9-10 août| Rivière Ouelle, Bas St Laurent
En une nuit l'été m'a quitter pour laisser place à l'automne et ses gros nuages. C'est à Cap Chat que l'estuaire du Saint Laurent devient fleuve, à partir de Matane que les premières terres agricoles apparaissent. La distance entre Matane et Godbout du traversier pour la Côte Nord fait 55 kilomètres. J'ai fait un arrêt pour luncher à la poissonnerie à côté du phare de Matane avec des fruits de mer et les fameuses crevettes fraîches en écailles de Matane. Ensuite pas très loin j'ai bifurqué dans l'arrière-pays sur la route des Monts Notre-Dame à Baie-des-Sables vers le Témiscouata et le terroir basque. Je ressentais la solitude et la mélancolie dans ce ciel lourd et gris de ces paysages désertés mais j'avais oublié un instant la 132 et son flot incessant de voitures harassantes. Quelques villages ici et là anonymes avec de vieux "bar salon" à vendre signe que les temps changent.
À Matane je me suis rappeler de l'auberge de jeunesse dans le centre-ville et par ricochet aux autres qui m'ont fait voyager à mon adolescence. Le Balcon Vert de Baie St Paul dans Charlevoix et ses cascades où je découvrais le nudiste avec mon maillot. L'île du repos à Ste Monique d'Honfleur au Lac St Jean, la Grande Ligne à Racine en Estrie et celle de Magog pour ne nommer que ceux-là. Des souvenirs nostalgiques à une époque où internet était de la science-fiction. Plus tard je rejoint le fleuve à Notre-Dame-du-Portage, entre ce village et Kamouraska le fleuve est à son meilleur avec les plus beaux couchers de soleil du Québec. Notre-Dame-du-Portage est le lieu où les amérindiens et les premiers colons se rendaient dans les Maritimes à partir du fleuve en canot. Des résidences bourgeoises s'étiolent dans un ravissant environnement. Le paysage et l'architecture patrimoniale sont superbes et on y retrouvent une grande quantité d'aliments du terroir frais auprès de nombreux artisans locaux. J'arrête à la piscine municipale à l'eau de mer chauffée me détendre et m'arrête une fois de plus dans une poissonnerie locale à Kamouraska pour me procurer de l'esturgeon noir et de l'anguille fumé, de la terrine de saumon et une baguette pour célébrer mon retour. Sur le fleuve on aperçoit les îles sauvages des Pèlerins, le courant à cet endroit est très fort car le fleuve passe ici dans un goulot étroit. Ce qui est bien c'est qu'à partir de Rimouski il y a l'autoroute pour les gens pressés et la 132 devient une route secondaire fort agréable jusqu'à Québec. Ce soir je campe à Rivière Ouelle dans le Bas Saint Laurent dans un vaste potager car entre Notre-Dame-du-Portage et Kamouraska des affiches "no parking" sont installées à chaque mètres. Demain matin je prend l'autoroute vers Québec, mon dortoir principal et heureux de le retrouver.
Voici le bilan du dernier voyage d'un mois au total principalement en Nouvelle-Écosse. La météo a toujours été resplendissante et je n'ai jamais souffert de canicule. J'ai appris à prendre des poissons dans l'océan, j'en ramène même plusieurs. Mon défi à ce voyage était de bien m'alimenter et j'ai réussi, pas de viandes rouges ni fromages, sucres raffinés, alcool et café, peu de poulet et beaucoup de poissons, céréales et légumineuses. Les meilleures moments furent la côte Atlantique d'Halifax à Shelburne, le comté acadien de Clare, la vallée d'Annapolis et les "how are you doing? "Je retiens de cette province une nature intacte, des villages de pêcheurs traditionnels, des quais joyeux, paisibles parfois ensoleillés ou brumeux, un littoral rempli de plages d'une grande pureté, des communautés fières et chaleureuses. Je dirais que la Nouvelle-Écosse est l'une des plus belles provinces canadiennes. Je n'ai déboursé aucun sous pour les campings ni un sous pour les restaurants et cafés. L'essence est la plus grande dépense surtout cet été et davantage qu'aux USA. Mes spots pour la nuit furent tous paradisiaques les uns comme les autres et je n'ai n'ai eu aucun soucis. Au Nouveau Brunswick je ne retiens pas grand chose et sur la péninsule gaspésienne ma rencontre avec le Rocher Percé m'a ébloui au bout de la route et des environs. J'ai refait en Gaspésie le chemin de mon adolescence tel une rétrospective de mon parcours de vie. Cette route est un excercice salutaire vécu en Gaspésie et je ne crois pas que j'y reviendrai.
Au Nouveau Brunswick je repasserai rapidement en transition vers un ailleurs maritimes gorgés de soleil, de plages, de brumes et de poissons. Je fus heureux de revenir dans les Chic-Chocs pour fermer cette boucle entreprise il y a fort longtemps. Je fais ce résumé à l'aube de ce qui sera une randonnée épique dans les Chic-Chocs seul et sans cortèges de joyeux pèlerins de passage. J'exagère comme toujours bien entendu mais le silence m'est devenu un bien précieux je l'avoue. J'avais déjà lu un jour que pour se rapprocher d'une personne éveillée ou connaître l'amour véritable il faut avoir été en silence longtemps avant et cela s'applique aussi pour aller à sa propre rencontre.
Sur les quinze derniers mois j'ai vécu six mois avec ma van Béa sur les routes des provinces atlantiques, dans l'ouest canadien et jusqu'au sud profond en parcourant les Appalaches d'est en ouest. Voici les provinces et états traversés à pied, en cyclotourisme et en van au Canada; Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Ontario, Manitoba, Saskatchewan, Alberta, Colombie Britannique et aux États-Unis; New York, Ohio, Pennsylvanie, Maryland, Indiana, Virginie Occidentale, Kentucky, Virginie, Caroline du Nord et du Sud, Georgie, Alabama et Tennessee. Mes coups de cœur sont la Virginie Occidentale et la côte Atlantique de la Nouvelle Écosse.
J'ai acquis une expérience enrichissante sur la route et suis en mesure de mieux vivre la solitude en ayant couper les ponts de ma vie professionnelle. J'ai trouver ma voie qui a toujours été présente mais latente. Je me sens privilégier et de plus en plus et conscient de faire parti d'un tout, d'un ensemble vivant autonome et heureux de l'être. Bienheureuse retraite ! Bien des projets de voyages d'aventures similaires mijotent lentement pour les prochaines années. Ce cheminement est une quête d'absolu, d'une liberté sincère et retrouvée. Une partie de moi est nomade, j'en ai la conviction. Parfois je regarde tout autour fixant l'horizon et nul endroit ne mérite que je m'y attarde trop sauf dans ma ville natale pour me reposer et faire le point dans une routine bienveillante. Je suis ce pèlerin de passage. En voyageant en vanlife mon esprit atteind une lucidité inégalée en me reconnaissant ou découvrant davantage une personne nouvelle. En voyageant tel le pilote d'avion qui observe le monde vu du ciel, je vois l'action des hommes parfois troublante, avec plus de détachement et de recul comme je le fais pour moi-même. Les rôles et identités que j'ai porté se disolvent, je suis un courant d'air comme nous tous en étant conscient que mon détachement s'effectue sereinement mais que rien n'est acquis. Les moments de sérénité sont rares et mérités lorsqu'ils s'annoncent.
Nos vies suivent des chemins tortueux, aux carrefours certains décident de rebrousser chemin par peur ou ignorance. C'est à ce moment qu'on peut décider de grandir ou de mourir. J'ai choisi délibérément à la mi-trentaine le jeu et j'ai gagner ma vie avec fierté ce qui m'a donné une raison d'être et de sincères motivations offrant par ricochet service à ma communauté. Mission accomplie j'en suis fier. Aucun choix ne sont faciles mais ne pas en faire en stagnant est encore plus difficile. Chaque journée qui passe est remplie de messages et de symboles pour m'indiquer le chemin que seul moi-même j'ai le pouvoir de déchiffrer. Être attentif comme un guerrier pacifique permet de survivre à soi-même, d'être sa propre lumière.
1er août | Pudsey Point, Eatonville, Cape Chignecto, Fundy Bay, Nouvelle Écosse
Journée de repos à Cape Chignecto sur Pudsey Point à Eatonville dans Fundy Bay. Le parc provincial de Cape Chignecto est le plus grand et le plus sauvage parc côtier de la Nouvelle Écosse. Il est possible de marcher cinquante-cinq kilomètres le long de Cape Chignecto à partir de Red Rocks à West Advocate Harbour jusqu'à Eatonville qui est abandonné aujourd'hui. À la pointe du parc par un long chemin de terre on arrive à Three Sisters. Je marche le long de la plage sauvage, je reprends mon souffle car demain je vais marcher plus profondément dans ce parc splendide.
J'ai dormi dans la fraîcheur et la brume aujourd'hui, j'ai lu Paul Auster dans "Zone Intérieure", un auteur d'une grande sensibilité que j'aime beaucoup. La lecture m'est indispensable pour voyager en vanlife. Conduire et ne pas savoir où je vais m'arrêter le soir venu me stimule beaucoup. En Acadie je ferai le plein de bouquins usagés. Il est des endroits où voyager à chaque saison. Je ne serai pas toujours parti mais j'envisage les Maritimes et la côte est américaine en juillet et août. Les moments passés actuellement sont très réconfortants ne supportant pas les grandes chaleurs ou vivre à l'air climatisé. Si l'on choisi le sud à l'hiver alors pourquoi supporter les grandes chaleurs en ville l'été? Je ne déteste pas les grands froids ou les grandes chaleurs mais leurs durées prolongées me répugnent. Les amérindiens se déplaçaient en fonction de leurs besoins. Alors pourquoi m'encrer impitoyablement dans un lieu indifférent à part d'être celui qui m'a vu naître si ce n'est que de passage à l'occasion pour me reposer dans mon modeste logis et préparer ma prochaine aventure. En quinze mois j'aurai vécu en vanlife sept mois et la retraite commence à peine. Les bons vents me dicteront la direction.
Des renards ou ratons laveurs ont marchés sur la van cette nuit. J'ai fait une quinzaine de kilomètres dans différents parcs en débutant par Five Islands Provincial Park, Parrsboro Beach, Spencers Island, Cape d'Or et Cape Chignecto Provincial Park. Une rafale de beaux endroits spectaculaires plongeant au coeur de Fundy Bay. Très peu de touristes, c'est tant mieux. Je campe à Cape Chignecto dans un endroit isolé sur une grande plage déserte accessible par un long chemin de terre où le coucher de soleil plonge dans la mer. C'est fantastique de trouver en grand nombre ces endroits en bordure de mer et toujours ce vent rafraîchissant. La Nouvelle Écosse est bien pourvue de parcs côtiers. C'est mon second voyage que je passe en autant de temps près de plages différentes après l'archipel d'Hawaii où j'y avait passé quatre mois à mes dix-huit ans. Les marées de Fundy Bay sont incroyables, à la marée basse les gens s'y retrouvent avec des sceaux et des râteaux pour pêcher des coques enfouies sous le sable. Parfois de gros party ont lieu, les coques sont bouillies dans une grosse marmite sur la plage et on y mets de la bière dans l'eau et aussi dans le gosier. Je campe sur Pudsey Point à Eatonville, la plage est complétement déserte et c'est le premier endroit du genre depuis mon départ.
30 juillet | Five Islands Provincial Park, Minas Basin, Nouvelle Écosse
Ce soir je suis sans bruit, sans lumières ni étoiles, sans le fracas de la mer ni des gens. Ce soir je reconnais en moi le goût des lieux hors du commun, des sentiers non tracés hors de la foule, des autoroutes, des personnages bruyants et des ignares. Le silence rythme mon élan pour comprendre où est ma place dans le monde. Je reconnais en moi les rumeurs du passé, le beau et les instincts. Les choses inanimées rien de cela n'existent tant que mon regard s'exerce loin de la banalité et de la laideur qu'on a créér. Je fuis les campings, les lieux bondés, les carrefours bruyants, les ce qu'il faut faire ou penser. Les chemins de travers me guident dans une lumière incandescente vers un horizon qui ne cesse de m'interpeller. Mon paradis perdu est cet éden, cet idéal au bout de la route. Je sais qu'un lieu me reconnaîtra un jour et que je le reconnaisserai aussi. Je dois être patient et apprendre à mieux observer à l'extérieur et à l'intérieur de chaque chose en commençant par moi-même, ces derniers temps j'étais trop occupé à gagner ma vie. Perplexe. Les oiseaux près de la mer sont patients pour obtenir leurs substitances, la nature m'apprend davantage que n'importe quelle aliénation urbaine, commerciale ou médiatique. Les gens que je respectent le plus sont les gens qui ne s'entassent pas comme des imbéciles heureux en prenant le chemin de la liberté. Je n'ai pas choisi le lieu de ma naissance mais peut-être celui de ma résurrection ou de ma mort.
Randonnée pédestre de six kilomètres ce matin à Blomidon Provincial Park. La seule place qui mérite mon attention est le site du centre d'accueil avec sa vue sur Minas Basin ou la Baie des Mines en français. On y a trouvé beaucoup de cuivre dans la baie. La randonnée comme hier s'effectue qu'en forêt et si je séjourne dans les Maritimes c'est pour profiter de la mer sinon je resterais à Québec. Aussi c'est très humide et inconfortable en plein bois. Je me dirige ensuite à Wolfsville, probablement la ville qui possède le plus de produits alimentaires frais agricoles et de la mer. Il y a ici une panoplie de restaurants, de microbrasseries, de kiosques à fruits et de vignobles que partout ailleurs dans la province. C'est le départ d'Annapolis Valley vers l'est qui regorge de ressources alimentaires comme nulle part ailleurs dans les Maritimes. Viens ensuite le site historique de Grand Pré qui fait parti du patrimoine mondial de l'UNESCO. Ici vivaient les premiers acadiens en Amérique. Ils étaient fort courageux et débrouillards de trouver ce paradis et d'y vivre. Avant la conquête britannique des incursions belliqueuses des américains avaient lieu souvent.
Plus tard des guerres entre américains, français et britanniques se multipliaient pour la possession du territoire. Les américains ne voulaient pas payer les taxes à la Reine et voulaient conserver leurs indépendances. Les acadiens restaient neutres dans ces conflits ce que les britanniques n'aimaient guère car ils voulaient qu'ils prêtent allégeance à sa majesté la Reine et se battent contre les français. Lors du refus c'est à ce moment que débuta la Grande Déportation en 1755. Grand Pré est un territoire d'une grande richesse naturelle qui a été conquis par la mer par des digues et il faut s'imaginer un instant l'environnement en 1680 lorsque les premières 50 familles sont parties de La Rochelle en France pour colonisé ce territoire sauvage du Nouveau Monde.
Par la suite musique rock à fond et chocolat noir sur une longue et jolie route tranquille qui se nomme Glosscap Trail en l'honneur d'un géant et héros mythique amérindien mais inintéressante jusqu'à Five Islands Provincial Park où je passe la nuit incognito comme d'habitude. J'éprouve depuis longtemps le goût d'écrire des récits d'aventures. Mon père Paul-Henri Lacourcière originaire de St Victor-de-Beauce, fut journaliste agricole et mon oncle Damase Potvin, qui fut membre fondateur de la Société St Jean Baptiste, écrivit de nombreux récits romancés tels "le roman d'un roman", histoire de l'auteur de Maria Chapdelaine au Lac St Jean et "les îles du Saint Laurent", pour ne nommer que ceux-là et qui fut très souvent cités en faculté de littérature des universités québécoises pour la précision de ses références.
29 juillet| Blomidon Provincial Park, Minas Basin, Nouvelle Écosse
Pluie intense toute la nuit, au matin j'ai traversé en van Annapolis Valley, je comprends pourquoi cette vallée fut l'objet d'intenses guerres entre français et anglais. Cette vallée riche, fertile et luxuriante longue de 55 kilomètres est la plus belle et unique du genre dans les maritimes. J'ai pris l'occasion de faire le plein de fruits et légumes frais. L'Acadie compte aujourd'hui 300,000 acadiens dans les Maritimes, en Nouvelle Angleterre et en Louisiane et se nomment les cadiens dans cet ancien territoire français. Les acadiens sont métissés avec les amérindiens de même que les québécois car il n'y avait pas de femmes sur les premiers navires en provenance de France. Des alliances et des affinités étaient choses communes entre eux.
Ensuite je suis aller marcher une quinzaine de kilomètres à Cap Split Provincial Park entre Fundy Bay et Minas Basin. Le nom Fundy proviendrait peut-être du nom de Split qui en anglais signifie fendu et qui en le déformant devient Fundy. L'extrémité du Cap Split est spectaculaire mais la randonnée pour s'y rendre de vaut pas les quinze kilomètres. Plus loin dans Minas Basin, la a continuation de Fundy Bay je me retrouve dans Blomidon Provincial Park qui est spectaculaire et la vue époustouflante. Je dors juste à la sortie du parc pour être demain matin prêt à débuter la randonnée pédestre sur Upper Jodrey Trail.
28 juillet| Margaretsville, Annapolis Valley, Fundy Bay, Nouvelle Écosse
Visite d'Annapolis Royal, ancienne capitale britannique de la province avant Halifax. C'est une ville historique fondée par les français en 1604 qui abrite le Fort Anne, le plus ancien lieu historique canadien. De nombreuses batailles ont eu lieu à cette endroit ainsi qu'à Port Royal le village à côté. Les Acadiens étaient présents dans cette région et furent déportés, leurs maisons et fermes incendiées. Lorsque plus tard ils ont été autorisés à retourner sur leurs terres, ils n'ont pas acceptés laissant le territoire anglophone. La vallée de la rivière Annapolis possède un micro-climat où poussent les prunes, poires, vergers et vignobles. Étant située entre deux chaînes de montagnes et protégés du froid et des vents cette vallée est très prospère et c'est pour cette raison qu'elle était convoitée. Il n'y a plus d'Acadiens maintenant. Annapolis Royal est magnifique, son emplacement en fait un arrêt incontournable. Ce soir je campe à côté du phare de Margaretsville dans la Baie de Fundy. La vue est exceptionnelle avec les falaises rouges qui s'étendent au loin bordées par la plage de roches.
27 juillet | Trout Cove, Digby Necks, Fundy Bay, Nouvelle Écosse
Ce que j'aime le plus c'est dormir sur les quais, parfois je me lève tard. Ce matin après ma promenade sur la plage de Port Maitland je suis entré dans Évangeline Trail à travers le pays acadien néo-écossais. Le poème d’Henry Wadsworth Longfellow, Évangéline est un conte d’Acadie qui fut publié pour la première fois en 1847. Presque immédiatement après sa publication, le poème obtient une popularité mondiale. Des millions de personnes ont été attirées par l'histoire d'un jeune couple acadien, Évangéline Bellefontaine et Gabriel Lajeunesse, qui furent séparés par les événements de la Déportation.
C'est agréable de faire du road trip le long de la mer en traversant des jolis villages en écoutant de la musique acadienne à la radio. Un mélange country francophone et populaire qui ne parle que d'amour et de chérie. Il y a plusieurs poissonneries, boulangeries et restaurants le long du comté de Clare davantage que du côté anglophone. Un pêcheur me disait que la pêche n'est plus ce qu'elle était car trop commerciale et industrialisée. En Acadie néo-écossaise les maisons sont simples et l'ambiance est très différente que chez les anglais. Je ne comprends pas tous les expressions, c'est du "franglais". Les communautés francophones et anglophones sont plus mélangées qu'auparavant. La soupe francophone un jour va se diluée à force d'être minoritaire.
Je suis à Digby Necks and Islands Scenic Drive au village côtier de Trout Cove entre Baie Ste Marie et la Baie de Fundy. C'est de Digby à quelques dizaines de kilomètres d'ici que le traversier se rend à St Jean au Nouveau Brunswick en traversant la baie de Fundy. De Digby Necks à East Ferry il y a un traversier pour Long et Brier Islands. Il y a toujours quelques choses à découvrir en vanlife. Je me suis acheté des fruits de mer, du hareng fumé et des filets de morue pour manger au coucher de soleil sur le quai avec du riz et des fèves vertes. Je suis complément seul. Une livre de crevettes est 5$ et une demie livre de maquereaux fumés 5$. Parfois j'achète du saumon fumé à mettre sur des bagels. Depuis mon départ les poissons font parti presque intégralement de mes repas quotidiens. Ce soir à la marée montante j'ai pris vingt-six "pollocks" qui signifie goberge en français.
26 juillet | Port Maitland, Golfe du Maine, Nouvelle-Écosse
Grosses orages électriques à The Hawk cette nuit au bout de la péninsule mais le soleil était présent au matin. Cette nuit était ma dernière du côté des grosses vagues de l'Atlantique. En route ensuite vers Yarmouth et son port d'où le traversier part vers Bar Harbor dans le Maine. J'ai rencontré un acadien fort sympathique qui m'a donné quelques renseignements pertinents. Pour ma van et moi-même il en coûterait environ 325$ mais ma prochaine destination est Baie Ste Marie, la porte des acadiens néo-écossais. Une nouvelle étape débute avec des découvertes différentes. Je suis installé sur le quai de Port Maitland dans le golfe du Maine. Il y a 9,000 acadiens à Baie Ste Marie et 90 pourcent sont francophones. Je souhaite à compter de demain tenter des conversations en français, j'ai bien hâte et rare sont les occasions à l'extérieur du Québec. Baie Ste Marie longue de 55 kilomètres est située dans la baie de Fundy où l'on retrouve les plus grandes marées au monde à plus de seize mètres. Ce soir dans le golfe du Maine, je suis au meilleur endroit de mon voyage pour admirer les couchers de soleil. ☀️
25 juillet | The Hawk, Cape Sable Island, Atlantic Shore, Nouvelle-Écosse
Promenade dans la brume épaisse et le froid au réveil sur Crescent Beach à Lockeport. Ensuite un arrêt laudraumat et épicerie au joli et ancien village acadien de Shelburne pour enfin atteindre ma destination pour la nuit à The Hawk sur Cape Sable Island. Je suis au bout de la pointe, il fait froid. Ne pas confondre la Réserve du Parc National de l'Île-de-Sable qui se retrouve à 170 kilomètres au large d'Halifax. L'île en forme de croissant et que l'on retrouve un véritable cimetière marin avec plus de 350 navires qui y sont échoués et des chevaux sauvages qui vivent en liberté. Il en coûte des milliers de dollars pour s'y rendre ce qui n'est pas dans mes plans pour le moment.
Je suis très discipliné concernant mon alimentation et mes dépenses. Dans les Maritimes l'alimentation est plus chère qu'au Québec. Je fais un entretien et un nettoyage rigoureux de la van et je fais du yoga et de l'exercice aux deux jours et de la marche tous les jours. Je ne mange pas de sucre, de fromage, peu ou pas de viandes rouges et peu de pain. Je ne vais pas dans les restaurants et ne paie jamais pour les campings. Je ne bois pas d'alcool et ne fume pas de cannabis ce qui réduit mes coûts. Ma van est économique sur l'essence et je peux dire que depuis juillet 2020, date d'acquisition de la van je commence à prendre mon deuxième souffle avec ce style de vie. L'important est d'avoir une routine quotidienne et un programme général. Ce mode de vie nomade me convient très bien et fera de ma retraite une étape de vie enrichissante. C'est plus stimulant que de rester chez moi en ville à éplucher des haricots, regarder les sottises à la télévision et voir des gens courir sans cesse qui ont toujours l'air fâcher.
24 juillet | Crescent Beach, Lockeport, Atlantic Shore, Nouvelle-Écosse
Journée mémorable aujourd'hui avec des images que je n'oublierai pas en débutant par Summersville Beach Provincial Park. Presque déserte cette plage de trois kilomètres est absolument fabuleuse. Ensuite je suis allé au Kejiimkujik Seaside National Park entre Port Joli et Port Mouton. Les Mi'kmaq y ont habités pendant 4,000 ans, c'est pur et sauvage. Le parc abrite des plages d'un sable blanc immaculé, des eaux turquoises, des tourbières et landes côtières, des fleurs et rosiers sauvages en abondance, un riche réseau de lagunes et plusieurs espèces animales. Sur le sentier j'ai aperçu à 200 mètres une grosse femelle ours avec deux petits, j'avais vu l'affiche indiquant leurs présences et j'avais apporté mon "bear spray". Je n'ai aperçu qu'une dizaine de randonneurs, cet endroit est d'une beauté remarquable, mieux que j'avais pu imaginé et je suis surpris par la beauté de la province. La plage est le lieu de reproduction des pluviers siffleurs et des zones sont fermées pour la randonnée. Je suis privilégié de pouvoir voyager de façon autonome en vanlife. Je dors où je veux et prépare mes repas, aucun restaurants ou cafés depuis le départ, j'éprouve du plaisir ainsi.
Ensuite je suis aller à West Head Point de Lockeport marcher sur la pointe, une randonnée de deux heures avec la mer de tous les côtés et les vents. J'écoutais en parti le vent et la chanson des Jim Morrison "this is the end" qui reflétait mon état d'esprit en roulant vers ce lieu. Complètement seul avec les oiseaux de mer et hors sentier la moitié du temps. Ce soir je surfe sur les vagues pour la nuit à Crescent Beach de Lockeport qui est un îlot relié par une grosse dune. Il vente très fort et mon "spot" est absolument malade. Le fou du village est venu me souhaiter la bienvenue en me disant qu'il s'ennuyait ici. Je lui ai dit de se trouver un vieux campeur et de partir à l'aventure, la santé peut-être bien reviendrait rapidement. Sur le sol de la van il y avait une dizaine de tiques mortes et quelques-unes sur moi. J'ai la peau coriace et il s'agit de s'en rendre compte rapidement qu'ils sont sur soi. Il existe 864 espèces de tiques dans le monde mais quatre seulement sont communes, elles font parti de la famille des araignées. Les tiques ne sont pas tous porteuses de la maladie de Lyme mais elle peuvent infecté en pondant leurs oeufs sous la peau. Jamais de ma vie j'ai camper sur des bords de mers sauvages ainsi et c'est grâce à Béa ma van que je peux vivre cette liberté ahurissante.
23 juillet| Hunts Point Beach, Atlantic Shore, Nouvelle-Écosse
Partout la canicule mais à Crescent Beach c'est frais, presque froid sur cette longue plage de cinq kilomètres. Une bonne marche dans le vent du large d'une dizaine kilomètres c'est magnifique. Le traversier m'y a amené de La Have. Un sable fin et dur où les autos peuvent circuler comme à Daytona Beach en Floride. Des petits campeurs y passent la nuit. Ce site est magnifique et peu achalandé considérant que c'est samedi. C'est un voyage magnifique en Nouvelle-Écosse que j'effectue. L'important comme dit Krisnarmurti dans "la première et dernière liberté" c'est d'être à soi-même sa propre lumière, son propre maître, son propre disciple. Mon second souffle est cette liberté à reconquérir, je crois réapprendre à ressentir la vie autrement ces temps-ci mais rien n'est acquis.
Ensuite à peine deux kilomètres plus loin c'est là que je retrouve la horde de baigneurs à Rissers Provincial Park Beach, je n'y ait resté le temps de prendre quelques photos. Plus loin je retrouve Beach Meadows, la plus belle d'entres toutes avec son sable fin. Un chapelet de plages paradisiaques dans des multiples baies invitent à la farniente toute la journée et il m'est difficile d'arrêter partout. On est loin en Nouvelle-Écosse des "shopping center, du luxurian resort, big hôtel et private condominiums". Tout est avec bon goût et simplicité. Pas de "fast food" partout comme aux USA, je suis ravi de mes découvertes dans cette province maritime, je suis comme un poisson dans l'eau, de plus mon signe est poisson et Mario signifie en latin étoile de la mer. Je suis en "bondooking" à Hunts Point Beach entre la plage et le quai, coucher de soleil inclus. J'ai pris l'habitude depuis mon départ de laver la van en fin d'après-midi, c'est bon pour le moral comme dit la chanson créole. Il y a quelques motels ici sur la plage et je peux imaginer les tarifs, je n'envie personne ces temps-ci et je me sens privilégié d'être un "nomadvan".
22 juillet | Kingsburg, Atlantic Shore, Nouvelle-Écosse
Promenade ce matin au réveil à Peggys Cove. L'endroit est très beau malgré les touristes. La toundra fait parti du paysage austère. L'histoire raconte que Peggy est montée sur un navire rejoindre son amoureux et que le bateau s'est brisé en mer. Les gens demandaient où est Peggy de répondre Peggys on the cove. Ensuite vers l'heure du lunch un shack à poissons vendait des "lobster rolls". Je regarde le prix mais en même temps je vois une boutique à côté vendant des accessoires de pêche. Je me dis que pour être autonome il faut savoir pêcher. Pour 5$ j'avais les appâts pour le maquereau. Plus loin à Fox Point Harbor et à Mill Cove je prends en une heure tout au plus sur les quais douze beaux maquereaux et un calmar. Une partie de ma pêche m'a servi de souper.
Ensuite je suis aller visiter l'historique et très touristique village de Lunenburg qui date de 1610. Ce fut la deuxième ville brittanique en Nouvelle-Écosse après Halifax et compte 2,500 habitants. L'architecture et le style de la ville est unique au Canada et l'une des plus ancienne. Elle abrite le célèbre voilier le Bluenose. À partir d'Halifax vers l'ouest il y a davantage de population et de commerces, c'est plus touristique mais de bon goût comme les néo-écossais. À partir d'Halifax vers l'ouest je vois beaucoup de voiliers et de phares. On appelle cette section "lighthouse route". Ce soir je campe sur les quais de Kingsburg près de Lunenburg. Il n'y a ici que des pêcheurs locaux et des phoques. Beaucoup d'églises de différentes confessions sont présentes car les pêcheurs priaient de revenir vivant de la mer. Tout est une pure merveille, la Nouvelle-Écosse c'est à découvrir, la qualité de vie est supérieure à bien des endroits et la pollution complètement absente. Les gens sont simples et fiers de leurs provinces et avec raison.
21 juillet | Peggys Cove, Atlantic Shore, Nouvelle-Écosse
La nuit dernière avec les bruits du ressac de la marée et des vagues j'ai rêvé qu'une sirène de mer dormait à mes côtés, les vagues étant son respir. Toute la nuit ce songe étrange m'accompagna. Après le petit déjeuner je suis aller marcher sur la grande plage du parc provincial Lawrencetown Beach. Le parc est situé près d'Halifax où je me suis rendu après avoir admirer les vagues immenses de l'océan. Halifax la capitale de la Nouvelle-Écosse possède 400,000 habitants et est l'un des meilleurs ports naturels au monde et une porte importante pour l'Amérique du Nord. C'est aussi une base militaire britannique importante à l'époque contre les français. Halifax fut fondé par les brittaniques en 1759 pour rivaliser avec la forteresse française de Louisbourg au Cap Breton. Auparavant Halifax c'était l'Acadie et c'est de l'île Georges en face du port que fut déporté les premiers acadiens dont plusieurs milliers périrent. Le port est agréablement embelli avec restaurants et cafés. J'ai marché dans le centre-ville vers les jardins publics victoriens. De beaux quartiers de maisons victoriennes à l'ombre de grands arbres nous rappellent le passé britannique de la ville. Plusieurs habitants sont roux et blonds évoquant les descendants du nord de l'Angleterre et de l'Écosse.
La ville a une dimension humaine et l'étalement urbain ne ce pas encore fait sentir à cause de règlements municipaux antérieurs, ce qui ne devrait pas tarder car cette ville et la province ont beaucoup à offrir. Ensuite j'ai poursuivi ma route dans le brouillard pour m'installer à Peggys Cove afin de visiter le village et le fameux phare tôt demain en avant midi avant que la horde de touristes apparaissent. Ce phare est l'emblème des Maritimes, je ne voulais pas le rater. Je n'ai plus de plaisir en voyage à visiter des grandes villes préférant la nature et les petits villages. C'est la première fois que je vois des touristes en nombre depuis mon départ il y a une semaine. Un jour viendra que j'irai où il n'y en aura de moins en moins.
19 juillet | Tor Bay, Atlantic Eastern Shore, Nouvelle-Écosse
Près de la mer mon rythme devient plus lent. Ce matin après un copieux déjeuner j'ai marcher dans le crachin sur la plage de Cape Jack Beach, le vent et les odeurs sont divins. Je suis en face de l'Île du Cap Breton anciennement l'île Royale au régime français mais je n'y vais pas car j'y suis déjà aller pour prendre le traversier à Sydney pour Terre Neuve. J'y conduisais un minibus accompagnant quinze randonneurs pour deux semaines. Il n'y a qu'un seul pont qui relie l'île du Cap Breton vers la Nouvelle-Écosse et que deux routes entre le Nouveau Brunswick et la Nouvelle-Écosse, celle à Amherst sur l'autoroute et l'autre à Tidnish sur une route secondaire, celle que j'ai prise sur le littoral. La Grande Déportation des acadiens a débutée en Nouvelle-Écosse par les Britanniques de 1755 en 1763 lors des victoires contre les français. Les acadiens représentaient trop de pouvoir et leurs nombres étaient importants qu'ils en conclurent de les déporter. Plusieurs communautés acadiennes existent aujourd'hui en Nouvelle-Écosse mais ils ont perdus leur culture et leur langue, le gouvernement à une certaine époque ne dispensait pas de cours de français aux francophones.
De tout temps partout au Canada les français et acadiens ont coopérer davantage avec les amérindiens que l'ont fait les anglais et il y a eu beaucoup de métissages entre eux. L'île du Prince-Édouard s'est déjà appelé Isle St Jean mais les Britanniques voulaient un nom proprement anglais. Sur la côte près d'Antigonish où je me trouve c'était une région acadienne, j'ai discuté avec un acadien de souche, un Provencher qui possède une maison à Cape Jack Beach, il n'a plus que le nom de famille qui le lie à son passé. Mes plus beaux arrêts sur Cumberland Shore furent entre Lismore et Cape Jack Beach. J'ai une canne à pêche avec moi et j'ai commencé à pêcher sur les quais le long de la route. Je dois effectuer quelques achats pour pêcher dans l'océan afin de me trouver du poisson frais pour mes repas et je dois m'assurer d'attraper les bons. J'ai ouï-dire que le bass a une carapace redoutable pouvant blessé. Après la route du Cap Breton je bifurque vers la côte atlantique sur Eastern Shore. La température est beaucoup plus froide qu'à Cumberland Strait et il y a presque plus personne et de villages, ça sent la désolation du moins jusqu'à mon arrêt pour la nuit à Tor Bay sur un quai. Il a plu beaucoup et le brouillard est dense. Peu d'installations touristiques par ici seulement des villages de pêcheurs.
15 juillet | Meductic, Rivière St Jean, Nouveau Brunswick
Arrêt pour le lunch sur les rives du lac Pohégamook au Témiscouata pour ensuite filer au Nouveau Brunswick le long de la vallée de la rivière St Jean jusqu'au parc municipal de Meductic. "Free bondooking" comme toujours et magnifique coucher de soleil sur la rivière. Ça sent les résineux partout qui chauffent au soleil, les forêts denses du Maine sont juste à côté, quel bonheur cette nature et cette simplicité. En roulant j'écoutais une émission à la radio qui parlait des problèmes que les parents ont avec leurs enfants concernant l'utilisation des médias sociaux et internet. Plus de la moitié l'interdisent, d'autres l'autorisent et une partie essaie d'encadrer son utilisation qui n'est pas simple avec des règles et le contrôle parental. Comment des parents peuvent-ils restreindre internet si ceux-ci sont constamment en ligne? Les modèles parentaux sont-ils dignes de confiance ou dépassés pour la majorité? Les médias sociaux sont une véritable addiction et les jeunes s'y préparent à l'âge de six ans, il y a une effet d'entraînement qui ne peuvent résister. Si son utilisation n'est pas encadrée, il y aura des dérives et des futurs problèmes en santé mentale si ce n'est pas déjà fait pour des générations. Jamais de toute l'histoire de l'humanité les gens n'ont été confrontés à pareille situation et son utilisation est largement banalisée.
Depuis un mois j'ai pris la décision d'un changement majeur sur l'utilisation des communications et des technologies. J'ai interrompu internet à la maison et suspendu la télé de base six mois par année. Je ne regarde plus la télé ou très peu ayant mis une antenne numérique en captant trois canaux, c'est bien suffisant durant l'hiver quand je serai chez moi. J'écoute davantage la radio et la musique classique. Mon téléphone mobile possède 20G aux USA et 30G au Canada, pendant six mois par année j'ai un forfait Canada-USA. Je réussirai à économiser 800$ par année et serai de moins en moins influencer par toutes ces bêtises. Depuis la retraite je n'ai plus besoin du portable et d'une connexion à la maison, seul le téléphone suffit et au besoin je peux transmettre mes données mobiles sur le portable. Je lis davantage et j'apprécie beaucoup le silence, la ville n'aime pas le silence alors je vais le chercher où je peux en commençant chez moi. Sur la route j'évite les campings, ils sont souvent bruyants et pourquoi je paierai pour entendre du bruit et m'entasser comme des sardines afin de reproduire les gestes habituels de la ville. Le voyage n'est-il pas fait pour découvrir les différences, apprendre à se transformer par des expériences nouvelles adaptées à nous besoins actuels sinon ce n'est que du simple divertissement ?
1er juillet | Québec
Deux semaines se sont écoulées depuis mon retour des USA. Auparavant lorsque je voyageais pour mon travail je n'étais pas enclin à ce décrochage submersif et intense comme je le fus à mon retour. Durant les derniers mois ne suffisant qu'à moi-même et privé des contacts et repères habituels, une transformation c'est accentuée et je prend conscience du peu d'intégration que je possède pour l'endroit qui m'a vu naître à mon retour. Mon intégration est composée d'un amalgame d'habitudes souvent incompréhensibles mais minimalement je dirai-je confortables. J'ai donné trop d'espace dans ma vie à des relations superficielles mais toutefois essentielles pour "gagner" mes croûtes. À mon retour, j'ai perdu le goût des médias d'informations, la télévision, la publicité sous toutes ses formes et l'actualité stérile, addictive et asservissante. La culture environnante est-elle en partie responsable ?
La ville m'apparaît axée excessivement sur le paraître, la compétition et l'individualisme, en cela mes difficultés d'intégration. De significatives communications dans un environnement davantage spirituel accroîtraient mes forces et motivations. Naviguer à contre-courant sans cesse est épuisant et il y a longtemps que j'ai cessé de vouloir changer le monde. Des rassembleurs d'étoiles disparaissent ainsi dans l'anonymat, dommage. Il m'est impossible d'obtenir toutes mes réponses pour le moment de façon objective. Le recul et la transformation sont davantage considérables lorsque le voyage est échelonné sur plusieurs mois et en solitaire. La ville où je suis né m'apparaît sous des angles différents et révélateurs. Parfois je me demande si mes perceptions sont raisonnables ou est-ce le fruit d'une trop grande solitude?
Le voyage dans les conditions excersées au printemps est sain pour ma part en me recentrant sur l'essentiel en repoussant mes limites et ma zone de confort. Les voyages d'aventures véritables ne sont pas toujours faciles, les inconforts nombreux et lourde est la solitude dans un pays étranger. Ici à Québec ce sont les idées, l'agitation, les multiples divertissements propres à la consommation, la routine complaisante et les gens qui suscitent l'attention. En voyage le quotidien revêt des réalités forts différentes en étant davantage attentif aux petites choses. Oiseaux, insectes, silence, vent, pluie et le regard porté sur l'environnement, le paysage et les gens vivant différemment que chez moi, tout revêt une couleur et une expérience hors du temps. Cela enrichit et développe mon regard et mon esprit.
Québec est rapide, ambitieuse, elle désire le changement rapide et disproportionné, les gens sont nerveux, stressés et absents d'une certaine façon. Plusieurs s'identifient par leurs rôles, leur travail et l'avoir. L'agitation prend racine autour de moi, trop à mon goût, peut-être est-ce mon âge qui agit en trame de fond et aussi le fait de vivre en ville dans une cité animée par le tourisme international qui amplifie ces perceptions. "L'esprit de solitude" de Jacqueline Kelen est un livre de chevet pour comprendre ce qui m'interpelle. Vendredi le 15 juillet je partirai à nouveau en vanlife cette fois vers la péninsule acadienne au Nouveau Brunswick, en Nouvelle Écosse dans les provinces maritimes et en Gaspésie. Je vais chercher la fraîcheur de la mer et le vent du large dans un rythme qui m'appartient dorénavant. À l'heure de ma retraite je recherche les climats favorables, les lieux paisibles tout en étant à l'écoute de ces expériences transcendantes. Je ne sais pas ou tout cela m'amènera mais une chose est certaine c'est que je suis dans le mouvement de la vie, celui de la liberté qui parfois ne sachant qu'en faire car sans amour partagé il n'est rien. Alors pourquoi ne pas commencer à m'aimer davantage et apprendre à être mon meilleur ami au lieu de chercher la reconnaissance dans le regard des autres. La sagesse qui s'émane frugalement à mon insue m'apparaît soudainement dans des moments insoupçonnés et incongrus.