y a l'émotion qui engendre la pensée, qui engendre l'attitude, le cycle parfait de la névrose Je fus longtemps dissocié de l'amour par la présence de la peur. L'amour débute lorsque la peur s'efface. L'amour transcende l'égo signifiant le petit moi séparé. L'amour s'obtient en embrassant le nouveau, délaissant le passé. L'égo est l'amour de soi se transformant en haine de soi. Tout ceci ne m'est pas inconnu, mais enseveli dans une montagne d'insouciance. Pour parvenir à me détacher de la douleur, il est essentiel de reconnaître l'amour qui me porte. L'amour est indissociable de la paix. Peace and love is my mind. Paix et amour sont les mots ultimes tel un mantra permettant de retrouver ma véritable nature. Ces mots doivent être accompagnés d'un inévitable lâcher prise. Lentement, je reviens à ma source, m'ayant oublié quelque temps par manque de vigilance ou de folie. L'équilibre tient sur un fil. L'amour est le seul bonheur durable. J'ai essayé le chocolat, à trop en manger, je suis devenu malade. C'est ainsi que j'ai reconnu ce qui est durable ou pas. Il arrive parfois de m'envoler avec beaucoup d'assurance et d'insouciance. La cigale ayant chanté tout l'été se retrouve fort dépourvue quand la bise fut venue. Je n'aime pas les montagnes russes. Prendre l'autobus à l'automne me permet d'échanger avec différents personnages en contraste avec le voyageur solitaire que j'incarne involontairement durant la chaude saison.  Jeune, je n'aimais pas l'hiver que maintenant je cajole assidûment sa cinglante fraîcheur.

6 novembre |

Sociologue de profession, Roger a eu 81 ans. Il a oeuvré auprès du gouvernement durant sa vie active et à la retraite, il a siégé dans différents conseils d'administration d'organismes communautaires. Depuis trois ans, il a le cancer de la vessie, l'un de ceux qui se traitent le mieux. À la table du café habituel, je lui demande comment il va, qu'il me répond sereinement très bien. La mort ne lui fait pas peur, il croit avoir fait son temps en s'exprimant avec sérénité et humilité. On parle politique et de société. Il dit que certains problèmes actuels résident dans le fait qu'il y a trop de vieux. Selon lui, il y a plus de gens qui demandent des soins que davantage de soignants. Près du tiers du budget provincial va au budget de la santé et des milliers de gens n'ont pas de médecin de famille. La liste des problèmes auxquels fait face la société concernant l'accès aux soins de santé est complexe. Selon moi, ajouter un frais minimum initial aux soins reçus selon les revenus des usagers dégagerait beaucoup de latitude au régime actuel. Aucun parti politique ne va en ce sens, car ils perdraient leurs électeurs. Avec le statut quo, ce sera l'accès aux soins qui deviendra inaccessible dans le secteur public pour bien des gens. Les usagers, pour obtenir des soins, devront se tourner de plus en plus vers le privé et les montants versés seront plus onéreux. Si rien ne change, les moins nantis seront de plus en plus malades et il en coûtera davantage encore à l'État. Ceci représente, selon moi, une solution à court terme de ce que l'État peut faire pour renforcer l'accès aux soins de santé. Dans quelques décennies, la situation se résorbera peut-être lorsque les baby boomers disparaîtront, ces derniers représentant la plus grande strate de la population. On voit aussi apparaître depuis quelques années des pressions exercées sur les services publics en lien avec l'immigration massive. Roger demeure optimiste et surtout réaliste. Une chose que je lui ai enseignée, comme quoi il n'y a pas d'âge pour apprendre, c'est que les vieux, malgré le fait qu'ils ne produisent pas au sens propre du système actuel, peuvent apporter beaucoup d'humanité de leurs expériences, de leurs savoirs et de la richesse qu'ils possèdent s'ils se sont préalablement épanouis. L'équilibre peut être rompu à tout instant et sans crier garde. Je reconnais les soubresauts disfonctionnels actuellement dans le système et sans un apport accru d'humanité dans ce dernier, les choses ne pourront qu'empirer. À Roger, je lui dis que le simple fait de me parler contribue à l'accroissement de cette humanité. Prendre soin les uns des autres n'est pas compatibilisé, mais apporte une richesse accrue dans un monde qui se recherche éperdument. Est-ce que Donald Trump pourra apporter cette contribution ? Cela reste à voir. J'espére, comme la plupart des gens, que les Républicains mettront des gardes fous au besoin pour protéger le Monde de ce personnage qui ne reconnaît pas les institutions qui ont façonné la démocratie. Hier, je rencontre une vieille connaissance, Mounir, un septuagénaire copte égyptien établi depuis son enfance à Québec qui a fait carrière comme travailleur de rue. En causant, je lui fais part de ma participation régulière au café philosophique. En voyant son intérêt, je l'invite à la prochaine rencontre. On prendra le temps de discuter de tout et de rien avant l'atelier. Voilà le genre d'implication qui m'enthousiasme. Pierre, la cinquantaine, vit seul et travaille le soir dans un centre de recyclage. Son expérience de vie, ses propos, son écoute et ses observations font de lui une personne exceptionnelle dotée d'une grande sensibilité. On se rencontre parfois au café en parlant de soi et du monde dans lequel on vit. On tente de transformer ce qu'il nous est possible de faire, chacun à sa façon. On se ressemble à différents points de vue. Nous avons établi d'une rencontre régulière sur la grande table du café pour partager ensemble nos opinions, nos propos et les émotions perçues de nos expériences relatives. Voilà encore une fois l'implication dans laquelle mes motivations et mes intérêts m'inspirent.


4 novembre |

Adolescent, aussitôt que j'ouvrais l'œil au matin, je marchais jusqu'au moment de m'endormir pour la nuit. Les grands froids et les tempêtes ont vu mes nombreuses traces dans la neige. De plus loin que je me souvienne, j'ai bourlingué dans la ville qui m'a vu naitre pour ensuite dépasser les frontières. Ma vie se déroulait dans la rue et plus tard dans les sentiers, lorsqu'il y en avait, et sur les chemins les moins fréquentés. Hier, je suis allé à un concert de musique gratuit. Après trente minutes à l'intérieur d'une foule compacte, je n'ai pu résister d'aller marcher. J'ai réussi, avant de partir, à me délecter de chocalatines encore chaudes remplies de délicieux chocolat noir fondant. J'ai tellement marcher pendant des années que des gens ont décidé de m'accompagner où je désirais. Malgré moi, j'étais un motivateur moins par mes paroles que par mes actions. J'ai fait rêver beaucoup de monde les projetant dans un monde différent d'où ils provenaient. Tout comme Forrest Gump, je me suis arrêté et je suis retourné à la maison. À vrai dire, dans mes derniers kilomètres, plusieurs avaient déjà abandonné la course. Néanmoins, ils auront compris les raisons pour lesquelles ils marchaient. Ils ont compris qu'ils pouvaient le faire seuls ou avec des amis qui se sont faits durant le trajet. J'ai vu beaucoup de gens s'affranchir. J'ai vu beaucoup de gens cesser de ressentir le sentiment d'appartenance au groupe dans lequel ils ont marché. Je n'en suis pas la cause car la société a commencé à se transformer à l'époque où je marchais intensément. Je proviens d'une époque quasiment préhistorique avec mes histoires sans fil, sans connexion. Je proviens d'une époque dans laquelle internet n'existait pas. À son apparition, des apprentis leaders ont apparu dans la toile, laissant miroiter que le monde véritable s'y retrouvait. Avec internet, certaines personnes ont commencé à voir la vie à travers un filtre ne sachant plus discerner la réalité de la fiction. Internet pour plusieurs, les a mis au monde, pour d'autres, ils les ont barricadés dans un monde imaginaire avec des visages sans noms. Les grands marcheurs d'hier ont laissé place à des doigts clavardant sur des écrans pathétiques d'une société fractionnée. De leader de la promenade et de l'aventure, je suis passé à un illustre inconnu en quelque temps. Je continue à marcher chaque matin, mais j'ai cessé de regarder s'il y a des gens derrière. Ça ne sert plus à rien, ils sont retournés à leurs affaires, ils sont retournés dans un monde qui n'est plus le mien.


3 novembre |

Je rêve, surtout la nuit. Adolescent, j'avais une liste de voyages à effectuer, ils étaient nombreux. J'écrivais sur du papier la liste pour ne pas les oublier. Il y avait des montagnes, des rivières dans cette liste. Il y avait des odeurs, des paysages et des sourires qui m'étaient inconnus jusqu'alors. Ils étaient absents chez moi ou arboraient des teintes blafardes. Ou bien je ne parvenais pas à les voir. Ces voyages étaient mes tâches à effectuer, je m'y accrochait comme à un agenda. C'était mes seuls objectifs, c'était mes rêves éveillés. Il ne m'en reste qu'un seul, la Georgie et ses régions rurales et le centre nord de la Floride à vélo. Ils représentent les derniers remparts authentiques de ces États américains du Sud profond. La nuit, je revois en songes des gens que j'ai côtoyés. Parfois, je suis dans un bar que j'ai longuement fréquenté qui me plaisait. Dans mon rêve, ce lieu s'est transformé en une maison rustique et champêtre où je ne me sens pas le bienvenue. On transforme le bar en un sorte de petite fermette. C'est souvent comme ça dans mes rêves. Je rame beaucoup pour arriver quelque part qui, en réalité, n'existe pas. Je déploie beaucoup d'énergie dans mes rêves pour m'intégrer dans un groupe, mais je n'y arrive pas. Trop de fois, je me réveille seul, attristé. Trop de fois, je me sens impuissant devant ces songes étranges. J'essaie de les interpréter, c'est inutile d'essayer de comprendre dans les émotions. Dans mes rêves, c'est souvent comme ça, le jour comme la nuit. J'essaie de m'y faire en écrivant ce que je ressens. Je voudrais écrire sur des gens, des personnages. Je n'y arrive pas, je ne les vois pas, je ne les ressens pas. C'est pour ça que je rêve que je suis seul. C'est pour ça aussi que je me réveille seul avec comme seul compagnon ma respiration. Ça pourrait être pire, je pourrais ne plus respirer. Après ce dernier périple planifié dans les Sunshine States le printemps prochain, je sais que je voudrai par la suite revoir des lieux que j'ai déjà traversés. Je tenterai de le faire autrement tout en restant éveillé.

Carrefour

2 novembre |

Il y a environ une dizaine d'années, une douleur est apparue sur mon gros orteil droit. Quelques années plus tard, un orthopédiste m'a diagnostiqué un hallux rigidus qui me faisait souffrir. Ça ressemble à un hallux valgus, mais plus délicat à traiter. C'est comme ça que j'ai passé au bistouri à l'hôpital de Montmagny sans aucun service après-vente. L'anesthésie locale ne fut pas suffisante qu'au premier coup de ciseaux à bois ou un truc du genre, je fis un choc vagal. J'avais un garrot sur ma jambe et il était urgent pour le médecin de poursuivre la chirurgie. J'ai perdu alors confiance en eux. Aussitôt la tâche effectuée, un copain venait me retrouver pour me ramener à la maison avec énormément de douleur. Chose que j'apprenais avec peine, c'est que je fus malenpoint pour marcher adéquatement pendant une année et demie. Depuis toujours, je m'étais forgé une identité de grand marcheur et d'homme invincible ou presque. J'avais créé en 1994 une micro-entreprise qui faisait marcher des gens au Québec, aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Le médecin me dit que je serais en arrêt de travail pour un mois. C'était l'hiver. J'ai repris alors, comme indiqué, les sorties de raquettes, c'était moins douloureux dans la neige. Des voyages de randonnée pédestre se sont déroulés de peine et de misère. Des clients me faisaient des pansements dans mes chambres d'hôtel au Vietnam et en Italie. Je ne savais pas à ce moment que je porterais des séquelles. Je suis hypocondriaque de nature et hypersensible pour avoir vu beaucoup de gens souffrir et mourir dans mon jeune temps. La douleur et la peur de souffrir m'affecte. J'ai tellement marché tout croche par la suite que j'ai développé un faciès plantaire chronique depuis. J'ai perdu le goût des longues randonnées pédestres, toutefois je me suis repris avec le vélo qui n'affecte pas mon pied et que j'affectionne particulièrement. Les podiatres rencontrés n'offrent pas de solutions autres que de me vendre des orthèses, ce que je possède déjà. Le temps passe et je m'adapte du mieux que je peux. Cette histoire m'a rendu anxieux, moi qui auparavant prenait des grandes marches pour me détendre. Je marche quand même, mais moins longtemps dans une journée. Il y a pire. De toute façon, tôt ou tard, on doit faire certains deuils, autrement, les faire maintenant en demandant à ma bonne fée un miracle ou une guérison. Je tenais à raconter cette histoire pour m'extirper de cette pression qui m'accable. Décidément, je ne suis qu'un pauvre mortel, toutefois je peux me rabattre sur le reste de ma santé qui est, somme toute, très bonne pour mes soixante-six ans. C'est possiblement pour cette raison que je me suis mis à écrire avec assiduité. Je compense ainsi pour les cent pas supplémentaires que je peine à faire. Mes distorsions cognitives me renvoient une image exagérée de la situation, j'en conviens. Il devient conséquent de me façonner une image différente de celle que j'ai portée depuis ma jeunesse et plus près de ma réalité. Il devient conséquent de ne pas m'apitoyer sur mon sort en tentant de revêtir une identité plus réaliste.

1er novembre |

L'indifférence des gens de mon quartier est erronement perçue par mes distorsions cognitives. La réalité est que j'habite une grande ville et il en est ainsi. Cette indifférence relatée est filtrée par des distorsions qui amplifient de façon exagérée la réalité. Ceci s'applique aussi à d'autres circonstances. Je perçois l'abandon, la solitude, le rejet, la maladie et les échecs de façon disproportionnée. De mauvais réflexes se pointent alors dans mon esprit, causant une anxiété excessive. Ces réflexes sont issus de blessures du passé qui s'expriment la plupart du temps de façon inconsciente. Une anxiété mal gérée entraîne un état dépressif dégénératif qui s'accroît avec l'âge. Le seul fait d'écouter les mauvaises nouvelles influence mes énergies vibratoires. Il devient presque inévitable de se souscrire aux innombrables sources d'informations qui nous submergent bien malgré nous. Pour établir une meilleure connexion avec ma paix intérieure, je dois remplacer mon exposition à ces sources par du contenu approprié, sans toutefois vivre en retrait du monde, ni dans le déni. Je me sens parfois comme une éponge en relation avec ce qui est extérieur de moi, dans lequel je n'ai pas de pouvoir. Autant me servir de mon énergie pour améliorer les choses que je peux, par exemple la méditation et l'exercice. La respiration consciente avec l'apport de mantras constitue un réel pouvoir du moment présent devant lequel mes forces vives peuvent s'accroîtrent considérablement. Rien ne presse, il suffit de s'y mettre avec discipline et régularité. Un surplus d'émotions bloque l'intelligence. Souvent, je dois remettre en question mes comportements qui, sans une conscience accrue, m'amène sur des chemins incongrus. On trouve toujours ce que l'on cherche. La réponse est toujours présente et, si on lui en donne le temps, elle se révèle à nous. La vie n'est pas toujours un chemin tranquille. Ce soir, en méditant, je réalise à quel point je m'étais oublié dans mon corps. La méditation guidée devient vitale pour me reconnecter avec moi-même. Je réapprends à respirer profondément et consciemment. Je viens de pratiquer le lâcher-prise qui s'était enfui de ma trajectoire depuis quelques mois. Depuis mon retour du dernier voyage, je réalise à quel point j'étais en situation de contrôle. Cela m'arrive souvent au retour de mes aventures, revenant épuisé. L'un des buts premiers du voyage est de s'oublier quelque temps pour mieux se retrouver au retour. Je réalise que je développe trop d'énergie dans ces périples, ne pouvant que difficilement reprendre mon souffle une fois un seuil dépassé. C'est en méditant ce soir que je prends conscience des turbulences qui m'habitent, la récupération n'étant pas la même qu'auparavant. J'ai vécu intensément, pas toujours de façon que j'aurais souhaité mais j'ai fais mon possible avec ce qui était à ma disposition. En ce sens, j'ai la fierté et la satisfaction d'avoir agit au point parfois d'y laisser ma peau et, ce à moultes reprises. J'ai souvent dépassé mes limites, je n'écoute pas toujours mon corps au moment opportun. Il existe un doute quand même à trop m'écouter, comme si ce trop plein de d'horizons et de grand air me déséquilibrait au retour dans mon cocon, reprenant ma couleur uniforme sur les trottoirs d'ici. L'équilibre m'est tellement à atteindre. Ce soir, je viens d'entrer dans ma maison, dans mon corps, apaisant mon souffle, ralentissant le flot de mes pensées. C'était devenu urgent de retrouver la paix à l'aide de méditations guidées, fort efficaces. Cet été, j'ai sécrété beaucoup d'adrénaline qui une fois dépassé la dose nécessaire devient nocive. D'autres vivraient ces expériences différemment, nous ne sommes pas tous identiques heureusement. Je réalise à quel point la discipline m'est nécessaire pour ne pas subir malaises et désagréments. Longtemps je me suis forgé une identité qui ne s'applique plus maintenant, c'est ce deuil qui m'est difficile d'accepter. Cette identité malléable doit être revisitée constamment et consciemment. La vie m'offre un autre sursis.

31 octobre |

Entre amis, on n'a plus besoin de justice ; alors qu'entre justes, on a encore besoin d'amitié, disait Aristote qui voyait dans ce sentiment non seulement un lien familier permettant à chacun de perfectionner sa nature, mais aussi la condition de toute cohésion sociale. L'amitié n'a pas besoin de lois, elle s'autosuffit chez les gens libres, elle est au-dessus des lois pour les êtres matures et intègres. Je suis arrivé à l'âge de la lenteur malgré moi. Camus écrivit ; sur le chemin où marche un artiste, la nuit tombe de plus en plus épaisse. Je marche toujours avec autant de désinvolture, mais mon pas se fait plus lent. Le regard des autres dicte mon âge et mon corps se fait plus lourd. Parfois, je fixe un objet sans le quitter des yeux. Je le fait aussi pour mes pensées, c'est plus difficile. Je vais débuter incessamment la lecture de romans pour me distraire des longues dissertations. Une distorsion cognitive est un schéma de pensées exagéré ou irrationnel, en particulier par ceux plus influencés par des facteurs psychosociaux, tels que la dépression et l'anxiété. Les distorsions cognitives sont des pensées qui amènent les individus à percevoir la réalité de manière inexacte. Une vision négative de la réalité, parfois appelée schéma, est un facteur dans les symptômes de dysfonctionnement émotionnel et de bien-être subjectif plus faible. Ces schémas renforcent les émotions et les pensées négatives. Dans des circonstances difficiles, ces pensées déformées peuvent contribuer à une vision globale du monde négative et à un état mental dépressif ou anxieux. Remettre en question et modifier les distorsions cognitives est un élément crucial d'une thérapie cognitivo- comportementale. C'est ce cadeau que je vais m'offrir bientôt. Le groupe sera constitué de huit personnes et assisté par deux psychologues chevronnés. À raison de deux heures et demie par semaine, les ateliers se dérouleront tout l'hiver. C'est le prix à payer pour accroître mon niveau de bien-être et par ricochet mon entourage présent et à venir avec davantage d'authencité. Ce dernier n'est pas très grand actuellement, mais ce cheminement pourra en faciliter son développement. Il ne nécessite pas néanmoins des ramifications disproportionnées et superflues. L'état de liberté est possible : il faut le vouloir, y croire et être fidèle à soi-même jusqu'au bout. Aucun effort si petit soit-il ne sera perdu. Je suis heureux d'avoir entreposé mon campeur pour l'hiver, n'ayant plus que moi-même à m'occuper ou presque. Il serait impensable dorénavant de m'imaginer avec un véhicule durant la froide saison. 

28 octobre |

Dans ma jeune vingtaine, j'ai travaillé longtemps dans un bar à spectacle populaire sur la Grande Allée de Québec. En réalité, c'était la plus grosse discothèque de la ville où des musiciens noirs venaient offrir des spectacles de musique disco et funky. À cette époque, les gens voyaient des Noirs à Québec pour la première fois. Les jeunes filles se battaient littéralement entre elles pour passer du temps dans les loges des musiciens. On les appelait les groupies. Les temps ont bien changé. Il est possible qu'à l'intérieur d'une décennie, les rôles soient interchangés par l'immigration massive des dernières années reléguant les ti-counes Québécois blancs, catholiques de souche en arrière-plan. Ce mouvement de masse apparaît avec la mondialisation et la révolution technologique qui a permis la perméalistation des frontières. L'immigration n'est pas nouvelle de notre époque. Des centaines de pays sont des cosmopoles hétéroclites et ce, depuis l'Antiquité et bien au-delà. Après la Deuxième Guerre mondiale jusqu'à tout récemment, jamais les pays n'avaient vécu une aussi grande accalmie de guerres. Toutefois, il y a certaines exceptions qui n'entrent pas dans l'actualité. De toute ma vie, je n'ai jamais été aussi troublé de voir apparaître à nouveau le tyrannique Donald Trump devenir le commandeur en chef des États-Unis. Ce qui rend inconcevable à l'aube des élections présidentielles, c'est de constater que ce dernier récolte autant d'appuis dans la population américaine. La plupart des gens sains d'esprit voient bien que cet ignoble fasciste est un danger pour la démocratie dans son pays et ailleurs dans le monde. Nous devrions avoir appris des erreurs du passé. Ces appuis sont de la plus pure abération. Les élections auront lieu dans une semaine, nous saurons alors si les forces obscures terniront notre avenir ou si le bon sens existe toujours dans ce monde disloqué. Déjà que la flore et la faune rappetissent à vue d'œil et que les changements climatiques nous livrent des dangers exponentiels, il m'apparait insensé voir extrêment dangeureux de continuer à ce rythme troublant. Qu'est-ce qui anime les habitants de cette planète à  s'autodétruire ainsi que cette vie que nous devrions vénérer. Avec quelle prétention voulons-nous être les maîtres du monde en dominant et persécutant la vie sur cette unique planète que nous aurons qui s'appelle la Terre. Nous n'aurons de deuxième chance si nous offrons nos vies dans un déni absolu. Les questions et les actions sont vitales à partir de maintenant. Si les dictateurs et les décideurs de ce monde n'agissent pas rapidement, nous entrerons dans une autre Guerre mondiale. Le sort du monde est entre une poignée de loufoques orgueilleux, dominants et fanatiques. Le pouvoir est entre leurs mains. Leurs richesses entravent la liberté et la paix dans le monde. Il ne s'agit pas de promouvoir le chaos et l'anarchie, mais plutôt de créer un monde nouveau où chaque humain aurait la possibilité de vivre en autarcie et décence. Les grands marchés mondiaux de prometteurs véreux ont trop de pouvoir entre leurs mains. La loi et la justice abondent dans leurs sens. Que pouvons-nous faire, sinon espérer passsivement que le meilleur est à venir ? Dans mon jeune temps aussi se déroulaient insidieusement ces tribulations douteuses à  l'intérieur d'une opaque réalité. La circulation de l'information fait la différence aujourd'hui avec la guerre en direct, les médias sociaux qui abrutissent les gens précocement dans un individualisme généralisé. Le peuple québécois que j'ai connu jadis ne sera plus jamais le même tout comme moi à chacune des journées qui passent. Je suis beaucoup l'actualité, au point parfois d'avoir envie de vomir. Serais-je doté d'une trop grande sensibilité, d'une trop grande soif de vérités qui grandit avec l'âge ? Suis trop réaliste, trop pessimiste, trop bavard ? La chose à laquelle je tiens est ma liberté d'expression et ma dignité. J'ai souvent lorgné cette dernière par manque de discernement, d'expériences et de connaissances de moi-même. L'humain est un être profondément fragile qui demande de vivre en harmonie, en équilibre. En ce sens, je possède davantage aujourd'hui d'outils à ma disposition, toutefois je ne peux m'extraire du monde environnant et de la bienveillance de mes semblables. À juste titre, je n'exige pas grand-chose à part cette dignité et la place qui me revient dans ce monde étrange. C'est le seul que je possède, autant tenté de m'y faire. Dans une semaine, les élections américaines détermineront la suite des choses. Espérons que le spectre de Trump s'effacera pour l'éternité et que les États-Unis d'Amérique auront sa première grande dame à titre de présidente élue.

24 octobre |

La relation dyadique demande du temps au temps pour qu'elle se développe peu à peu dans la durée et le partage. Les marchands d'amis sur internet sont monnaies courantes. Les gens achètent toutes faites des relations comme chez les marchands. Près du trois quart des gens utilisent internet maintenant pour les rencontres, cela augmente sans cesse. Des habiletés sociales se perdent avec ses codes, ses repères. Plus nous pouvons avoir de nombreux copains, moins nous avons d'amis véritables. Les individus n’auront en réalité que trois ou quatre amis intimes dans leurs vies. Ce n'est pas un ami celui qui est l'ami de tous, disait Aristote. Montaigne disait que la pluralité des relations dissolvait l'amitié. Sur Facebook, tout se passe comme si l'important était de se faire voir au gré d'un bavardage confondant l'être et le paraître. Extraordinaire paradoxe ; plus l'internaute est connecté, plus il cherche à se préserver d'autrui. La toile est une forme de complaisance narcissique. Nous sommes des êtres grégaires. La solitude non désirée est source de souffrance. Comment mettons-nous en place des structures permettant la communication significative et la bienveillance dans les communautés ? Toutefois, il y aurait des solutions si l'on déployait les efforts nécessaires. Personne ne nous demande notre avis. Bien souvent, les suggestions proposées passent pour des utopies et les efforts à mettre en place paraissent trop contraignantes pour la plupart. Avant de créer une micro entreprise de plein air et de tourisme d'aventure qui à vécu trois décennies, les gens ne croyaient pas à ce projet et disait de moi que j'étais un rêveur. Ils se sont trompés. Les lieux publiques regorgent d'itinérants et de malheureux qui ne reconnaissent plus le monde dans lequel ils vivent. Les principales préoccupations sont principalement financières. À  quand le revenu universel garanti pour tous ? Le système dans lequel nous vivons est profondément perturbé. En affirmant cela mes détracteurs pointent du doigt mon négativisme que moi j'appelle du réalisme. Pour continuer à vivre, je dois m'adapter sinon je mourrai d'ennui et d'effroi. C'est triste parce que je n'aurai qu'une seule vie, en cela la peine accrue de constater la réalité dans laquelle j'habite. La question du désir de l'amitié entre les hommes et les femmes peut modifier le côté altruiste du lien. Les confidences créent une complicité qui fera naître une certaine tendresse et un profond attachement. Selon Michel Erman dans son livre sur le lien d'amitié, une force d'âme, l'auteur indique que l'intimité des corps a pour corollaire le détachement des cœurs. Que reste-t-il de l'amitié lorsque l'apparence de l'autre se revendique chair ? Il peut apparaître que l'autre perde son statut d'être singulier recherché au détriment d'un objet érotique. Il fut une époque où j'ai côtoyé des milliers de gens hétéroclites dans le cadre de mon travail, des clients, à vrai dire. J'avais naïvement l'impression d'être entouré d'amis ou d'une famille élargie. Le secteur des loisirs et du tourisme associés à mes fonctions favorisaient la promiscuité et la camaraderie. Le jour de la retraite, le vide fut immense. Je réalisais l'ampleur de mes distorsions par l'absence totale de relations d'amitié. La réalité m'avait rattrapé. J'avais privilégié les honneurs, la reconnaissance et l'argent au détriment d'amitié sincère. Je perdais mes hauteurs, mon identité. J'ai tremblé et je tremble encore, toutefois avec davantage de répit et d'outils à ma disposition. Bien des questions demeurent en lien avec les relations personnelles et intimes. Il y a un monde qui m'est inconnu pour différentes raisons. Au fil du temps, je suis devenu hypervigilant sans toutefois perdre mon authenticité. Nietzsche affirmait que l'amitié n'existe pas pour autant qu'on s'efforce de lui donner consistance et vie. 

19 octobre |

La question fut : est-ce que l'autorité doit être bienveillante ? En affaire, les gestionnaires ont moins de bienveillance que de de souci de productivité. On renvoie les problèmes personnels aux ressources humaines ou au psychologue de l'entreprise. Les rôles des gestionnaires ne sont pas pour démontrer de la bienveillance mais pour faire virer la boîte avec des revenus. Les services correctionnels ont des règles à faire respecter, de même que les forces policières et la justice. Ma mère a été bienveillante envers moi, cela n'a pas suffi. C'est dans le rôle parental que la bienveillance se déploie allègrement. Malgré la bienveillance apportée aux enfants, des règles strictes doivent être imposées. La société actuelle ne resplendit pas de bienveillance, car c'est l'efficacité et la productivité qui compte. Cela est d'autant plus présent dans les centres-villes placardés de commerces et d'institutions financières et administratives. Tous ces travailleurs influencent les rapports humains des lieux auxquels ils travaillent. Un profil socio-culturel refléte la personnalité ambiante du troupeau. Je suis au coeur de cet attroupement, habitant au centre d'un monde hyper-cérébral. Hier soir, un type au café philosophique m'a insufflé de la bienveillance. Il a tout mon respect pour ses interventions justes et réfléchies. En ce sens, je me suis senti interpellé davantage. On a parlé de David Henri Thoreau, le philosophe de la nature. J'ai été invité à une conférence sur le revenu garanti. Il est de mon devoir de dénicher à  l'avenir ce genre de groupe qui fait partie des derniers remparts de l'humanité, si elle existe encore ou si elle a déjà existé. Il y a des lois dans l'univers qui nous rappellent de se rapprocher de l'équilibre nécessaire, mais si difficile à atteindre.

18 octobre |

J'ai la maudite vie banale que vous depuis trop longtemps et ça me déprime. Franchement, je ne sais pas comment vous faites. Vous êtes tous là bien rangés dans vos petites cases, à ne rien dire, à juste être content d'exister comme des géraniums en plastique dans une salle de réunion au troisième étage d'une compagnie d'assurances qui doit virer la moitié de ses effectifs à la suite de son rachat par son plus gros concurrent. Non mais, c'est quoi ce monde putréfié où l'on se défonce à payer les factures, à se butter la gueule, à s'acheter une télé couleur en regardant le téléjournal de merde. Je suis tout à fait prêt à admettre que je me suis trompé, que j'ai perdu pied à un moment ou un autre, que je suis trop con pour savoir y faire, mais franchement, je défie n'importe qui d'essayer de m'expliquer. Éric Plamondon à propos de Richard Brautigan. Le suicide est lâche, le suicide est courageux. Fils d'adoption à ma naissance, je peux considérer toute ma vie que j'ai été abandonné ou bien je peux considérer que j'ai été choisi. Le besoin de reconnaissance provient du traumatisme d'abandon et de maltraitance en bas âge. Des troubles anxieux et obsessionnels sont légion dans ces cas. J'ai raconté à de multiples reprises mes histoires du passé à l'intérieur du blogue que je ne me sens plus le besoin d'y revenir. Ce qui m'apparaît vital dorénavant sont mes observations et mes opinions au quotidien, sans renier mon passé. Le jour de la retraite fut à ce point difficile qu'il m'apparaissait important de noter certains passages de ma vie active. Toutefois, ce n'est pas en prenant ma retraite que ma vie est devenue passive, loin de là. Revenir sur mon passé, c'est pour ne pas m'oublier et me rappeler d'où je viens. C'est me remémorer ma trajectoire, mes rêves, mes idéaux. Le bonheur, c'est ne pas répéter les mêmes erreurs. Tout va très vite aujourd'hui, que les gens n'ont presque plus le temps de se parler. Trop parler représente pour plusieurs une perte de temps, une inutilité. Si j'avais à refaire ma vie, ce ne serait certainement pas où j'habite, ni même dans ce quartier ou cette ville. Il est tard maintenant et autant pour des raisons économiques. Je ne puis envisager de recommencer, surtout après plus de vingt-cinq déménagements à ce jour. Sans vouloir remettre mes ardeurs en question, je ne me sens plus l'énergie à l'improvisation de mes 20, 30 ou 40 ans. En vieillissant, je prends conscience de mes vulnérabilités tout en évitant les soubresauts soutenus. Hier, j'ai consulté rapidement quelques chapitres passés du blogue que je m'étonne d'avoir si longtemps écrits avec une telle intensité et ponctualité. Mes interactions avec autrui deviennent de plus en plus absentes et lorsque l'occasion se présente elles sont superficielles si ce n'était de mes propos. Parfois, à me sentir étranger dans cette ville qui m'a vu naître, je deviens aussi étranger à moi-même. Malgré ce que l'on pense de Québec, c'est ici que les suicides sont les plus nombreux au monde, que les antidépresseurs sont les plus consommés et que les gens sont les plus nombreux à vivre seuls. Mes humeurs dépressives proviennent-elles à l'intérieur de moi ou du monde qui m'environne ? Ce n'est pas une question facile, mais qui demande à être posée. En parlant ainsi, je passe pour un être négatif. Il vaut mieux se taire.  À force de se taire on implose de l'intérieur. À force de voir le verre à moitié vide, je ressens le vide autour de moi et en moi. Peut-être devrais-je marcher sur d'autres avenues. Peine perdue, la contagion atteint tout le monde. Il ne me reste qu'à me replier sur moi-même et sur les derniers faisceaux de lumière qui m'habitent. Malgré tout, certains événements si minimes soient-ils peuvent miraculeusement se produire encore une fois comme par exemple les cafés philosophiques que je fréquente et qui sont les germes d'une décente humanité.

15 octobre |

Éric Plamondon est diplômé de l'Université Laval en 1992 en journalisme et en économie. Il vit en France depuis 1996. Il a 55 ans. Il fait paraître son premier roman en 2011, Hongrie-Hollywood Express, autour de la vie de Johnny Weissmuller qui interpréta au cinéma, Tarzan. Il amorce ainsi la trilogie 1984. La notoriété lui vient avec Mayonnaise en 2012, sorte d'hommage à Richard Brautigan, deuxième volet de cette trilogie qui se termine avec Pomme S qui s'attache à la figure de Steve Jobs et au lancement du premier Macintosh en 1984. La pêche à la truite en Amérique de Richard Brautigan et le Sucre de Pastèque sont ses deux plus grands succès. Ces deux romans explorent les thèmes de l'errance, de l'innocence blessée et de l'attachement aux espaces naturels. La pêche à la truite en Amérique met en scène un couple à la recherche de paysages naturels, loin de l'asphalte et des barres d'immeubles. Sucre de pastèque est une sorte de vision idéalisée de Bolinas, en Californie, avec sa population marginale et artiste. Issu d'un milieu social défavorisé de la côte Ouest, Brautigan trouve sa raison d'être dans l'écriture et rejoint le mouvement littéraire de San Francisco en 1956. Il y fréquente les artistes de la Beat Generation et participe à de nombreux évènements de la contre-culture. En 1967, durant le Summer of Love, il est révélé au monde par son best-seller ; la pêche à la truite en Amérique et est surnommé le dernier des beats. Ses écrits suivants auront moins de succès et, dès les années 1970, il tombe progressivement dans l'anonymat et l'alcoolisme. Dans Mayonnaise, Gabriel Rivages mêle ici son destin à celui de Richard Brautigan. Il part à la rencontre de l'écrivain qui a changé sa vie. Rivages arpente à nouveau la côte Ouest américaine. On passe par l'Oregon où Brautigan a grandi et par San Francisco où il devient écrivain. On croise aussi la grande et la petite histoire. Dans l'Amérique des Sixties, Janis Joplin chante Mercedes Benz et offre son écharpe au futur auteur de la pêche à la truite en Amérique. Celui qui vendait ses poèmes dans Haight-Ashbury devient célèbre. Pendant des années, la poésie le sauve. Souffrant d'alcoolisme et de dépressions, Brautigan se tire une balle dans la tête en octobre 1984 dans sa maison de Bolinas. Il a 49 ans. Les histoires de Brautigan ont toujours une fin étonnante. J'aime le style d'écriture d'Éric Plamondon, fluide et rapide. Ses récits sont des romans historiques, j'adore. Il me disait l'autre jour préférer passer du temps avec des gens qui voient un psy qu'avec des gens qui devraient voir un psy. Il y a deux sortes d'écrivains. Ceux qui ont du talent et ceux qui ont besoin d'une bonne thérapie. J'ai souvent pensé que j'avais du talent, jusqu'au jour où j'ai appris que ma mère n'avait jamais voulu d'enfants et que mon père n'était pas mon père. Comme disait ma grand-mère, on est bien moins misérable à s'intéresser à quelque chose plutôt qu'à rien. La plupart du temps, je n'ai pas envie d'en parler, j'ai simplement envie d'en écrire.

12 octobre |

La poésie n'est pas mon genre premier. Toutefois, elle me permet d'étendre ma créativité par la recherche de mots fracassants. La nouvelle est dans les idées ce que la poésie est dans les mots. En cela révèle mes observations non pédagogiques, mon cheminement, mes expériences.

Amalgame de tendresse. Glauque, la voix transpire. M'asseoir les jours de pluie, stigmatisant les ombres infâmes. Esthète persistant aux couleurs de naître, auréole placardée. Les mots jubilent, fustigent, vacillent. Présence délétère, coriace, déchaînée. Corps célestes atrophiés, censurés. Évitement. La menace est réelle chez les tribuns, l'oracle s'est tu. Les attributs dégénèrent dans une spirale délétère. Colère et mépris, la race se tue. Gronde et vocifère, la jeunesse promise. Gronde et légifère, la jeunesse soumise. Asphalte rompu, terre balafrée. À qui s'adresse mes propos moribonds, ma désuète irritation ? Mon charme se dilate au gré des saisons. Distorsion aiguëe, sombre atmosphère. Abstraction de conscience, la menace gronde, perspicace. Personne ne me frappe, même plus ma gueule. Je cesserai de gémir lorsque j'aurai disparu. Absentation de bouger, de mentir. Cataplasme incolore, insouciant. Attendre qui, quoi, où, comment ?Espérer. Libérateurs, les mots se suffisent à eux-mêmes, pernicieux, calamiteux, sulfureux, généreux.

11 octobre |

Qu'est-ce que le bonheur ? Cette question fut la plus étudiée du temps des philosophes antiques jusqu'à nos jours. Ce fut la question posée lors du café philosophique auquel j'ai participé hier soir. Le bonheur est l'absence de malheur, affirme André Comte Sponville. Je suis heureux, mais pas content. Le bonheur est fugace, je le reconnais lorsqu'il me quitte. Nombreuses sont les citations du bonheur parmi les écrivains et philosophes. Le bonheur alterne entre désir et ennui. Sur les médias sociaux, les messages sont rapides et écourtés, sinon ils n'attirent pas l'attention. Les dissertations détaillées sont moins populaires chez les internautes affublés des TikTok de ce monde. Une connaissance souffrant de bipolarité aimerais retrouver le bonheur d'antan. Paradoxalement, il l'identifie en le perdant. Le monde idéal n'existe pas chez l'homme de son vivant, il se défile rapidement. La définition du bonheur est propre à chacun. Pour certains, c'est prendre un repas entre amis, pour d'autres, la sensation grisante de jouir de la vie lors d'une ballade en forêt. Des jeunes filles hier soir affirmaient que l'éducation faisait défaut dans les établissements scolaires. À première vue, c'est leur éducation qui fait défaut. Ils sont ici pour apprendre, c'est pour ça que les participants furent indulgents envers leurs manque de discipline et surtout leurs jeunes âges. Chez les moins nantis, l'éducation fait défaut. La grand-tante qui les accompagnait, regrettait amèrement de n'avoir pas su jouir du bonheur dans sa vie. Son éducation n'a pas été à la hauteur de ses attentes, selon son témoignage. Comme ses rejetons, elle éprouve des difficultés à porter une attention rigoureuse, ne comprenant pas tout à fait les propos discuté. Et elle dira que le bonheur ne l'a jamais traversé. Le bonheur exige une présence accrue. Le bonheur exige de vivre dans l'instant présent. Nous sommes responsables en partie du bonheur qui nous affecte. L'autre partie est multifactorielle telle ; la famille transmettant les valeurs, la sécurité et la confiance en soi. La culture environnante, les éducateurs et les influences du milieu sont autant de gages à la réussite d'une vie heureuse. Le bonheur, ce n'est pas autant de désirer constamment les choses que l'on désire que de se satisfaire de ce que l'on a. Les philosophes de l'Antiquité prêchaient la simplicité volontaire. Je m'apparente à ce mouvement par la force des choses qui, désormais, font partie intégrante de ma vie. Tout m'apparaît si simple lorsque je suis capable de m'arrêter. Ce ne fut pas toujours ainsi. En ce moment de lacustre immobilité, j'éprouve un bonheur immense à écrire. J'éprouve une satisfaction de m'être réaliser pleinement et de continuer à le faire dans les tempêtes de l'existence. Mon bonheur est affecté par cette dernière citation qui affirme devoir accepter ce que l'on a et ce que l'on est. J'y travaille ardemment en voulant m'améliorer sans cesse, et ce, sans négliger le repos et le lâcher-prise indissociable au bonheur éphémère. Je préfère passer du temps avec des gens qui voient un psy qu'avec des gens qui devraient voir un psy. Depuis quelques années, je n'ai plus le temps de travailler, je suis trop occupé avec moi-même. Je récolte mon salaire autrement qu'en devise et je me sens plus riche qu'autrefois.


Les agrumes sont couverts d'amertume. Mon panier de friandises s'étiole. Je ne fredonne plus comme avant. C'est la chasse, mon arc s'est flétri, mon couvre-chef aussi. J'apparais, jaillissant de la pénombre, mes détracteurs ont disparu depuis. Vacillante bienveillance, mon passe-partout a changé d'allégresse. Je peine à retrouver mes entrailles anonymes. Lumières vives, je ferme les yeux pour m'inventer de nouvelles stratosphères. Un scintillant colibri m'est apparu, me faisant oublier mon marasme éternel. Les mots jaillissent à nouveau, plus élégants qu'autrefois. La réincarnation de l'inconnu s'arrime au pays dérisoire. Comment ferais-je pour désapprendre à penser, ainsi soit-il. La peine de n'avoir fait que passer m'indispose cruellement. Les rumeurs auront beau éclatées, je me fiche du monde entier. Éreinté du spleen excessif, je pars à la dérive dans une lascive immobilité. Transpire ta peine à la noirceur d'ici, le temps arrangera les choses. J'écris pour me rappeller d'où je viens, où je vais, laissant une légère trace dans cette mer d'indifférence. Mon rôle, quel rôle ? Un drame parodié, une comédie insipide, une tragédie sur la sottise. Lâcher prise ne signifie pas se laisser aller, j'aurai compris. Vive le vent. La tempête est à ma rescousse déposant mon ardeur à l'abri du mouvement incessant.

9 octobre |

L'art et l'amour me sauveront. En marchant dans différents quartiers, je constate la misère ambiante. Il est possible que mon regard accentue le spectacle, ne voyant que le côté sombre des choses. Dans ma jeunesse, la misère, la pauvreté et la violence des quartiers populaires était omniprésente, toutefois, les gens étaient regroupés davantage. La famille, quoique déficiente à certains égards, représentait le mortier des communautés. La religion prenait encore beaucoup de place jusqu'à sa disparition presque totale depuis deux décennies. Elle faisait parti intégrante de la société au point de l'étouffer. Lorsqu'elle a disparue ou presque, un vide s'est rapidement installé. Dans sa forme actuelle, c'était selon moi, une bonne chose. Le problème, c'est que nous avons pas su remplir le vide par quelque chose de consistant. Les liens se sont relâchés vers des valeurs individuelles, internet favorisant cet élan. À St Roch aujourd'hui, je me croyais dans un hôpital psychiatrique, tellement de gens jonchaient la rue l'air hagard et perdu. Autrefois, c'était un quartier ouvrier flamboyant. On a beau mettre de belles façades devant les édifices, que l'âme de ce quartier a déserté vers les banlieues aseptisés. En remontant dans le Vieux-Québec, j'ai l'impression de séjourner à Disney World en Floride. Que des touristes pour la plupart et quelques badauds cherchant éperdument un divertissement blafard. Les façades sont propres, les tarifs affichés aux commerces mirobolants. Ce fut jadis ce qu'on appelait le quartier latin. Je le connais bien pour y être né. En sortant du cinéma sur l'avenue Cartier avec une amie, elle me confie ne pas aimer ce carrefour. C'est pour ça qu'on est amis, parce qu'on ressens les mêmes choses. La rue est belle en effet, des gens sobres avec des airs contrariés pateaugent l'artère. Je n'y ressens pas la joie de vivre, le désir de partager avec autrui. En cela, aucuns bâtiments et lieux ne pourront compenser la chaleur humaine que dégage une communauté saine. J'y ressens la morosité. C'est pour ça que je suis bouleversé lorsque je reviens de voyage. Une voisine ayant partiellement les mêmes perceptions m'indique de faire des efforts pour voir le beau côté des choses. Elle n'a pas toujours été ainsi. Je suis perplexe, ce n'est pas d'hier. À chaque destination effectuée dans le passé, j'ai noté qu'à côté des richesses se déploie la misère. On en est venu à se raconter des histoires pour se dire qu'il y a pire que nous. Jadis, on disait qu'on était né pour un petit pain. J'ai vu déjà, dans des lieux d'une grande pauvreté de l'ailleurs, des âmes humbles et généreuses. Effectivement, je dois, tout comme ma voisine, remettre ma vision dans une objectivité plus limpide, ceci serait valable pour ma santé mentale. Il y a l'exil, mais changer mon regard serait nettement plus aisé. Peut-être que quelqu'un m'apprendra certaines choses sur la façon dont se comporte le monde, car bien souvent, je n'y comprends plus grand chose. Peut-être est-ce ainsi vieillir ; perdre ces certitudes. Et si tout revenait simple comme une lettre à la poste. Même la poste se demande si elle devient illettrée à ne voir que des colis obsolètes. Plus j'avance dans le temps, plus j'ai le goût d'écrire. L'histoire me sert d'inspiration. Je ne tenterai pas de me définir, car, comme l'amour, aussitôt qu'on commence à le définir, il disparaît. Mes principaux défis, à court terme, c'est de tenter d'harmoniser les mots de façon à ce qu'ils soient de plus en plus explicites et percutants. Je veux éblouir davantage les mots, les maîtriser, en faire une sorte de poésie contemporaine. Déjà, en utilisant le correcteur issu de l'intelligence artificielle, je n'ai plus le souci pour la ponctuation. J'éprouve ensuite, le désir de réseauter avec des gens ouverts, sympathisants et relativement compatibles avec mes champs d'intérêts. Je vais cesser mes pérégrinations pour le moment pour m'infiltrer doucement dans le bouquin sur la table.

7 octobre |

Un thème récurrent voltige dans ma tête ; le sentiment d'exclusion et de solitude. Pour passer ce profond malaise, je viens de lire Mayonnaise, roman d'Éric Plamondon qui relate la vie abrégée de Richard Brautigan sous une forme originale. Gabriel Rivages raconte ses recherches sur Brautigan sur la côte Ouest des États-Unis. Brautigan a écrit de nombreux livres et manuscrits, dont le plus célèbre fut ; la pêche à la truite en Amérique. C'est l'Amérique des sixties. Il fut le dernier des beatniks. Il s'est suicidé à 41 ans. Il fraie la poésie avec Ken Kensy dans le quartier hippie Haight-Ashbury de San Francisco, qui fut l'auteur du film mythique ; Vol au-dessus d'un nid de coucou. C'est la période éclatée et psychédélique du summer of love de 1967. Je m'intéresse à ces années pour les grands changements sociaux qu'ont initiés les jeunes générations de cette vibrante époque. Depuis, il y a eu de grands progrès culturels qui ont plafonné et, qui depuis une décennie, régressent. Je devrais me mettre aussi à la poésie contemporaine pour transformer mes vieilles rengaines, mes ruminations. Lire exerce en moi de profondes stimulations. Parfois, quelques pages suffisent pour me délié l'esprit. L'histoire la provoque. Parfois, je me sens trop rigide. J'en reviens au thème récurrent qui m'aliène, ce sentiment d'abandon et de rejet. Ces pensées provoquent en moi un blocage de ma vitalité. Du moment que j'ai détecté le signalement, que faire sinon d'avoir le sentiment d'avoir crevé ce lamentable abcès en l'exprimant ? C'est comme une tache sombre qui pigmente mes cornées que je ne peux dissoudre qu'avec beaucoup d'adrénaline. Trop longtemps dans le corps, elle épuise cette hormone. Je lis rarement des romans, pourtant je devrais. Il est inutile de me sentir obligé de justifier constamment mes opinions avec les gens. C'est une cause perdue et une perte considérable d'énergie. C'est pourquoi il y a autant de partis politiques au Québec, nous sommes les maîtres de la division. Je n'ai pas le goût à ce jeu pour m'y avoir trop souvent pris au piège. Que feront les hommes lorsque l'intelligence artificielle prendra leurs places ? Soit qu'ils deviennent les esclaves de ce qu'ils auront créé, soit qu'ils s'en serviront pour se libérer. Cela m'étonnerait, connaissant les hommes. Il faut bien s'enrichir quelque part n'est-ce pas ? À moins qu'une nouvelle supra-puissance s'élève en remplacement du cirque mirobolant de nos existences. Devrait-on dire une vie artificielle ? Difficile d'être plus superficielle que ça aujourd'hui, sans vouloir être pessimiste. L'espoir est ce qui nourrit le monde. Qu'a fait le progrès dans le monde depuis un siècle, à part technologique ? Tout n'est évidemment pas aussi sombre que je laisse le prétendre. Je lis un ouvrage magistral; le lien d'amitié, une force d'âme de Michel Erman qui m'apporte de nombreuses réponses. J'en ai besoin ces temps-ci. J'y puise la nourriture que mon esprit exige, me confirmant que j'ai besoin des autres pour exister.

6 octobre |

C'est quoi un couple ? Le désir de fonder une famille. Un accommodement économique. Répondre aux besoins de sécurité. Faire des projets communs. Partager avec quelqu'un possédant des valeurs et affinités communes l'essence même de la vie. Mes parents adoptifs ne furent pas un modèle. L'harmonie du foyer faisait défaut, j'en ai souffert. Ce fut ainsi. Mon père, je l'ai peu connu, il est mort à mes dix ans. Paul, je l'aimais bien. Ses faiblesses différaient largement de celles de Marcelle. C'était un homme profondément humain. Son but premier était sa foi, la littérature et la famille. Il s'est bien occupé de moi et de mon éducation écourtée par son absence précoce. Sa présence était joyeuse et sereine. Ma mère était possédée par le jeu compulsif. L'argent, elle ne savait qu'en faire, sauf reprendre les paris du lendemain. J'aime étudier les rapports que les gens ont les uns envers les autres, la sociologie pour bien dire. Le monde est rempli d'alliances étranges et contradictoires. Le besoin de liberté est rempli de bonne volonté, apprendre à s'en servir adéquatement est un art. On reconnaît la liberté par son absence, l'argent par son manque, la santé par la maladie. Cela aura pris deux semaines après mon retour de voyage pour reprendre mes esprits. Il est de ces déplacements qui provoquent de grands bouleversements. La plupart effectués le furent. Après coup, je ressors plus fort. La vie est composée d'essais et d'erreurs. J'ai passé ma vie dans les montagnes russes. À la retraite, ce qui compte n'est plus d'agir, mais d'être. La retraite est perçue difficilement par plusieurs qui l'ont franchie, je n'en suis pas exempt. Le lâcher-prise devient une nécessité. Au retour de mes péripéties prolongées en vanlife, je reviens anxieux. Je n'ai pas de solutions immédiates à ce constat sauf le repos. En faisant des expériences conscientes et répétées, les réponses me parviendront. On n'a pas suffisamment d'une vie pour devenir sage. J'expérimenterai l'éloge de la lenteur durant les prochaines semaines avec davantage de parcimonie. 

Mon enthousiasme est tellement grand durant les voyages qu'il vient un temps où la pente redescend brusquement vers un état dépressif au retour. Des troubles anxieux apparaissent dans un mouvement compensatoire du sentiment d'exclusion et d'une solitude involontaire. Pourtant je devrais avoir la force d'inverser cette dynamique. J'ai eu beaucoup de relations superficielles dans ma vie, je n'ai pas su faire les bons choix par manque de courage et de connaissances. Depuis, j'éprouve un bonheur immense à m'arrêter pour lire et écrire. Ces moments me permettent l'introspection nécessaire pour faire des choix distincts dans une continuation satisfaisante. Merci la vie de m'apporter la sagesse de changer ce qui m'est possible de changer et de reconnaître la différence de ce qui m'est impossible de changer. Apprendre à vivre est un art.

5 octobre |

Je croyais que mon voyage touchait à sa fin, ayant atteint l'extrême limite de mon pouvoir, que le sentier devant moi s'arrêtait et que le temps était venu de prendre retraite dans une silencieuse obscurité. Mais je découvre que ta volonté ne connait pas de fin en moi. Et quand les vieilles paroles expirent sur la langue, de nouvelles mélodies jaillissent du cœur ; et là où les vieilles pistes sont perdues, une nouvelle contrée de mon cœur découvre ses merveilles. Rabindranath Tagore. Je souhaite dans ma maison : une femme ayant sa raison, un chat parmi les livres et des amis sans lesquels je ne peux pas vivre. Guillaume Apollinaire. Après de somptueuses escapades au bout de la route qui m'ont presque fait sombrer dans la folie, je débute un long processus de douce hibernation. Je réalise que sans amis, il m'est impossible de vivre, eût-il possédé tous les biens. Je reprends en partie une citation d'Aristote. Depuis toujours, je note des citations. Ce sont mes mantras dans mes passages à vide, sinon davantage. J'ai déplacé beaucoup d'air depuis le printemps, que le temps est venu de m'immobiliser dans une singulière quiétude. Tout va trop vite autour de moi. L'actualité décline ses horreurs au quotidien laissant ses traces dans toutes les hémisphères. Je ne peux pas m'extirper du monde qui m'entoure, car je suis le monde. M'asseoir, marcher, lire, écrire redevient mes exutoires dans le déclin de la lumière automnale. La bibliothèque devient une annexe à mon logis pour apaiser mon cœur et mon esprit. J'ai perdu cette semaine, non sans peine, un être que je croyais un ami. Peut-être ne l'a-t-il jamais été ? Il fut, comme je le fus pour lui, un pèlerin de passage. Il a fait ce qui lui était possible de faire selon ses dispositions. Je le remercie pour les heures passées ensemble à discuter. Je ne dois pas tenter de comprendre, mais plutôt considérer qu'il m'a permis de faire un bout de chemin. N'est-ce pas ainsi que sont les hommes ; des pèlerins fragiles et incomplets ? Je ne ressens pas autant le désir de comprendre qu'il fut indisposé à communiquer la dernière strophe. Malgré ce que je ressens parfois, je possède ma place dans cet univers qui m'est difficile de reconnaître bien souvent ses codes abstraits. Il ne me suffit pas autant de comprendre outre mesure que de se connaître et vivre en paix. Mais pourquoi cette paix est-elle si souvent inatteignable avec tous nos savoirs et connaissances ? Ma vie est un mystère, je doute. En ce sens, je suis profondément humain. Mes doutes ne me permettent pas de vivre dans l'ignorance ni dans la paix d'esprit. Mon signe, poisson est représenté par deux poissons reliés ensemble nageant dans des directions opposées. La dualité m'assaille de toute part que je dois être vigilant pour canaliser mes énergies. Toutefois, je ne dois pas mélanger l'action du savoir. Qu'en est-il du savoir ? Aujourd'hui, il est relié au nombre d'informations diverses emmagasinées. En aucun cas, la sagesse n'intervient dans ce lot de codes abstraits interrompus. Le lien d'amitié est une force d'âme, ce qui vient alimenter mes réflexions en cette période stérile axée sur la peur, l'ignorance, la performance et l'apparence dans cette culture dont je ne peux me soustraire. Être seul ce n'est pas être indépendant, c'est tout sauf ça. Chez les amérindiens autrefois, un indien seul c'est un indien mort.

2 octobre |

Durant les derniers mois, mon regard s'est porté vers l'extérieur. C'est comme ça le printemps et l'été. J'ai beaucoup discuté sur l'état du monde les derniers temps. Il se porte mal. Maintenant, je dois porter mon regard vers moi et sur ce qu'il m'est possible d'effectuer pour améliorer mon sort et m'épanouir. Il est impératif de reprendre le flux de mes énergies en refaisant le point sur ma vie. Je suis submergé d'émotions ces temps-ci, au point d'avoir la nécessité de parler ailleurs que dans le blogue. Je prends les moyens nécessaires pour éviter tous débordements émotifs pouvant obstrués mon esprit. Les interactions de qualité me manquent. Par cela, je veux dire des relations amicales et engagées malgré que j'ai la chance d'avoir la présence d'une amie sincère. J'ai négligé une partie importante de ma dynamique dans le fait d'avoir passé trop de temps en solitaire les derniers mois sur la route. Je fais ce constat par des malaises récurrents et pernicieux depuis quelque temps. Cela m'arrive après l'été lorsque je rentre dans mon habitat qui me sert de cocon. Ayant passé près de quinze semaines à l'intérieur d'un petit habitacle motorisé, ce fut intense et mouvementé. Ce mouvement frénétique ressemble à une fugue associée à un désir d'assouvir un besoin d'évasion et de découvertes. J'ai appris de la vie qu'elle est remplie de deuils, je m'y habitue difficilement. Des amitiés se défont, des projets arrivent à terme, une immense lassitude me porte dans une profonde remise en question. Le fait de me sentir impuissant devant les choix proposés est inconfortable, surtout que je peine à reconnaître les meilleurs. Il est probable que mes yeux ou mon cœur soient fermés pour ne pas voir ce qui est bon pour moi. L'inconfort devant mes peurs m'apparaît brutalement. Je ne suis pas un être négatif, loin de là, mais attéré devant les éternels recommencements. J'ai souvent le sentiment de faire du surplace, revivant en boucle les mêmes vieilles rengaines issues de blessures ancestrales. Je suis fort et fragile à la fois. Mon besoin de m'exprimer aujourd'hui est grand, à l'image de l'eau se remplissant devant le barrage inadéquat. Mon besoin d'authenticité détonne devant des gestes mécaniques. J'ai accordé, cet été, beaucoup d'intérêts à des choses extérieures. Sans les échanges nourrissants empreints de compassion et d'ouverture, ma vie est stérile. Je sais qu'en ce moment, j'ouvre une porte menant sur différentes avenues qu'il n'est pas aisé de partager. Les émotions sont vives que j'esquiverai de poursuivre le prochain chapitre.

29 septembre |

Le carrefour est un lieu sacré. C'est là que le pèlerin doit prendre une décision. Là où les routes se croisent, deux grandes énergies se concentrent - le chemin que l'on va choisir, et celui que l'on abandonné. Tous deux ne font plus qu'un, mais seulement pour une courte période. Le pèlerin peut se reposer et dormir un peu. Il ne peut y demeurer pour toujours : lorsque son choix est fait, il doit poursuivre sa route, sans pensé à la voie qu'il a délaissée, sinon le carrefour devient une malédiction. Maktub, Paolo Coelho. Les retours de voyages me sont douloureux. Je ne reviens jamais le même. Le vide à un moment donné m'accapare de façon douloureuse. Le mouvement excessif m'accable, l'immobilité m'angoisse. Le voyage, c'est l'évasion, même de la discipline à soi. C'est la grande débâcle. Le retour vers l'intérieur devient nécessaire, pas qu'en voyageant je m'oublie, mais je suis davantage préoccupé du monde qui m'entoure. En ville, je joins les rangs de la morosité et de l'indifférence de mon quartier. J'ai besoin de reprendre mon souffle, de m'immobiliser pour repartir sur la prochaine voie. Vivre sur un carrefour peut devenir épuisant. Durant le voyage, je suis une trajectoire inconstante, réelle mais importante. Le retour est inconfortable, c'est dans l'acceptation de ce malaise que subsistera mon salut.