Équinoxe

Bienvenue sur mon blogue personnel. Ce journal intimiste dans ses récits et propos exprime un désir de dépassement et d'authenticité.

Facebook | Galerie

Polarsteps


20 janvier |

Je crois faire de nouvelles expériences régulièrement, mais cela me suffit-il pour en comprendre le sens ? Je sais me rapprocher des gens lorsque l'occasion se présente de façon spontanée. Mon absence de filtres parfois me joue des tours. Il y a des moments qu'en tentant de faire quelques blagues pour me rapprocher, c'est l'effet inverse que j'obtiens. Mon cercle d'amis intime est très restreint, voire inexistant. Je suis imbibé d'un esprit critique et méfiant. Lorsque l'occasion se manifeste, certains, dans le passé, ont quitté avant même que s'amorce une bribe d'amitié. Très souvent, je me suis demandé si j'en étais la cause, est-ce que c'est l'intimité qui soit difficile à établir, ou bien est-ce le fruit de la culture ambiante qui contrarié mes élans ?  Ce fut la plus grande question que je me sois jamais posée. Je relis L'Étranger d'Albert Camus. Je reconnais l'absurde qui est le thème central des romans de l'auteur. En cela, je fais le lien avec mon existence arborant une dissonance et une contradiction. Lorsque je me ressaisis en délaissant le passé, mon esprit devint plus clair. Rien n'est plus malsain pour l'homme que d'être revêtu des rumeurs du passé. Les thérapies ne sont pas faites pour moi, elles me plongent dans un monde qui n'existe plus. Le propre des thérapies est d'éveiller des choses qui n'ont plus la légitimité d'exister. Les livres sont mes meilleurs thérapeutes, quoique je ne néglige pas pour autant la présence d'autrui. Préférant les groupes de discussions, de croissances personnelles ou philosophiques, je note que les dynamiques de groupe caractérise mon enthousiasme. J'ai eu une multitude d'expériences de groupes de par mon défunt travail en premier lieu. Les coïncidences dégagées au hasard des connexions diverses sont imprévisibles. Pourquoi mon association à des groupes et au lien d'amitié font défaut ? Est-ce que mes attentes sont trop élevées ? Je dois me demander très objectivement ce que représente autrui pour moi. Une certaine culpabilité se dégage de mon impuissance en ce sens. Il y a des codes qui m'échappent, des apprentissages, mais surtout une déficiente introspection pour reconnaître mes véritables intérêts. Néanmoins, je reconnais m'être encrassé d'habitudes insouciantes et désinvoltes dans ma lutte pour survivre, si je puis dire. À l'intérieur de cette culpabilité je sous-estime ma valeur. Quoiqu'il en soit, j'en connais suffisamment les causes, mais pas toujours les solutions. Encore une fois, en m'exprimant de la sorte, j'exerce une pression décontenancée envers moi-même sachant très bien que mes actions sont généreuses et sincères. Je n'aime pas les gens peu nuancés qui tapent sur les gens comme sur un clou pour leur faire comprendre la morale et les vertus. La douceur et l'ouverture sont de loin l'approche à développer envers moi. Ce n'est pas quelque chose qui est de mon pouvoir tout le temps. Je connais mes failles. En ce sens, les thérapies qui tournent sur elles-mêmes n'ont guère d'appui sur moi. Il n’en a pas toujours été ainsi. Parfois, je reconnais avoir l'air du cinglé qui ne se préoccupe que de lui-même. Depuis toujours, je suis un survivant. Même si le danger est inexistant, je ressens la menace. Peu m'importe aujourd'hui si je peux paraître différent ou indifférent aux yeux d'autrui, je fais ce qui m'est possible de faire ou d'être afin d'être la meilleure personne à mes yeux. Je n'ai plus aucune raison de me justifier à qui que ce soit. Depuis que je comprends cela, je ressens une certaine sérénité et un détachement grandissant au désir de plaire et de me fondre à autrui. Je n'ai nul envie de m'identifier au troupeau et je n'ai nul envie de m'isoler. Je laisse soin au destin de s'occuper de moi sans porter trop de résistance au devenir. À quoi sert de vouloir sauver le monde si je ne suis pas capable de me sauver ? Il y a tellement de choses à apprendre de mon vivant que je n'aurai pas le temps de tout assimiler. Est-ce nécessaire de vouloir tout embrasser ? Comme dit le proverbe : rien ne sert de courir, il faut partir à point. Simpliste, n'est-ce pas ? Si des lecteurs n'aiment pas mes propos, alors ils n'ont qu'à ne plus me lire. Mon blogue, qui me sert de journal, m'appartient et à moi seul. Il représente ma liberté d'expression. Je n'ai nullement envie de m'esquiver pour plaire à quelques spécialistes de quelque nature qui soit. Je n'ai aucune pudeur à montrer mes plaies. Je ne prétends pas être le moralisateur en chef, même si je reconnais que mes critiques sont parfois acerbes. En écrivant, bien des aspects de ma personnalité se révèlent. Je possède quelques bouquins d'auteurs dans ma bibliothèque qui sont arides et austères tels Nietzsche. J'éprouve de la difficulté à le lire, mais je ne le rejette pas, attendant le moment qui serait plus apte à faire sa connaissance. Pascal, je n'aime tout simplement pas, il parle trop de Dieu. Spinoza est un génie, il était juif, il habitait les Pays-Bas. Ce pays abritait ceux qui étaient censurés ailleurs. Des lectures qui, il y a quelques années, me semblaient inaccessibles, aujourd'hui m'enrichissent largement. Vient à point à qui sait attendre. Beaucoup parler de soi peut être aussi un moyen de se cacher. Je retiens de Nietzsche cette affirmation : l'un cherche un être qui l'aide à accoucher ses pensées, l'autre un être qui puisse l'aider ; ainsi naît un bon dialogue. Et si, en vérité, c'était tout simplement cela.

18 janvier |

Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire disait Étienne de La Boétie. La sagesse libère l'individu de l'emprise sociale. La sagesse a un caractère révolutionnaire. Lorsque l'individu commence à se préoccuper de son salut ou de son bonheur personnel, s'il développe sa raison et sa connaissance, il risque de ne plus adhérer aux normes collectives. S'il y a eu dans le passé des oppressions sociales, politiques et religieuses, c'est que l'ignorance et la peur étaient omniprésentes tout comme l'absence réelle de liberté. Les raisons qui poussent les oppresseurs sont multiples ; éviter le chaos et l'anarchie par un contrôle excessif, établir des règles et des préceptes rigoureux pour appâter les ignorants et les maintenir dans l'inconscience, renforcer le pouvoir des élites et autres dictats, établir des normes aberrantes dans le seul but de tenir les gens en laisse, établir un coût spéculatif sur la vie à l'intérieur de systèmes contradictoires et corrompus. Les valeurs individuelles ont pris la relève considérablement au cours de quelques décennies, au point que des groupes entiers d'individus y perdent leurs repères. Le mouvement de perte d'identités collectives n'est pas totalement mauvais en soi. Nous avons besoin de cohésion collective pour vivre en société certes, la question est de savoir quels sont nos droits et devoirs sans perdre cette précieuse liberté pour croître en sagesse. Il est impossible pour l'homme de vivre en complète autarcie. Trouver l'équilibre dans un monde en déséquilibre et contrarié n'est pas aisé et surtout si les fondations de l'individu sont fragilisées pour différentes raisons. L'autonomie et l'indépendance ne signifient pas être isolé. L'être isolé peut se cacher un moment pour reprendre son souffle. L'être isolé est peut-être blessé par les hommes et a peur. Le monde peut s'avérer impitoyable à celui qui n'est pas prêt à s'y exposer, tel le jeune enfant ou l'inconscient. Il ne sert à rien de courir comme des veaux dans toutes les directions, j'en sais quelque chose. Il est insensé de vouloir tout embrassé. Il ne sert à rien de courir. Mais que faire alors si on doit survivre ? La différence se situe entre celui qui vit ou qui survit. Pour moi, la spiritualité se fonde sur la raison qui rallie l'esprit et le cœur. Le philosophe n'est donc ni un intellectuel, ni un professeur, ni un spécialiste, mais un aventurier de l'esprit qui cherche à mener une vie bonne et heureuse avec lucidité. La philosophie ne forme pas des spécialistes, mais des hommes. L'histoire a démontré que la foi a supplanté la raison et la quête de la sagesse. Nous sommes en train de faire marche arrière, mais sans supports et balises, le chemin risque d'être inquiétant, sans toutefois être impossible. Kant définit le bonheur comme un idéal non de la raison, mais de l'imagination. Sommes-nous les témoins de l'effondrement de l'idéologie ultra-libérale consumériste qui tente de nous faire croire que le bonheur y est associé ? Comment ne pas être complètement cinglé devant les idéologies politiques qui placent les valeurs économiques au centre des préoccupations de l'homme ? La consommation exhaustive d'antidépresseurs et le taux de suicide actuel ne sont-elles pas associé aux mauvais choix que font  les hommes actuels ? Le résultat de ces mensonges éhontés est la destruction de nos propres ressources. Pire est la morale véhiculée appuyant ce système absurde qui, sans revirement majeur, nous pousse littéralement dans nos tranchées, évacuant ainsi tout espoir d'une vie meilleure. À quand la prochaine grande révolution tranquille ?

16 janvier |

Le bonheur semble aussi arbitraire et illogique que le temps qu'il fait. Il se manifeste soudainement et il s'évanouit aussi soudainement. Le raisonnement de Kierkegaard fait l'éloge du silence à la fois comme étant propice à une extase méditative et comme constituant la meilleure réponse à la souffrance. Alors qu'il nous paraît naturel de verbaliser nos plaintes quand les choses vont mal pour quelque raison, l'auteur suggère qu'en fait, parler de nos épreuves et de nos tourments a l'effet probable de les magnifier et de les aggraver au lieu de les adoucir. Tout bavardage autour de la douleur fait durer la douleur, sauf en cas extrême. L'homme est incapable de se taire et de rester silencieux. Des sources plus récentes indiquent qu'un malheur partagé est littéralement réduit de moitié et que les maux supportés en silence sont difficiles à vivre. Le point commun que je possède avec Kierkegaard est la conscience aiguë et unique de la brièveté de la vie. Les souffrances subies tôt dans la vie nous rallient, à certains égards, dans une fragilité existentielle. Le propre de l'homme décent est de faire ses propres choix. Devant toute déception, blâmer qui que ce soit n'aide en rien. Tout ce que je puis faire, c'est de me montrer reconnaissant d'être né, puis de m'atteler à essayer à nouveau. Les hommes sont vraiment absurdes. Ils n'usent jamais des libertés dont ils jouissent, mais ils réclament celles qu'ils n'ont pas. Ils ont la liberté de penser, ils exigent la liberté de parole. Je ne peux pas continuer, je vais continuer disait Samuel Beckett qui résume l'état actuel dans lequel je me trouve.

15 janvier |

Comme on plonge son doigt dans la terre pour reconnaître le pays où l'on est, de même j'enfonce mon doigt dans la vie, elle n'a odeur de rien. Où suis-je ? Le monde, qu'est-ce que cela veut dire ? Que signifie ce mot ? Qui suis-je ? Comment suis-je entré dans le monde, pourquoi n'ai-je pas été consulté, pourquoi ne m'a-t-on mis au courant des us et coutumes, mais incorporé dans les rangs, comme si j'avais été acheté par un vil commerçant ? À quel titre ai-je été intéressé à cette vaste entreprise qu'on appelle la réalité ? Pourquoi faut-il que j'y sois intéressé ? N'est-ce pas une affaire libre ? Et si je dois être forcé de l'être, où est le directeur, que je lui fasse une observation ? Il n'y a pas de directeur ? À qui dois-je adresser ma plainte ? De toutes les choses risibles, la plus ridicule à mes yeux, c'est d'être affairé en ce monde, expéditif à table comme à la besogne. Et je ris de tout mon cœur. Et qui pourrait bien s'empêcher de rire ? Quelle œuvre font-ils, ces empressés en perpétuelle agitation ? N'en est-il pas d'eux comme de cette femme qui, ahurie de voir le feu à la maison, sauva les pincettes ? Vraiment, que sauvent-ils du plus grand incendie de la vie ? Soren Kierkegaard, philosophe, écrivain, poète et théologien, fut l'un des premiers existentialistes chrétiens. Il s'exprime dans un verbe remarquable associant l'ironie, l'hyperbole et la métaphore. La pensée de Kierkegaard est immédiatement et facilement applicable au quotidien. C'est grâce à lui que je refais surface à la vie après m'être empêtré quelques jours de façon virulente dans les affres du cannabis. Cette molécule, que j'ai utilisée fréquemment dans le passé, m'indispose aujourd'hui de façon catastrophique et au point d'en être malade rapidement. Dur envers moi-même, je l'ai été à bien des niveaux. Le cannabis et sa consommation signe aujourd'hui mon arrêt de mort. Devrais-je dire plutôt mon arrêt de vie ? Quoique qu'il en soit, ce n'est pas fait. J'ai trouvé dans un sac, un gramme que j'ai fumé avec de bonnes intentions, celles de détendre mes muscles. Ensuite, je me suis procuré du cannabis de CBD uniquement en croyant, à tort, que je pourrais obtenir des effets bénéfiques. L'effet qu'a sur moi cette substance est, sans contredit, très nocif pour ma santé globale. Il est étonnant de constater à quel point je perds rapidement toute forme d'intérêt, de motivation et de concentration dans l'absorption de ce mystérieux apanage. De plus, je deviens cruellement amorphe et dépressif en peu de temps. Voilà à quoi a ressembler ces quelques journées de brume et d'angoisse intense. Je me délecte ce soir à la lecture de Kierkegaard qui est un baume sur mes récentes plaies. Qui a-t-il de plus déroutant que de perdre l'esprit et sa capacité de bien réfléchir ? À bien des aspects, cette habitude de fumer révèle un désir de fuir, de se fuir. Le retour vers soi devient plus douloureux après la débâcle viscérale. Il faut de longues études pour se livrer à l'arbitraire, s'y égarer et pour en tirer du plaisir. La page couverture des petits préceptes de la vie selon Kierkegaard de Robert Ferguson représente une mer agitée arborant de sombres nuages. On y aperçoit une percée de lumière au loin, comme pour rappeler qu'il y a toujours le beau temps après l'orage. Il paraît que l'on sort toujours plus fort des épreuves. À ce titre, je dois être tout puissant. En réalité, la vie n'a rien à cirer des épreuves, pourquoi ferions-nous bande à part avec notre soi-disant conscience ? Et que savons-nous de la conscience dans le monde ? Les études autodidactes me divertissent somptueusement, mais elles sont un substitut, une tactique désespérée pour dissimuler un sentiment plus profond de vide qui s'exerce en moi. La réflexion n'est pas pernicieuse en elle-même, ce qui est pernicieux c'est l'état de réflexion et la stagnation qu'il entraîne. Ils corrompent et mette en péril parce qu'en offrant la possibilité du retrait, ils font de la retraite une option plus facile.

9 janvier |

La morale nous assujettit parfois à des comportements douteux. Avec le déclin de la religion dans plusieurs régions du monde, la morale s'est transformée, pour ne pas dire s'estomper en laissant place à un vide collectif. La vérité de soi et du monde peut être angoissante, c'est pour ça que les masses bougent sans cesse, souvent sans raison, sans tenant compte des revenus pour la subsistance. Être actif est une valeur certes, et valorisé. L'être me semble versé dans une fuite en avant, cela dépend de son âge bien entendu. Pour connaître la vitalité d'un peuple, il s'agit d'observer les aînés et de voir comment ils sont traités. Les besoins animent les gens, qu'ils soient d'ordre matériel, spirituel ou affectif. Observer l'angoisse en soi, ne pas la fuir ou la combattre est l'ultime voie. Devant l'angoisse, la raison m'est nécessaire, la conscience aussi. Pour moi, la conscience se manifeste dans l'instant présent, la raison étant en lien avec mes capacités intellectuelles. La bonté émanante d'un groupe de parole propage une force et un lien ineffable. Dans son contraire, tout seul, la folie n'est jamais très loin. C'est dans le dialogue à l'intérieur de groupes ouverts et objectifs que la société changera. Il faut seulement être bien attentif à nos sens et aux paroles illuminées. Il faut un étonnant discernement pour ne pas se faire berner dans la société. Le problème actuel est que nous vivons dans un monde trop centré sur les valeurs marchandes. Tout est assujettie à un prix, il en résulte que l'existence adopte des comportements sordides interférant avec l'humanité. Une solide base de connaissances et une grande liberté sont essentielles pour croître avec sagesse et dignité. L'homme absurde, en réalité confirme la décroissance. Que cela ne tienne, sans les études appropriées et la pleine conscience juxtaposant les rencontres passagères, l'humain décroît considérablement. Au café philosophique auquel je participe régulièrement, les gens s'assoient en cercle rapproché. Le thème abordé est sélectionné par un vote. Le cadre est rigide pour le bon fonctionnement du dialogue. L'animateur est conséquent, généreux et habile. La diversité des gens présents est étonnante. C'est un microcosme de société. Des malhabilités interagissent parfois chez les uns dans la teneur des propos, des émotions et de la pensée. Néanmoins, ces rencontres s'avèrent révélatrices et nécessaires pour se libérer de soi. Je m'étonne des éclats de conscience qui se dégagent subtilement. Le but est de ne pas juger. Il s'agit d'appliquer, en réalité, une véritable démocratie et laisser la place à tous ceux qu'il lui revient. Dans un groupe semblable reflète la complexité et la beauté du monde. Si ce dernier peut devenir meilleur, c'est grâce aux mots volontaires, désintéressés. Personne n'a raison, tous détiennent leurs propres vérités. Je tente la logique pour me réconforter, ça fonctionne. À la fin de la rencontre, une discussion fort intéressante s'est engagée auprès d'une participante en lien avec la conscience et la raison. En de très rares occasions, je n'ai pu réellement m'avancer longuement sur un tel sujet avec des étrangers. Peut-être m'en souviens-je plus ? Les études des derniers mois me permettent d'aborder certains thèmes avec plus de lucidité, de tempérance et d'aisance. Je me rappelle d'un certain Louis, qui aujourd'hui à 83 ans parait en avoir 60. Le corps est robuste et svelte, son esprit rusé comme un renard mais l'âge s'active doucement. Ça fait peur parfois de voir des gens qu'on a pas vu depuis longtemps. Il a toujours manifesté son intérêt auprès des plus jeunes que lui. Il est vrai que la jeunesse ravive mon esprit mais peut-être pas autant que lui. Les groupes dans lesquels l'on évolue ne doivent pas être des ghettos. Je suis toujours prudent quant à mes interactions avec autrui pour ne pas me sentir coincé. Les groupes associés, pour ma part, ne doivent pas être homogènes en lien avec l'âge, le sexe, les croyances et les opinions. Je préfère ceux avec une qualité d'esprit sans toutefois renier les plus démunis. Naturellement et en pleine conscience de mes moyens, j'en suppose, je sais reconnaître les gens avec qui les atomes se tordent. Mais comment fait-on pour les retrouver hors du monde virtuel ? Je sais que je ne suis pas le seul à me poser cette question. Ce monde a ses limitations. Trop souvent, de plus en plus, je vois des non-voyants, des gens renfermés, indifférents ou apeurés. Quelles sont les valeurs communes qui nous habitent ? Qui met en place les lieux pour que le véritable dialogue s'amorce ? La raison, c'est que c'est l'argent qui domine le monde. Les gens sont pressés à gagner leur vie. L'absence de religion ne devrait-elle pas nous amener dans une nouvelle voie, de nouvelles valeurs collectives. Je ne vois rien qui pointe à l'horizon, concrètement sinon très peu de choses à part les rencontres philosophiques. Il n'y a aucune étiquette que l'on peut insérer à ces groupes. C'est en cela que je me sens libre de me penser et de penser le terroir que j'habite, c'est le seul qui me soit donné avec mon esprit pour me servir de refuge.

8 janvier |

Le problème est qu'il est difficile de lutter contre une véritable intoxication entretenue par la presse, la télévision et internet qui représente une spiritualité de bazar qui inonde le monde. Le refus de l'illusion n'est pas le refus du rêve, à condition de ne pas le confondre avec la réalité. Il s'agit en fait de surmonter l'absurde en permanence, ce qu'on appelle avoir des projets, des passions. Il faut sortir de soi, se dépasser sans cesse, et surtout œuvrer avec les autres, pour les autres. Faire tourner notre machine à penser est en soi une jouissance. Deux excès sont à noter, exclure la raison, n'admettre que la raison, disait Pascal. Tout ce branle-bas semble évident, sauf lorsque des nuages traversent la tranquillité de l'être. Les préoccupations sont là pour me rappeler ma condition de mortel. Il y a des jours où je me sens aller de l'avant, et d'autres, où je semble faire marche arrière. C'est le cas en ce moment, ayant une virulente fasciite plantaire qui perdure depuis des mois. Dans mon impuissance à me relever de cette tenace inflammation, il me semble que tout ce que j'apprends se volatilise au fur et à mesure. Je dois faire comme le félin blessé, me reposer en me léchant la patte. Goethe disait qu'à quoi bon tout ce luxe de soleils, de planètes, de lunes, de voies lactées, de comètes, de nébuleuses, de monde devenu et en devenir, si finalement un homme heureux ne se réjouit pas inconsciemment de sa propre existence.


5 janvier |

L'expérience est un concept fondamental de la philosophie. Plusieurs écoles de pensée se sont opposées sur les questions de l'acquisition de connaissances par le biais de l'expérience. La plupart des courants philosophiques européens manifestent de la défiance à l'égard de l'expérience, forme première de la formation des concepts, qu'ils opposent à la raison qui seule peut soutenir une connaissance claire et distincte. À propos des changements climatiques, la seule chose à faire est l’idée, il est vrai, qui peut paraître choquante, révolutionnaire, extrémiste est de ne rien faire, mais il nous faut viser la réduction et le ralentissement de l’économie. Il faudra se retrousser les manches, lutter pour cette idée, apprendre à faire plus avec moins. Dans un tout ordre d'idée, le monde n'est que nature et la nature n'est faite que de matière. De la nature des choses de Lucrèce, poète et philosophe grec, a écrit l'un des les plus bouleversants et controversés ouvrages que le monde ait connus venu de l'Antiquité. Il remet en question les doctrines païennes et religieuses en s'appuyant sur les idées d'Épicure. L'épicurisme est une philosophie basée sur l'atomisme afin d'aider les hommes à se libérer de leurs angoisses. L'épicurisme postule l'existence d'une pluie d'atomes qui bougent avec un angle de chute établi au hasard, partie intégrante de notre monde. Le monde est donc régi par des mécanismes atomiques, tout ce qui arrive est lié aux atomes. Lucrèce dit que les fièvres ne quittent pas plus vite le corps si l'on s'agite sur de riches brocarts de pourpre que si l'on doit coucher sur un drap plébéien. Douceur, lorsque les vents soulèvent la mer immense, d'observer du rivage le dur effort d'autrui, non que le tourment soit jamais un doux plaisir, mais il nous plaît de voir à quoi nous échappons. Rien n'est plus doux que d'habiter les hauts lieux fortifiés solidement par le fait des sages, temples de sérénité d'où l'on peut voir les autres errer sans trêve en bas, cherchant le chemin de la vie, rivalisant de talent, de gloire viscérale, s'efforçant nuit et jour par un labeur intense d'atteindre à l'opulence, au faîte du pouvoir. Alain disait qu'il n'y a de paix qu'entre esprit et esprit. La paix est difficile à établir, et aussi difficile à penser. On doit se méfier des paix qui n'en sont pas, du conformisme, de l'indifférence, de la passivité, de la paresse, qui témoignent de la mort de l'esprit ou de la lâcheté des hommes. La paix n'est pas chose aisée, car elle n'est pas quelque chose de naturel. Elle est le résultat d'un effort soutenu, d'un apprentissage. Je n'ai pas connu souvent la paix d'esprit. La paix est fugace. C'est curieux comme je fais référence au passé pour affirmer certaines choses. Je dois m'efforcer, sans efforts, d'obnubiler les histoires anciennes pour ne pas m'identifier à elles et à mes expériences dans toutefois les renier. Je ne suis pas mes expériences. Je ne suis ce que je pense maintenant, je suis celui qui est, en ce moment précis. En cela est mon salut, ma seule voie de passage. Faire du nouveau avec le moment présent en ne répétant pas les mêmes gestes  issus d'une époque révolue. La paix d'esprit se retrouve aux carrefours qui ne sont jamais les mêmes. Les gestes répétitifs me mèneront toujours au même endroit, certes qu'une certaine routine me soit nécessaire. Un fort désir de créativité me poursuit afin de demeurer vivant. Parfois, je me regarde penser et je suis surpris de voir un autre que moi-même se penser. Deux personnes m'habitent, le vrai et l'imposteur. C'est lorsque je m'observe que je démasque l'étranger. Je suis souvent étranger à moi-même par cette habitude d'observer par la même fenêtre les mêmes choses, les mêmes idées. Venir au monde ne se fait pas seulement qu'à notre naissance. Chaque journée, chaque instant est une naissance pour celui qui est éveillé. En précisant ce sujet précis, je n'ai nulle envie de revenir en arrière avec les mêmes vieux récits fantasmagoriques. Les mots utilisés, réincarnés deviennent alors de la pure poésie. Ils ne refléteraient que le plaisir inconditionnel de vivre. Ils n'auraient pas autant besoin de sens que de mon amour. L'amour n'a pas toujours besoin de sens lorsque le coeur de réconcilie avec la tête. La vie est une danse joyeuse, en regardant de plus près, funèbre est l'absence de perspective.

1er janvier |

L'idée de Dieu qui a donné la naissance de l'Église provient des croyances païennes. Le mot païen provient du mot paysan. Souvent les paysans sur plusieurs siècles étaient illettrés et peu éduqués. Pour garder espoir devant la souffrance et son impuissance, les hommes ont cru à des forces surnaturelles. Les croyances et les dogmes de chaque époque avaient chacun leurs raisons d'êtres selon le contexte existant. Ne pouvant répondre aux questions de l'existence, ils ont eu recours aux dieux jusqu'à ce que la science intervienne. L'église chrétienne à ses débuts, s'est servie des croyances de celles qui l'ont précédée pour aboutir au Dieu actuel. Les raisons pour adopter la croyance en Dieu étaient en partie pour mettre un terme au chaos du Moyen Âge et asseoir le pouvoir de l'Église. La religion s'est ensuite en système rigide où la révélation de Dieu passait par l'Église. Au lieu de Dieu, la révélation aurait pu s'appeller énergie ou lumière, mais l'Église, vaste réseau doctrinaire et dogmatique a établi que la vérité absolue passait par les règles scolastiques et théologiques. En réalité, Dieu représente l'univers. Il est dit que l'Église doit utiliser et s'approprier des ressources de la Terre pour parvenir aux besoins de l'homme et surtout de l'Église. Si Dieu existe dans le cœur des hommes, il n'a pas besoin de l'Église pour se manifester à eux. Voilà la super tricherie qui a fait de l'homme des esclaves jusqu'à présent. Ce puissant système religieux adopte impunément le péché aux mortels et les indulgences au repentants pour maintenir leur domination et leur puissance. La raison première pouvait être légitime mais la corruption et l'extorsion au sein de l'Église a diminué sa crédibilité au fil du temps. Maintenant que la religion chrétienne n'a plus d'emprise sur les hommes, quelles sont les croyances et les systèmes à mettre en place pour développer et garder espoir dans un monde fractionné ? C'est de Silicon Valley que le monde est dominé aujourd'hui. L'Église a unifié le monde à sa façon, comme l'ont fait les régions polythéistes qui les ont précédées. Les pouvoirs excessifs et perfides qu'ont exprimés les empires n'ont-ils pas aggraver la situation ? Ne savaient-ils pas ou pouvaient-ils faire mieux ? Un important schisme dans l'unité de l'Église a permis de saisir la portée nocive des gestes commises par l'Église romaine. Plusieurs croyaient avec raison que si Dieu existe, il ne devrait pas s'exprimer par l'intermédiaire de l'Église. Ayant voyagé dans plusieurs pays d'Europe, c'est en Hollande que j'ai rencontré les gens les plus libres et éclairés de par leur histoire. Je me sentais, moi et le groupe dont j'étais responsables comme une bande d'enfants immatures en comparaison avec ce peuple de la mer du Nord. La religion et l'héritage qu'ils ont reçu en sont responsable de même que le rapport qu'ils ont avec l'argent. Mais cela est une autre histoire. La vie est en constante évolution qui doit s'adapter sans cesse. Si une espèce cesse d'évoluer elle disparaîtra, laissant place à une espèce plus forte. Voilà à quoi je crois. S'il m'arrive de demander une requête particulière, elle sera effectuée à l'univers par l'intermédiaire de Dieu. Mon raisonnement est indéniable et bien alimenté. Les amérindiens reconnaissaient, respectaient et vénéraient la nature de chaque chose. Ils étaient les maîtres recycleurs du monde car la nature et la vie étaient sacrées. Ils savaient qu'ils ne devaient pas détruire leur environnement car ils se détruiraient eux-mêmes, chose que nous, contemporains ne semblont pas reconnaître. L'Église a rompu avec les traditions anciennes en les niant et en les persécutant au nom de Dieu. Le temps et l'espace sont une notion abstraite qui n'existent que dans la tête des hommes. Ils servent de repères à ceux qui se pensent, c'est tout. Je crois que les hommes s'accordent davantage d'importance qu'ils n'en ont besoin, dans une juste mesure, car ils sont terrifiés. La peur est un mauvais maître à qui veut obtenir la liberté. Bien entendu, les hommes n'ont pas tous la liberté d'être et de penser, de cela j'éprouve beaucoup de gratitude envers l'univers. Aujourd'hui, j'ai regardé des émissions humoristiques populaires à la télé, je trouve cela grotesque. Il m'est impossible d'y retrouver quelconque nourriture spirituelle. Sur chaque programme d'une heure, la moitié de ce temps est accordée aux publicités voulant me vendre un objet ou une idée. Je suis de plus en plus indifférent à tout cela. Il y a de ces choses que l'on conserve parce qu'elles sont des habitudes. Les religions, avaient leurs raisons d'être à un moment donné qui de nos jours tentent de se dissiper. Nous avons toujours le choix de ce qui nous est nécessaire, encore faut-il savoir le distinguer. Que d'énergie gaspillée pour conserver un monde illusoire et superficiel ! Serait-il possible que l'on mérite le monde dans lequel on vit ? Je ne crois pas qu'il soit complètement le fruit du hasard, mais de notre propre volonté. Comme disait Victor Hugo, sans cesse le progrès, roue au double engrenage, fait marcher quelque chose en écrasant quelqu'un.

30 décembre |

En fait, le citoyen a disparu. Il n'est plus qu'un rouage du mécanisme production-consommation. La citoyenneté s'apprend. Apprendre la citoyenneté, c'est prendre conscience du besoin de l'autre pour devenir soi. Il est nécessaire de réapprendre le désaccord raisonnable selon John Rawls. La compétition fait oublier que le matériau permettant à l'individu de devenir une personne est fait des échanges qu'il a avec les autres. Cet échec n'est pas celui de l'éducation, mais de l'ensemble des règles adoptées par notre société. C'est ça la vie est le seul refrain que j'entends bourdonner depuis ma naissance. Est-ce le système qui dicte nos vies ou bien est-ce les hommes qui s'y abritent? En proclamant que vivre une vie d'homme se résume à une lutte permanente, elle ne peut que créer le désespoir chez ceux qui découvrent en quoi consiste l'issue du parcours. Le jeu du calmar est celui que nous avons choisi et dans lequel nous nous vautrons dans une inconscience la plus totale. Par exemple, internet met en évidence les tares grandissantes de notre façon de vivre ensemble. Ne peut-on craindre que les technologies ne parviennent à transformer la nature même de l'humanité ? Ma présence à autrui sur la toile se fond dans l'indifférence. Internet n'est pas mauvais en soi, c'est son utilisation qui devient une perversion de l'outil. Rien n'est apporté pour vraiment sécuriser les gens d'eux-mêmes sur internet. Rien ne me semble en place pour de réels dialogues entre citoyens en dehors du champs virtuel. Une part de l'humanité qui a pris des milliers d'années à se structurer se dissout rapidement sans que personne lève la main en tentant de changer les choses. De toute façon, la chose est banalisée à même titre que la nature humaine. On fait davantage confiance à la toile qu'à soi-même, car elle régit la plupart de nos actions. Ce n'est pas mes premières critiques sur internet. Peut-être que je ne comprends pas certaines choses ? Peut-être ai-je des difficultés à m'y adapter en n'étant pas de mon temps ? Réseauter à l'intérieur de milliers d'usagers me paraît illusoire. Je suis persuadé que certains y trouvent leur compte, tant mieux pour eux. La société a tendance à séparer de plus en plus les jeunes des vieux. On devrait plutôt insister sur ce que tous les hommes ont en commun. La société actuelle voue un culte à la jeunesse. Élever les sociétés à leur meilleur commence avec de véritables dialogues laissant de côté les intérêts égoïstes et mesquins. Comment bâtir un monde meilleur avec un écran constamment sur le visage? Est-ce le monde dans lequel on veut s'épanouir ? Je parle ainsi par connaissance de cause, ayant développé une addiction à la chose. Ces principales habitudes se révèlent par le souci de m'informer à tort et de m'instruire. Pour ce qui est du réseautage, mon temps est trop précieux et je n'y crois plus sous ses formes actuelles. Il faudrait qu'internet se mette à notre service afin de pouvoir rassembler les humains hors du monde virtuel. Peut-être qu'il vaut mieux rester à l'ombre des réseaux affichant sa plus belle allure comme le font la plupart d'entre-nous ? Albert Jacquard dit qu'il faudrait faire des écoles un lieu de création de l'humain, alors qu'elle est en train de devenir l'antichambre d'une société marchande. Je me désole d'apporter un tableau aussi sombre, veuillez m'en excuser. Je sais très bien que le monde n'est pas toujours comme il apparaît, sinon il n'existerait plus depuis longtemps. À bien y réfléchir, exprimer tout cela ne m'apporte pas plus de bonheur.


29 décembre |

J'ai trouvé un cadeau empoisonné sur les marches d'un escalier la veille de Noël. Dans une boîte joliment enveloppée, une trentaine de petits pots de beurre au caramel aromatisés s'entassaient. Chaque pot affichait des rubans multicolores au travers de petits sacs festifs de boules au chocolat noir fondant. J'ouvre un petit bocal et le sac de chocolat. Ces délices sont foudroyablement addictifs. Je suis incapable de refermer le pot sans avoir vidé son contenu. Mon papilles se dilatent et en redemande sans cesse. Je croyais pouvoir me délecter lentement tout l'hiver qu'il m'apparaît impossible de refermer un pot aussitôt ouvert. Après deux journées entières à me saupoudrer la gueule, je ressens un malaise au point de devoir offrir en cadeau à des proches ces pièges impitoyables. Ayant pris un peu plus de trois livres, je ne ressens plus d'appétit pour autre chose. Mon ventre me fait souffrir, mes pantalons vont éclater. Il est possible que des gens aient intentionnellement mis cette boîte dans la rue pour offrir aux passants ces sucreries que j'appelle des cochonneries. À toutes celles à que j'ai offert quelques pots, les réactions furent les mêmes. C'est le souvenir de ce temps des fêtes que je conserverai. Il m'est difficile de garder le moral durant cette période. Ma famille a disparu, ma sœur vit loin de chez moi. On se parle au téléphone. Elle est bouddhiste et me parle comme une bouddhiste. Parfois, ça m'agace. Il y a trop de morale et de mots dans la conversation. J'écoute, mais parfois je trouve ça pénible les monologues. Ça m'attriste de n'avoir qu'une seule sœur. Sa famille ne me connait pas, c'est comme ça avec la distance. Son conjoint est gentil et silencieux. Ma sœur parle tellement qu'il lui laisse le champ libre par amour. Mon journal ne sera pas très long ce soir. Souvent, je ressens un vide qui m'habite. Pendant les fêtes, c'est encore pire. Il est associé à l'angoisse. Elle m'a tellement accompagné que je sais pas c'est quoi être normal. Un état normal, c'est ne pas ressentir la souffrance de façon excessive. Je n'aime plus ressasser le passé, ça ne donne rien, le futur non plus. À mon âge, il n'y a plus de futur. Je ne renie toutefois pas le passé. Il porte des blessures incurables. Alors je pointe l'action. J'exagère à peine. La vie des hommes est absurde, car l'homme est absurde. Parfois, il ne sert plus à rien de comprendre, il est préférable de vivre sans pour autant être inconscient. J'ai visionné la saison II de Squid Games en deux jours. Cette série contemporaine sud-coréenne est la plus palpables. On dirait qu'on aime se nourrir d'histoires morbides. On dirait que ça nous rassure en regardant la misère du monde de ne pas en faire parti. Les hommes sont absurdes car ils se nourrissent d'illusions. Mais comment pourraient-ils vivre sans quelques illusions ? En réalité les hommes sont absurdes car ils savent qu'ils vont mourir. Dans le film, ça fait constamment référence à l'argent et de la survie qui en dépend. Le jeu du calmar est très difficile à visionner, pourtant cela n'empêche pas des millions d'abonnés de Netflix de le regarder. Je m'identifie de la survie des hommes étant un survivant moi-même. Le jeu consiste à gagner et les perdants sont tués de sang-froid par les organisateurs des jeux. Je trouve ces jeux similaires à la réalité d'une façon légèrement différente, ce n'est que mon point de vue. Jusqu'à présent, le bien ne s'exprime que très peu, il faudra attendre la suite de la série pour en apprendre davantage. Sur l'avenue Cartier et ailleurs, les gens sont pressés, voire stressés. C'est la course. Je semble être le seul à ne pas être à la course, ce qui me fait sentir différent de la masse. Depuis deux ans, je n'ai plus la câblodistribution. Je trouve la plupart des programmes absurdes. On a toujours un produit ou une idée à vendre. Je n'ai besoin de rien sauf d'un ami. Il est impossible de se faire des amis à la télé, c'est pour ça qu'elle devient moins populaire, c'est ainsi que la masse s'atroupe sur internet sans garantir de bonheur et d'amis durables. Le temps des fêtes me ramène inlassablement au passé et aux émotions qui s'en imprègnent. Une connaissance me dit que les émotions, ça ne vaut rien, qu'il ne devrait y avoir que des sentiments. En principe, quand on célèbre entre amis ou en famille, il n'y a que de bons sentiments qui se manifestent. Lorsqu'ils sont absents, n'apparait alors que la tricherie. Le pouvoir et l'attraction de l'argent est rempli de fourberie, de lâcheté. Malgré tout, il y a de l'espoir dans le cœur des hommes que je m'efforcerai d'éviter les clivages. Le spectacle que j'affectionne est d'observer les enfants s'amuser dans les parcs. Ça vaut la peine de consacrer un peu de mon temps à laisser mon esprit reposer dans le calme intérieur pour mieux comprendre la place qu'occupe l'égo dans ma vie. Sénèque dit qu'il ne dépend pas d'autrui, il n'attend pas les faveurs d'un homme ou du sort, sa félicité lui vient de lui-même. Si j'écris, c'est que la littérature est un lieu de liberté qui condense et disperse les violences contemporaines. Écrire me permet d'atténuer la violence faite à moi-même en premier lieu. La littérature forme d'abord un lieu où le sens afflue. Elle est un lieu d'accueil et du mien plus particulièrement.


26 décembre |

Durant les fêtes, j'ai visionné le film québécois sur la Bolduc, légendaire chanteuse qui connut un succès phénoménal dans les années 20-30. Pour assouvir ma curiosité grandissante, j'ai poursuivi cette incursion dans le passé auprès des humoristes qui ont façonné mon enfance. C'était l'époque du show business, du burlesque et de la télévision qui jadis était le centre de tout. Preuve à l'appui, je conserve des photographies de l'enfant qui a déjà été debout en cowboy habillé en culotte courte debout sur le téléviseur du salon. J'ai fait une description sommaire de ceux qui ont marqué ma jeunesse. Gilles Latulippe, Roger Giguère, Gérard Vermette, Denis Drouin, Léo Rivest, Paul Desmarteaux, Pierre Marcotte, Réal Giguère, Jacques Desrosiers, Fernand Gignac, Jeannine Sutto, Juliette Patry, Mandat Parent, Rose Ouellette, Juliette Huot, Juliette Béliveau, Ti Gus et Ti Mousse, Claude Blanchard, Olivier Guimond, René Caron, Gilles Pèlerin, Shirley Théroux, Dominique Michel. Ces humoristes et comédiens furent les idoles d'une époque révolue. Ils étaient les fiers représentants de la culture québécoise que personne ne contestaient leurs présences. Ils étaient naïvement les membres à part entière d'une grande et joyeuse famille.  Par le truchement de la télévision ils étaient parmi nous. Décimés, ils sont devenus que de lointains souvenirs. Après plusieurs heures de visionnement, je tombais dans une profonde nostalgie issue de ce passé glorieux. Tout ce monde est réduit en cendres en quelques décennies, laissant un vide dans le cœur de ceux et celles qui ont grandi avec eux. La venue d'internet a étalé aux grands vents des émissions télévisuelles que l'on regardait joyeusement en famille ou entre amis. Des émotions ont émergées soudainement pour réaliser qu'il valait mieux laisser les morts tranquilles. Tous ces gens avaient du talent et de la passion. Néanmoins, leurs véritables et seules contributions furent d'avoir su réunir tout un peuple dans la joie, la simplicité et l'humour. Plus de la moitié des propos tenus ne pourraient être exprimés de nos jours. En cela, je tiens à les remercier pour ce qu'ils ont accomplis au fil des années dans le courahe et la détermination. Dorénavant, le wokisme marque notre époque, l'intolérance, la division et l'individualité. Malgré tout, il y a d'étonnantes sources d'inspiration, que ce soit dans les bouquins ou ailleurs pour ceux qui savent reconnaître que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.


23 décembre |

Le vendredi fou remplace le vendredi saint dans notre sacrée envie de consommer avec ardeur. Est-ce là la magie du temps des fêtes que de dépenser encore plus, toujours plus ? Les textes antiques étaient écrits sur des papyrus qui, après 300 ans environ, se détérioraient rapidement. Les scribes de l'époque faisaient des copies qui se sont retrouvées sous l'empire romain dans de nombreuses librairies publiques et privées. La plus grande bibliothèque de l'empire romain se situait à Alexandrie en Égypte, le Museum. Les juifs, les païens et les chrétiens vivaient en paix. Puis débutèrent progressivement des escalades de tensions reliées à la religion qui détruisirent la bibliothèque. Les lieux culturels et les ouvrages grecs représentaient le polythéisme qui devenait de plus en plus réprimé dans la cité au début de la chrétienté. À la chute de l'empire romain, les ouvrages grecs originaux disparurent, ne laissant que quelques fragments provenant de la cité balnéaire d'Herculanum en Italie et d'une autre cité disparue d'Égypte. Des copies retranscrites scrupuleusement par des scribes et des moines nous sont transmises de nos jours. Souvent, les textes sont recopiés à de multiples reprises. Les romains ont protégé la culture grecque car ils voyaient en elle une source profonde de connaissance. D'autre part, tout comme les grecs, ils pratiquaient le polythéisme pendant plusieurs siècles. À la chute de Rome, les textes qui ont subsisté sont compilés pendant des siècles dans les monastères au Moyen Âge pour les préserver des barbares et les soumettre à l'étude sous l'égide de la chrétienté. Il est intéressant d'observer les liens qui subsistent entre différentes époques que ce soit en lien avec les croyances païennes, judaïques et chrétiennes pour ne nommer que ceux-là dont je puise mes racines. Les chrétiens se substituaient aux affirmations dogmatiques et faisaient la lutte aux païens qui pratiquaient le polythéisme en s'y rebutant de façons sanglantes. Le mot païen est étymologiquement proche du mot paysan. Ce n'est qu'au Vᵉ siècle que les textes antiques refirent surface. Les chrétiens s'accomodaient de Platon et d'Aristote, mais certainement pas d'Épicure et de sa doctrine prosélytique et atomiste  du plaisir. L'histoire me permet d'approfondir une meilleure compréhension du monde dans lequelle j'habite. Cicéron disait que quand un homme intelligent est confronté à quelqu'un de plus fort que lui ou à une situation déplorable, la plus sage des réactions qu'il puisse avoir, c'est de se mettre à l'écart, d'attendre sans aucune honte le moment où il aura de nouveau le champ libre. Sénèque tant qu'à lui affirmait que ce n'est pas parce que les choses nous paraissent difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles nous paraissent difficiles.

19 décembre |

Je me suis toujours intéressé à la définition du mot normalité. Le terme norme, du grec, signifie équerre ou règle en lien avec la bonne mesure. C'est un comportement qui peut être pris pour référence ou principe directeur qu'on tire de l'observation du plus grand nombre. C'est un modèle ou un trait considéré comme typique du comportement d'un groupe social. La normalité est un état ou caractère de ce qui est conforme à la norme, à ce qui est considéré comme l'état normal. La normalité peut se définir à partir de deux approches. D'une part, la souffrance psychique, nous la connaissons tous, mais certains sont amenés à trop souffrir, à souffrir de façon anormale. D'autre part, à partir de la norme sociale, la société nous dicte nos comportements. La normalité existe-t-elle réellement ? Dans un sens, on peut dire que nous sommes tous névrosés, car nous désirons et nos désirs ne sont pas tous réalisables. La normalité peut se définir soit à partir de la souffrance psychique, soit en référence à la norme sociale. Freud considérait lui-même qu'une bonne santé psychique ne signifie pas une absence totale de symptômes. La normalité dictée par la société évolue avec le temps, avec celle-ci. Dans tous les cas, nos symptômes sont le signe de notre singularité parce que nous sommes tous uniques, nous ne pouvons pas totalement nous conformer aux normes prescrites. Ceci nous amène forcément à vivre des conflits psychiques. Finalement, nos sociétés font un peu de nous tous des névrosés. Or nous sommes voués à cohabiter, à accepter que la liberté d'autrui empiète sur la nôtre, à renoncer à une satisfaction qui nuirait à autrui, sauf à nous comporter en psychopathes ou en salauds. Car sans les autres, sans leur soutien, comment pourrions-nous vivre ? C'est avec Saint Thomas d'Aquin que la philosophie se fond dans la théologie, c'est à ce moment que se complexifie pour moi la croyance de Dieu et du mystère de la foi. J'aime la logique et la raison en philosophie et le sens profond des mots, même si les Pères de l'Église ont tenté de les conjuguer. La notion de Dieu ne peut s'expliquer par la raison et la logique. Je ne tiens pas à développer l'histoire de la foi chrétienne et son sens, je ne suis pas intéressé. En d'autres termes, je puise mes inspirations sur la logique et la raison. Elle n'existe pas pour décrire Dieu. Saint Thomas disait que Dieu est Un et qu'il est au-dessus de toute chose. Je suis de nature éclectique en sélectionnant ou choisissant parmi diverses sources les réponses à .mes questions. Dans la foi, il n'y a pas de réponses, il n'y a que Dieu. Je ne suis pas un système particulier, mais je sélectionne et utilise ce qui est considéré comme les meilleurs éléments de tous les systèmes. Ce n'est pas que je rejette complètement l'idée de Dieu, car il m'arrive de lui demander, de temps à autres, son aide dans les situations difficiles. C'est dans les moments les plus pénibles que je ressens le besoin de croire à une force supérieure, qu'elle s'appelle Dieu, Bouddha Habuhiah, Krishna énergie ou lumière, peu importe. Je fais appel à ce qui est plus grand que moi, ce n'est pas difficile à trouver, car je ne suis qu'un grain de sable avec un égo grand comme un astre. Plus grand est mon égo, plus nombreuses seront mes souffrances. Mes incantations s'effectuent lorsque je ressens ma finitude, ma douleur et ma petitesse. Les motivations des Pères de l'Église depuis le début de la chrétienté jusqu'à aujourd'hui sont bien différentes, malgré que les textes religieux soient relativement les mêmes. Le pouvoir qu'a exercé l'Église sur les vérités qu'elle détenait sur le monde m'apparaît obscène. D'autre temps, d'autre mœurs dira-t-on. L'idée de Dieu évolue avec les époques. S'il existe, il n'a pas besoin d'intermédiaires, me semble-t-il. Dieu a-t-il mis trop de pouvoir dans l'Église, ou est-ce l'Église qui s'est appropriée de Dieu ? Je me pose souvent la question à savoir si je suis normal ? Certes dans la négative parfois pour les souffrances encourues, positive si je me compare aux autres dans la norme-alité.


18 décembre |

Humani a me nihil alienum putoJe suis un être humain, rien d’humain ne m’est étranger disait Térence. À l'origine, le mot étranger était utilisé dans le sens de hors sujet. Cette réplique de l'esclave devenu dramaturge était une réponse à l'ordre donné à l'orateur de s'occuper de ses affaires, mais elle fut utilisée pour prôner le respect des différentes cultures et l'humanité en général. La métaphysique est la branche de la philosophie qui étudie la nature fondamentale de la réalité. Elle s'intéresse à des concepts tels que l'être et l'identité, l'espace et le temps, la causalité, la nécessité et la possibilité. Elle comprend notamment des questions sur la nature de la conscience, l'âme et la relation entre l'esprit et la matière, ou entre la substance et l'attribut. La morale vise d'une part à la conservation des formes collectives d'organisation sociale, de la société, de l'intérêt général, d'autre part à l'agrément de la vie des individus en société. De même, un même schéma moral est adapté selon chaque culture et société, mais, à l'intérieur de ces cultures, différents types de moralité cohabitent, avec un degré variable de tensions. Les règles morales peuvent être vues comme de simples habitudes qui ont fini par s'imposer à un groupe social, c'est-à-dire des façons d'agir culturellement acquises, apprises et intégrées par les agents, consciemment ou non, qui ont fini par se préciser ou se transformer au cours des siècles, ou au contraire comme des normes absolues, invariables dans le temps, transcendantes et d'origine divine ou révélées. De même, elles peuvent être considérées comme relatives, variables selon les peuples et les époques, ou au contraire comme universelles, indépendantes du lieu et de l'époque, et établies par la raison humaine ou exigées par une certaine représentation de l'être humain en général telles l'universalisme et les droits de l'homme. La morale est l'ensemble des règles d'action et des valeurs qui fonctionnent comme norme dans une société, communément appelée normalité. C'est la science du bien et du mal. L'éthique est proche de la morale dans sa définition, qui est la doctrine du bonheur des hommes et des moyens d'accès à cette fin ; ensemble particulier de règles de conduite. D'autre part, la morale est généralement rattachée à une tradition idéaliste de type kantien qui fait la distinction entre ce qui est et ce qui doit être, alors que l'éthique est liée à une tradition matérialiste de type spinoziste qui cherche seulement à améliorer le réel, c'est-à-dire ce qui est, par une attitude raisonnable de recherche du bonheur de tous. La morale provient de la nuit des temps dans la conscience des hommes. Elle a revêtu une apparence particulière au Moyen Âge dans le christianisme. La morale fut établie de façon plus subséquente pendant la grande noirceur du Moyen Âge afin d'établir des règles plus strictes associées à la religion chrétienne. Je suis pour le bien de la morale dans son ensemble. Le terme de la normalité à certains égards m'apparaît obsolète en lien avec les systèmes économiques, culturels et politiques contradictoires en place.


Examine l’angoisse, mais ne t’y attarde pas : elle est un pont, non un lieu d’habitation. L'angoisse est-elle une condition nécessaire pour donner un sens à la vie ? Entre la quête de sens, le sentiment de finitude ou encore celui d'absurdité, nous ne risquons pas de nous ennuyer. Quels sont nos refuges ? L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde. Par l'appel humain, Camus fait référence au besoin profondément humain de comprendre le monde et d’y trouver un sens. Le silence déraisonnable du monde renvoie à l'absence de signification transcendante. Le sentiment d'absurde vient alors de la prise de conscience douloureuse, mais fondamentale, que le monde ne répondra jamais aux aspirations métaphysiques de l’être humain. Partant de ce constat, Camus prône une attitude de révolte lucide en vivant pleinement, en construisant une vie significative malgré cette absence de réponse universelle. C'est donc une réponse existentielle face à l'absurde. D'où son utilisation du mythe de Sisyphe comme métaphore de la condition humaine. La révolte de Sisyphe réside dans le fait qu’il continue de pousser le rocher malgré l’absurdité de sa tâche. Il donne un sens à sa vie en affirmant sa liberté face à sa condition. Il faut imaginer Sisyphe heureux, nous dit Camus. La vraie crainte de l'existence n'est pas la peur de la mort, mais la peur de la vie. C'est la peur de se réveiller chaque jour pour affronter les mêmes luttes, les mêmes déceptions, les mêmes douleurs. C'est la peur que rien ne change jamais, que vous soyez piégé dans un cycle de souffrance auquel vous ne pouvez pas échapper. Et dans cette peur, il y a un désespoir, un désir de quelque chose, n'importe quoi, pour briser la monotonie, pour donner du sens à la répétition sans fin des jours. En philosophie, l'angoisse a été traitée par plusieurs auteurs et particulièrement l'existentialisme pour lequel elle prend la valeur d'un questionnement sur la condition humaine. En psychopathologie, elle désigne un état de mal-être qui se manifeste par une sensation interne d'oppression et de resserrement ressentie au niveau du corps. Ceci s'accompagnant généralement d'une crainte de malheurs ou de mort imminente contre lesquelles le sujet se sent impuissant. L'angoisse n'est pas un signe psychopathologique en elle-même, mais le miroir d'un ensemble de phénomènes affectifs, toutefois, si elle devient trop fréquente, voire continue, l'angoisse devient un symptôme pouvant être corrélée à d'autres signes particuliers pour former un syndrome ou se présenter de manière isolée à travers l'anxiété généralisée ou une névrose d'angoisse. Dans certaines situations cliniques, une absence d'angoisse peut être aussi alarmante qu'un excès. La peur de la mort est moins douloureuse que la peur de vivre. Elle n'est rien à comparer de voir se dissiper le sens de cette vie, disparaître notre raison d'existence, voilà ce qui est insupportable. Pour Kierkegaard, l’angoisse est un passage obligatoire pour accéder à une vie authentique qui a du sens. L’être humain, confronté à l’immensité de ses possibilités, ressent une sorte de vertige, le vertige de la liberté. L’angoisse survient face à cette indétermination, elle force l’individu à reconnaître sa liberté et à assumer la responsabilité de ses choix. Elle pousse l’individu à se questionner, à s’affirmer et à chercher un sens personnel à son existence. Pour Kierkegaard, ce sens ne se trouve pas dans des vérités universelles ou objectives, mais dans un engagement subjectif profond. L’angoisse peut éclairer le chemin de la compréhension. Elle peut parfois préparer le terrain pour la croissance spirituelle et l’éveil. Cependant, je ne crois pas qu’elle soit une condition nécessaire en soi. Le sens de la vie peut également émerger de la paix, de la joie et de la pleine conscience. C’est l’acceptation de l’instant présent, qu’il soit teinté d’angoisse ou de sérénité, qui, à mon avis, ouvre la voie à une vie significative. L’angoisse n’est qu’un visiteur, et son message peut être une invitation à contempler ce qui importe véritablement. Pour comprendre cela, il peut être utile de se tourner vers la philosophie existentielle, comme celle de Kierkegaard et de Heidegger. Kierkegaard considère l’angoisse comme une réaction à la liberté humaine et aux possibilités infinies qu’elle offre. Elle est le signe que l’homme est confronté à son potentiel de transcendance. Heidegger, de son côté, la décrit comme un sentiment qui révèle l’être face à l’énigme de son existence, l’éloignant des distractions du monde quotidien pour le rapprocher de son être-véritable. Dans cette perspective, l’angoisse peut agir comme un catalyseur, une force qui pousse l’être humain à examiner ses choix, ses valeurs et ses aspirations. Cependant, il m’apparaît important de préciser que cette force qu’est l’angoisse n’est pas indispensable pour tout individu. Certaines traditions spirituelles, comme le bouddhisme, mettent en avant une autre voie, celle de la contemplation et de la pleine conscience, qui permet de transcender l’angoisse sans nécessairement passer par elle. Tout, y compris l’angoisse, est impermanent. En méditant sur cette impermanence, on peut transcender l’attachement à l’angoisse et découvrir un sens plus profond, ancré dans l’harmonie de l’existence. Cela signifie qu’il est nécessaire d’étudier l’angoisse non pas comme une fin en soi, mais comme un élément parmi d’autres dans la quête de compréhension du sens de la vie. 


17 décembre |

C'est en prenant le bus que l'on constate à quel point les diverses nationalités des dernières années peuplent la cité et la majorité des sièges de l'autobus. À l'arrière, une jeune femme particulièrement jolie parle au téléphone. Je détecte l'arabe. Elle est vêtue de couleurs sombres. Elle porte un foulard noir élégant cachant ses cheveux. Ses lunettes sont grandes, évasives. Son visage très blanc contraste avec ses vêtements. Elle porte des gants soignés et une veste en cuir noir. Assez grande, son corps est mince et plutôt différent de ceux rencontrés chez les musulmanes. Émane d'elle une assurance et une présence réelle. Je détecte un brin de caractère dans son regard perçant. Elle m'aperçoit l'observer minutieusement. Je lui dis qu'elle est jolie et lui souhaite de belles festivités dans les semaines à venir. Je ne ressens pas l'ouverture lorsqu'elle me dit que Noël ne la concerne pas. Je demande sa nationalité, algérienne, me répond-elle. J'ai l'impression que son intégration au peuple qui l'accueille ne semble pas l'une de ses priorités. L'intégration et le respect des valeurs laïques des institutions publiques et et l'apprentissage de la langue sont essentiels au vivre ensemble. On ne peux blâmer les immigrants reçus légalement de reconstituer leur culture d'origine dans les pays hôtes, sauf s'ils s'opposent aux valeurs démocratiques qu'ils choisissent de s'établir. Un jeune africain, me voyant interagir avec la jeune femme me sourit. Je lui fais un clin d'œil et il me répond d'un signe de la main qu'elle n'est pas à son goût. Je l'ai fait rigoler tandis que la jeune inconnue semblait indifférente à mon intervention. À chaque hiver depuis quatre ans, je prends le bus. Je ne déteste pas ça du tout en apprenant à lire sur le visage des gens. Rares sont ceux comme moi qui entament la discussion. Lorsque je  m'adresse à eux, ils semblent étonnés de mes interventions socratiques. Et si j'étais une jeune et jolie blonde, serait-ce ainsi ? La question se pose. Je ne tiens à aucun prix porter des jugements de valeur. Il y a quelques années, en travaillant pour Uber avec mon défunt bolide, je prenais conscience des sensibilités des gens avec lesquelles je tentais de discuter, surtout les musulmans, qui, de manière générale, sont plutôt susceptibles. Je préfère en premier lieu, les gens capables d'auto-dérision, sinon je m'ennuie rapidement. Le réflexe serait de se taire, comme font la majorité des gens, les écouteurs dans les oreilles, ailleurs. C'est curieux le monde dans lequel on passe notre si courte vie. Ailleurs n'est pas garant d'un monde meilleur, autant m'y faire en m'adaptant dans la ville qui va vu naître. De cette façon, je n'aurai pas l'impression de fuir vers un monde utopique, illusoire. Je ne suis plus ce lâche prenant la fuite. Je suis plutôt le combattant de l'adversité et de la résilience. Dans mon groupe de discussion de la journée, une jeune femme s'étonne de la rareté des occasions de discuter, à part qu'avec ses quelques amies. Tout se fait en ligne. Jadis il y avait la danse en ligne, maintenant c'est vivre qui s'effectue en ligne. Et plus l'énergie à déployer dans ces réseaux se multiplie, et plus les gens sont seuls à l'intérieur du monde virtuel. Les malhabiletés sociales s'accentuent en parallèle avec les détresses psychologiques. Les écrans sont en train de rivaliser avec le monde réel au point de se demander qu'est devenu le monde réel. À l'extérieur des tâches accusant le rendement tel le travail, les motivations de s'adresser à autrui sont loin d'être privilégiées. Le monde n'est plus un espace public, mais une sphère privée, du moins dans mes observations des lieux qui me sert de repères. Pour résumer, mes observations ne représentent pas la réalité, elles ne sont que mes perceptions dans lesquelles je puise ma propre vérité. Je n'ai aucune prétention de détenir quelconque vérité autre que celle d'exister. Il est étonnant de constater à quel point quelques mots auront suffit à m'étendre sur de si simples observations en lien avec la jeune étrangère. Goethe disait souvent : une œuvre d'art, qui ne laisse rien à deviner, n'est pas une véritable œuvre d'art, une œuvre de réelle valeur ; sa plus haute fin est toujours d'inciter à la réflexion, et l'œuvre ne peut plaire vraiment au spectateur que si elle le contraint à l'interprétation selon son propre sentiment, à en continuer et à compléter en quelque sorte la création. La beauté physique d'une jeune femme est une œuvre d'art en soi. Parfois, il vaut mieux se taire pour ne pas se laisser distraire par l'illusion.


16 décembre |

Non que l’on jouisse alors des souffrances d’autrui, mais parce qu’il nous plaît de voir qu’on y échappe. Doux aussi, lors des grands carnages de la guerre, de regarder de loin les armées dans la plaine. Mais rien n’est aussi doux que d’habiter les monts fortifiés du savoir, citadelle de paix d’où l’on peut abaisser ses regards vers les autres, les voir errer sans trêve, essayant de survivre, se battant pour leur rang, leur talent, leur noblesse, s’efforçant nuit et jour par un labeur extrême d’atteindre des sommets de pouvoir, de richesses. Misérables esprits des hommes, cœurs aveugles. Dans quelle obscurité, dans quels périls absurdes se consume pour rien leur presque rien de vie. N’entendez-vous donc pas ce que crie la nature ? Que veut-elle sinon l’absence de douleur pour le corps, et pour l’âme un bonheur pacifié, délivré des soucis, affranchi de la peur ? Le corps, nous le voyons, se soucie de très peu : l’absence de souffrance est un plaisir exquis ; la nature apaisée n’en demande pas plus. Ce sublime poème épique tiré de la nature des choses est de Lucrèce, fervent admirateur d'Épicure et qui a vécu un siècle avant J.-C. C'est en lisant le livre Quattrocento de Stephan Greenblatt, écrivain shakespearien américain, que je découvre une histoire captivante qui ressemble en partie au Da Vinci Code de Dan Brown. J'y découvre la vie des scribes au Moyen Âge dans les monastères du Vieux Continent. Les scribes reproduisaient des copies de textes originaux allant de l'Antiquité jusqu'à l'arrivée de l'imprimerie en Allemagne par Gutenberg. Les moines n'étaient pas tous des gens de foi et des érudits. Les costauds et les illettrés travaillaient dans les champs, les chétifs étaient des scribes. Ils leur étaient interdits de pousser leur curiosités dans les manuscrits auxquels ils travaillaient, leurs tâches étaient que de retranscrire. C'est un miracle que les poèmes de Lucrèce nous soient parvenus, car ils allaient à l'encontre des autorités ecclésiastiques de leurs époques et bien au-delà. Depuis peu, je ressens chez moi un grand vent de liberté intellectuel depuis la retraite. Je peux accéder à des connaissances qui jadis ne m'étaient pas disponibles par manque de disponibilité. Mes intérêts étaient de travailler et à contempler le monde par mon corps. Il y a dans la littérature un espace gigantesque pour nourrir mon esprit et ma curiosité qui est telle que je n'aurai jamais ni le temps ni la capacité d'absorber tout cela de mon vivant. Une raison de plus pour que je m'y mette sans plus tarder. J'aime surtout chez les auteurs la clarté et la beauté des propos qu'ils révèlent. J'aime l'histoire romancée associée à la philosophie et à la spiritualité. Dans Quattrocento, c'est indéniable que l'auteur est un génie. J'ai tellement voyagé que maintenant je ne ressens plus ce besoin obsessif de voir le monde. En moi, je possède d'innombrables références et expériences qui me permettent de rester tranquille dans la quiétude de mon logis. J'ai rencontré un tas de gens différents dans des contextes multiples. Apprendre différemment à la lueur de ma lampe me suffit pour atteindre des horizons lointains. J'éprouve dorénavant moins de passion que de raison. À ce titre, l'usage de la lenteur et de l'étude me sied à merveille. Je demeure, néanmoins, avide longues promenades à  vélo ou dans la neige, que ce soit dans ma province natale ou en Nouvelle-Angleterre. La littérature m'ouvre des portes qui me font voyager allègrement, dépendamment des auteurs et des conditions dans lesquelles je vaque. Je reconnais, depuis la création du blogue, une clarté d'expression qui me caractérise associée à une compréhension indissociable de mon être et du monde qui m'entoure. Je sais dorénavant, que je ne puis me sentir complètement seul grâce à  mon blogue et avec tous ces auteurs vivants ou qui ont déjà vécu. Les écrivains et les pédagogues ont ceci de magistral qu'ils me sortent de ma torpeur d'avoir le sentiment d'être le seul à exister. Il est notable de terminer un texte par une saine conclusion. Du vagabond du monde, je suis retourné à la maison pour comprendre les raisons qui m'ont poussé à prendre le large. J'y suis arrivé, mais le récit n'est pas encore terminé, pas encore.

15 décembre |

Il faut renoncer à beaucoup de choses pour ne désirer que ce que l'on a la certitude d'obtenir et pour soumettre ses désirs au jugement de la raison. La transformation, c'est le changement d'attitude à l'égard du temps. Le plaisir le plus pur, le plus intense, peut être atteint facilement dans le présent. Il est impossible d'augmenter le plaisir par la durée, car il est tout entier dans le moment présent. La conscience d'exister est le plus grand bonheur. Le présent seul dépend de nous, de notre volonté, disait Marc Aurèle. On ne saura pas heureux, si on ne l'est pas immédiatement. Ceci révèle la pensée des épicuriens et des stoïciens chez les anciens grecs. C'est la mise en accord qui est en nous avec la raison qui dirige le cosmos produit l'enchaînement du destin. Dans chaque événement, le monde entier est impliqué. Le monde ne vit que dans le présent, seuls les humains ont le pouvoir de se projeter dans le passé et le futur. Le moment présent contient toute la richesse de l'être. Pour le contenir, il faut que le cœur soit en paix et qu'aucune passion  vienne troubler le calme, selon Rousseau. Goethe en a fait l'expérience en l'exprimant dans ces nombreux ouvrages, j'y reviendrai. Mes plus grandes souffrances proviennent du fait d'avoir négligé le moment présent. Aujourd'hui, j'ai pratiqué la marche consciente qui consiste à marcher d'un pas plus lent. J'ai toujours eu le réflexe de marcher rapidement. Vouloir se battre avec le temps équivaut à vivre contre lui. Pourquoi suis-je tant pressé à l'heure de la retraite ? Mauvaises habitudes qui ne m'apportent pas de bien-être imminent, sauf cette l'impression d'être plus en forme. Ce geste s'annule dans cette intention en provoquant la carence du moment présent. Ma journée s'est déroulée de façon plus harmonieuse avec davantage de joie et du bonheur d'exister.

14 décembre |

Je débute ce nouveau chapitre avec une très courte rétrospective des principales doctrines grecques jusqu'au début du christianisme énoncé au chapître précédemment. C'est un bref résumé pour se situer avant de poursuivre à la philosophie chrétienne. Héraclite dit que l'être est éternellement en devenir, tout se meut sans cesse, nulle chose ne demeure ce qu'elle est et tout passe en son contraire. Parménide dit que l'être est, donc, parce qu'il est, il ne peut pas ne pas être ; le non-être est impossible. Il distingue une double philosophie, l'une fondée sur la vérité, l'autre sur l'opinion. Être et penser pourtant ne sont qu'une seule et unique chose. Le stoïcisme par Zénon et ses disciples prône l'acceptation sereine du destin et la maîtrise de soi, en s'efforçant de vivre en accord avec la nature et en se détachant des émotions perturbatrices. Cela consiste à accepter le moment tel qu'il se présente. La philosophie de Socrate celle de la morale cherchant à montrer que les vertus particulières convergent toutes dans la vertu principale qui est une, en vue de faire le bien. L'objectif principal de l'épicurisme est l'atteinte du bonheur par la satisfaction des seuls désirs naturels et nécessaires, les vices étant exclus. La philosophie du cynisme se trouve dans l'idée d'autosuffisance. Le sage est celui qui est capable de se contenter du minimum, de manière à ne souffrir d'aucun manque et de pouvoir facilement faire face aux situations les plus difficiles. Dans le scepticisme, les hommes ne peuvent prouver aucune réalité, de là provient le doute, alors il est mieux de ne rien dire. Le sophisme est la philosophie qui assemble des arguments qui, partant de prémisses vraies ou jugées telles, aboutissent à une conclusion absurde et difficile à réfuter. C'est un raisonnement vicié à la base reposant sur un jeu de mots, un argument séduisant mais faux, destiné à induire l'interlocuteur en erreur. Le platonisme est la philosophie du dialogue fondée par Platon. Il développe sa propre doctrine qui repose sur un dualisme entre deux réalités, le monde sensible et le monde intelligible soit celle de la théorie des idées. Pour Aristote, l'essence ou l'idée est comme un être existant en soi, tout à fait indépendamment de la réalité sensible, de sorte que la science doit aller au-delà du sensible pour atteindre des intelligibles, universels, immuables et existants en eux-mêmes. Il affirme que la raison est vide avant que les sens n'entrent en action. Dans le néoplatonisme, le philosophe Plotin achève les travaux de Platon qui postule l'existence de réalités distinctes, mais interconnectées par le monde sensible, que l'on perçoit avec nos sens, et le monde intelligible des idées ou des formes. Pour Plotin, l'univers est composé de réalités fondamentales, l'Un, l'Intellect et l'Âme. Lorsqu'on applique une qualité à Un, il y a dualité, alors il faut se taire. La foi et la raison sont inséparables selon lui. La philosophie et la religion chrétienne s'assemblent à la recherche de la béatitude selon Saint Augustin. Sa doctrine n'a pas comme objectif de décrire scientifiquement la religion, mais de l'y conduire et de la faire désirer. Sa thèse n'est pas de démontrer, mais de faire prier par la révélation. Il préconise un itinéraire de vie intérieure associée à la présence de Dieu. On y accède non pas par la philosophie, mais par la foi, ce qui est appelé la révélation. Chez Plotin, le fondateur du néoplatonisme, il y a une extase philosophique et intellectuelle, chez Saint Augustin, il y a une extase de l'amour.

Proposal

12 décembre |

L'angoisse est-elle une condition nécessaire pour donner un sens à la vie ? Entre la quête de sens, le sentiment de finitude ou encore celui d'absurdité, nous ne risquons pas de nous ennuyer. Prenant des informations dans un centre communautaire près de chez moi, la réceptionniste m'indique que son mari avait été empaillé dans le sous-sol de sa maison. Ma question fut de demander que font les hommes par leurs absences en ces lieux. Je n'ai pas été tenté de répliquer et suis reparti vivement. Il est arrivé dans ma vie d'éprouver des émotions fortes devant des personnes dans lesquelles je me sentais lésé ou mal compris. Ce n'est pas tant les divergences d'opinions qui me tiraillent que l'attitude émanant de l'interlocuteur. Je considère que tout peut être dit ou à peu près, mais c'est la façon de dire qui fera la différence entre le dialogue et un conflit. Ceci étant dit, je suis le seul et unique responsable de mes émotions. Ce n'est pas tant les autres qui me dérangent que moi qui me laisse déranger. Certaines situations sont délicates, les évènements arrivant bien souvent brusquement. Le plus important est ce que je retiens du différent et de la critique. Comment réagiront mes pensées après le déluge d'émotions ? Comment sera mon comportement après que mes pensées se mettent à dérailler dans pareilles situations ? Telle est la question. Voilà où se situe la voie de l'affranchissement. Se faire confiance exige de connaître les hommes, mais avant tout soi-même et dans nos rapports avec eux. Ces temps-ci, je tiens à ménager les occasions à risque avec autrui. Avant toute affirmation, je dois saisir les raisons d'agir ainsi. Prudence ou rétractation ? Devenir ma propre lumière est mon leitmotiv ; pour cela, vivre en autarcie complète sans toutefois renier autrui est mon objectif ici et maintenant. Possiblement que je suis sur la voie de la sagesse, elle sera acquise complètement lorsque je serai sur le point de disparaître ou presque. De cette altercation, je n'ai pas de pouvoir sur l'autre. De cette débandade ridicule, seul un pas de recul est nécessaire pour éteindre les flammes et ce, avant, pendant et après la frasque, que cela ne tienne.


9 décembre |

Les crucifix décoratifs dans les fenêtres de l'immeuble en face de chez moi qui abritait jadis une communauté religieuse me rappellent mes recherches actuelles. Ils semblent n'être présents qu'à titre symbolique en lien avec le passé tribun de la communauté silencieuse qui s'y abritait. Ce midi, en prenant un thé aux halles, je m'entretiens avec ma voisine. C'est une dame fort cultivée qui n'a de caractère que par ses opinions. Notre conversation nous a permis de philosopher un brin, constatant à quel point j'ai progressé depuis quelques mois. Elle m'a dit qu'il reste toujours une trace en soi de toutes nos lectures exercées. Je doute de moi parfois, à croire même que j'apprends peu. C'est en philosophant avec les gens que je reconnais mon évolution, chose qui, dans la solitude, m'apparait vaine et qui pourtant. Plus tard, je ferai un résumé consistant de mes apprentissages philosophiques depuis quelques mois abordant quelques notions théologiques. Cet exercice me permettra d'affuter un savoir négligé à  l'intérieur d'un raisonnement acceptable. Je ressens maintenant, pour différentes raisons, le développement d'une intelligence pratique et objective dépassant largement ce qui m'a toujours habité, à  savoir l'instinct de survie. Je reconnais que le réflexe de cet instinct s'applique à une époque révolue qui n'a plus sa prétention d'être. En discutant avec ma charmante interlocutrice, je prends conscience de certains éléments qui m'ont conduit à une souffrance par la présence spontanée d'une tierce personne. Rapidement, j'ai su rejeter par le discernement en bloc les affres de mon ressentiment dans une logique inébranlable. Mon besoin de vérité et ma vigilance n'ont jamais été aussi percutant. Theodore Kaczynski écrivit : imaginez une société qui soumet les gens à des conditions qui les rendent terriblement malheureux, puis qui leur donne les médicaments pour les soulager. Cela se produit déjà dans une certaine mesure dans notre propre société. Au lieu de supprimer les conditions qui rendent les gens dépressifs, la société moderne leur donne des antidépresseurs. En effet, les antidépresseurs sont un moyen de modifier l’état interne d’un individu de manière à lui permettre de tolérer des conditions sociales qu’il trouverait autrement intolérables. Malgré son quotient intellectuel et des résultats académiques élevés, il avait des problèmes de santé mentale au point de tuer plus de vingt-trois personnes. Il y a de quoi relativiser ses propos. Il est facile de dire qu’il s’agit du manifeste d’un fou, afin d’éviter de faire face à certains des problèmes inconfortables qu’il identifie. Mais il est tout simplement impossible d’ignorer à quel point nombre de ses prédictions sur la société moderne se sont avérées prémonitoires. La folie nous guette tous à différents niveaux. Cela m'en vient à poser la question suivante : est-ce la condition dans laquelle on s'ébat qui conjugue la vie humaine dans la souffrance ou est-ce simplement le fait d'être humain ? 


Les symboles et les idées mystiques font découvrir Dieu aux profanes par une initiation. En voulant exprimer Dieu, on se rend compte de la faiblesse du langage des mots et de la pensée, Dieu étant au-dessus de toutes choses. Dieu ne peut pas être exprimé par la connaissance et l'intellect, il est d'ordre mystique. La mystique est une communication directe avec le divin ou par intuition immédiate dans un état d'extase spirituelle. Dieu est une ténèbre lumineuse, symbole parfait de la connaissance et de la vie spirituelle. Boèce affirme que la philosophie contribue au bonheur. La grammaire, la rhétorique et la logique sont les prémisses de la philosophie. C'est aussi le début de la division des études élaborées au Moyen Âge. Les secondes connaissances transmises de façon générale de l'époque étaient l'astrologie, la musique, la géométrie et l'arithmétique. Au Moyen Âge, l'Église soumet toutes études et recherches au nom de la foi. C'est le début de la soumission à la foi qui perdurera pendant des siècles. Apparaît alors le primat de la théologie et de la contemplation qui dominera tous les travaux et études pratiques. Tout ce qui est ordonné à la science et à la philosophie est attribué à la contemplation. C'est l'époque dite scolastique : elle vise à concilier l'apport de la philosophie grecque à la théologie chrétienne. Durant les temps obscurs où les Barbares font rage en Occident, la langue latine trouve refuge en Grande-Bretagne et en Irlande qui préserveront les études greco-latines. Au Moyen Âge, les clercs sont des théologiens et non des philosophes, la philosophie étant assimilée à la religion. Au retrait des Barbares en Occident, la diffusion pédagogique se répand alors en Europe par les scolastiques. Les arts libéraux, la philosophie notamment, sont véhiculés par les hommes libres dit-on. C'est aussi le début des grandes écoles chrétiennes enseignées par les clercs et administrées par l'Église offrant les cours classiques en latin. La philosophie propose alors essentiellement la logique enseignée au nom de la théologie. Le néoplatonisme est la philosophie principale intégrée au Moyen Âge en théologie.


8 décembre |

Le nœud gordien est une métaphore d’un problème insoluble finalement résolu par la capacité de sortir des sentiers battus pour réussir. C'est la légende de Gordias qui a dit que quiconque dénouait le nœud du limon de son char deviendrait maître de l'Asie, ce que fit Alexandre en le coupa de son glaive. L’expression nœud gordien désigne, métaphoriquement, un problème qui ne présente pas de solution apparente, finalement résolu par une action radicale. Le nœud gordien est la métaphore du livre de Marcel Gauchet, le nœud démocratique. La crise singulière qui touche les régimes démocratiques dans le monde occidental est replacée dans une perspective longue afin de repenser la nature et l'histoire de la démocratie. Éclairant la place prise par l'économie capitaliste dans les sociétés, le philosophe fait apparaître derrière le mode de production un mode de structuration sociale qui explique la difficulté d'être de ce régime. Aux origines de la crise néolibérale, le désenchantement du monde n'avait pas livré tous ses secrets. Il comportait une suite que l'on n'attendait pas. On le croyait achevé. Il n'en était rien. Il est allé silencieusement à son terme au cours des quatre ou cinq dernières décennies. La sortie de la structuration religieuse des sociétés a libéré cette fois toutes ses potentialités en engendrant un nouveau monde déconcertant. L'étrange crise de la démocratie qui affecte le monde occidental en est un des aspects les plus troublants. Elle est l'opposé exact de la crise totalitaire qui a ravagé le premier XXᵉ siècle. Celle-ci avait pour moteur l'aspiration à détruire la démocratie dite bourgeoise pour lui substituer des régimes supérieurs. La crise actuelle, à l'inverse, touche une démocratie dont les principes sont plébiscités, mais dont le fonctionnement n'en suscite pas moins une immense frustration et des fractures profondes au sein des peuples. Cette crise de la réussite, comme il y eut un vertige du succès stalinien, est liée, montre Marcel Gauchet, à une lecture trompeuse de la nouvelle structuration collective née de l'effacement complet de l'empreinte sacrale. Elle induit une vision réductrice de la nature de la démocratie, aveugle au nœud qui tient ses éléments ensemble. Il faut la dire néolibérale, dans un sens qui va bien au-delà de l'économie, même si elle consacre le règne de l'économie, puisqu'elle concerne tous les domaines de l'existence collective et en propose même un modèle global. Mais à l'exemple de l'expérience totalitaire en son temps, cette expérience qui en prend le contrepied a la vertu de mettre en lumière des conditions jusqu'alors mal identifiables de la bonne marche de nos régimes. C'est en fonction de ses enseignements que devra se repenser la démocratie de l'avenir. Ceci est un texte vraisemblablement contextuel et récent.


La foi et la raison sont inséparables. La philosophie et la religion chrétienne s'assemblent à la recherche de la béatitude selon Saint Augustin, théologien et Père de l'Église. Cicéron dit qu'un bon orateur est quelqu'un qui a une connaissance générale des choses. La philosophie païenne ne conduit pas à la béatitude et n'est pas reconnue dans la chrétienté. La doctrine de Saint Augustin n'a pas comme objectif de décrire scientifiquement la religion, mais de l'y conduire et de la faire désirer. Sa thèse n'est pas de démontrer, mais de faire prier les fidèles ; sa doctrine est inachevée. L'homme, dans le principe de la foi, reconnaît que toutes les vérités lui sont parvenues par Dieu. L'intellect de l'homme découvre Dieu en lui-même. À ce moment précis de l'histoire, nous ne sommes plus dans un raisonnement logique mais dans la foi de Dieu. Il faudra attendre plus tard avec Saint Thomas d'Aquin et les scolastiques pour obtenir une véritable doctrine de la foi. Saint Augustin préconise un itinéraire de vie intérieure associée à la présence de Dieu. On y accède non pas par la philosophie mais par la foi, ce qui est appelé la révélation. Chez Plotin, le fondateur du néoplatonisme, il y a une extase philosophique et intellectuelle ; chez Saint Augustin, il y a une extase de l'amour. Voici la différence entre la raison et la foi. On peu comprendre que dans la tête de bien des gens, la religion soit abstraite et incompréhensible. Elle fut transmise en autorité pour une grande partie des gens. Ceux qui avaient la foi avaient des prédispositions pour la vie contemplative et la vie intérieure. Pour d'autres, elles n'étaient qu'une autorité imposée sans possibles contestations. La religion chrétienne représentait le monde pour les fidèles et ses pratiques comme étant partie intégrante de la culture. Dans toute autre ordre des choses, la rhétorique est d’abord l’art de l’éloquence. Elle a d’abord concerné la communication orale. La rhétorique traditionnelle comportait cinq parties : l'invention, qui est l'art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre ; la disposition, qui est l'art d'exposer des arguments de manière ordonnée et efficace et l'élocution, qui est l'art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments, c'est-à-dire la diction et la mémoire, procédés pour mémoriser le discours. Un rhéteur est celui qui applique la rhétorique. Lorsque l'intelligence artificielle remplacera celle des humains, que feront ces derniers ? Déjà que ces derniers ne l'utilises de moins en moins sauf que pour des raisons techniques et secondaires. Qui suis-je donc pour juger ainsi ? Je m'étais pourtant dit que j'éviterais ce genre d'affirmation pour le moins douteuse. Que sais-je de ce qui se passe dans l'esprit des gens à part une certaine confusion causée par la peur et l'égo ? Évidemment le clergé avait accès aux meilleures sources d'éducation, par ce fait ils pouvaient influencés le peuple et obtenir d'eux ce qu'ils voulaient, le péché n'étant jamais très loin. De plus, les représentants de l'Église n'étaient pas engagé dans les responsabilités familiales, ce qui leurs permettaient d'accomplir leurs tâches de façon plus rigoureuses. Le pouvoir de l'Église faisait en sorte qu'aucunes contestations ne purent avoir lieu pendant des siècles. Ce passé fait encore partie aujourd'hui de ce que nous sommes devenu avec la morale chrétienne ce qui n'est jamais très loin du bon sens à certain égard comme la compassion, la charité, l'amour de soi et de son prochain.


5 décembre |

On ne reste philosophe qu'autant qu'on garde le silence, disait Nietzsche. Ceci étant vrai ou l'Église affirmant être le royaume de la vérité totale et de l'illumination. Cela ne s'applique plus aujourd'hui, quoique qu'il fasse toujours prudent de divulguer certaines vérités ou propos aux oreilles malentendantes. En voyage, durant les quatre dernières années, j'ai vécu l'expérience d'avoir le sentiment d'être présent ici et maintenant au milieu d'un monde lui-même intensément existant. Rien de tel, qu'en mes nombreux voyages, j'ai ressenti de telles grandes extases, loin de tout et surtout dans le silence. Rien de tel, j'ai ressenti pareil étonnement d'être le monde. Chez moi, dans cette ville tourmentée, les étoiles sont absentes où je ne vois que très peu de choses reliées au monde du vivant, que des automates programmés aux yeux blafards. J'ai eu l'impression, au point d'avoir le vertige, d'être une vague au milieu d'un océan sans limites. Romain Rolland a dit que ce n'est rien d'autre que le sentiment océanique. Ces expériences imprégnées d'absolue où je fus immergé dans une dilatation du moi n'ont pas son équivalent dans la société des hommes. Il m'était impossible de tenir longtemps dans cette immensité tout seul, mes repères devenant complément dissous dans une étrangeté oppressante. Je ne savais plus qui je suis, où j'allais, je partais à la dérive entre deux mondes contradictoires. Je perds mes appuis, ma raison d'être. Il faut retourner à la maison, je crois perdre l'esprit, les mots deviennent superflus mais vraisemblablement nécessaires. Mon campeur devient, pour quelques semaines, le florilège du tout, c'est intense, trop intense, je ne peux absorber tout cela bien longtemps. Les journées deviennent indicibles. Les gribouillages dans mon journal deviennent moribonds. Toute cette vie qui s'émane devient impossible de décrire par les mots. Il ne représente rien d'autre qu'une bouée insignifiante pour ne pas perdre la raison. Au retour de mon mystique pèlerinage, il y a mon fauteuil, mes livres, l'absence de mouvement qui s'apparente à la mort. Lentement, plus tard, beaucoup plus tard, je ressuscite, différent, transformé dans le cortège des hommes sans noms ni visages. Mon réveil est brutal, je croyais arriver quelque part, qu'à nouveau je reviens à mon point de départ. Il est plus facile de partir que de revenir. Le bonheur est fugace. Quel étrange sensation que d'exister, heureusement que l'amour est là, encore qu'il faut savoir de quoi il s'agit.


4 décembre |

Le monde des émotions, de la pensée et du comportement est un vaste domaine dans lequel il faut savoir bien reconnaître. Tout est relié dans notre esprit à la fois complexe et ingénieux. L'esprit agit à l'intérieur d'un cercle où agissent émotions et pensées. Il apparaît des distorsions cognitives à la suite de traumatismes. Les pensées automatiques se développent dans le but de se protéger inconsciemment des dangers du passé. Les problèmes arrivent lorsqu'il devient impossible de modifier les pensées automatiques en appliquant des comportements disproportionnels. Les distorsions cognitives se développent, qui, une fois bien installées, apportent des troubles physiques, psychiques et mentaux. Ceux qui développent des distorsions cognitives importantes voient la réalité à travers un filtre et les isolent. C'est le cercle vicieux qui s'installe apportant son lot de souffrance. Une émotion négative engendre une pensée négative, qui engendre le comportement négatif. Ainsi se développe ce cycle qui empêche la conscience de d'harmoniser avec son être profond. Les distorsions cognitives apportent son lot de fausses croyances, d'amertume et de douleur. L'intelligence vive, le raisonnement, le discernement s'atrophient dans une fureur asphyxiante. Reconnaître ces éléments en soi est le premier pas. Les thérapies et les groupes de soutien deviennent des alliés incontournables pour favoriser la guérison. Les proches et les amis ne peuvent pas toujours palier vers une aide constante, toutefois ils ne sont pas négligeables. Prendre une série d'action concrète et diversifiée est la source d'une guérison en plus d'une volonté inébranlable de voir apparaître enfin la beauté du monde. Faire une thérapie lorsqu'on en ressent le besoin est la meilleure implication que l'on puisse faire. Sauver son prochain commence avant tout avec soi-même. L'entraide mutuelle qui se développe dans les groupes de soutien, de discussion, de croissance personnelle permet de sauver des vies, la mienne en apparence. Depuis peu, je perçois ma transformation. Mon parcours s'effectue en dent de scie, je constate. Qui a dit que la vie est une rivière tranquille se lève. Trop souvent j'ai dramatisé des situations qui ne le méritaient pas. Je suis mon pire bourreau, moi qui croyais que l'enfer était les autres. Je me propose quelques défis réalistes à partir d'aujourd'hui en tentant de voir le positif en chaque chose, de cesser de généraliser et de cesser de juger inopinément en acceptant les choses que je ne peux changer. Cette thérapie diffère de toutes celles entreprise dans le passé par le fait même que je suis entièrement disponible dans mon corps et mon esprit. Descartes a écrit un beau texte qui m'inspire réellement. Pendant un certain temps, j'ai examiné les différentes occupations auxquelles les hommes s'adonnent dans ce monde, et j'ai essayé de choisir la meilleure. Rien ne me parut meilleur que l'accomplissement rigoureux de mon dessein, à savoir, employé tout le temps de ma vie à développer ma raison et à retracer les traces de la vérité. Depuis que je me suis aidé de cette sorte de méditation, chaque jour me fit découvrir quelque chose de nouveau qui avait quelque importance. C'est alors que mon âme devint si pleine de joie que nulle autre chose ne pouvait lui importer.


3 décembre |

Il est de ses sujets ou thèmes qui me convient d'aborder parfois et qui requiert logique et raisonnement. Étant de nature émotive, cela me permet de me recadrer significativement. Les règles de la logique sont; l'appréhension qui est l'étude des définitions et du sens des mots, le raisonnement qui est la construction d'une proposition logique. L'art de la discussion se résume bien souvent aux problèmes de logique. La philosophie est très vaste, qui demande beaucoup de rigueur pour saisir tous les champs d'étude. Il serait laborieux et hasardeux de ma part de poursuivre la liste exhaustive de toutes ces composantes. Je vais alors poursuivre vers la philosophie chrétienne et contemporaine, délaissant les pensées grecques qui les ont précédés. La scolastique est rattachée à la religion chrétienne. Elle tente d'harmoniser la raison et la foi, en accordant une grande importance à la mise en forme des raisonnements et au respect des auteurs anciens. Elle s'attache donc à concilier l'héritage de la philosophie antique avec la théologie médiévale. Elle vise à concilier l'apport de la philosophie grecque avec la théologie chrétienne héritée des Pères de l'Église. De ce fait, on peut dire qu'elle est un courant de la philosophie médiévale. Le gnosticisme se réduit aux connaissances secrètes, ésotériques et mystiques transmises par l'initiation. On entre ici dans l'ère pré-christianisme par la voie des sens. La gnose permet de percevoir aux chrétiens Dieu, sa lumière et d'obtenir la vie éternelle. Le gnosticisme est une hérésie aux pouvoirs surnaturels, c'est la connaissance suprême des choses divines. Elle apporte le salut de l'âme après la mort. Le christianisme est l'affirmation de la sagesse divine et de la connaissance de Dieu qui bannira le gnocissisme considéré une hérésie. Les Pères de l'Église ont reçu la philosophie dans la tradition chrétienne. La chrétienté doit percevoir la vérité et percevoir la révélation. Tout ce qui est vrai est chrétien. La religion et la sagesse sont connexes, paraît-il. La religion chrétienne s'appropriant de la philosophie grecque, notamment le néoplatonisme et le stoïcisme, s'avère plus crédible et adaptée à cette époque. Les Pères capaddociens, ne voulant pas enseigner la philosophie, ont progressivement orienté la sagesse chrétienne vers la théologie ou doctrine sacrée. L'intégration de la philosophie à la doctrine sacrée s'est effectuée par St Augustin qui fut influencé par Plotin, Cicéron et St Paul. La pratique chrétienne est mystique et doit aboutir à la béatitude.


À propos du malentendu Toute parole cache une vérité, sauf pour les imbéciles qui disent des sottises. Un recul s'avère nécessaire pour laisser dissoudre l'émotion au besoin. C'est dans l'intention que s'exprime la vérité et non pas dans les mots qui peuvent parfois induire en erreur. Les mots peuvent parfois sous-entendre des malentendus, de maladresse d'une part, et d'autre part une mauvaise interprétation. Dans les deux cas, il est préférable de réprimer toutes opinions divergentes par le dialogue. Des termes équivoques peuvent engendrer différentes interprétations. Vérifier à la lumière le sens réel de toute affirmation est essentiel pour porter un regard pertinent sans laisser de préjudice aux deux parties.


2 décembre |

La philosophie n'est pas une création de système, mais une expérience vécue. La philosophie n'est pas un discours théorique. Philosopher, c'est de préparer à mourir, définition platonicienne reprise par Montaigne. Philosopher est une pratique spirituelle. Selon Kant, la philosophie propose d'acquérir le courage de se servir de son propre entendement. Pierre Hadot dans la philosophie comme manière de vivre raconte son expérience de jeunesse devant le ciel étoilé qui nommera plus tard le sentiment océanique dans lequel il a ressenti une angoisse à la fois terrifiante et délicieuse, provoquée par le sentiment de la présence du monde et du moi dans ce monde. Curieusement, j'ai vécu cette angoisse et cette étonnante extase durant les quatre dernières années, en voyage solitaire à travers l'Amérique en campeur. Le choc fut à ce point brutal, qu'il m'aura fallu près de deux mois pour m'en remettre. La philosophie a pour but de savoir et d'agir, la philosophie spéculative et pratique. Pour connaître la vérité, il faut se servir de l'intelligence. L'intelligence se sert de la logique pour arriver à ses fins. La logique est l'outil de l'intelligence qui permet de sortir un résumé, un exposé ou l'essentiel d'un texte. La logique permet de valider le raisonnement. La logique n'utilise pas la psychologie, mais la raison. Le principe de l'unité et de la multiplicité est universel. Une pierre est une pierre, mais elle est constituée d'un ensemble d'éléments. Ce fait découle de la logique. Il y va aussi du principe du changement et de l'immobilité. L'homme est-il libre ou bien est-ce une illusion ? Cette question se rapporte à la morale ou à l'anthropologie. Marcel Gauchet, philosophe et auteur du Nœud démocratique, dénonce la détérioration du système éducatif dans plusieurs nations du monde, fragilisant ainsi les démocraties récentes et actuelles acquises au prix d'efforts considérables. Lorsqu'un État s'oriente vers les plaisirs abusifs et le jeu, il court à sa perte par manque de discernement, de valeurs intrinsèques, d'intelligence et de vigilance. L'insécurité dans le monde est le signe d'une débâcle sociétale. Pourquoi il y a-t-il autant d'itinérants, de demandeurs d'asile et de réfugiés dans le monde ? Plusieurs facteurs expliquent les faits. La mondialisation, outil spéculative des multinationales, s'est enrichie impitoyablement sur le dos de la classe moyenne ou du moins ce qui en reste. Les humanistes et les philosophes ont laissé place aux promoteurs accablés de profit. L'itinérance est associée à plusieurs causes notamment dû au désintégrement des communautés et à l'effondrement des valeurs. Lorsque j'assiste aux cours en ligne de philosophie de Jean-Marc Rulleau, je saisis bien l'ignorance qui m'a porté. Je ne suis pas le seul à qui l'éducation a fait défaut. La paresse intellectuelle affecte bien des gens, ce qui n'est pas toujours le signe de mauvaise volonté. Cette lacune est manifeste et généralisée dans plusieurs nations. La rigueur n'est plus adoptée, les enseignements sont nivelés vers le bas. Les Indiens Anasazis, qui représentaient l'une des plus importantes communautés amérindiennes aux États-Unis, ont péri par leur addiction au jeu et au relâchement des valeurs qui les avaient portés jusqu'à leur disparition vers l'an 1300. Plusieurs grands peuples ont été décimés pour les mêmes raisons dans le passé. Néanmoins, de grands fléaux naturels ont anéanti des populations entières, notamment les sécheresses, les virus et la détérioration de leur environnement. De grands empires se sont écroulés après avoir maintenu leur gloire pendant des centaines d'années. Le relâchement des valeurs, la corruption, la décadence, les guerres absurdes sont courantes dans l'histoire du monde, même dans la chrétienté. Rien n'est acquis en ce bas monde, ni même la liberté. Nous devons, tel l'équilibriste, marcher sur une corde raide, au moindre faux pas, la rupture peut être fatale, telle est la condition de l'humain, à la fois forte et fragile.


30 novembre |

Pour être philosophe, il faut savoir prendre son temps et admirer. Lorsque les gens regardent la télévision, ce sont les yeux et l'imagination qui travaillent, pas l'intelligence. Le philosophe contemple, il est à contre-courant dans la masse d'où l'importance est de s'agiter de plus en plus rapidement. Si on ne contemple pas les hommes, on ne les comprendra pas et les conflits s'activeront. Dans la contemplation, on s'étonne et l'on peut être tenté de rechercher les causes à toutes choses. Les gens ne semblent plus éprouver de plaisir à être. S'ils admiraient les hommes, ils seraient tentés de communiquer, ils n'apprennent rien sur eux et demeurent dans l'ignorance. Si on ne prend pas le temps pour parler avec les humains, si on court tout le temps pour des raisons techniques, on ne sera pas en admiration pour les hommes et ne connaîtra pas la philosophie. On apprend à vivre en prenant son temps, sinon on ne peut pas développer l'intelligence. Il est impossible de philosopher seul avec les livres. Lorsque les gens ne prennent plus le temps de s'arrêter et d'admirer, ils ne se posent plus de questions. Pour connaître les choses, il faut savoir de quoi elles sont faites. Il en est de même pour les gens. Il ne s'agit pas de juger, mais de connaître la vérité. Pour connaître les hommes, il faut savoir distinguer le bien du mal et en connaître les causes. Le problème du bonheur, c'est le problème de la morale. Connaître la vie des hommes et de soi nous engage à vivre heureux. Les lois de la nature ne changent pas, la condition humaine, oui. Les méthodes pour apprendre diffèrent du sujet observé. Le désir de savoir est en moi, j'avoue, seules mes connaissances ont fait défaut pour philosopher. Mes multiples expériences ne m'ont pas amené sur ce terrain. Je reconnais avoir tendance à me sous-estimer faute d'un apprentissage rigoureux. Néanmoins, ma curiosité envers la vie et les hommes et de savoir m'a toujours soutenu, mais pas complètement satisfaite. Sans être trop dur envers moi-même, je reconnais avoir souffert de paresse intellectuelle. Une trop grande charge émotive causée par des traumatismes à l'enfance qui ont limité mes apprentissages. Mon écoute était déficiente pour les raisons énumérées, ce qui fit de moi un être hypersensible, mal compris et souvent irrationnel. Je possède l'âme d'un artiste, comme bien d'autres qui réalisent à quel point la souffrance est présente. Je ne suis pas celui que je crois être, cela s'explique par le fait de ne pas connaître les forces latentes en moi. Toutefois, j'ai développé une résilience par une force quasi-surnaturelle qui m'a toujours habitée. En réalité, les maîtres m'ont cruellement manqué, les modèles raisonnables aussi. Reconnaître les causes qui ont fait de moi ce que je suis advenu est une chose, être heureux est une autre chose. Cela dépend de moi uniquement dans l'instant présent et de mon destin qui m'en portera acquéreur. Le discernement et la capacité de synthétiser me dévoilent l'essentiel et la vérité. La société moderne possède beaucoup de savoir, mais peu de philosophie. Ayant beaucoup voyagé et m'être agité considérablement, qu'ai-je appris ? Quels furent mes apprentissages si ces apprentissages eurent lieu ? L'étude de la philosophie et la méditation me permettent d'atténuer les émotions que je porte depuis l'éternité. Cesser de juger ou de me juger me rend plus apte au bonheur. Le bonheur est l'absence de malheur. Je comprends mieux cette affirmation aujourd'hui, car je minimise les risques non essentiels. Les émotions fortes que j'ai soutenues toute ma vie ne permet pas mon émancipation en laissant travailler mon esprit à bon escient. Le sens commun, c'est l'intellect qui commence à s'exercer et à percevoir ce que les autres perçoivent aussi. Ainsi je me rapproche des hommes et de l'humanité.


29 novembre |

Dans les médias ce matin, on raconte que l'Australie envisage d'interdire les médias sociaux aux jeunes de seize ans et moins. Enfin une action concrète pour protéger ce groupe d'âge. Le cerveau des jeunes n'est pas suffisamment formé pour exclure les contacts sociaux dont ils ont besoin. J'espère qu'enfin que d'autres pays se rallieront à cette cause. Des mesures de sécurité doivent être apportées de toute urgence pour limiter l'usage des médias sociaux. Ces derniers développent assurément des addictions réelles qui nuisent en grande part à la santé mentale des individus en les isolant, les dernières statistiques le prouvent. D'un autre côté, Elon Musk, cet illustre complotiste, serait tenté d'acheter un grand réseau d'informations américain. Avec Fox News en parallèle, les temps d'antenne de ces médias seraient susceptibles d'atteindre l'intégrité de la démocratie par un assemblage de fausses nouvelles. De plus, ce milliardaire avec sa fortune est en voie, si ce n'est déjà fait, de manipuler le gouvernement américain en lien avec des conflits d'intérêts évidents. Cela aura peut-être pour effet d'attirer dans son giron d'autres millionnaires corrompus par un pouvoir excessif et démoniaque. Voilà l'état du monde actuel avec toutes ses manigances visant à exploiter davantage les biens de ce monde qu'il est capable de produire.


28 novembre |

Ci-dessous, j'ai exposé un résumé sommaire des principales doctrines des écoles philosophiques grecques. Ce résumé est un léger prélude. Tous les philosophes ont été influencés par leurs prédécesseurs. Le néoplatonisme s'est terminé au Moyen Âge avec l'arrivée du christianisme s'inspirant principalement du stoïcisme et du platonicisme. Cette étude renforce considérablement mes connaissances. Elles sont importantes, voir nécessaires au développement de la pensée. La philosophie renforce les esprits, le mien en apparence. J'étais occupé ailleurs à travailler et assouvir mes passions, maintenant davantage motivé à reprendre les choses ou je l'ai ai laissé longtemps auparavant. La philosophie était, et est encore une activité réservée aux classes supérieures qui avaient du temps et des loisirs. Cette liste ne se veut pas exhaustive et ne représente que la pointe de l'iceberg dans l'océan de la connaissance. J'y reviendrai plus tard avec un résumé exposant les grandes lignes de la philosophie grecque, chrétienne et contemporaine. Dans plusieurs grandes écoles, le jugement est à éviter car personne ne détient la vérité.

Héraclite
Sous l'égide des présocratiques, Héraclite dit que l'être est éternellement en devenir, tout se meut sans cesse, nulle chose ne demeure ce qu'elle est et tout passe en son contraire. Héraclite en conclut à une unité dynamique des contraires, une guerre permanente qui existe partout dans la nature, et qui constitue son mouvement même. La nuit et le jour constituent un seul et même phénomène, le début et la fin d'un cercle se confondent, et le chemin qui monte est le même que celui qui descend. Nul homme ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve car, la seconde fois, ce n'est plus le même fleuve et ce n'est plus le même homme.

Parménide
L'être est donc absolument et, parce qu'il est, il ne peut pas ne pas être, le non-être est impossible. Parménide, philosophe présocratique distingue une double philosophie, l'une fondée sur la vérité, l'autre sur l'opinion. En affirmant que l'être ne peut naître ni périr Parménide veut dire que l'être ne peut sortir du non-être, et en disant que l'être n'est pas divisible il veut dire que l'être ne peut sortir de l'être. L'unique manière d'être de l'être, par conséquent, est d'être maintenant. Il faut penser et dire que ce qui est, car il y a être, il n’y a pas de non-être. Je te détourne de cette voie de recherche, où les mortels qui ne savent rien s’égarent. Ils vont sourds et aveugles, stupides et sans jugement, ils croient qu’être et ne pas être est la même chose. Être et penser pourtant ne sont qu'une seule et unique chose.

Atomistes
Courant philosophique et physicien affirmant que la matière est discontinue et composée d'éléments insécables.

Pythagorisme
Philosophie du nombre qui repose en effet sur une initiation et propose à ses adeptes un mode de vie éthique et alimentaire, ainsi que des recherches scientifiques sur le cosmos. Pythagore, le fondateur et les pythagoriciens pensaient que l'âme humaine est immortelle, qu'elle migre d'un être vivant à un autre, que selon certaines périodes, les êtres qui sont nés un jour naissent à nouveau, qu'il n'y a, à proprement parler, aucun être nouveau et qu'il faut croire que tout ce qui est animé appartient à la même souche.

Stoïcisme
Zénon et ses disciples prônent l'acceptation sereine du destin et la maîtrise de soi, en s'efforçant de vivre en accord avec la nature et en se détachant des émotions perturbatrices. Pour les humains, cela consiste à accepter le moment tel qu'il se présente, à ne pas se laisser contrôler par le désir du plaisir ni la peur de la douleur, à utiliser son esprit pour comprendre le monde et à faire sa part dans le plan de la nature, à œuvrer avec les autres et à les traiter de manière juste et équitable. 

Socrate
Philosophie de la morale cherchant à montrer que les vertus morales particulières de justice, courage, tempérance, piété, sagesse, etc... qui convergent toutes dans la vertu qui est une, et, au-delà d'elle, en ce pour quoi la vertu est vertueuse ou l'excellence excellente, en vue de faire le bien. Or pour Socrate, on ne peut avoir une vertu sans les avoir toutes à la fois. En effet, toutes les vertus ont une même origine, la connaissance du bien et du mal. Un homme ne peut pas être à la fois bon sous l'angle d'une certaine vertu et mauvais sous l'angle d'une autre. L'âme déréglée est comme un tonneau percé à cause de sa nature insatiable.

Épicurisme
L'objectif principal est l'atteinte du bonheur par la satisfaction des seuls désirs naturels et nécessaires, les vices étant exclus. Il encourage la recherche du plaisir modéré et la tranquillité de l'âme, tout en soulignant l'importance de l'amitié, de la connaissance et de l'absence de crainte de mort.

Cynisme
Le centre de la philosophie cynique se trouve l'idée d'autosuffisance. Le sage est celui qui est capable de se contenter du minimum, de manière à ne souffrir d'aucun manque et de pouvoir facilement faire face aux situations les plus difficiles. Le sage cynique choisit donc de vivre dans l'abstinence, la frugalité. À titre d'exemple, Diogène vivant dans un tonneau. L'école cynique prône la vertu et la sagesse, qualités qu'on ne peut atteindre que par la liberté. Cette liberté, étape nécessaire à un état vertueux et non finalité en soi, se veut radicale face aux conventions communément admises, dans un souci constant de se rapprocher de la nature. 

Scepticisme
Les hommes ne peuvent prouver aucune réalité, de là provient le doute, le scepticisme, alors il est mieux de ne rien dire. Il n'apporte aucune discussion approfondie ou conclusion. Le scepticisme est une faculté et une méthode qui sert à examiner, qui compare et oppose, de toutes les manières possibles, les choses apparentes, ou sensibles, et celles qui s'aperçoivent par l'entendement; par le moyen de laquelle faculté nous parvenons premièrement à la suspension de l'assentiment, du jugement et ensuite à l'ataraxie, c'est-à-dire à l'exemption de trouble, à la tranquillité de l'âme.

Sophisme
Philosophie qui assemble des arguments qui, partant de prémisses vraies ou jugées telles, aboutissent à une conclusion absurde et difficile à réfuter. C'est un raisonnement vicié à la base reposant sur un jeu de mots, un argument séduisant mais faux, destiné à induire l'interlocuteur en erreur. Les sophistes développent des raisonnements dont le but est uniquement l'efficacité persuasive, et non la vérité, et qui à ce titre contiennent souvent des vices logiques, bien qu'ils paraissent à première vue cohérents des sophismes. Les sophistes ne s’embarrassaient pas de considérations quant à l'éthique, à la justice ou à la vérité.

Platonisme
Philosophie du dialogue fondée par Platon. Il développe sa propre doctrine, qui repose sur un dualisme entre deux réalités, le monde sensible et le monde intelligible, la théorie des idées. Le monde sensible change, se dégrade, périt. Il faut donc imaginer une seconde réalité, éternelle, incorruptible, qui contient les idées ou essences. Ses dialogues, mythes et symboles sont au centre de son travail. L'homme est la mesure de toute chose. Les yeux de l'esprit ne commencent à être perçants que quand ceux du corps commencent à baisser.

Aristote
L'essence ou idée est comme un être existant en soi, tout à fait indépendamment de la réalité sensible, de sorte que la science doit aller au-delà du sensible pour atteindre des intelligibles, universels, immuables et existants en eux-mêmes. Un corps est une matière qui possède la vie en puissance. Il n'acquiert la vie réelle qu'à travers l'âme qui lui donne sa structure, son souffle de vie. Selon Aristote, l'âme n'est pas séparée du corps pendant la vie. Elle l'est seulement quand la mort survient et que le corps ne se meut plus. Il affirme que la raison est vide avant que les sens n'entrent en action. Il pose les lois du raisonnement et fonde la logique comme instrument de précision du discours philosophique. L’excellence n’est jamais le fruit du hasard. Elle est toujours le résultat d’une intention élevée, d’un effort sincère et d’une exécution intelligente. Elle représente le choix judicieux entre plusieurs alternatives, c’est le choix, et non le hasard, qui détermine votre destin. La grâce, c'est peut-être de voir ce qu'il faut choisir et ce à quoi il faut renoncer. Qui veut choisir souvent prend le pire.

Néoplatonisme
Le philosophe Plotin achève les travaux de Platon qui postule l'existence de trois réalités distinctes, mais interconnectées, le monde sensible, que l'on perçoit avec nos sens et le monde intelligible des idées ou des formes. Pour Plotin l'univers est composé de réalités fondamentales, l'un, l'intellect et l'âme. Les objets du monde sensible ne sont que des manifestations partielles et imparfaites des idées du monde intelligible. L'unité est abordée à titre de royaume extrême, manifestant le prélude à la philosophie chrétienne. Lorsqu'on applique une qualité à Un, il y a dualité, alors il faut se taire. Plotin a développé un sens artistique à l'œuvre de Platon. Le sage entre dans l'unité et c'est l'extase. Être absorbé par l'Un est la béatitude qui conduit à être un sage. Le silence apparait, car il est au-dessus de toute chose. L'homme entre en lui-même et c'est l'illumination.


27 novembre |

Platon dit que les hommes passent de la sensation à la contemplation dans l'un de ses multiples dialogues. Platon, élève de Socrate, s'engage à découvrir la vérité en opposition avec les sophistes. Aristote définissait que les philosophes avant lui n'obtenaient que des idées simples, limitées et univoques. Aristote cherche des vérités plus diversifiées. Il étudie et remet en question tous les grands principes jusque là obtenus par ses prédécesseurs. La vérité des choses n'est pas dans les idées, instrument du monde sensible, mais dans les choses elles-mêmes. Aristote s'applique à la réalité des choses, il est donc davantage matérialiste. Ce pourquoi la chose est, quel est le sens de l'existence se définit dans les causes finales d'Aristote. La philosophie pratique est essentiellement axée sur la recherche du bonheur. Puis vinrent trois courants de pensée importants issus de la doctrine de Socrate ; les sceptiques, les épicuriens et les stoïciens. Cicéron, Sénèque, Épictète et Marc Aurèle sont quelques-uns de ceux qui faisaient partie de cette école. Le stoïcisme tente de répondre à comment être heureux, il se fonde sur la recherche du bonheur. On est heureux quand on se soumet à la nature et au destin. C'est accepter le monde tel qu'il est. Agir sur ce qui est en notre pouvoir est le principe des stoïciens. Qu'est-ce qui rend malheureux sont manifestement les passions. Les épicuriens recherchaient le bonheur par les sens dans l'harmonie sans verser dans les vices. Ils pronaient l'absence de troubles par l'indifférence au monde. Austères, ils étaient, ils régulaient leur existence avec parcimonie en optant pour la tempérance et l'amitié. En ce sens, je me considère un épicurien avoué. Ils auraient été de ceux qui, aujourd'hui, auraient indiqué la liste des ingrédients sur les boîtes de  yogourt et le reste. Le doute dans les affaires sensibles et l'absence de tous jugements déterminent la doctrine des septiques dans la recherche du bonheur. Ce sont les platoniciens et les stoïciens qui ont le plus influencé les pères de l'Église. L'idée d'illumination, de contemplation, d'unité et d'intériorité furent les prémisses qui influencèrent des éléments de la philosophie avec la religion chrétienne.


Il existe trois sortes de pensées où se développe l'esprit : émotionnelles, rationnelles et intégrées signifiant l'équilibre des deux premières. La recherche de l'équilibre est la source de chaque chose. L'intuition, l'introspection et l'observation sont nécessaires au développement de l'esprit pour qu'il devienne raisonnable. Reconnaître ce qui se passe en soi est primordial tout en sachant distinguer les émotions trop vives ou/et les pensées disproportionnelles avec la réalité. Prendre un temps d'arrêt en méditant par une technique appropriée pour soi-même possède la même dimension que celui qui fortifie son corps physique. Savoir reconnaître les lacunes qui nous habitent est le début d'un processus de guérison. La construction de son corps et de son esprit s'effectue brique par brique jusqu'au moment jusqu'au jour que la construction se solidifie. Rien ne sert de se presser. Il s'agit simplement de s'appliquer au quotidien en prenant considération que ce travail sur soi est plus important que chaque chose. Actuellement en mode apprentissage accéléré, il est étonnant comment le les résultats s'effectuent  en y ajoutant volonté et détermination. Les fruits mûrissent sans aucun doute. Il vient un temps où il est impossible de remettre à demain ce qui est nécessaire à son bien-être actuel. Se choisir est l'une des plus remarquables décisions que l'on aura à prendre dans toute sa vie. Pour ce faire, il faut fortifier sa base, ses forces, ses acquis et ses intérêts. Se choisir, c'est avant tout avoir un esprit sain dans un corps sain. Il ne sert à rien de courir, mais plutôt de partir à point. Toutes ces maximes nous révèlent la nécessité de chaque chose. Je ne peux me changer, mais je peux me transformer avec ce qui est. Notre vie n'est pas une ligne continue, quelques pas en avant requièrent de faire quelques pas en arrière. L'important est d'agir avec le meilleur de soi-même. Pour y arriver, il faut des efforts, des apprentissages, des expériences et de l'amour pour soi avant toute chose. Lorsque j'exprime tout ceci, mes objectifs et les moyens pour y parvenir me semblent plus clairs. Il y a un moment pour toute chose, savoir s'arrêter est l'un d'entre eux, savoir prendre soin de soi adéquatement en est un autre. Le plus important est de différencier ce qui est possible de changer de ce qui est impossible à faire. Écrire représente pour moi une valeur thérapeutique et pédagogique sûre au point de ne plus être capable de m'en passer. Il permet à mon esprit de se formater rationnellement. De toute évidence, je développe ma capacité à objectiver ma pensée tout en raffermissant mon langage. Je m'étonne, de plus en plus, de la fluidité des mots exprimés sur ce médium et de l'intérêt que j'y porte. Vieillir est d'accepter de voir ses capacités physiques diminuer. Est-il possible que les facultés spirituelles et de l'esprit s'activent dans une recherche d'équilibre compensant cette perte ? La neige a neigé aujourd'hui, je me rapproche du solstice d'hiver.

26 novembre |

Je ne sais pas si je suis le seul à le constater, j'ai l'impression que l'ordre du monde que j'ai connu jusqu'à présent est en train de se désintégrer. Je rêve intensément chaque nuit. Au réveil, je peine à me souvenir de ces songes étranges, c'est le moins que je puisse dire. Cette nuit, mon rêve était intense et incroyablement réel. En buvant des jus spécifiquement sélectionnés, je fus plongé au printemps de 1967 à San Francisco dans le Summer of Love. Cette expression désigne plus particulièrement les événements qui se déroulèrent d'abord dans le quartier de Haight-Ashbury, à San Francisco, où des milliers de jeunes du monde entier se réunirent librement pour une nouvelle expérience sociale, faisant ainsi découvrir la contre-culture hippie au grand public. Je me retrouve donc ainsi dans un univers complètement transformé où il n'y avait aucun téléphone portable. Les gens prenaient le temps de marcher allègrement en se regardant et discutant. Ils allaient spontanément vers les autres de façon décontractée. En entrant dans un grand espace musico-social, je faisais partie intégralement de ces jeunes gens qui festoyaient à l'intérieur de cette époque totalement réaliste. J'étais devenu en l'espace d'un songe l'un des leurs. Dans cette frénétique expérience, je tentais éperdument de contacter des connaissances de mon époque pour leur exprimer mon incroyable enthousiasme d'avoir remonté le temps dans cette fantasmagorie. C'est étrange comment les rêves se dissolvent rapidement au réveil. J'y aurait resté quelques heures de plus, sinon davantage. Très peu de ces jeunes gens qui étaient présent survivent encore aujourd'hui au Summer of Love du printemps de 1967. 


25 novembre |

Lorsqu'on travaille, que l'on est occupé, on n'a pas le temps de penser. Plusieurs évitent de penser, car ils ne savent quoi faire de leur esprit, alors ils bougent ou se divertissent sans cesse. Une métamorphose s'exerce en moi depuis peu avec cette révélation pourtant simpliste. Je prends plaisir à exercer mon esprit pour lui-même. La seconde question qui prend place est ; que représentent les autres dans ma vie, à part les amis sincères, quoique rares, pour ne pas dire inexistants. L'erreur que j'ai faite pour signifier ce fait est de ne pas avoir suffisamment été mon propre ami. Comment les autres pourraient-ils me reconnaître si je ne me reconnais pas moi-même ? Ceci représente l'un de mes plus grands mystères devant lequel j'ai peu de réponses. Peut-être je ne le méritais pas ? J'ai récolté à ce jour ce que j'ai semé, tout juste pour survivre. Avant de philosopher, je médite. Je développe une discipline qui, une fois amorcée, m'offre des résultats concrets. Le niveau de conscience s'élève ainsi en m'apportant une plus grande confiance tout en développant mon autonomie. Je deviens pour ainsi dire ma propre lumière. De ce fait, je n'ai plus besoin de grandes choses à part combler mes besoins de base. J'ai déjà été fou au point que je croyais pouvoir changer le monde, utopie de jeunesse ou expériences pour évaluer mes forces créatrices. Il vient un temps où je dois choisir mes combats. C'est l'exercice que je suis en train de développer qui représente un élan de sagesse propre à un homme de mon âge, ou du moins je l'espère. Il vient un temps où je dois me poser des questions et réfléchir sur le sens de la vie, notamment la mienne. La philosophie signifie amour de la sagesse. Le langage est la chose elle-même qui agit, c'est un instrument d'action et de puissance. Les sophistes s'appuyaient sur cette conception pour enseigner leur doctrine. Le langage sert à convaincre les gens de ce qu'on veut bien faire entendre. En résumé, le langage ne sert pas à dire la vérité, mais pour faire croire ce que l'on veut. Au tribunal, l'essentiel n'est pas de dire la vérité, mais de gagner le procès. En politique, l'essentiel n'est pas de dire la vérité, mais de gagner les élections. La publicité n'est pas pour nous faire apprendre quelque chose, mais pour nous faire acheter une idée ou un objet. Ainsi argumentaient les sophistes, le langage étant leur point d'appui. La vérité émane de celui qui observe, elle n'est pas absolue. La conception des sophistes est que nous ne savons rien et que tout ce qui apparaît à l'homme est vrai. L'homme possède la mesure de toute chose. Chaque homme détient sa propre vérité. L'ironie de Socrate est une manière de se moquer en disant le contraire de ce qu'il voulait exprimer. Elle diffère du sarcasme qui possède de la méchanceté. Le langage n'est pas la réalité, le langage est le non-être. L'être peut être ressenti, mais pas exprimé par le langage. Le langage ne communique pas la réalité de l'être. L'être est incommunicable. Le langage sert à agir sur les gens, sur la foule, il est un mode d'action. Le langage sert à aller vers l'autre qui représente une action, il ne détient que des partis sensibles qui ne sont pas des réalités. Le langage malgré ses faiblesses est une nécessité. Le monde de nos sens qui nous informent est le monde sensible. Socrate était un redoutable adversaire des sophistes en tentant par des discussions aléatoires de révéler la vanité de ses interlocuteurs. Il dérangeait bourgeois et représentants de la magistrature lors de vives discussions et en révélant leurs langages douteux visant à dérober les vérités qui ne devaient pas s’exprimer au peuple, il a été condamné à mourir. Souvent j'ai dérangé par mes propos visant à démasquer les imposteurs vaniteux, pourrais-je dire ainsi. En étudiant la philosophie, comme je le fais en prenant une multitude de notes, mon esprit s'éveille. Je tiens à le nourrir afin qu'il ne perde pas son agilité par des exercices concis. Animant ainsi mon esprit, je développe mon plein potentiel, non plus en tentant de convaincre qui que ce soit, mais pour devenir ma propre lumière et en reflétant ma propre réalité. Socrate cherchait non pas la vérité, son but était de dépister les imposteurs. Cette étude me fait réfléchir sur l'essence des choses davantage que de leurs apparences. Ce n'est pas demain que j'excellerai, mais je dois bien débuter quelque part.


Les bases de la philosophie reposent sur l'être et le devenir d'Héraclite et de Parménide, philosophes présocratiques. Ce qui est ne peut être un non-être. Mobilisme et immobilisme universel sont les premières préoccupations métaphysiques. La philosophie actuelle repose sur l'abstrait et ce qui est en dehors de la nature et de la science. La philosophie, c'est acquérir de l'expérience pour apprendre des lois universelles. Ce n'est pas une réflexion sur soi, mais une expérience. C'est exercer l'intelligence pour découvrir la réalité. La philosophie a pour but de découvrir les choses et non pas d'enseigner une thèse quelconque. Un philosophe a le but de faire apprendre des choses par l'expérience de la pensée et non pas d'affirmer des certitudes ou des principes. Le dialogue est nécessaire aux philosophes pour faire accoucher la vérité. Le philosophe pose les questions afin que son interlocuteur apprenne la vérité par lui-même. Paul, un vieil ami né à Terre-Neuve et habitant Prague depuis 25 ans, était l'un de ceux-là. Il savait poser quelques bonnes questions afin que son interlocuteur apprenne sa propre réalité. C'était un travailleur de rue instruit  et curieux. De tous temps, ceux qui m'ont approché avec la morale ou des convictions personnelles n'ont pas réussi à me faire progresser et apprendre. Socrate disait qu'il ne savait rien, mais qu'il fallait chercher la vérité. Pour cela, il faut poser les bonnes questions en évitant de décrire des systèmes, des concepts. Il ne faut pas connaître la philosophie par une définition, mais par l'expérience. La philosophie s'apprend en premier lieu par l'histoire et l'introspection à la philosophie pour ensuite poser les bonnes questions cherchant à trouver sa propre réalité. Apprendre à philosopher, c'est apprendre à éduquer son esprit en lien avec sa propre expérience.


23 novembre |

On apprend la philosophie par ceux qui nous ont précédés. Pour ce faire, il faut lire les grands préceptes des philosophes et découvrir parmi eux notre propre vérité. Au préalable, une introduction à la philosophie est nécessaire pour comprendre les différents systèmes de pensée au fil du temps. La philosophie est née en Grèce antique pour devenir la philosophie chrétienne et ensuite la philosophie de la nature, moderne et contemporaine. La philosophie est la science qui nous permet de bien réfléchir sur des sujets universels. Plusieurs contemporains ont perdu cette faculté pour différentes raisons, c'est bien dommage. Ce fait se résulte par la crise actuelle que nous connaissons, qu'elle soit politique, économique, culturelle ou spirituelle. De nos jours, les gens sont formés pour des disciplines pratiques qui ne tiennent pas toujours compte de la façon qualitative de leurs pensées. Les différents courants de pensée sont reliés trop souvent à des intérêts spéculatifs et personnels. Seule la philosophie permet de bien saisir l'essence même de la vie dans son ensemble. Pour des raisons de rendement aujourd'hui, la pensée s'effrite de plus en plus surtout avec les technologies actuelles. On forme les gens principalement pour accomplir des tâches et de moins en moins pour réfléchir sur son propre système de pensées qui demande des efforts. À vrai dire, ça ne semble pas rentable et productif à court terme. Là est le problème aujourd'hui, il faut que tout se passe rapidement. Depuis la nuit des temps, la philosophie tente de répondre aux mêmes problèmes, seule la forme, les concepts et les mots ont changé. Ce qui relie les grands philosophes, ce sont leurs intuitions de base qui ont procédé à leurs doctrines. Pour comprendre les philosophes, il faut découvrir les grandes intuitions qui les animaient. Une connaissance me dit qu'il est mieux d'avoir davantage de sentiments que d'émotions. Sage homme, ce Roger qui me parle ainsi considérant qu'il a un cancer. Je suis un cours en ligne sur l'introduction à la philosophie. Si je passe à travers, ce sera plus de vingt-cinq heures de visionnement dans une multitude de capsules évoluant au fil des siècles. Avant d'embrasser la vie monastique, l'abbé Jean-Marc Rulleau, théologien et pédagogue, enseigne et partage sur internet l'introduction à la philosophie en Suisse. Le premier énoncé philosophique fut que tout est changement et permanence. Ce qui est amusant au visionnement des enseignements, c'est la cloche signalant la fin du cours. Je remarque en ce moment qu'il y a toujours en moi l'observateur et l'objet observé. Ceci représente une dualité, un conflit. Si l'égo est à l'œuvre, toute forme de méditation est impossible.


22 novembre |

La métaphysique est la branche de la philosophie qui étudie la nature fondamentale de la réalité. Elle s'intéresse à des concepts tels que l'être et l'identité, l'espace et le temps, la causalité, la nécessité et la possibilité. Elle comprend notamment des questions sur la nature de la conscience, l'âme et la relation entre l'esprit et la matière, ou entre la substance et l'attribut. Loin de me définir philosophe, je m'intéresse aux grandes questions de cette nature. Dans la Grèce antique, étaient appelés philosophie tous les grands sujets allant de la science, la politique, la psychologie, la spiritualité et les lettres. À partir du XVème siècle, on a retiré progressivement plusieurs disciplines qui composaient alors la philosophie qui désigne la sagesse. Les sages de la Grèce antique organisaient la politique pour le bien-être de la société, qui était alors la plus grande distinction. La philosophie représente les grandes questions que se pose l'humain sur lui-même et son rôle dans l'univers. C'est la recherche de la vérité. La recherche des causes en philosophie est une attitude intellectuelle qui incite à trouver ce qui génère les faits et les événements constatés. Pour bien réfléchir, l'esprit doit avoir des dispositions relatives à son fonctionnement. Un esprit embrouillé ne sera pas disponible pour répondre aux équations délicates de la pensée. Tout esprit ne doit pas être soumis à des intérêts particuliers autres que la recherche objective du sens de la vie humaine et d'une pensée juste. C'est pour ces raisons que les grands penseurs et philosophes méditaient. Il est impossible de voir le fond d'un lac si les eaux sont troubles. Méditer oblige à s'imprégner du moment présent. Je devrais créer des personnages pour m'accompagner dans les moments de grandes solitudes. Je leur prêterais plusieurs attributs. De multiples questions demeurent sans réponses, par exemple celles relatives à la solitude. Jusqu'à quel point j'ai besoin des autres pour vivre heureux ? En quoi les autres me font progresser ? Si philosopher, c'est s'ouvrir et que l'autre se referme pour différentes raisons, j'ai le devoir de m'abstenir de sa présence sans jugement. La confiance en moi s'accroîtra en retrouvant des intérêts vitaux et des objectifs réalistes pour les atteindre. C'est à ce moment précis que l'autre interfère avec mon être, telle est la mouvance invisible et métaphysique de l'univers. Je crois malencontreusement n'être pas celui que je crois être. Ma pensée, pour telle ou telle raison, s'est mise à croire que j'étais ceci ou cela. Il y a un doute dans la demeure, je précise. Mes expériences ont fait de moi en partie celui que je crois être. En étant seul, je peux me penser librement, ce qui n'est toujours pas le cas en compagnie de l'autre. Philosopher comme je précise est d'aller aux causes. Quelle est la cause de ma pensée actuelle qui est le reflet de ma personnalité. Ne serait-elle pas une création erronée de mon esprit devant des circonstances qui ne s'appliquent plus à ce jour. La construction d'une identité n'est-elle pas le fruit d'une époque révolue, d'un sordide schéma répétitif et dépassé qui avait sa place dans un passé quelconque ? Philosopher m'aide à me redéfinir sur des bases actuelles en situant les causes de telles ou telles pensées ou d'émotions ne m'habitant plus et qui n'ont plus aucun lien avec la réalité actuelle. Mon identité s'est créée de façon aléatoire et contingente qui ne respecte pas l'être qui s'y retrouve pour différentes raisons, telle la peur notamment. La philosophie n'est pas un système de pensée, car les causes sont immuables. Cioran a dit qu'on ne devient vraiment lyrique qu'à la suite d'un profond trouble organique. Venir au monde n'est-il pas la manifestation d'un trouble quelconque si on ne sait pas séparer le bon grain de l'ivraie en déployant nos ailes avec sagesse ?


21 novembre |

Contingent signifie ce qui peut arriver ou ne pas arriver, ce qui est fortuit, occasionnel, accidentel, incertain, aléatoire. Il y a des circonstances contingentes. C'est ce qui possède une importance secondaire, un caractère accessoire. L'essentiel est contingence, disait Sartre. Ce n'est pas la raison qui détermine l'être, mais les affects. L'existence est à sentir, pas à expliquer. Ressentir la nausée, c'est se réveiller par nos affects, c'est sortir de son sommeil. La raison seule ne peut divulguer toute l'essence de l'existence. Pour Heddeiger, l'existence est une angoisse, pour Sartre c'est une nausée. Le monde de la raison n'est pas celui de l'existence. L'existence passe par nos affects. Sartre fut un génie, grand philosophe et écrivain. Il est le père de l'existentialisme qui est ni plus ni moins un humanisme. Ses écrits ne sont pas toujours aisés à suivre pour le commun des mortels, mais je retiens de lui qu'il a su adapter la philosophie à la littérature. La nausée est un roman philosophique. Je trouve cela fort intéressant pour celui qui se cherche son propre style. Tous et chacun développons des réflexes qu'il est difficile de s'en détacher sans un certain effort associé à une conscience accrue. Pour développer ma conscience, je médite au quotidien. Je manque de constance dans ma pratique ce qui provoque chez moi un égarement émotionnel et sprirituel. J'essaie de me rattraper. J'éprouve ces temps-ci un urgent besoin de méditer. Ce qui m'apparaît difficile au début devient de plus en plus accessible. Méditer, c'est accepter de grandir, c'est mettre un peu de baume sur mes agitations. Méditer, c'est agir en quelque sorte. Agir, c'est exister. Écrire c'est exister. Écrire exige qu'il y ait un début et une fin, en cela c'est mettre un terme temporaire à la nausée, à l'angoisse. Écrire, c'est interrompre le temps dans l'action. C'est interrompre le chaos qui règne dans mon esprit. Écrire c'est créer. Créer c'est vivre.


20 novembre |

David Bohm dans ses Dialogues affirme que dans les conversations, l'important est davantage ce qui se passe en discutant que la formulation. J'ai opté pour cette pratique lors de la thérapie de groupe amorcée cette semaine. Je n'en suis pas à ma première et possiblement pas à ma dernière. Jadis, la honte m'affligeait à exprimer ce fait que maintenant j'y éprouve du courage. Je reconnais la chance que je possède en me comparant aux malheureuses à la table. Les participantes dans le cercle présentaient des malaises apparents auxquels je fus confronté. J'avoue que les soins apportés par ces institutions sont d'une réelle nécessité. Il m'aurait été impensable jadis d'exprimer publiquement les raisons qui m'entrainent dans un processus thérapeutique. Bien entendu, ce n'est pas toujours de gaieté et de cœur que j'y vais, mais comme le gym, c'est après un certain temps et des efforts que je récolte des résultats. Je tiens à profiter de tout ce que la société m'apporte afin d'être une meilleure personne et un meilleur citoyen. Je ressens le devoir de m'offrir les moyens nécessaires pour maximiser mon potentiel et ma vie. En ce sens, je n'ai absolument rien à cacher, bien au contraire. La thérapie cognitive- comportementale révèle les thèmes reliés aux émotions, les pensées, la conscience, les comportements et les relations interpersonnelles. Plusieurs étapes de vie sont douloureuses et demandent une attention particulière, notamment la retraite pour moi. J'ai cru à tort y être préparer. À différentes étapes de ma vie, j'ai reconnu avoir quelques problèmes qui, sans une aide particulière, il m'aurait été difficile de traverser. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, mais une montagne à gravir. Demander de l'aide exige d'avoir beaucoup d'humilité. Demander de l'aide exige de reconnaître qu'il y a un problème qui devient difficile à faire face soi-même. Demander de l'aide exige de se démasquer soi-même et les autres. En ce sens, je crois que j'ai beaucoup cheminé, la preuve est l'exercice exprimé publiquement en ce moment. Cette fois, j'ai le temps et le goût de m'investir pleinement dans cette thérapie que je considère comme l'une des meilleures approches thérapeutiques en ce qui me concerne. Je suis interpellé pendant les quelques mois qui suivront à témoigner de mes observations et de mon ressenti. Je n'entrerai pas dans tous les détails pour rendre mon témoignage accessible en sachant conserver une certaine pudeur. Pour citer un élément de ma personnalité, je m'étonne d'être parfois, voire souvent, troublé par les comportements d'autrui. J'exagère les faits au point de passer parfois à côté de la réalité. Je suis un enfant de la télévision comme bien d'autres et, depuis une décennie, une addiction des médias en ligne. Le problème avec les nouvelles, c'est qu'elles sont toujours mauvaises ce qui teinte l'esprit de négativisme. Cela requiert beaucoup de discernement et de maturité pour filtrer le contenu des contenus médiatiques. Je comprends maintenant les causes de mes distorsions, n'étant pas prêt à les exprimer maintenant. La consommation de tranquillisants distribués aux enfants est une manifestation des problématiques réelles de la société d'aujourd'hui. Maintenant, si je pousse mon observation, je pourrai dire qu'il y a beaucoup d'enfants heureux sur terre déployant des énergies saines et contagieuses. Ce qui m'a apparu difficile hier était de me retrouver le seul homme au sein d'un groupe de huit participants. J'ai surmonté le défi en cassant la glace. En réalité, le plus difficile fut la fatigue émotive à mon retour. Plus jeune, je tenais un journal intime qui exprimait des émotions si fortes qu'il m'aurait été impensable de le publier. Ces cahiers illustraient des poèmes sombres que m'inspiraient les poètes maudits introduits dans ma jeunesse. Je m'identifiai à eux par le malaise qui m'habitait. J'ai exploré à fond différents styles, ne m'y retrouvant guère. Plus tard, dans le cadre de mon travail, en maintenant à jour les communications et le site internet de l'entreprise que j'ai créé, j'ai appris alors le sens de l'esthétique et du travail bien fait. Tout cela pour arriver aujourd'hui à la retraite devant une profonde plénitude, une liberté totale d'expression et une confiance accrue en moi-même. Toutefois la partie n'est jamais gagné car je suis dans le temps, je suis un mortel. Pauvre imbécile, il te reste qu'à jouir de la vie pleinement mais sans hâte. Les germes si longtemps portés en moi apportent aujourd'hui ses meilleurs fruits. Mon apprentissage ne s'est toujours pas effectué dans la facilité, que maintenant, avec le spectacle de tant de souffrances, je prends conscience que j'ai réussi ici et maintenant. Je ne suis pas à l'épreuve des intempéries, mais mon vaisseau est plus costaud pour affronter les tempêtes. La compassion s'exerce avant tout avec moi-même pour ensuite la propager à autrui, sinon elle s'annule dans la complaisance. Dalaï-Lama a dit que les périodes de grandes difficultés sont souvent les plus profitables, en termes de sagesse et de force intérieure.


18 novembre |

Le 17 novembre, j'ai célébré le trentième anniversaire de l'occupation de mon logis. Pour l'occasion, j'ai effectué une splendide randonnée avec une précieuse amie suivie d'un repas. La première moitié de ma vie fut sous le signe d'une furieuse instabilité. La seconde a été plus pondérée et stable, dans laquelle j'ai travaillé d'arraches-pieds durant trente années, c'est le moins que je puisse dire, pour Vert l'Aventure Plein Air, une micro-entreprise que j'ai fondée en 1994. J'ai alimenté ce travail comme s'il était une part entière de moi-même et de ma famille qui n'a en réalité jamais existée. J'ai accompli ma tâche avec passion, rigueur et détermination. Au supermarché aujourd'hui, je m'étonne de voir tous les maghrébins qui y travaillent. Je tente un contact avec l'un d'entre eux qui me répond sèchement qu'il ne parle pas québécois, mais français. Que sommes-nous donc, lui dis-je. Aucun effort n'est déployé de sa part en retournant à ses tâches. Peut-être n'en a-t-il pas le goût ou n'a-t-il pas le temps, que sais-je. Me dirigeant vers la caissière, une marocaine voilée me mentionne de ne pas parler le québécois. Jadis, j'aurais perçu un curieux malaise que maintenant, avec un certain recul, je vois ces personnes différemment. Prendre cela personnel et verser dans des interprétations erronées serais malheureux de ma part. Lorsque j'ai créé mon entreprise en 1994, internet n'existait pas, il fallait alors aller vers les autres. On appelle étrangement le progrès cette affaire. Le seul progrès que j'observe est celle de la technologie. Le progrès humain et collectif, je les vois à peine au point de ne plus reconnaître mes repères. Ai-je à ce point changé ou est-ce le monde qui change ? Les deux dirais-je. Les relations humaines à l'ère numérique ont perdues leurs lustres où est-ce mes perceptions qui se sont atrophiées avec l'âge ? Ce progrès est récupéré en partie par les entreprises qui deviennent synonymes d'une recherche avide de pouvoir dans un va-vite condescendant. Dans ce temps-là, le Québec était homogène, à part la métropole. Malgré la misère, la fraternité et les cadres existaient. Les politiciens doivent renforcer les règles, celles que nos prédécesseurs ont déployées pour conserver les acquis, la culture et le vivre ensemble. Les gardes fous doivent être continuellement révisés pour éviter des situations conflictuelles voire dangereuses. L'ignorance, le repli sur soi dans le rejet de l'autre et l'indifférence sont le reflet d'une société atrophiée. Que s'est-il passé pour avoir si promptement rompu avec les valeurs qui nous ont porté ? L'appât du gain serait-il plus fort que notre amour au point de renier nos frères. Le fatalisme face aux défis contemporains est-il un refuge ou un danger ? La question se pose. Dans le dictionnaire, le fatalisme est ce qui s'abandonne aux événements et qui les accepte avec résignation et passivité. J'éprouve de la difficulté à me résigner, car il y a toujours une lueur au bout du tunnel. Par contre, j'ai l'impression parfois de vivre dans un tunnel qui me sert de refuge. Dans plus ou moins une décennie, le français pourrait devenir une langue seconde avec l'arrivée récente d'une immigration massive. Devrais-je parler l'arabe ou l'anglais dans un avenir rapproché ? Les immigrants, pour la plupart, tentent de reproduire le monde dans lequel ils proviennent, c'est le réflexe exaltant de l'instinct de survie. Les plus forts s'intègrent, les autres moins. Les guettos les guettent, beau jeu de mot qui en dit long sur ces malheureux qui seront peut-être nous dans un avenir rapproché. Les québécois en sont-ils venus à vivre reclus dans ces ghettos, le monde ne nous appartenant plus comme autrefois. Pour se rappeler qui nous sommes, le roman Menaud, maître-draveur de Félix-Antoine Savard est une référence considérable. C'est l'histoire d'un peuple qui se soumet. C'est une partie de mon histoire, ou presque. Ces adhérents trahissent leurs frères pour quelques dollars vaniteux et quelques heures de gloire. C'est comme ça que la vie est devenue si chère. Les gens venus d'ailleurs ne sont pas prêts à délaisser leurs coutumes et leurs cultures, néanmoins des efforts doivent être considérés afin de jeter des ponts dans les sociétés qui les accueillent. Qui suis-je, sombre abruti, pour faire la morale ? Ne suis-je pas fait que pour décrire les beautés du monde, ne parvenant qu'à voir ses travers ? J'éprouve depuis peu un fort sentiment de liberté, celui de me penser et de penser le monde dans lequel je passerai le reste de ma vie. À tous les jours, mon voisin Karl me demande quel jour l'on est. Depuis qu'il ne va plus à la messe du dimanche, il est perdu. Un jour, il ne se souviendra même plus qu'il est perdu. C'est pour ça que j'écris, c'est pour me rappeler d'où je viens, où je vais, même si je n'en sais rien. En réalité, je ne sais pas grand chose à part d'assembler des mots furtifs. Les pensées que je ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'inscrustent, qui m'alourdissent, qui prennent la place des idées neuves et qui me pourrissent. Je deviendrais une décharge à vieilles pensées qui puent si je ne parle pas, c'est pour ça que j'écris. Écrire m'apparaît le prolongement de mon regard vers l'intérieur de mon être. Écrire c'est échapper à la tentation de me fuir. 


J'ai mal au pied à trop vouloir me fuir. C'est la seule chose que j'ai apprise dans la vie jusqu'au moment de me raconter à travers le blogue. Il exprime ma renaissance autrement que par mes pas usés par la force des choses. Ce qui fut longtemps une échappée belle est devenu un exutoire, le fourre-tout de mes peurs. Écrire, c'est affronter le vent de face. C'est lentement écumer le vent me pousser dans le dos entre vents et marées. Écrire est ma force et ma dignité dans l'adversité. Écrire devient mon leitmotiv dans l'absence de ma chair. Des étincelles de vérité naissent dans des éclairs de lucidité. Tout à coup, les mots ressurgissent de ma mémoire, les formes se dessinent allègrement, vuptueusement, tel le vaisseau que l'on remonte lentement des eaux sombres. Il y a tellement de choses qui refont surface de mon profond sommeil, telles les portes d'un vieux manoir qui après des siècles s'entrouvrent à la lumière du jour.


16 novembre |

Et maintenant, que se passe-t-il ? Où en sont mes projets à part de respirer à fond et d'entendre au loin les clochettes du Père Noël. J'écris moins, je lis moins. Mes plus récentes pratiques sont en pause. Dans le dernier café philosophique, la question retenue fut : est-ce que la colère collective est justifiable ? Après la victoire de Trump, la colère est palpable. Il y a deux semaines, la question retenue demandait si l'autorité doit être bienvaillante. Le café philosophique me permet de pousser plus loin la réflexion. Dans le groupe, il y a les assidus, j'en fais partie. Plusieurs connaissent mon nom, ça me réjouit. Il y a les nouveaux, intrigués par les discussions. Plusieurs ne reviennent pas, je n'en connais pas les raisons à part un possible épurement naturel selon les intérêts. Certaines personnes sont vraiment bien articulées. J'aime la rhétorique, la dialectique. Je ne dois pas me sentir diminué par les exaltations verbales d'autrui, mais plutôt être fier de faire partie d'une fraternité dotée d'une profonde volonté d'humanisme. Les participants viennent sur une base volontaire et plusieurs d'entre eux appliquent la simplicité volontaire dans leur vie. J'apprécie et je respecte beaucoup l'animateur Jacques qui anime une émission radiophonique hebdomadaire sur la simplicité volontaire à 10h00 les vendredis à CKIA. Mikaël, le dernier venu, est un jeune français doué, il a assurément une carrière prometteuse devant lui. Il anime le café philosophique à l'intérieur d'un format différent. J'assisterai à son atelier à la fin du mois qui regroupera un public plus jeune. Plusieurs affichent une certaine aisance à débattre en public et possèdent des connaissances accrues. J'apprends à mieux réfléchir. Tous et chacun avons eu de la colère à certains moments. Cette émotion, si elle n'est pas gérée adéquatement apporte des problèmes récurrents. Il en est ainsi de cette colère collective qu'un grand nombre d'américains ont exprimée lors des récentes élections. Trump a su exploiter la colère du peuple pour se hisser à la présidence, ce n'est pas rien. Ferry de Kerchove, ancien  ambassadeur et journaliste français, traduit très bien les aléas de la politique mondiale. C'est un génie de la rhétorique. Les manifestations de tous genres permettent un exutoire laissant relâcher de la pression. La colère contenue est dangereuse. Les raisons de la colère peuvent être autres que l'événement lui-même. Une mauvaise gestion des émotions entraîne des pensées erronées et des comportements douteux n'ayant rien à voir avec ledit événement. Depuis un an, je participe à un club de lecture. Depuis le dernier atelier, je réalise que mon intérêt a diminué. Toutefois, la venue de Charles, le nouvel animateur, laisse envisager des jours meilleurs. Idéalement, un groupe ne doit pas être trop homogène, là est le problème. Je me méfie des ghettos de toutes sortes, des groupes fermés. Pour qu'un groupe se développe sainement, la règle est sa diversité et son cadre sauf pour les groupes d'activités physiques qui requièrent une force accrue. Dans ma jeunesse et plus tard, les tuteurs ont cruellement fait défaut. Dorénavant, j'ai des indispositions devant l'ignorance et l'absence de volonté visant le développement humain et social sous toutes ses formes. Mon temps est devenu précieux, et pour cause avec ce temps qui file à vive allure. Kant disait que l'on ne peut apprendre la philosophie, mais on ne peut qu'apprendre à philosopher.


8 novembre |

Ce matin, j'ai croisé Simon, un itinérant. Il avait la vingtaine. En plus de ses fringues et de son baluchon, il avait une petite tente avec lui. Je lui demande s'il passe l'hiver dehors, qu'il me répond ne pas savoir ce qu'il adviendra de lui. Son propriétaire l'a jeté dehors, lui et sa copine pour effectuer des travaux. En chômage tous les deux, ils n'ont eu d'autres choix que de prendre la rue comme des milliers d'autres. Je lui demande s'ils dorment dans les refuges. Répondant par la négative, ils ont peur de ce qu'ils adviendront d'eux dans ces nids de violence, préférant camper dans les parcs urbains en attendant je ne sais quoi. Ils sont loin d'avoir un historique de santé mentale et de toxicomanie comme plusieurs qui séviçent dans les centres-villes. L'itinérance ne fait qu'augmenter avec le coût de la vie qui cible toutes les couches de la population. Que feront les gouvernements ? Réouvrir les institutions en santé mentale comme auparavant. À  partir des années 80 des milliers de patients des hôpitaux psychiatriques se sont fait montrer la porte. On appelait ça la réinsertion sociale et le rétablissement dans la société. Dans un passé pas si lointain, des groupes distincts de citoyens mal-aimés ont disparu de la circulation pour entrer dans ces hospices. Plusieurs d'entre eux étaient pourtant sains d'esprit, mais pauvres et orphelins. Les religieux, avec pour seul salaire la bénédiction du bon Dieu, s'occupaient de ces miséreux. Le système actuel ne peut aider tout le monde, un triage s'effectue, les moyens et le personnel aidant manquant cruellement. Il y a des itinérants que je vois dans la rue qui, avec un peu de soutien, seraient capables d'intégrer la société. Mais de quelle société parle-t-on ? Celle que je vois est aussi folle que les itinérants croisés. Mes propos sont acerbes à propos de la société, j'en conviens. N'est-ce pas ainsi que le monde est fait, pour les plus forts, comme dans la jungle. Qui vivra verra. Les plus faibles périront, le bon Dieu ayant pris des vacances prolongées pour le soutien des malheureux. C'est qu'aujourd'hui la science et la technologie ont remplacé la volonté du saint Esprit dans l'accompagnement des plus misérables. Voici le résultat et ce n'est rien à côté d'autres pays. Le système exige du rendement économique, ceux qui n'entrent pas dans cette case sont sévèrement exclus. Les organismes communautaires ne suffisent plus à la demande. Une réforme complète du système dans lequel on vit devrait être mise en place mais nul ne semble disposé à sortir de sa zone de confort en établissant de véritables réformes pouvant offrir par exemple un salaire universel garanti pour tous. Parfois, j'aimerais disparaître tout doucement à la lumière du jour pour m'envoler dans un monde meilleur. Parfois, je rêve d'une autre galaxie où la vie serait plus accueillante. Parfois je rêve d'un endroit où l'on ne perdrait pas sa vie à vouloir la gagner. Dans mon immeuble habite Karl, sa santé physique et mentale décroît considérablement. Il est négligent de sa personne, il fait pitié à voir. Pourtant, il sait raconter de belles histoires. Le problème, c'est que plus personne ne s'y intéresse. C'est ainsi que la vie se termine pour les mal aimés, les rêveurs et les incompris. Ils n'avaient qu'à joindre les rangs dira-t-on. La société n'as que faire des rêveurs, elle requiert davantage de combattants inutiles pour distraire les millionnaires. Par chance, la méditation quotidienne me ramener doucement de ces distractions insipides mais cruellement nécessaires. Les itinérants prenant du fantanyl ne mettent pas en totalité fin à leurs jours, c'est le système dans lequel oeuvre de grands réseaux bien intégrés dans la société les tuent. Ceux qui possèdent beaucoup de pouvoir et d'argent sont immunisés dans ce système où la justice les protège. Et je ne parle pas des malheureux qui partent en guerre pour des sombres idéologies qui n'ont rien à voir avec eux pour la plupart.

7 novembre |

Je ne suis pas celui que je pense être. Je ne suis pas ma maison, mes diplômes, mon curriculum vitae. L'amour est mon salut. Vouloir être le monde, c'est vouloir être aussi fou que lui. Il a fallu être aussi fou que lui pour vouloir s'y intégrer. Souvent, j'ai perdu mon pouvoir dans la peur ne favorisant pas l'apprentissage. Au début, il y a l'émotion qui engendre la pensée, qui engendre l'attitude, le cycle parfait de la névrose Je fus longtemps dissocié de l'amour par la présence de la peur. L'amour débute lorsque la peur s'efface. L'amour transcende l'égo signifiant le petit moi séparé. L'amour s'obtient en embrassant le nouveau, délaissant le passé. L'égo est l'amour de soi se transformant en haine de soi. Tout ceci ne m'est pas inconnu, mais enseveli dans une montagne d'insouciance. Pour parvenir à me détacher de la douleur, il est essentiel de reconnaître l'amour qui me porte. L'amour est indissociable de la paix. Peace and love is my mind. Paix et amour sont les mots ultimes tel un mantra permettant de retrouver ma véritable nature. Ces mots doivent être accompagnés d'un inévitable lâcher prise. Lentement, je reviens à ma source, m'ayant oublié quelque temps par manque de vigilance ou de folie. L'équilibre tient sur un fil. L'amour est le seul bonheur durable. J'ai essayé le chocolat, à trop en manger, je suis devenu malade. C'est ainsi que j'ai reconnu ce qui est durable ou pas. Il arrive parfois de m'envoler avec beaucoup d'assurance et d'insouciance. La cigale ayant chanté tout l'été se retrouve fort dépourvu quand la bise fut venue. Je n'aime pas les montagnes russes. Prendre l'autobus à l'automne me permet d'échanger avec différents personnages en contraste avec le voyageur solitaire que j'incarne involontairement durant la chaude saison.  Jeune, je n'aimais pas l'hiver que maintenant je cajole assidûment sa cinglante fraîcheur.

6 novembre |

Sociologue de profession, Roger a eu 81 ans. Il a travaillé auprès du gouvernement durant sa vie active et à la retraite, il a siégé dans différents conseils d'administration d'organismes communautaires. Depuis trois ans, il a le cancer de la vessie, l'un de ceux qui se traitent le mieux. À la table du café habituel, je lui demande comment il va, qu'il me répond sereinement très bien. La mort ne lui fait pas peur, il croit avoir fait son temps en s'exprimant avec sérénité et humilité. On parle politique et de société. Il dit que certains problèmes actuels résident dans le fait qu'il y a trop de vieux. Selon lui, il y a plus de gens qui demandent des soins que davantage de soignants. Près du tiers du budget provincial va au budget de la santé et des milliers de gens n'ont pas de médecin de famille. La liste des problèmes auxquels fait face la société concernant l'accès aux soins de santé est complexe. Selon moi, ajouter un frais minimum initial aux soins reçus selon les revenus des usagers dégagerait beaucoup de latitude au régime actuel. Aucun parti politique ne va en ce sens, car ils perdraient leurs électeurs. Avec le statut quo, ce sera l'accès aux soins qui deviendra inaccessible dans le secteur public pour bien des gens. Les usagers, pour obtenir des soins, devront se tourner de plus en plus vers le privé et les montants versés seront plus onéreux. Si rien ne change, les moins nantis seront de plus en plus malades et il en coûtera davantage encore à l'État. Ceci représente, selon moi, une solution à court terme de ce que l'État peut faire pour renforcer l'accès aux soins de santé. Dans quelques décennies, la situation se résorbera peut-être lorsque les baby boomers disparaîtront, ces derniers représentants la plus grande strate de la population. On voit aussi apparaître depuis quelques années des pressions exercées sur les services publics en lien avec l'immigration massive. Roger demeure optimiste et surtout réaliste. Une chose que je lui ai enseignée, comme quoi il n'y a pas d'âge pour apprendre, c'est que les vieux, malgré le fait qu'ils ne produisent pas au sens propre du système actuel, peuvent apporter beaucoup d'humanité de leurs expériences, de leurs savoirs et de la richesse qu'ils possèdent s'ils se sont préalablement épanouis. L'équilibre peut être rompu à tout instant et sans crier garde. Je reconnais les soubresauts disfonctionnels actuellement dans le système et sans un apport accru d'humanité dans ce dernier, les choses ne pourront qu'empirer. À Roger, je lui dis que le simple fait de me parler contribue à l'accroissement de cette humanité. Prendre soin les uns des autres n'est pas compatibilisé, mais apporte une richesse accrue dans un monde qui se recherche éperdument. Est-ce que Donald Trump pourra apporter cette contribution ? Cela reste à voir. J'espère, comme la plupart des gens, que les Républicains mettront des gardes fous au besoin pour protéger le Monde de ce personnage qui ne reconnaît pas les institutions qui ont façonné la démocratie. Hier, je rencontre une vieille connaissance, Mounir, un septuagénaire copte égyptien établi depuis son enfance à Québec qui a fait carrière comme travailleur de rue. En causant, je lui fais part de ma participation régulière au café philosophique. En voyant son intérêt, je l'invite à la prochaine rencontre. On prendra le temps de discuter de tout et de rien avant l'atelier. Voilà le genre d'implication qui m'enthousiasme. Pierre, la cinquantaine, vit seul et travaille le soir dans un centre de recyclage. Son expérience de vie, ses propos, son écoute et ses observations font de lui une personne exceptionnelle dotée d'une grande sensibilité. On se rencontre parfois au café en parlant de soi et du monde dans lequel on vit. On tente de transformer ce qu'il nous est possible de faire, chacun à sa façon. On se ressemble à différents points de vue. Nous avons établi d'une rencontre régulière sur la grande table du café pour partager ensemble nos opinions, nos propos et les émotions perçues de nos expériences relatives. Voilà encore une fois l'implication dans laquelle mes motivations et mes intérêts m'inspirent.


4 novembre |

Adolescent, aussitôt que j'ouvrais l'œil au matin, je marchais jusqu'au moment de m'endormir pour la nuit. Les grands froids et les tempêtes ont vu mes nombreuses traces dans la neige. De plus loin que je me souvienne, j'ai bourlingué dans la ville qui m'a vu naitre pour ensuite dépasser les frontières. Ma vie se déroulait dans la rue et plus tard dans les sentiers, lorsqu'il y en avait, et sur les chemins les moins fréquentés. Hier, je suis allé à un concert de musique gratuit. Après trente minutes à l'intérieur d'une foule compacte, je n'ai pu résister d'aller marcher. J'ai réussi, avant de partir, à me délecter de chocolatines encore chaudes remplies de délicieux chocolat noir fondant. J'ai tellement marcher pendant des années que des gens ont décidé de m'accompagner où je désirais. Malgré moi, j'étais un motivateur moins par mes paroles que par mes actions. J'ai fait rêver beaucoup de monde les projetant dans un monde différent d'où ils provenaient. Tout comme Forrest Gump, je me suis arrêté et je suis retourné à la maison. À vrai dire, dans mes derniers kilomètres, plusieurs avaient déjà abandonné la course. Néanmoins, ils auront compris les raisons pour lesquelles ils marchaient. Ils ont compris qu'ils pouvaient le faire seuls ou avec des amis qui se sont faits durant le trajet. J'ai vu beaucoup de gens s'affranchir. J'ai vu beaucoup de gens cesser de ressentir le sentiment d'appartenance au groupe dans lequel ils ont marché. Je n'en suis pas la cause car la société a commencé à se transformer à l'époque où je marchais intensément. Je proviens d'une époque quasiment préhistorique avec mes histoires sans fil, sans connexion. Je proviens d'une époque dans laquelle internet n'existait pas. À son apparition, des apprentis leaders ont apparu dans la toile, laissant miroiter que le monde véritable s'y retrouvait. Avec internet, certaines personnes ont commencé à voir la vie à travers un filtre ne sachant plus discerner la réalité de la fiction. Internet pour plusieurs, les a mis au monde, pour d'autres, ils les ont barricadés dans un monde imaginaire avec des visages sans noms. Les grands marcheurs d'hier ont laissé place à des doigts clavardant sur des écrans pathétiques d'une société fractionnée. De leader de la promenade et de l'aventure, je suis passé à un illustre inconnu en quelque temps. Je continue à marcher chaque matin, mais j'ai cessé de regarder s'il y a des gens derrière. Ça ne sert plus à rien, ils sont retournés à leurs affaires, ils sont retournés dans un monde qui n'est plus le mien.


3 novembre |

Je rêve, surtout la nuit. Adolescent, j'avais une liste de voyages à effectuer, ils étaient nombreux. J'écrivais sur du papier la liste pour ne pas les oublier. Il y avait des montagnes, des rivières dans cette liste. Il y avait des odeurs, des paysages et des sourires qui m'étaient inconnus jusqu'alors. Ils étaient absents chez moi ou arboraient des teintes blafardes. Ou bien je ne parvenais pas à les voir. Ces voyages étaient mes tâches à effectuer, je m'y accrochait comme à un agenda. C'était mes seuls objectifs, c'était mes rêves éveillés. Il ne m'en reste qu'un seul, la Georgie et ses régions rurales et le centre nord de la Floride à vélo. Ils représentent les derniers remparts authentiques de ces États américains du Sud profond. La nuit, je revois en songes des gens que j'ai côtoyés. Parfois, je suis dans un bar que j'ai longuement fréquenté qui me plaisait. Dans mon rêve, ce lieu s'est transformé en une maison rustique et champêtre où je ne me sens pas le bienvenue. On transforme le bar en une sorte de petite fermette. C'est souvent comme ça dans mes rêves. Je rame beaucoup pour arriver quelque part qui, en réalité, n'existe pas. Je déploie beaucoup d'énergie dans mes rêves pour m'intégrer dans un groupe, mais je n'y arrive pas. Trop de fois, je me réveille seul, attristé. Trop de fois, je me sens impuissant devant ces songes étranges. J'essaie de les interpréter, c'est inutile d'essayer de comprendre dans les émotions. Dans mes rêves, c'est souvent comme ça, le jour comme la nuit. J'essaie de m'y faire en écrivant ce que je ressens. Je voudrais écrire sur des gens, des personnages. Je n'y arrive pas, je ne les vois pas, je ne les ressens pas. C'est pour ça que je rêve que je suis seul. C'est pour ça aussi que je me réveille seul avec comme seul compagnon ma respiration. Ça pourrait être pire, je pourrais ne plus respirer. Après ce dernier périple planifié dans les Sunshine States le printemps prochain, je sais que je voudrai par la suite revoir des lieux que j'ai déjà traversés. Je tenterai de le faire autrement tout en restant éveillé.