Cyclotourisme | Ontario, New York State et Vermont

Bienvenue sur mon blogue personnel. Ce journal intimiste dans ses récits et propos exprime un désir de dépassement et d'authenticité.

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15 septembre | Barnet, Connecticut River, Eastern Vermont

Mon départ à vélo ce matin m'a transporté au meilleur de ce que le Vermont peut m'offrir. Je débute avec une longue montée de dix kilomètres. Le parcours indique en partie difficile. Je n'aurais pas fait cela en début de saison. Après cette randonnée dans les montagnes, je suis capable d'effectuer tous les parcours difficiles du Vermont. Je ne vois pas de gens obèses sinon très peu. Plusieurs vermontois sont des amateurs de plein air. Les routes et la signalisation sont impeccables, toutefois les inondations subites par les grosses pluies laissent des dégâts importants. Les changements climatiques dans l'avenir obligeront des gens à délaisser certaines parcelles de territoire. J'ai téléphoné à Junior à la Vie Sportive pour le remercier du bon travail qu'il a fait sur mon vélo. Il roule à merveille. Je passerai à la boutique au retour pour acheter du dégraisseur et prendre des informations pour bien nettoyer toutes les composantes du vélo, choses que j'ai négligé dans le passé. Avec tout le plaisir qu'il m'offre, il mérite bien un bon entretien. Au total, je parcours 63 kilomètres dans un paysage idyllique. Au retour, j'achète un bifteck assaisonné et je file vers Groton State Forest me baigner à Boulder Beach State Park. Le site est paradisiaque, le bonheur est total. Ensuite, je m'installe pour la nuit derrière le garage municipal de Barnet sur la Connecticut River qui fait la frontière avec le New Hampshire. Les White Mountains ne sont pas très loin. What's a wonderful day. La Nouvelles Angleterre et l'état de New York sont incontestablement le meilleur terrain de jeu à proximité de Québec. On saura m'y retrouver dans les années futures.

14 septembre | Hardwick, Lamoille Valley, Central Vermont 

Ce matin, j'ai réfléchi plus longuement à la suite et j'ai décidé que ce n'était pas le moment de traverser la frontière du Québec. J'ai le fort sentiment d'avoir manqué quelque chose surtout qu'il fait admirablement beau. Je décide alors de m'enfoncer plus au Sud du Vermont. Il y a beaucoup de circulation sur les routes, surtout près de Stowe où se retrouve la plus haute montagne de l'État : le mont Mansfield avec ses 1 339 mètres. Stowe est le genre d'endroit que je déteste le plus en voyage avec sa horde de touristes du dimanche, surtout avec l'automne et ses couleurs qui se déploient partout. Je prends congé cet après-midi à la plage publique de Caspian Lake à Greensboro. C'est mon plus beau moment de détente du voyage. Les eaux du lac sont une pure merveille, je pourrais même y boire son eau. Toutes les maisons autour du lac valent plus d'un million, même les plus modestes. C'est un endroit pour les millionnaires, la plupart proviennent de Boston ou de New York. C'est un endroit de rêve en dehors des principaux axes routiers. Plus tard, je vais m'installer à Hardwick, au centre du Vermont pour la nuit. Demain, le départ à vélo se fera du village. À l'épicerie, un bon pain coûte 13 $ CAD, toutefois les économies sont substantielles sur l'essence. Il en coûte 0.60 $ de moins qu'au Québec le litre incluant le taux de change. La nourriture est excellente partout au Vermont, tout est organique et biologique, les fruits et légumes sont d'une étonnante fraîcheur. Je m'étais installé pour la nuit devant le jardin communautaire que je me suis fait dire poliment de quitter. Je suis aller plus loin près d'une rivière. Le shérif est venu me rencontrer suite à une plainte d'un voisin en rapport de l'endroit où je me trouve. Ce lieu a subi trois flash flood déjà, qui sont des inondations sévères. Le gentleman policier m'a dit qu'il ne voit aucun problème d'y passer la nuit sauf s'il pleut. Aucune interdiction n'est indiqué, je prends toujours bien soin de vérifier avant de m'installer. On a même entrepris une bonne conversation sur le vélo et la politique. Il n'est pas un fervent trumpiste, comme d'ailleurs la majorité des habitants du Vermont. Je lui ai dit à la blague que je ne mangerai pas les chats du village cette nuit, ce qui l'a rassuré et fait rigoler. Depuis mon départ je n'ai jamais autant vu de patrouilles de police qu'au Vermont. Je suis bien protégé.

La chose la plus importante dans toutes les relations humaines est la conversation, mais les gens ne parlent plus, ils ne s’assoient plus pour parler et écouter. Ils vont au théâtre, au cinéma, regardent la télévision, écoutent la radio, lisent des livres, vont sur internet mais ils ne parlent presque jamais. Si nous voulons changer le monde, nous devons revenir à une époque où les guerriers se réunissaient autour d’un feu et racontaient des histoires. Ce formidable texte est de Paulo Coelho.

13 septembre | Franklin, Northern Vermont

Avoir su que j'avais de si bonnes côtes à grimper de Richford, je n'aurais pas mangé des crêpes. C'est ma première véritable randonnée à vélo cette année dans les montagnes. La descente vers la prochaine vallée, j'atteinds des vitesses de plus de 65 km/heure. Mon compteur affiche désormais 2 200 kilomètres depuis le printemps. Le problème à vélo au Vermont est que le parc automobile augmente de plus en plus. Les automobilistes utilisent les vallées pour se déplacer et c'est à ces endroits qu'il est plus facile de rouler à vélo. En quittant les vallées, je m'enfonce parfois dans les montagnes aux dénivelés abrupts et hasardeux. Je rencontre quelques cyclistes Québécois. Les monts Sutton en Estrie sont juste à côté de l'autre bord de la frontière. Au Vermont, la plupart des vieilles granges sont rouges foncés, emblème pittoresque de l'État. La couleur provient du monoxyde de fer du lin dans la peinture qui apporte une protection accrue au bois des bâtiments. L'engouement du cyclotourisme à partir des années 70 a fait développer une étude de marché qui détermina que la moyenne de revenus des touristes faisant de la randonnée et du vélo était supérieure à la moyenne et que les dépenses associées à ces derniers étaient plus élevées. Depuis ce temps, un budget est alloué pour de légers accotements le long des routes, au bonheur des cyclistes. Le cyclotourisme demeure fragile avec le parc motorisé qui augmente sans cesse et, ce, partout. Je pense surtout, en affirmant cela, aux générations futures. À partir de Richford, je me dirige vers les hauts sommets des Montagnes vertes, Jay Peak est devant moi faisant écran avec ses 1210 mètres. À titre comparatif, le mont Sutton de l'autre côté des lignes a 962 mètres. Tout respire la beauté au Vermont, tout y est resplendissant. Toutefois, il serait impromptu d'improviser des parcours cyclistes avec toutes ces montagnes, avis aux amateurs. Internet offre peu de suggestions aux cyclistes, davantage aux randonnées pédestres. Je parcours 55 kilomètres avec facilité, par contre il y a beaucoup de circulation sur plusieurs tronçons. Au retour, je décide d'aller faire une virée à Jay Peak. Je découvre à ma grande surprise une piscine chauffée et un spa. Je stationne derrière l'hôtel. Personne, je prends mon maillot et une serviette, la détente est totale avec le soleil et les couleurs de l'automne qui commencent à se pointer. Je redescends à Missisquoi River Valley pour m'installer dans le champ de monsieur Bouchard à Franklin, à quatre kilomètres de Morses Line, la frontière avec le Québec. Monsieur Bouchard, franco-américain m'aperçoit rapidement dans le champ et voyant ma bonne gueule, il me donne la permission de passer la nuit. Il me raconte que les francophones disparaissent du côté de la frontière. Demain, j'irai faire le plein d'essence, il n'est vraiment pas cher ces temps-ci. Je retrouverai plus tard le petit peuple de la bonne société francophone d'Amérique, je viens de décider de retourner au coeur du Vermont, l'aventure n'est pas terminée, je suis pas encore prêt pour les Tim Hortons.

12 septembre | Richford, Missisquoi River, Northern Vermont

Je pars à vélo du green du village de Swanton sur la rive du lac Champlain. Les greens au Vermont sont des petits espaces verts ovales dans le centre du village. Ils sont typiques de l'état, quoique l'on en retrouve ailleurs en Nouvelle-Angleterre. Ils étaient jadis des lieux de rassemblements culturels et sociaux. Le Vermont est l'un des plus petits états américains. Sa population est de 650 000 habitants, soit l'équivalent de la ville de Québec. La capitale est Montpellier. Soixante-quinze pour cent du territoire est composé de forêts et de montagnes. Il n'y a pas de lacs ou très peu au Vermont, mais d'inombrables rivières aux eaux claires et limpides. La qualité de vie est supérieure ici pour une raison en particulier; la moitié des résidents d’autrefois provenaient des grandes villes au sud de la Nouvelle-Angleterre. Plusieurs étaient fortunés et l'acquisition d'une maison secondaire au Vermont représentait une bonne affaire. Ils étaient attirés par la nature et les valeurs traditionnelles. Ces gens étaient éduqués et possédaient des valeurs largement libérales. La protection de l'environnement et des ressources furent et le sont encore pour eux. Plusieurs n'avaient pas à dépendre des ressources, comme dans les états plus pauvres. À l'époque, l'épicerie générale était le centre communautaire et social du village. Du café et des repas étaient disponibles, tous discutaient politique ou du voisinage. Aujourd'hui, le coût de la vie au Vermont est plus élevé qu'ailleurs au pays, c'est le prix à payer pour la qualité de vie. Je débute ma randonnée de 40 kilomètres à vélo le long du Lac Champlain. Ici, les maisons valent des millions. Je m'arrête à un camping et discute avec une gentille dame. La location de sa maison mobile est de 6 500 $ pour cinq mois sur le bord du lac, les autres, c'est 3 000 $. Elle possède en plus une maison mobile en Floride. J'atteins Saint-Albans, c'est très beau. Le plaisir est grand de rouler sur les routes du Vermont, le principal est de bien savoir choisir les bonnes. C'est très montagneux, parfois certaines routes peuvent être achalandées. 

Le cyclotourisme est né au Vermont par un enseignant de littérature au collège de Middlebury du nom de John S. Freidin.  Entre les cours il était chargé de faire de la bicyclette dans la région qui se prêtait bien à cette activité. Plus tard, il écrivit un guide qui atteindra un succès phénoménal. Le guide s'intitulait ; 25 bicycles tours in Vermont. Ensuite il fonda une entreprise de voyages à vélo du nom de Vermont Bike Tours qui est toujours en activité. Ensuite, il devient sénateur du Vermont et actionnaire d'une réputée compagnie aérienne américaine. J'ai eu un stage chez eux, ce qui m'a permis d'accompagner des cyclistes américains en Europe, notamment en France, en Hollande et en Suisse. Cette expérience m'a permis de créer ma propre micro entreprise de voyages d'aventures au Québec qui aura été une référence dans le domaine du plein air au Québec pendant près de 30 ans. Le climat au Vermont y est moins humide qu'ailleurs dans l'Est du pays à cause de la géographie entre de grands massifs montagneux. Le Long Trail est un long sentier pédestre qui traverse du nord au sud dans les Green Mountains. Le sentier rejoint l'Appalachian Trail à Hanover, qui est le siège d'une importante université ; Dartmouth, qui fait partie de la Ivy League comme Culumbia, Harvard, Yale, etc... Au retour, je file en campeur pour trouver  mon prochain spot pour la nuit à Richford dans Missisquoi River Valley, situé à quatre kilomètres de la frontière avec les Cantons de l'Est au Québec. J'ai demandé la permission aux propriétaires de pouvoir monter mon camp dans leur champ. Avec plaisir, il me l'accorde. Les journées passent en rafale et c'est bien ainsi. What's a fucking nice ride today in a sunshine day. Mon anglais s'améliore de jour en jour, je me surprends moi-même lors de mes conversations ou en écoutant la radio.


11 septembre | Alburgh, Champlain Lake, Vermont

Ce matin, je pars à pied découvrir Plattsburgh de l'endroit où j'ai passé la nuit au US Oval Park. Le centre-ville est bien conservé. La ville est plus petite que je croyais avec ses 25 000 habitants, c'est assez tranquille. Plattsburgh est situé sur la rive du lac Champlain. Burlington de l'autre côté du lac au Vermont a 60 000 habitants. Je vais faire des courses dans un centre commercial gigantesque. C'est complètement désert, Walmart prend toute la clientèle. La mode jadis chez les Québécois vivant de l'autre côté de la frontière était de venir magasiner à Plattsburgh. Cette tendance est chose du passé. Je réussis quand même à négocier l'Atlas New York Gazetteer Delorme. Plus tard, je vais prendre une douche gratuite à Cumberland State Park sur la rive du lac. L'endroit est désert, les vagues sont assez grandes. Je me croirais près de la mer avec la plage sur quatre kilomètres de sable fin. Plus tard, en campeur, je retourne le long de la frontière avec le Québec. C'est bien, mais sans plus. Il serait facile de traverser à pied vers le Québec. Je m'approche d'une barricade rudimentaire sur un petit chemin qui mène au Canada, des caméras sont dissimulées. Je poursuis vers Rouses Point en traversant le grand pont enjambant le lac Champlain au Vermont. Je m'installe à la sortie d'Alburgh sur le bord du lac. Le coucher de soleil est devant moi dans toute sa splendeur. Il y a un sentiment d'accomplissement dans cet instant présent. Le feeling est différent au Vermont que dans l'État de New York. Le Vermont est très progressiste avec des valeurs totalement libérales. C'est probablement l'État que je préfère le plus aux États-Unis. L'ambiance est cool et décontractée comme nulle part ailleurs. Il est possible de donner ouvertement ses opinions sur n'importe quel sujet. Par exemple, dans le défunt train, le Vermonteer d'Amtrak qui jadis allait vers New York et Boston, il y avait un petit espace où les gens pouvaient librement s'exprimer sur différents sujets. Cet élément culturel provient de Londres où était disposé un podium. Je n'en dirai pas plus pour ce soir, voulant me coucher tôt pour être en forme pour la prochaine ballade à vélo demain matin.

10 septembre | US Oval Park, Plattsburgh, Champlain Lake, Upstate New York

Après avoir gonflé mes pneus et lubrifié le dérailleur et la chaîne, je pars à vélo de Fort Covington pour une randonnée de 93 kilomètres aux grands vents. Je débute le long de la frontière avec le Québec. Le vent dans le dos, cette partie est la plus belle du parcours jusqu'à Châteauguay, côté américain. Les seules personnes croisées sont des Amish en famille pieds nus. Un poste frontière est complément désert, sans aucun douanier, sauf qu'il y a des caméras. Mes paysages préférés, comme indiqué auparavant, sont champêtres avec de belles forêts de feuillus. Le remplacement du bitume à certains endroits atteind jusqu'à douze pouces, et ce, en pleine campagne. Les chemins de terre américains sont plus beaux que les routes asphaltées du Québec. Aussi que penser de la rivière Châteauguay qui, en traversant la frontière devient polluée au contact du Québec. La même chose pour le lac Champlain qui est immaculé et qui en traversant au Québec devient Venise-en-Québec. Ce village est une véritable risée de pollution et d'algues incommodantes qui atteind son apogée de merde sur la rivière Richelieu. Le village Châteauguay côté américain n'a aucun charme. Je mange un sandwich au restaurant en discutant politique avec un tas de gens. Je suis assez téméraire dans mes propos et opinions, je fais rigoler les plus sombres des rednecks. Les principaux comtés le long du fleuve sont rouges. Les républicains parlent peu et m'apparaissent comme rien à dire. Ils paraissent peu éduqués, du moins ils sont très peu éloquents. La plupart sont travailleurs manuels ou agricoles. Je les appelle lonesome cowboys. Jadis on parlait français de ce côté de la frontière, c'était il y a longtemps lorsque les familles de paysans québécois avaient de nombreux enfants et ne pouvaient les nourrir, ils étaient plusieurs à émigrer aux États-Unis dans les factory. Maintenant on entend plus parler français. Au retour à vélo, je grimpe sur un plateau des Adirondacks, les éoliennes se dressent partout. J’ai le vent en pleine face. Les vingt prochains kilomètres m'offrent une vue panoramique sur la plaine du Saint-Laurent de la Montérégie, c'est impressionnant. J'aperçois le smog au loin de l'île de Montréal. N'ayant pas de carte précise pour naviguer, la batterie du téléphone tombe en panne, il me reste dix kilomètres, j'ai hâte d'arriver. Je repars en campeur le long de Châteauguay River vers les deux lacs du même nom dans les Adirondacks en buvant un Coke Diet et en écoutant joyeusement du New Country. Aucun réseau n'est disponible sur de grandes distances au point de me demander si mon téléphone est en panne. Dannemora remporté le prix de la ville la plus laide avec son immense centre de services correctionnels au coeur du village. Les barbelés redoutants n'offrent pas le goût de s'y évader. J'arrive à Plattsburgh sur la rive du lac Champlain, la connexion reprend enfin. J'ai juste le temps de souper pour regarder le débat Trump-Harris. Je suis bien installé devant un beau grand parc d'un quartier résidentiel avec de somptueuses maisons victoriennes. Aucune affiche ne m'interdit de stationner. Harris a gagné le débat et remportera les élections, selon moi. Je le souhaite au nom de la démocratie et de la décence. Trump a sombré dans la folie comme d'habitude, ma question est de savoir pourquoi autant de gens le supporte encore.

9 septembre | Fort Covington, Upstate New York

Ma journée d'hier à vélo dans le vent fut terrifique en lien avec les paysages et le parcours. Ce fut un moment magique que je n'oublierai pas. Ce matin froid et gris, je pars en exploration entre le fleuve Saint-Laurent et les Adirondacks en y faisant une légère incursion. Je circule sur un tas de routes, les lieux ne m'inspirent pas autant qu'hier. Il y de grandes maisons de bois victoriennes, certaines d'entre entre elles me font penser aux romans de Stephen King avec leurs allures austères. Une d'entre entre elles dans le village de Bombay aurait pu tourner dans le film Beetlejuice. Je prendsprends des photographies que la résidente, amochée au point de me faire peur, me raconte. Elle est l'une des quatre junkies à vivre dans cette maison étrange et délabrée. Il y a beaucoup d'obésité chez les Américains, ça ne m'étonne pas avec la nourriture décadente qui est offerte partout. Il y a tout près la réserve indienne d'Akwesasne et le village Saint Régis du côté américain en face de Cornwall en Ontario. Le commerce s'effectue avec les bandes de Kanesatake du côté québécois. Je doute bien que toute la contrebande, les armes et la passe des immigrants se fasse de ce côté. Un peu avant, il y a plusieurs grandes bourgades industrielles telles Canton, Potsdam, Malone, etc. Depuis mon départ de Redwood, la circulation devient plus dense vers l'Est et la nature moins éclatante. Je fais remplir ma bonbonne de propane, fais des courses et demande à un type près de sa maison si je peux remplir mon réservoir d'eau avec son robinet. C'est un évangéliste fanatique, les nombreuses chapelles apparaissent au coin des rues de Potsdam. Il me demande si je crois en Jésus. Ceux qui ne croient pas en lui sont des ignorants, me dit-il. Je lui dis que je suis ignorant. Il fait rapidement le lien avec les démocrates en vantant Trump d'être inspiré de Dieu. Je mets court à cette conversation stérile en poursuivant ma route, il ne me plaît guère. De grands collèges et une université sont présents dans la ville. Les influences de ces religieux apparaissent malveillantes auprès de certains groupes et communautés fragilisés. Plusieurs religieux siègent dans les conseils d'administration de plusieurs grandes compagnies et collèges privés. J'arrête de manger un sandwich au même restaurant qu'hier à Gouverneur. La serveuse me reconnait, elle semble contente de me revoir. À Québec, on se fouterait de moi. Les Amish sont partout, ils sont d'habiles charpentiers à voir leurs maisons de bois dans les champs. En fin d'après-midi, j'essaie de trouver un spot pour la nuit. J'évite le secteur des réserves indiennes, ce n'est pas rassurant, ils ont des choses à cacher que je ne veux pas savoir. Les boutiques de Guns s'émiscent dans le décor. Je m'installe à Fort Coverton, situé à quatre kilomètres de la frontière du Québec, où la 132 débute son parcours en Montérégie sur le lac Saint-François. Le village est joli et différent des autres rencontrés aujourd'hui. Je me stationne en bondooking dans un bâtiment de l'American Legion près de la rivière. C'est la route qui mène à la douane, ce n'est pas une bonne idée avec tous les patrouilleurs qui circulent. Par prudence, je monte le camp à la place sur le terrain d'une église presbytérienne. Je marche une heure au coucher du soleil dans le village. Tout est magique avec ses rumeurs du passé sous les grands arbres. Il se dégage une odeur de vieux bois de ces maisons centenaires. C’est dans ces endroits aux États-Unis comme à Fort Coverton que le dépaysement est total. J'ai l'impression d'être dans un musée à ciel ouvert découvrant l'équivalent des ruines antiques. Demain, le beau temps revient, je sortirai mon vélo pour une longue balade le long de la frontière.

6-7-8 septembre | Millsite Lake Fishing Acces Site, Redwood, Upstate New York

L'automne est soudainement arrivé cette nuit. Ce fut le temps de sortir les couvertures chaudes et les rideaux isolants. Malgré les vents violents et la grisaille, rien ne m'aurait empêché de prendre les guidons de ma bécane. C'est ma troisième nuit à Millsite Lake Fishing Access Site de Redwood dans Upstate New York. Il y a trois ponts qui franchissent le fleuve Saint-Laurent de l'État de New York à l'Ontario : Thousand Islands près de Gananoque à l'ouest, Johnson et Cornwall à l'est. La densité de population au Canada est aussi élevée qu'aux États-Unis, tenant compte que la majorité des Canadiens vivent sur une bande étroite le long de la frontière avec les États-Unis. Ma journée à vélo se déroule sur le piedmont des Adirondacks. Ma note du parcours est parfaite, considérant l'état de la chaussée, le relief agrémenté de petits vallons aux détours inombrables. Je ne possède aucun guide de parcours, la carte routière possède une trop grande échelle qui fait que je ne vois pas les petites routes pour pédaler. Il n'y a pas de réseaux ou très peu. J'utilise Google Maps et IOverlander hors ligne pour me guider, accompagné de mon sens d'orientation et de ma détermination à toute épreuve. Je débute mon parcours du comté de Theresa et sur les 125 kilomètres parcourus, je traverserai plusieurs comtés, les uns tous plus beaux que les autres. J'effectue le circuit dans le bon sens avec le vent qui travaille pour moi. Parfois, je n'ai même pas besoin de mouliner. Des vitesses de 35 à 45 km/heure sont souvent établis. Je roulerai six heures consécutives avec en plus une heure de pause dans un restaurant pour me réchauffer à Gouverneur. Ce parcours est l'un des plus beaux jamais effectués aux États-Unis. Si ce n'était de la température, je n'aurai pas franchi cette distance. Je suis parti en feu, la fraîcheur aidant. C'est la première fois que je roule avec si peu d'automobiles. La température en a refroidi plusieurs qui ont préféré cuisiner à la maison. Sur les six heures à vélo, seulement deux heures que j'aurai rencontré des voitures et sur certaines sections, il y avait davantage de buggy d'Amish en famille, c'est dimanche. Ils sont environ 20 000 dans la région. Les villages traversés sont pour la plupart en ruine, les commerces et les maisons placardés. Beaucoup de ces maisons sont immenses, la plupart en bois. Il y a beaucoup de villes et villages aux États-Unis en ruine. Plusieurs américains sont en colère de voir cette situation en plus du coût de la vie. Trump utilise et exploite la colère du monde rural, les Républicains étant issus des régions rurales et parallèlement les communautés religieuses s'y retrouvent en grand nombre. La seule façon de revitaliser ces villes et villages est par l'immigration, que cela plaise ou pas aux Républicains. We never get back again, c'est une loi. 

Sur les 125 kilomètres parcourus, je n'ai croisé peu ou pas de services ou de stations d'essence. Ce n'est vraiment pas une région touristique et, de plus, la saison est terminée. Je suis un peu fou pour ne pas dire excessif, j'aime mieux en ce sens être excessif comme ça qu'assis sur mon sofa que le temps passe, comme plusieurs de ma génération. Ceux et celles qui n'ont jamais fait de vélo en Nouvelle-Angleterre et dans l'État de New York ne savent pas ce qu'est réellement le cyclotourisme. Les routes sont absolument magnifiques, les gens et les automobilistes courtois et respectueux en tout temps. J'éprouve un bonheur immense d'être ici en remerciant mes anges de m'accompagner. Une petite anecdote ; j'ai jadis été frappé par un automobiliste pas très loin d'ici sur une route quasi déserte, on m'a transféré rapidement au Good Samaritain Hospital à Watertown. À mon réveil, le prêtre me donnait les derniers sacrements. J'ai eu cette pensée aujourd'hui, mais à vrai dire, le cyclotourisme a ceci de bien, c'est qu'en plus de se mettre en forme, on cesse de trop penser. J'ai discuté avec les quelques gens croisés sur ma route, l'un d'eux, un trumpiste de premier ordre, m'a invité à déguster de la tarte aux pommes que sa femme a cuisinée. Après un certain temps d'entendre des sornettes, je lui ai dit que je m'en allais cueillir des pommes.

Au réveil, après de grosses averses la nuit dernière et toute la journée, je me suis fait des crêpes à la farine de sarrasin, aux bananes et à la confiture. Ensuite, j'en ai profité pour aller faire du lavage et des courses à Redwood. Dans les régions rurales des États-Unis, on ne trouve pas beaucoup d'aliments frais, j'ai alors acheté des légumes aux stands des Amish sur la route. La plus grande communauté se retrouve dans le comté de Lancaster en Pennsylvanie. Je pars ensuite en exploration de repérage avec Béa dans la région afin de préparer le parcours à vélo pour demain matin. Cela requiert plusieurs heures, mais le travail en vaut la peine. Toute la journée, je discute avec des gens sur leurs opinions politiques en cette période pré-électorale. Les opinions sont partagées, les miennes sont franches et directes. Tout peut se dire, tout est dans la façon de le dire. Ce que j'aime aux États-Unis, ce sont les grands contrastes, on retrouve le meilleur et le pire. Ceux qui sont pauvres et ignorants le sont beaucoup. J'entre dans une épicerie demander des trucs, la crasse immonde dégouline partout. Il y avait de belles pêches, mais trop chères. C'est le pays de la démesure, c'est pour ça que j'aime y voyager, je m'ennuie rarement chez nos voisins du sud. Par contre, j'aime mieux vivre au Québec. Je retourne en fin d'après-midi au même spot qu'hier qui m'a plu beaucoup. De plus, le départ à vélo demain matin de l'endroit est tout à fait exceptionnel ; Millsite Lake Fishing Lake Access Site. J'avais déjà planifié faire une randonnée à vélo de ce côté avant de partir, je ne serai pas déçu. Lorsque j'ai créé ma micro-entreprise d'activités sportives, de plein air et de voyages d'aventures en 1994, j'ai débuté par le cyclotourisme en ayant séjourné des saisons entières en Nouvelle-Angleterre. Cette passion m'a amenée à être guide à vélo en Europe pour une entreprise américaine ; Vermont Bike Tours et le Club Aventure. Aujourd'hui, j'ai repensé à tout cela et je me suis dit que j'étais revenu à mes premiers amours. Depuis deux jours que je fais du repérage pour des parcours à vélo que je retrouve cette passion qui m'anime toujours. Si les nombreux guides cyclistes américains ne suffisent plus, j'en concevrai de nouveaux. Que cela ne tienne, je n'envisage en aucun lieu d'accompagner les hordes de touristes et de grandes gueules comme jadis, déjà que je parle beaucoup. Je viens de réaliser que je ferme une boucle aujourd'hui avec ma première journée de séjour aux États-Unis. Je n'ai plus la prétention maintenant de vouloir m'étendre de tout côté, le temps est venu de mieux cibler mes objectifs. En ce sens, j'y arrive avec la précieuse aide de Béa, mon fidèle campeur dont je m'attache de plus en plus en ayant su m'adapter à  elle après de plusieurs longues rides.

Je suis parti sur mon vélo à 8 h 30 pour éviter la pluie. Après trente minutes, une faible pluie est devenue intermittente. Ça valait le coup d'avoir pris deux heures hier pour préparer le circuit et j'ai fait ça rapidement. C'est l'une de mes plus belles sorties à vélo de l'année, digne des meilleurs parcours de la Nouvelle Angleterre. J'ai parcouru 73 kilomètres sur des petites routes sinueuses à travers des paysages vallonnés avec parfois des côtes raides. J'ai passé ma plus délicieuse journée du voyage à ce jour. Il est vrai que les endroits pour faire du cyclotourisme sont rares en Ontario. Je suis difficile, surtout avec la quantité de randonnées effectuées en Amérique du Nord et en Europe. Une journée de pur bonheur et tout pour m'enchanter. En plus, aucuns ormes malades aujourd'hui afin de m'indiquer la beauté des lieux à la fois forestiers et champêtres. De retour vers 13 h 30, je me lave, je mange et je pars avec Béa pour une longue route. Les plus beaux paysages pour mouliner, selon moi, sont entre 20 et 30 kilomètres au nord de la 401. J'atteins Gananoque sur le fleuve Saint-Laurent, qui devient Thousands Islands National Park Gateway. Je ne suis pas enthousiasmé, sauf si j'avais un bateau pour me promener entre les îles canadiennes et américaines. Je traverse la douane à cet endroit, je n'attends que dix minutes. Il est tard, je suis fatigué, mais content de me retrouver à Upper New York. En cherchant un peu, je trouve un joli spot sur le bord de Millside Lake près de Redwood. Faire le plein coûte moins cher ici, tenant compte du taux de change. En me retrouvant aux États-Unis après avoir passé une partie de la saison dans les Maritimes, au Québec et en l'Ontario, je peux confirmer, sans aucun doute, que le pays de l'Oncle Sam m'offre plus d'aventures, de diversité et de dépaysement que nulle part au Canada. Aucune place en Amérique du Nord ne pourra remplacer les routes et les paysages des États-Unis, sans oublier l'amabilité des gens rencontrés. J'ai maintenant la certitude de ce que seront mes prochaines grandes aventures dans les années futures. Après quatre années complètes en vanlife, je reconnais plus que jamais mes sources de plaisir en voyageant. Un fait cocasse aujourd'hui qui m'est arrivé, je trouve à  vélo dans un champ un ourson rouge, un kilomètre plus loin je retrouve le même. J'ai rassemblé deux oursons solitaires, belle métaphore.

5 septembre | Moira, Trent Hills, Central Ontario

J'ai vraiment aimé passer la nuit et l'avant-midi à Hastings sur Trent River. J'ai fait la connaissance d'un retraité de 86 ans d'origine allemande. On a eu une bonne conversation. De vive allure pour son âge, il me raconte son divorce il y a très longtemps et avoir été électricien à Peterborough. Il habite le village depuis une vingtaine d'années et possède une maison mobile près de Tampa Bay en Floride. Il dit que l'Amérique n'a plus de conscience sociale. Les arbres malades partout, me mentionne-t-il, sont des ormes. Ça paraît davantage qu'au Québec, car ils sont plus nombreux en Ontario. La maladie de l'orme est trop coriace que les autorités ne font plus rien pour contrer la menace. Vers midi, je pars en exploration dans la région qui est très belle. Ça me rappelle quelques endroits dans les Cantons de l'Est tout en vallons. L'architecture des villages est attrayante et, surtout, je me suis éloignée de la ceinture urbaine de Toronto, les villages étant plus authentiques. Le nom Victoria est affiché partout, surtout pour démontrer jadis, leurs affections pour la royauté britannique. Il y a beaucoup de boutique de cannabis, davantage qu'au Québec, car elles sont privées. C'est à se demander si tout le monde dans les campagnes fume leurs joints ? J'ai décidé de faire autrement cet après-midi avec cette magnifique région traversée. Il a beaucoup de potentiel pour faire du vélo, mais les guides de parcours sont inexistants et les cartes offertes à certains endroits, si on a de la chance, sont moches. De plus, la carte routière de l'Ontario est à trop grande échelle pour voir toutes les petites routes. J'aurais eu besoin de cartes routières à plus grande échelle. Je parcours en campeur plusieurs petites routes à l'aide de Google Map dans le but de créer un itinéraire pour demain. J'ai l'expérience pour avoir créé jadis de nombreux parcours cyclotouristiques pour des cyclistes. J'ai une magnifique collection de guide de cyclotourisme, principalement aux États-Unis. Je les achète usagés sur Amazon. J'ai trouvé un endroit pour passer la nuit au milieu du parcours à Moira, village historique derrière une ancienne église qui est devenue un centre culturel. Je laisserai ici le campeur demain matin et pourrai en toute quiétude profiter du meilleur de la région à vélo située à environ trente kilomètres au nord de Belleville. Working hard, playing hard.

4 septembre | Hastings, Trent River, Central Ontario

Levée de soleil dans les bottes de foin à Trent Hills pour une heure de route pour le départ à vélo de Lindsay à Kawartha Lakes. Je traverse Peterborough vers l'ouest. Kawartha Lakes est un comté qui possède 73 000 habitants. Quatorze lacs composent Kawartha Lakes. Mon départ s'effectue à Sturgeon Lake. Kawartha Lakes n'est pas très loin de Simcoe Lake et Georgian Bay à l'ouest. J'effectue cette délicieuse balade champêtre de 87 kilomètres sur terrain plat. Le parcours est correct dans l'ensemble, sans plus. Très peu de circulation sur la moitié du parcours. J'ai lunché à Sand Bar Beach de Scugog Lake. Lindsay possède 22 000 habitants. À l'ouest de Peterborough, la circulation est dense et rapide, l'influence de Toronto se fait sentir jusqu'ici. Il y a une surenchère de terrains et de maisons, particulièrement au bord des lacs et des rivières. Tout y est cruellement privé, dommage pour les jeunes générations dans parents pour les soutenir. Après ma randonnée, je me défile rapidement vers l'Est en prenant le temps d'une rafraichissante baignade à Sturgeon Lake. Je suis à la lisière de la forêt et de la campagne. J'arrive tard à Hastings sur la rive de Trent River. Ce matin, en passant, j'avais remarqué le spot sur la marina et le canal. Le village est très joli et paisible au point de passer une partie de la journée demain. Le spot est indiqué dans IOverlander. Ainsi se termine cette longue journée, de même que j'ai eu le temps de réparer la serrure de mon coffre intérieur en passant au garage et à la quincaillerie. Je suis heureux d'être venu dans ces régions, même si le vélo de route n'est pas vraiment la destination de choix. New England, i miss you. Aujourd'hui, je suis allé le plus loin vers l'ouest du voyage, je suis parti il y a une semaine. Lentement, je fais demi-tour vers d'autres aventures.

3 septembre | Hastings, Trent Hills, Central Ontario

Il y avait beaucoup d'oiseaux sauvages ce matin au réveil. Après mon yoga, je quitte Prince Edward County pour Cobourg sur la rive du lac Ontario. Je roule sur l'une des plus vieilles portions de route de la province. À Brighton débute Waterway Trail, une piste cyclable sans aucun intérêt, car partagée avec la route principale. Cobourg est mon coup de cœur du voyage jusqu'à présent. La ville possède 20 000 habitants. Son port, sa plage de sable fin, son architecture en font un incontournable sur la rive du lac Ontario. Boardwalk Trail au coeur de la ville m'a littéralement séduit. La ville est parfaitement photogénique et séduisante, une harmonie d'y dégage. Elle est une véritable œuvre d'art à caractère humain. Tout y est calme et serein. Cobourg a failli devenir la capitale du Canada autrefois. La région est devenue prospère pour ses ressources naturelles et son chemin de fer. Les propriétés et les terrains sont très chers de ce côté, les fortunés de Toronto s'y sont installés massivement. Après plus de trois heures à m'y promener, je décide d'aller à Port Hope, plus à l'Est. Le contraste est frappant. Des immenses usines jonchent le littoral de la ville et le centre-ville est en reconstruction. Il y beaucoup d'immigrants qui travaillent dans la ville. Je quitte rapidement vers l'intérieur des terres vers Trent Hills et Rice Lake, précisément à Hastings. Je m'installe à  l'abri des regards dans un grand champ parsemé de collines verdoyantes. Les rives du lac Ontario, les terrains privés, la circulation, s'en est assez, j'ai besoin de d'espaces sauvages et de la ruralité. Depuis quatre ans déjà que je fais du vanlife, je sais ce que je veux dorénavant dans mes déplacements et mes objectifs. À l'ouest de Port Hope débutent les grandes concentrations urbaines et industrielles, celles qui se développent le plus rapidement en Amérique du Nord. Le grand Toronto Metropolitan déploie ses tentacules sur des centaines de kilomètres tout azimut. Il n'est absolument pas question de m'engouffrer dans cette folie urbaine. La spéculation immobilière est la plus forte au Canada avec Vancouver. Les promoteurs s'arrachent les terrains à des prix exorbitants. Ce n'est pas le monde qui m'intéresse. Green Belt a été créée afin de conserver et de protéger les espaces verts des promoteurs autour du Grand Toronto Metropolitan. Cette bande verte de 8 000 km2 s'étend vers l'Ouest jusqu'à Niagara. En voyageant dans la simplicité volontaire, j'apprends beaucoup sur moi, les gens et le monde dans lequel je vis. Je passe rapidement différentes cultures, différents paysages. Ce que je fais en ce moment est l'une des plus belles expériences qu'il m'a été possible de réaliser à ce jour, le plus beau cadeau à la retraite. Je suis conscient de la chance que je possède et de la force qui m'étreint de plus en plus dans cette magnifique odyssée.

2 septembre | Bongard, Prince Edward County, Central Ontario

Je me lève dans la fraîcheur et l'enthousiasme de découvrir la péninsule de Prince Edward County à vélo. Désenchantement après quelques kilomètres ; la chaussée est mauvaise, il n'y a pas d'accotements et la circulation est rapide et lourde. Les plus gros motorisés et toutes les boîtes à savon sur roue du Canada se sont donné rendez-vous en cortège vers Sandbanks Provincial Park, c'est là que je me dirige. Le vent est puissant. Je parcours 75 kilomètres les fesses serrées pour ne pas me faire happer par un Winnebago. Ce n'est assurément pas une région pour faire du vélo. J'étais censé faire une autre randonnée demain, que j'ai opté de faire le trajet prévu en campeur en fin d'après-midi. Par contre Sandbanks Provincial Park possède les plus belles plages du Canada pour ses eaux chaudes et turquoises, ses vagues imposantes et son sable blanc. Je parcours en vélo les trois plages du parc ; Eastside, Dunes et Lakeshore Beach. Le plus bel endroit se situe sur les ruines de Lakeshore Lodge avec la vue plongeante sur les dunes parsemées de pins. De cet emplacement, le vent est omniprésent et le coup d'oeil majestueux. Je me croirais à Sainte Lucie ou la Barbade dans les Caraïbes. Il n'y a pas foule en ce jour de congé férié, la fraîcheur en ayant ralenti plusieurs. C'est gratuit les passages à vélo dans le parc. La plupart ici font parti des 500 000 nouveaux arrivants annuellement et amis de Justin Trudeau, bienvenue au Canada multiculturel. Au retour à Picton, je prends la direction Est de la péninsule. J'ai beaucoup de difficultés à trouver un spot pour la nuit, tout étant privé sur le bord de l'eau. Je déniche un endroit paradisiaque à Bongard au bout d'un chemin de terre ; Ross Eaton Line. Une petite plage commune pour les quelques résidents se trouve en face de moi avec des élégants cygnes pour me souhaiter la bienvenue. Je jette l'encre dans un silence total avec un coucher de soleil hors du commun, j'en avais besoin après tous ces moteurs sur la route. Le tourisme de masse nuit à la population locale, ça se voit, sa se ressent. Je suis un as pour trouver les meilleurs endroits de bondooking. Je ne regrette pas d'être venu à Sandbanks, c'était dans ma liste depuis fort longtemps, j'en conserverai un bon souvenir. Demain, je prendrai une toute autre direction.

1er septembre | Picton, Prince Edward County, Central Ontario

Il existe une multitude de façons de voyager qui se transforment avec les années. Mes premiers voyages furent en autostop autour des États-Unis, puis j'ai découvert le cyclotourisme qui m'a permis de voyager d'une façon qu'il m'était alors impossible d'imaginer. Par la suite, j'ai fait de nombreuses randonnées pédestres à travers le monde en ayant atteint plusieurs grands rêves et objectifs. C'était dans le cadre de mon travail de guide et organisateur de voyages d'aventure. Ces randonnées pédestres furent réalisé par l'entremise de tous ces gens qui m'ont accompagné pendant plus de trente années. Seul, je n'aurais pas développé cet engouement pour la randonnée. Maintenant à la retraite, je suis revenu à mes premiers amours, le cyclotourisme. Depuis quatre ans, j'ai découvert le vanlife qui me permet une grande autonomie tout en me permettant des aventures extraordinaires et le sentiment de grande liberté. Le vanlife me permet d'éliminer les intermédiaires superflus et exonérants tels les restaurants, les gîtes et les transports. Combiné avec le cyclotourisme, cela me représente le plus avec ce profond sentiment de liberté totale et de mes intérêts. Voyager en motorisé, c'est avoir son chez soi sur la route. Le cyclotourisme, c'est quitter son campeur pour la journée en ayant le plaisir de le retrouver le soir venu. Le vanlife me permet de voyager plus souvent et à des coûts moindres. Si je pouvais traverser de l'autre côté de l'Atlantique en Europe le véhicule, je n'hésiterais pas un instant, mais les tarifs reliés au transport outremer sont exorbitants à ce point que je me contente de l'Amérique du Nord qui, somme toute, n'est pas si mal pour combler mon désir de voyager get out of the box.

Je me suis réveillé avec des vents de 50 km/heure. Les seules applications que j'utilise en road trip sont IOverlander pour les spots pour dormir gratuits et trouver des douches. All Trails m'est indispensable pour la randonnée pédestre. Dans chacune de ces applications, il y a des cartes de navigation en temps réel. Les spots pour dormir sont parfois souillés, trop de gens les utilisent. Ceux que je trouve moi-même sont exempts de trace humaine bien souvent. Je suis au cœur du pays loyaliste. Je prends Loyalist Parwark jusqu'au traversier qui me mène à Prince Edward County. C'est incontestablement la plus belle région de la province, notamment pour ses vignobles, ses terres fertiles et ses plages. Le comté est parsemé de routes tranquilles, idéales pour le cyclotourisme. Il y a plusieurs cyclistes par ailleurs. Faire le plein en Ontario me coûte 8 $ moins cher qu'au Québec. Les restaurants sont exorbitants et l'épicerie similaire que chez moi. De l'autre côté du traversier, les paysages sont éclatants. Picton, la principale ville du comté, possède 5 000 habitants. La ville a un riche passé militaire. Je suis paradoxal dans mes choix. Je n'aime pas les grandes villes, mais j'en habite une. Je n'arrive pas à saisir cette contradiction, mais il est fort probable que simplement j'aime la mobilité. Picton est très jolie avec de beaux bâtiments historiques et une artère commerciale agréable. J'arrive le jour du marché public, j'en profite pour me ravitailler et me trouver un beau spot derrière un presbytère réhabilité en hôtel de charme. Le stationnement est désert. J'entre dans l'église à côté pour entendre les chants accompagnés du piano. Il fait chaud malgré le vent. Je fais la sieste à l'ombre de vieux chênes, les portes du campeur grandes ouvertes. Picton sera ma base pour mes prochaines randonnées à vélo, l'un de mes principaux objectifs du périple. Pour les prochains jours, un épisode de beau temps m'offrira du plaisir et des découvertes à profusion.

31 août | Shingle Beach, Kingston, Eastern Ontario 

Merrickville-Wolford est à une heure et demie d'Ottawa, le long du Canal Rideau. La construction du canal Rideau a terminé en 1832. À cette époque, c'était essentiellement un ouvrage militaire visant à protéger les Britanniques des Américains. Cela prend une semaine lentement en bateau pour franchir le canal d'Ottawa, de son ancien nom Bytown, vers Kingston. Le canal Rideau est le plus ancien canal encore en opération en Amérique du Nord. Cela coûte environ 500 $ pour la passe annuelle pour franchir les canaux du Canada. C'est vraisemblablement une expérience magnifique de la rivière des Outaouais vers le lac Ontario. Après une bonne douche chaude, je vais à Merrickville-Wolford m'acheter un quart de fudge au chocolat noir et poursuis ma route sous une pluie fine et chaude. Je file le parfait bonheur dans ces somptueux paysages de douces collines émergées dans une légère brume. Le paysage est beaucoup plus joli à l'ouest de Merrickville-Wolford. Je poursuis le chemin des écluses sur le circuit patrimonial Rideau. À chaque écluse rencontrée, je fais un arrêt, c'est absolument féerique. Des blockaus anciens témoigner de la présence militaire de jadis. En fin d'après-midi, je commence à regarder pour un spot pour dormir. Rien d'extraordinaire, il pleut, je décide d'aller à Kingston, là où le fleuve Saint-Laurent prend sa source du lac Ontario. Kingston fut la première capitale du Canada, mais pour peu de temps car elle était considérée vulnérable par les Américains en temps de guerre. La ville possède environ 200 000 habitants. Ma première rencontre fut le Fort Henry, sur un grand promontoire stratégique visant à protéger l'embouchure du fleuve et la ville. Kingston a toujours été militaire, même aujourd'hui. Je traverse l'immense base militaire me demandant ce que je fais de ce côté. Plusieurs des plus grands collèges militaires de retrouvent ici. Je me rencontre que je deviens triste lorsque je traverse une ville, vraisemblablement ça ne me plaît pas. Je ne quitte pas une ville pour en rencontrer une autre. Les visages des citadins ne sont pas joyeux. Kingston est une ville ultraconservatrice. Je traverse lentement sans m'arrêter pour trouver enfin le spot sur le lac à la sortie ouest de la ville. Sur IOverlander, ça indique derrière l'aéroport. L'endroit est magnifique avec les vagues qui me donnent l'impression de s'échouer sur le campeur. La route est tranquille, je lève le toit en admirant les vautours dégustant les poissons morts sur la grève. Le soleil vient d'apparaître.

30 août | Merrickville-Wolford, Rideau Canal, Eastern Ontario

J'ai passé une nuit magnifique, me levant tard pour ensuite partir en exploration avec Béa dans le Suroit et le long du lac Saint-François en Montérégie. La route 132 et 138 viennent mourir ici aux douanes américaines de l'État de New York. Rien de bien extraordinaire le long du lac Saint-François. Une belle société de voisins gonflables ne m'inspirant absolument pas du tout, à part les quelques kilomètres de randonnées pédestres dans la Réserve nationale de la faune du lac Saint-François. À un moment, je m'aurai cru dans une forêt tropicale. J'ai dû rapidement rebrousser chemin, les marigouins devenaient intolérables. Ensuite, je traverse Valleyfield et sa misère, comme toutes les villes de la périphérie de Montréal. Triste sort pour ceux qui n'ont pas les moyens de voir autrement. Les arbres manquent cruellement dans les villes francophones. Vivre dans la métropole serait mon arrêt de mort, déjà que Québec m'étrangle passablement. Heureusement que la canopée n'abrite dans le quartier Montcalm. Québec doit ses principaux atouts aux Anglais, tant pis pour les détracteurs de mes opinions. C'est pour l'une de ces raisons que je possède un campeur, c'est pour ne pas mourir asphyxié comme un poisson rouge dans un bocal. Je prends le lunch du midi à la frontière qui sépare le Québec de l'Ontario. Je décide alors, après quelques kilomètres sur la 401, de quitter cette horrible autoroute pour des routes secondaires. L'Est ontarien à ce niveau n'a rien de spectaculaire et bien au-delà de Cornwall. La route le long du fleuve ne m'intéresse pas non plus, du déjà vu. Les arbres sont morts à perte de vue et ceux qui restent sont pas trop grands, la déforestation et les changements climatiques y sont pour quelque chose. Je décide alors de pointer sur Merrickville-Wolford au bord du Canal Rideau. Je me rappelais d'avoir fait un arrêt ici, j'en avais conservé un bon souvenir. Ce fut dans mon premier road trip en van pour Georgian Bay. Les écluses à cet endroit du canal sont les plus imposantes sur les 195 kilomètres qui relient Ottawa à Kingston. Je suis dans ce qui était autrefois le Haut-Canada, Kingston étant la capitale. Québec était le Bas-Canada jusqu'à la création du Canada en 1867. Lors de la Révolution américaine, les Britanniques ont maintenu les Anglais fidèles à la loyauté royale, ce qui a donné naissance aux Loyalistes. Ils ont choisi alors de payer des taxes plus élevées que les Américains qui venaient d'obtenir leurs indépendances en faisant une révolte aux Britanniques en jetant à l'eau des cargaison de thé dans le port de Boston, communément appelé le tha party. Je suis installé à une dizaine de kilomètres à  l'Est de Merrickville-Wolford à Andrewsville sur l'écluse numéro 19 d'Upper Nicholsons. Mon flair est impitoyable, l'endroit déniché appartient à Parc Canada qui gère le canal. Le camping est gratuit pour les campeurs et pour ceux qui empruntent le Canal Rideau par voie fluviale. Des douches gratuites sont accessibles et quelques camps rustiques sont à louer. L'endroit est vraiment beau et très intime, nous ne sommes que trois campeurs. La route qui longe le Canal Rideau fait partie des deux transcanadiennes qui traversent la province. Le Canal Rideau est aujourd'hui pour la navigation de plaisance, autrefois pour le commerce. Beaucoup de gens d'affaires ont prospéré le long du canal notamment à Merrickville-Wolford où l'on retrouve de magnifiques bâtiments anciens avec des commerces plus qu'attrayants.

29 août | Rivière-la-Guerre, Montérégie

Une voiture est venue brusquement vers moi hier soir avant d'aller au lit. Le chauffeur a cogné fermement dans ma fenêtre, me demandant ce que je faisais là. Je lui mentionne avoir la permission du propriétaire, c'est son frère. Il est soulagé en quittant les lieux, il me souhaite bonne nuit. Je me lève tôt dans la fraîcheur. Après un déjeuner copieux, je pars à vélo au départ du village d'Howick. Le village anglophone est à 45 kilomètres de Montréal. Je longe la rivière Châteauguay jusqu'à Ormstown, c'est vraiment beau et somptueux avec l'architecture victorienne. Au sud d'Howick le paysage est bucolique et rural. Les pommiers dont partout, jamais je n'en avais autant vu. Je me régale. C'est très agréable de rouler de ce côté. Ormstown est une ville charmante. La foire agricole est immense avec de beaux bâtiments en bois qui indiquent son passé glorieux. Je parcours une distance de 103 kilomètres sur un terrain plat, sauf vers Covey Hill à la frontière avec l'État de New York. Covey Hill est la plus nordique montagne des Adirondacks. Sur la montagne de 342 mètres, la vue est époustouflante en haut plongeant les plaines fertiles de la Montérégie. Je descends 2,7 kilomètres à une vitesse de 65 km/heure. Il n'y a pas de circulation automobile sur l'ensemble du parcours, ce qui est un pur délice. L'influence culturelle de la vallée Châteauguay est britannique. La météo est de mon côté jusqu'à la fin du parcours. Au retour, je roule en campeur un moment afin de me trouver un beau spot pour dormir. Je trouve derrière une grande ferme les ruines de l’église Laguerre à Rivière-la-Guerre. C'est le calme absolu, à part les marigouins voraces qui m'empêchent d'aller à l'extérieur. Je fais bouillir des maquereaux pêchés cet été à l'île du Prince Édouard, ça ne m'en prend pas plus pour être heureux. Ma journée de vélo fut ma plus longue de l'année et l'une des plus belles. C'est le paradis du cyclotourisme avec une multitude de petites routes de campagne tranquilles, c'est le circuit des paysans.

 28 août | Rivière-des-Anglais, Howick, Montérégie

Départ en matinée ce matin pour un périple en cyclotourisme sur quelques jours en Montérégie et près d'une dizaine de jours dans l'Est ontarien. Cette première journée de route fut éprouvante par des soucis du système électrique sur le campeur. Le système possède des panneaux solaires qui se connectent avec un controller qui envoie le courant aux batteries auxiliaires, le second fait parvenir le courant de l'alternateur aux batteries en roulant. La semaine dernière, je fis installé un nouveau chargeur intégré qui fut mal installé. J'ai tenté à plusieurs reprises dans des garages spécialisés sur la route de faire réparer le système et ce n'est qu'à 15 h 00 à Châteauguay que j'ai trouvé enfin le bon électricien. En trente minutes, il a raccordé les fils dont un était manquant sur l'installation à Québec. J'aurai un crédit pour les troubles encourus auprès de ce dernier. Peu de gens sont capables de réparer adéquatement ses systèmes. Heureusement que ça se termine bien avec simplement quelques raccordements de fils. Les services aujourd'hui, et ce, dans différents secteurs, sont regrettablement négligés par la négligence  et le manque de personnel qualifié. Malgré cette journée stressante, je me suis trouvé un beau spot dans un champ de maïs sur la rive de la Rivière-des-Anglais à Howick en Montérégie. Quelques instants après avoir monté mon pop-top, le propriétaire, un écossais de souche possédant la terre est fier de m'exprimer ses racines et me permet gentillement d'y passer la nuit. Nous parlons quelques minutes de politique, je vois qu'il n'a pas à cœur les partis politiques francophones. Lui disant que je vais en Ontario, il me dit que je serai bien accueilli avec respect et bienveillance, faisant allusion aux ambiances chaotiques qui règnent sur l'île de Montréal et sa périphérie. Depuis plusieurs années, j'évite la métropole et ses banlieues. Le propriétaire est un chic type, je l'ai ressenti. Je lui ai dit que je préférais passer mes vacances du côté des Anglais, ce qui lui a plus. J'aurai pu aller très loin avec lui sur différents sujets, mais parfois, il vaut mieux se taire. Pour avoir traversé plusieurs états américains républicains, je peux dire avec sincérité que j'ai eu moins de soucis que traverser Montréal, soit à pied ou en voiture. La chaleur accablante et humide a laissé place à une chaleur acceptable et à un beau coucher de soleil sur les maïs. Les grillons s'animent lentement me signalant la fin de l'été.

Intransitif

26 août |

Science sans conscience n'est que ruine de l'âme, disait Rabelais. Pourquoi n'est-on pas capable de mettre des balises aux géants technologiques en appliquant des règles claires et précises selon nos valeurs ? N'est-pas de la connivence qui s'est installée entre nous et ces plateformes numériques ? N'est-ce pas que l'on se ferme les yeux consciemment, croyant à tort qu'ils pourront nous séduire de ce relatif progrès ? Les technologies ne sont-elles pas un choc générationnel. Les gouvernements ne doivent pas agir comme des entreprises privées. De grands systèmes de communications sociétales et culturelles sont entre les mains de promoteurs sans vergogne. Leurs objectifs sont largement pécuniaires et commerciaux. Leur soif de pouvoir est sans limite. Ils sont devenus plus puissants que ceux qui gouvernent les états, en ce sens nous sommes devenus des espèces d'esclaves contemporains privés de liberté. J'en conviens que ces outils nous facilitent la tâche, mais ne devrions-nous pas élaborer des mécanismes adéquats pour protéger nos acquis avant que cette assimilation pernicieuse soit irréversible. Je pense ici aux détracteurs politiques qui voudraient s'en servir à des fins occultes, si ce n'est déjà largement fait. La liberté n'est jamais acquise et se doit d'être prise en considération à chaque jour que le soleil se lève. Le sociologue Edgar Morin affirme que nous sommes technologiquement triomphants et culturellement défaillants. Le livre actuel indique mes inquiétudes ne provient pas des années lumières, mais de quelques années à peine dans le temps des consciences d'un monde à l'autre de Nicolas Hulot et Frédéric Lenoir. La bonne nouvelle, c'est que les outils sont là, mais la mauvaise, c'est l'usage qu'on en fait et l'effet qu'ils peuvent avoir sur notre esprit. Nous n'avons encore rien vu avec la venue de l'intelligence artificielle dont le maléfique Donald Trump se sert pour ses abjects projets politiques. Tout comme internet l'a fait subtilement il y a quelques décennies, l'intelligence artificielle rendra les hommes encore plus dépendants. Parfois, j'ai l'impression de ne pas être dans la bonne époque, d'être dans le bon film, ni même au bon endroit. C'est étrange ce ressentiment que je porte depuis longtemps déjà. Je ne vois que très peu, autour de moi d'avancée sociétale et un véritable progrès, sauf technologique et scientifique. Que puis-je faire alors ? Devrais-je m'impliquer dans une cause impliquant des valeurs morales ? J'aime la réflexion et le partage entre petits groupes de penseurs et de philosophes. À quoi bon s'ébattre dans un vase clos d'où l'air est putrifié ? Je préfère de loin partir à l'aventure quelques semaines, laissant les corbeaux s'acharner sur leurs charognes. Je reconnais la rancœur que je porte pour cette masse nivelée par le bas. Les habiletés sociales s'effritent à la vitesse de la lumière, lorgnant la médiocrité et l'orgueil. Suivront la peur et la rancune de n'avoir fait que passer. L'homme étant coupé de la nature devient plus vulnérable et angoissé. Jadis la nature et l'habitat de l'homme étaient sacrés, en devenant utilitaire dans sa totalité, les hommes ont rompus avec une partie d'eux-mêmes. C'est le temps maintenant qui est devenu sacré. Ce qu'il nous faut redécouvrir avant qu'il ne soit trop tard, c'est notre encrage à la terre avant que le capitalisme ultra libérale détruisent nos acquis. Les grecs et Spinoza affirmaient que la véritable liberté est intérieure, elle commence par l'introspection et la connaissance de soi.


25 août |

Nicolas Hulot dit que l'idée est de redéfinir ce que nous estimons relever du progrès afin de distinguer ce qui est une addiction de performances technologiques à notre raison d'être et à l'amélioration durable de la condition humaine. La science fait de nous des dieux avant que nous méritions d'être des hommes, dit Jean Rostand. Renoncer, c'est choisir, là surgit la vraie liberté. Depuis quelques semaines, une lenteur s'est installée dans mon corps et mon esprit. Je vais y remédier cette semaine en partant dans un roadtrip dans l'est ontarien. Je ferai plusieurs découvertes à vélo avec enthousiasme. L'inspiration me manque pour écrire ces temps-ci, encore plus lorsque je lis certains auteurs. J'ai besoin de partir sur un sujet quelconque ou de cultiver des observations pour me mettre à écrire. Dans mon immeuble, il n'y a pas de balcon pour me ressourcer. Seul est présent dans ce grand immeuble de gens modestes un balcon communautaire. Des fumeurs placardent cette unique terrasse de leurs odeurs nauséabondes. Le plancher en bois est noirci de cendres de tabac et de marijuana. Aucunes fleurs ou arbustes ne sont présents sur la terrasse. Les propriétaires ne se soucient pas des gens, que des immeubles, nous sommes ici que des numéros de dossier. La direction est rigide, la préposée à l'entretien ne nettoie que l'intérieur des fenêtres de l'immeuble, c'est indiqué dans son contrat. L'important pour la direction est que les briques ne nous tombent pas sur la tête et que nous ayons de l'eau. C'est ainsi que la gestion s'étiole dans le temps depuis des décennies que j'y habite. Dans le passé, j'ai planté pour plusieurs centaines de dollars des plantes et des arbustes que l'on a coupés prétextant nuire aux fondations de l'immeuble. Lorsqu'on nous demande de s'impliquer dans son milieu de vie et sa communauté et que l'on passe pour un trouble-fête, que fait-on alors, si ce n'est que se replier sur soi-même. Des pelouses bien entretenues ornent les lieux. Depuis quelques années, la ville a planté des arbres sur le terrain près de mes fenêtres grâce à mon intervention. Cinq fenêtres propulsent mon regard vers l'extérieur. Pour compenser le balcon désiré, chaque jour, je marche huit kilomètres sur les plaines d'Abraham situées à quelques rues. Je croise beaucoup de gens dans mon quartier, surtout des coureurs, la plupart sont très jeunes. Les contacts sont absents, l'indifférence omniprésente. Quand j'avance cette opinion, on me trouve étrange. Je prends toujours le soin de préciser que c'est une perception de ma part, non la réalité. Est-ce que cette indifférence est le lot des grandes villes que je peine à répondre avec clarté. Ce thème est récurrent chez moi, y décelant des ambiguïtés personnelles. Ma personnalité s'est formée au fil des ans du désir de prendre la route quelque temps pour me ressourcer en croisant des têtes différentes que dans cette ville qui m'a vu naître. Au retour, mon regard se renouvelle objectivement, voyant le monde sous un autre angle jusqu'au moment du prochain départ. Je viens de préparer des sandwichs pour un pique-nique avec une amie. Parfois, je suis troublé en vieillissant de constater nombreux sont les plus jeunes gens que moi dans les rues. Où sont passés les gens de mon âge ? Que sont devenus les milliers de gens qui m'ont accompagné dans mon défunt club de plein air ? Indifférence. Les gens ont leurs agendas, moi les miens, entre les deux, rien que des souvenirs. Ils ont leurs vies, moi la mienne. Les gens sont occupés à construire de nouveaux souvenirs s'égrenant à chaque instant. Ça me rappelle mes premiers livres d'Anne Philippe qui décrit avec lenteur ses étés près de la mer et spirale dont le temps semble s'être arrêté. Je crois que je devrai me remettre à lire.


23 août |

Jamais je n'avais regardé de façon aussi soutenu et intensive des discours politiques qu'avec la convention démocrate américaine qui s'est tenue à Chicago cette semaine. C'est avec une grande motivation que je vois se transformer sous mes yeux, le tableau politique américain par la venue récente de Kamala Harris et de son colistier Tim Waltz. Mon intérêt est plus grand encore par une compréhension plus que satisfaisante de l'anglais et de la participation de YouTube pour le visionnement des discours sans passer par les intermédiaires de nos chaînes de télévision québécoises. Je me sens davantage imprégner de la culture américaine, de par ce fait que j'ai une vision plus élargie du monde en sortant de ma bulle culturelle. Cela prend du discernement doublé d'une bonne expérience pour se dispenser d'analystes et de commentateurs pour faire sa propre opinion. Voilà où j'en suis maintenant. Ce sera dorénavant pour moi l'occasion d'élargir cette curiosité et mon apprentissage au contact des multiples médias américains. Get out of the box comme on dit. Il y a des avantages innés à s'imprégner d'autres cultures, en commençant par nos voisins, qui sont incontestablement l'une des plus grandes sources d'influences dans le monde. Nationaliste, je le serai lorsque j'aurai les motivations de l'être ce qui ne fais aucunement de moi un déserteur, loin de là. Ce qui est particulier aux États-Unis, c'est le multiculturalisme qui ne cesse de façonner le pays. Ce qui est fascinant dans ce multiculturalisme, c'est l'unité patriotique qui s'y dégage. Ce pays est difficile à saisir, car il est pourvu de contrastes saisissants en commençant par le profond clivage entre démocrates et républicains récent depuis la venue du conspirationniste et ignoble individu en Donald Trump et ses acolytes. Quoique les gens pensent de ce pays de la démesure, il est beau pour de multiples raisons que je vais en ce moment éviter d'énumérer. Aux États-Unis, on y retrouve le meilleur et le pire, ce qui le rend davantage fascinant. Je suivrai la campagne américaine cet automne qui met en opposition la lumière et l'obscurité, Kamala Harris et Donald Trump, le plus crétin des crétins qu'il m'a été possible de voir sur la scène politique étrangère. We won't get back. Les résultats de cette campagne auront forcément des influences dans le monde et sur les démocraties telles la nôtre, en ce sens nous sommes tous concernés.

19 août |

On a cru, ou tenté de nous faire croire, depuis au moins le siècle des Lumières, qu'il y avait un progrès dans l'histoire et que ce progrès constituait un mouvement irréversible, une loi. C'est sans doute vrai pour le savoir scientifique, mais pour lui seul. Pour le reste, morale et politique, la seule loi que connaisse l'histoire, hélas, c'est la tentation du pire, la force de régression qui, comme un élastique, ramène la communauté humaine à ses lamentables débuts. Rien n'est donné, rien n'est acquis une fois pour toutes. Tout est à reprendre à chaque génération, voire plusieurs fois par génération. Sisyphe doit constamment remonter son rocher, c'est-à-dire transporter et raviver le meilleur de ce qui vient du passé. Le choc des générations existe. Le sage non plus n'est pas surpris. Mais sage ne veut pas dire qui sait ; sage veut dire qui admet, qui a prévu non tant la réalité que la possibilité de ce qui survient à l'improviste. Le sage est celui qui s'étonne de tout. L'art rompt avantageusement avec le profane et la quotidienneté, la grisaille et l'ennui. Ce texte de Dominique Noguez est magistral. Oui, l'art saura transcendé la routine dans une relative paix. L'alternance entre le mouvement et l'immobilité me va bien. Trop d'un côté ou de l'autre appréhende le déséquilibre, l'inconscience, la paresse, l'ignorance, par manque de courage ou de latitude libertaire. Liberté ne signifie pas oisivité, la liberté est un geste conscient et volontaire. Je la reconnais pour avoir connu douloureusement son absence pour de multiples raisons. La liberté se reconnaît pour avoir vécu son contraire.


18 août |

Laisse les choses se briser, arrête de t'efforcer de les garder. Laisse les gens s'énerver. Laisse-les te critiquer, leur réaction n'est pas ton problème. Laisse tout s'effondrer, et ne t'inquiète pas pour l'après. Où vais-je aller ? Qu'est-ce que je vais faire ? Ce qui doit partir partira de toute façon. Tout ce qui doit rester restera. Ce qui part laisse toujours de la place à quelque chose de nouveau, c'est la loi universelle. Et ne pense jamais qu'il n'y a plus rien de bon pour toi, juste que tu dois arrêter de contenir ce qui doit être lâché. Ce texte provient du livre Mange, prie, aime d'Élisabeth Gilbert. Journées lancinantes de chaleur accablante, comment ferons-nous si ces températures continuent à s'élever de la sorte ? De toute ma vie, je n'avais jamais mis autant la climatisation et les ventilateurs dans mon logis. Si des gens doutent encore des changements climatiques, c'est qu'ils sont des cons. L'avancement en âge rend plus difficiles ces âpres chaleurs. Bientôt, la lumière extérieure s'estompera, laissant davantage de place pour la pénombre, facilitant ainsi pour moi la lecture et l'écriture. L'été, ça me tente moins avec toutes les distractions estivales. J'ai des projets de voyages qui m'animent encore pour les prochains mois. Cet automne, je devrai inévitablement me trouver quelques activités sociales et stimulantes, j'ai déjà quelques idées mais je dois faire quelques efforts pour sortir de ma torpeur. J'ai constamment besoin de projets qui s'arriment avec mes besoins et mes intérêts. Ma concentration en rapport avec la lecture s'amoindri l'été, toutefois je ressens la motivation à reprendre quelques auteurs prochainement. Je crois que le cerveau est comme un muscle, qu'il se relâche lorsqu'il est peu utilisé. Une chose dans ma vie en ce moment s'est grandement améliorée, ce sont les contacts humains qui ont légèrement augmenté avec plus de conscience et de profondeur. Mes lectures et la création de mon journal du blogue agissent pour rendre mes propos plus perspicaces. Ne pas écrire serait impensable. Voilà où j'en suis aujourd'hui. Et la créativité, comment se manifeste-t-elle en moi ? Comment faire vibrer cette fibre pour qu'émerge la joie et l'apaisement d'une vie réussie ? Car c'est bien de créativité qu'il s'agit lorsque je veux être pleinement satisfait de mon quotidien. Il fut un temps que je lisais davantage que j'écrivais. L'action est inversée à ma grande surprise, le besoin irréversible. Jadis, je n'aurais jamais pu croire un instant qu'avec cette nouvelle légèreté d'expression, j'aurais été capable de m'exprimer avec autant de plaisir et d'allégresse. J'ai tendance à croire que mon corps laisse lentement place à l'esprit avec l'âge. Il n'en fut pas toujours ainsi, moi qui avais de la misère à rester en place quelques minutes.  Quoiqu'il en soit je suis heureux et fier de mes opinions et ce que je deviens envers et contre toute adversité.

17 août |

L'amitié permet à l'énergie en nous de circuler. L'amitié est un lien nourissant s'activant bien au-delà de soi. Une amie et moi sommes allés quelques jours à vélo dans le Centre du Québec et Chaudière-Appalaches. Nous avons séjourné deux nuits dans un camping très intéressant avec une magnifique piscine situé à Sainte-Sophie d'Halifax près de Plessisville. Mon amie, novice à vélo, m'a largement surpris par sa force, son endurance et son enthousiasme malgré les côtes sous une chaleur suffocante. Sur deux randonnées, nous avons effectué cent cinquante kilomètres dans les plus beaux paysages de ces régions respectives. Une route fermée enjambant un pont d'Inverness nous a obligés de traverser une passerelle rudimentaire dans un chantier, le sourire aux lèvres. La jeune débutante est passée en quelques jours au niveau intermédiaire. Il ne lui reste qu'à s'habituer aux changements de vitesse dans les côtes et à se faire confiance davantage sur la route. Je ne suis nullement inquiet pour la suite qui nous amènera plus tard, en saison, aux États-Unis dans un véritable périple en cyclotourisme de dix jours sur trois États américains. Mon campeur étant trop petit pour nous deux, qu'une petite tente nous accompagnera pour cette mémorable aventure. Nous aurons ainsi plus de latitude et d'intimité pour ne pas s'encombrer mutuellement. Je suis reconnaissant au destin de m'avoir permis de faire cette belle rencontre. Nous avons plusieurs points communs doublés d'un parcours similaire qui nous lient d'une amitié sincère et qui pourra nous faire vivre de belles aventures on the road and outside the road.

16 août | 

Cette semaine, une bonne amie me posa l'une des plus difficiles questions à ce jour à  savoir si j'aime les humains. La réponse ne peut être brève et simpliste. L'amour que j'ai pour les hommes est en étroite relation avec mes premières expériences de vie. Mes modèles et mentors étaient absents, les amitiés et apprentissages  aliénants. Longtemps, j'ai aimé les humains qui m'apportaient bienveillance et ouverture, les autres m'indifféraient totalement, jusqu'à avoir du mépris pour eux. Je reconnais ces passages à vide avec le recul aujourd'hui. Je reconnais les émotions imbibées du sentiment de rejet et d'abandon. Répondre à cette question ouvre une porte sur un passé turbulent et troublant d'où l'insécurité et la peur m'indisposaient cruellement. Depuis peu, je regarde les jeunes enfants comme jamais auparavant : ils sont beaux et purs comme le jour. Auparavant, ils n'étaient indifférents, la preuve que les humains peuvent m'apparaitrent aujourd'hui magnifiques. Mon parcours fut sinueux et tragique par moments. Je sais reconnaître davantage aujourd'hui la bonté, la générosité, la délicatesse, l'amitié, le partage. En ce sens, je suis plus humain et désintéressé des biens matériels non essentiels. Oui, je suis déçu des humains, bien souvent dans leur vanité, leur orgueil, leur ignorance. Oui, je suis déçu des humains lorsque mon regard se teinte des rancunes du passé et du rejet. J'ai été exigeant avec moi-même autant qu'avec autrui. Nul ne me doit quoi que ce soit et je ne dois rien à  personne. Ma personnalité s'est arrimé de manques profonds à ma jeunesse. Mes tuteurs et mon intégration ont fait défaut, provoquant des carences précoces à l'adolescence. Cette question difficile malgré tout m'a permis de faire le point en m'accordant bienveillance, objectivité et pardon dans un dénouement tardif. En allant en ce sens, les humains n'apparaissent plus beaux, mais toujours fragiles, telle est cette condition transitoire et mystérieuse qui nous porte. Devant ceux qui s'appuient sans cesse sur leur passé cela m'indispose et m'exaspère. Je comprends toutes ces ruminations aujourd'hui préférant déblatérer sur le présent et les projets à venir. Seul mon corps me dicte mon âge, mon esprit en a point. Au lieu de citer gloire et déchéance du passé aux contacts des gens, n'est-il pas mieux de poser dans un journal ou un blogue les pérignations de nos aventures et vivre le moment présent lors de nos rencontres ? Loin de renier le passé et l'histoire je m'en sers pour aller de l'avant pour me connaître et comprendre le monde qui m'entoure. Certaines vieilles ou jeunes personnes m'ennuient, d'autres sont lumineuses comme le printemps. J'ai toujours le choix maintenant que je suis relativement libre.

12 août |

Le danger pour les sociétés, ce n'est pas qu'elles changent, c'est qu'elles changent trop peu, trop mal, c'est qu'elles régressent plus qu'elles ne progressent. C'est qu'elles croient changer parce qu'elles deviennent amnésiques, qu'elles jettent tous les bébés avec l'eau du bain. Le vrai changement est autant réflexion et tri que précipitation, résistance que laisser-aller, préservation plutôt qu'abandon. Contre le double danger de soumission et d'amnésie culturelle qui conduit à une même catastrophe le constat effraie: un monde uniforme, standardisé et crétitinisé. Les hommes doivent se prémunir par des connaissances véritables et la proclamation d'une liberté consciente. Dominique Noguez dans les plaisirs de la vie. Le jour où je me suis pris en main, c'est en écrivant et en lisant. C'est aussi surtout en apprenant à m'arrêter devant toutes sortes de distractions et de tâches futiles. Dans ces moments d'arrêt, j'ai compris que le mouvement excessif était relié à la peur, la peur du vide et du manque. Le vide n'existe pas, il ne peut m'affolé. Pour faire le plein, il faut savoir créer de l'espace en soi. La culture de masse nivèle par le bas, on le voit bien avec Trump et ses acolytes. Cet odieux et disgracieux personnage ramène la société et la démocratie loin en arrière. Je souhaite de tout coeur qu'il soit relié aux oubliettes en novembre prochain et qu'il paie pour les traces ignobles qu'il a laissé. L'alliance Trump-Musk est dangereuse car ce dernier est fin prêt à utiliser l'intelligence artificielle pour propager ses fake news et déstabilisé la démocratie. L'Amérique est le chien de garde de l'humanité pour plusieurs raisons. Elle est un modèle malgré ses imperfections. Les leaders américains exercent beaucoup d'influences de par le monde. J'ai confiance qu'une femme de justice et d'intégrité aidée d'une équipe honnête et équilibrée parvienne à offrir une source d'inspiration et de confiance au monde actuel qui en a largement besoin. Une chose que je saisis cette année est que je me suis déculpabilisé  en lien d'amener vers moi les bonnes personnes. J'ai très peu de pouvoir en ce sens sauf celui de trouver les intérêts et activités qui me conviennent et de faire confiance à la vie.

9 août |

Dans le monde, selon Nicolas Chamfort, vous avez trois sortes d'amis ; vos amis qui vous aiment, vos amis qui ne se soucient pas de vous, et vos amis qui vous haïssent. Les plaisirs absolus intrinsèques sont appréciés pour eux-mêmes, sans besoin de comparaison avec d'autres états ou expériences. Leurs valeurs sont considérées comme inhérentes à l'expérience elle-même. Ils ne dépendent pas des circonstances extérieures ou des états d'esprit. Par exemple, le plaisir de savourer un goût délicieux de cerises ou d'admirer la beauté naturelle d’un paysage est ressenti directement et immédiatement. Certains philosophes considéraient que certains plaisirs purs et simples sont absolus, car ils contribuent directement au bien-être sans nécessiter de comparaison ou de compétition. Les plaisirs relatifs dépendent de la comparaison avec d'autres expériences, états ou attentes. Leurs valeurs sont souvent évaluées par rapport à quelque chose d'autre. Ils sont influencés par le contexte social, personnel ou culturel. Par exemple, le plaisir d'avoir une meilleure situation financière que ses pairs est relatif, car il est basé sur une comparaison. Des penseurs comme John Stuart Mill ont exploré comment certains plaisirs peuvent être jugés de manière relative, où la qualité et l'intensité du plaisir sont comparées entre différentes expériences. Les plaisirs absolus sont souvent recherchés pour une satisfaction durable, tandis que les plaisirs relatifs peuvent être éphémères et dépendants de circonstances extérieures. Comprendre ces différences aide à déterminer ce qui rend vraiment une vie satisfaisante et heureuse, en équilibrant les plaisirs qui sont durables avec ceux qui peuvent fluctuer en fonction des comparaisons et des attentes sociales. Cette distinction philosophique invite à réfléchir à la source de mes plaisirs et à la manière dont ils influencent mon bien-être et ma quête de bonheur.

Est absolu ce qui, pour exister ou pour être pensé, n'a besoin que de lui-même. Le mouillé est relatif, pour le comprendre, il faut le relier à la notion d'eau. L'eau est donc un absolu, elle se comprend par elle-même, sans la relier à autre chose. Dès lors, affirmer que tout est relatif revient donc à dire que rien n'existe dans l'absolu, ni vérité ni valeur, que tout est donc discutable, contestable. La vérité n'existe pas le savoir humain ne peut pas dépasser le niveau de l'opinion. Relatif est ce qui concerne, implique ou constitue une relation. Relatif à. Qui a trait à, qui concerne quelque chose, quelqu'un. Le plaisir est soit relatif ou absolu. Le temps diminue les plaisirs absolus, mais il accroît les plaisirs relatifs. L'absolu tue, le relatif crée. Les notions de valeur absolue et de valeur relative s'opposent par nature, mais peuvent se compléter. L'absolu désigne la nature des choses, le relatif indique ce qui est dépendant. Fulgurante est ma pensée ce matin devant ces révélations toutes simples mais complexes à la fois. Pendant un certain temps, j'ai cru pouvoir me suffire à moi-même dans l'absolu. L'erreur n'est pas décelée, le cheminement et les expériences davantage. L'idéal est de combiné les deux plaisirs. Autour de moi, le monde chancelle, en a-t-il déjà été autrement ou en a-t-il été le fruit de mon imagination, de ma naïveté ou du manque de savoir ? La philosophie et la retraite dans son recul lucide s'amoncèlent dans une vision du monde plus objective. À compter de la semaine prochaine, la route m'attend avec son lot d'aventures. Il est grand temps, la ville m'assaille à trop ressentir ses turbulences.

5 août |

Vivant seul et avec peu de contacts, le blogue devient un précieux ami. J'aime partager mes observations au quotidien. Depuis la pandémie, les gens souffrent d'embonpoint de façon généralisée. À la piscine, il est impossible de cacher les amas de graisses et de cellulites, et ce, à de très bas âge. Les téléphones ne rendent pas plus intelligents ceux qui les utilisent et contribuent à augmenter l'adiposité. En ajoutant le stress et la malbouffe, la combinaison est parfaite pour augmenter la masse corporelle de façon significative. Les aliments doivent être soigneusement sélectionnés. Les aliments transformés, les sucres raffinés, le sel et les gras trans se retrouvent en abondance partout, d'où l'effort à maintenir une discipline rigoureuse pour ne pas succomber aux tentations. Depuis plusieurs années, je réussis à bien me nourrir, toutefois mes portions demeurent trop grandes. Le résultat est que j'ai tendance à combiner avec l'âge un surplus de poids. Quoique qu'il en soit, les kilos se prennent plus jeune qu'avant et je m'étonne du manque de rigueur généralisé des gens. Un îlot fait bande à part sur les plaines d'Abraham, où les gens svelts et sportifs sont nombreux et chez les populations mieux nanties. Depuis peu, ça me saute aux yeux tous ces gens aux gros derrières et aux bedaines volumineuses qui de dandinent partout faisant la file indienne dans les crèmeries. J'aurais envie de leur dire qu'il est temps de s'activer, de mieux manger, de cesser de fumer. Jadis, j'étais plus impliqué que maintenant je m'en fou comme à l'image de cette étrange époque où le collectif devient marginal. Une amie me conseillait de m'impliquer, que seule l'idée me répugne. Je sais que je ne suis pas seul dans ces pensées, je dis tout haut ce que plusieurs taisent. Les voix se multiplient, hargneuses et insidieuses dans les médias sociaux, révélant une société en mal de vivre. Ces réflexions m'amène à poser les questions suivantes : qu'est que la liberté ? Quelle serait le monde idéal ? Quels sont nos réels pouvoirs de changer les choses ? De nature philosophe, je réfléchis sur les causes. Un type parlant au second degré hier, parlant en mal de l'immigration, flirtait de façon superficielle sur le sujet que j'ai redirigé poliment la discussion ailleurs n'ayant pas de temps à perdre. N'est-il pas lui aussi le fruit de l'immigration ? De quels droits s'approprie-t-il de ces convictions éhontées et hasardeuses ? Je crois que nous n'avons pas seulement des droits et libertés individuelles, comme le mentionne la charte canadienne, nous avons aussi des devoirs et des obligations qui semblent être absents du monde contemporain. Il y a à peine un siècle, les habitants de la planète sont passé du monde rural au monde urbain. Les communications se sont transformées à une vitesse inouïe ne laissant pas la chance de s'adapter harmonieusement. La vie ne s'estompera pas, mais certaines espèces en subiront les conséquences, telle cette prestigieuse et infâme bête qu'est l'humain. La vie mutera vers autre chose, s'adapter constamment sinon périr devient la norme. Le monde n'est pas une projection virtuelle et mentale. Cette pensée nous isolera impitoyablement. Dans le passé, un amérindien seul était un homme mort. Les humains méritant mon respect sont ceux qui vivent en parfaite harmonie avec la nature et leurs semblables, les autres survivent.


3 août |

Ça me prend une semaine d'un retour de voyage pour me remettre à écrire. Une connaissance me demande si mes voyages sont des fuites, ce à quoi je réponds par la négative. Je me déplace pour apprendre et voir le monde par ce recul nécessaire et intermittent sans quoi j'étoufferais. Non, ce n'est pas une fuite par en avant, mais un ressourcement nécessaire. Je croise parfois des anciens clients ou compagnons de randonnées et de voyages. À vrai dire, ils sont tout cela sauf des amis véritables. Je comprends mieux le monde dans lequel j'ai flirté dorénavant depuis la retraite. L'espace créé depuis deux ans m'a permis de mieux observer cet univers dont ma pensée était trop près et pendant trop de temps. Je vieillis, mais assez bien, je trouve malgré le fait de ne pas être à l'abri des intempéries. Certains n'ont pas tous ce privilège. Tous ont leurs histoires, parfois radieuses, parfois bouleversantes. Ces dernières laissent des traces dans leurs visages, même en tentant de les dissimuler. Certains avec qui j'ai passé des semaines en préparant et accompagnant leurs voyages ou leurs randonnées de rêve m'apparaissent différents aujourd'hui, je le suis également. Malgré mon sale caractère, parfois d'homme têtu, j'ai dû faire passablement de compromis pour convaincre les gens de m'accompagner dans mes aventures. Je n'en serais plus capable aujourd'hui, non plus la patience et le goût de supporter les discussions et caprices d'autrui à grande échelle comme jadis pour gagner ma vie et poursuivre mes passions dans lesquels je me suis si souvent enlisé et si souvent exalté. Je ne regrette rien, ce fut mon apprentissage sans quoi je ne serais pas le même qui écrit ce soir. Je suis arrivé au point de rendre supportable le silence après tant d'années de murmures incessants et interminables dans ma tête et dans la bouche des gens. J'ai refait le monde si souvent que j'en ai perdu complètement mes repères. Aujourd'hui, ça va mieux. Lorsque je croise ces gens, je demeure délicat, mais je passe rapidement sans détourner le regard. C'est comme si je ne regardais que devant moi et non plus en arrière. Le résultat est convaincant face aux gens qui ont fait partie de ma route à un moment donné en quoi ce fut nécessaire. L'important que je retiens de tout cela est de ne plus m'attacher impitoyablement à quoi que ce soit. La vie coule comme l'eau de la rivière, si on l'empêche de circuler, elle finira quand même par se frayer un chemin, peu importe mes intentions.