Bienvenue sur mon blogue personnel. Ce journal intimiste dans ses récits et propos exprime un désir de dépassement et d'authenticité.
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Polarsteps
19 décembre |
Je me suis toujours intéressé à la définition du mot normalité. Le terme norme, du grec, signifie équerre ou règle en lien avec la bonne mesure. C'est un comportement qui peut être pris pour référence ou principe directeur qu'on tire de l'observation du plus grand nombre. C'est un modèle ou un trait considéré comme typique du comportement d'un groupe social. La normalité est un état ou caractère de ce qui est conforme à la norme, à ce qui est considéré comme l'état normal. La normalité peut se définir à partir de deux approches. D'une part, la souffrance psychique, nous la connaissons tous, mais certains sont amenés à trop souffrir, à souffrir de façon anormale. D'autre part, à partir de la norme sociale, la société nous dicte nos comportements. La normalité existe-t-elle réellement ? Dans un sens, on peut dire que nous sommes tous névrosés, car nous désirons et nos désirs ne sont pas tous réalisables. La normalité peut se définir soit à partir de la souffrance psychique, soit en référence à la norme sociale. Freud considérait lui-même qu'une bonne santé psychique ne signifie pas une absence totale de symptômes. La normalité dictée par la société évolue avec le temps, avec celle-ci. Dans tous les cas, nos symptômes sont le signe de notre singularité parce que nous sommes tous uniques, nous ne pouvons pas totalement nous conformer aux normes prescrites. Ceci nous amène forcément à vivre des conflits psychiques. Finalement, nos sociétés font un peu de nous tous des névrosés. Or nous sommes voués à cohabiter, à accepter que la liberté d'autrui empiète sur la nôtre, à renoncer à une satisfaction qui nuirait à autrui, sauf à nous comporter en psychopathes ou en salauds. Car sans les autres, sans leur soutien, comment pourrions-nous vivre ? C'est avec Saint Thomas d'Aquin que la philosophie se fond dans la théologie, c'est à ce moment que se complexifie pour moi la croyance de Dieu et du mystère de la foi. J'aime la logique et la raison en philosophie et le sens profond des mots, même si les Pères de l'Église ont tenté de les conjuguer. La notion de Dieu ne peut s'expliquer par la raison et la logique. Je ne tiens pas à développer l'histoire de la foi chrétienne et son sens, je ne suis pas intéressé. En d'autres termes, je puise mes inspirations sur la logique et la raison. Elle n'existe pas pour décrire Dieu. Saint Thomas disait que Dieu est Un et qu'il est au-dessus de toute chose. Je suis de nature éclectique en sélectionnant ou choisissant parmi diverses sources les réponses à .mes questions. Dans la foi, il n'y a pas de réponses, il n'y a que Dieu. Je ne suis pas un système particulier, mais je sélectionne et utilise ce qui est considéré comme les meilleurs éléments de tous les systèmes. Ce n'est pas que je rejette complètement l'idée de Dieu, car il m'arrive de lui demander, de temps à autres, son aide dans les situations difficiles. C'est dans les moments les plus pénibles que je ressens le besoin de croire à une force supérieure, qu'elle s'appelle Dieu, Bouddha Habuhiah, Krishna énergie ou lumière, peu importe. Je fais appel à ce qui est plus grand que moi, ce n'est pas difficile à trouver, car je ne suis qu'un grain de sable avec un égo grand comme un astre. Plus grand est mon égo, plus nombreuses seront mes souffrances. Mes incantations s'effectuent lorsque je ressens ma finitude, ma douleur et ma petitesse. Les motivations des Pères de l'Église depuis le début de la chrétienté jusqu'à aujourd'hui sont bien différentes, malgré que les textes religieux soient relativement les mêmes. Le pouvoir qu'a exercé l'Église sur les vérités qu'elle détenait sur le monde m'apparaît obscène. D'autre temps, d'autre mœurs dira-t-on. L'idée de Dieu évolue avec les époques. S'il existe, il n'a pas besoin d'intermédiaires, me semble-t-il. Dieu a-t-il mis trop de pouvoir dans l'Église, ou est-ce l'Église qui s'est appropriée de Dieu ? Je me pose souvent la question à savoir si je suis normal ? Certes dans la négative parfois pour les souffrances encourues, positive si je me compare aux autres dans la norme-alité.
18 décembre |
Humani a me nihil alienum puto. Je suis un être humain, rien d’humain ne m’est étranger disait Térence. À l'origine, le mot étranger était utilisé dans le sens de hors sujet. Cette réplique de l'esclave devenu dramaturge était une réponse à l'ordre donné à l'orateur de s'occuper de ses affaires, mais elle fut utilisée pour prôner le respect des différentes cultures et l'humanité en général. La métaphysique est la branche de la philosophie qui étudie la nature fondamentale de la réalité. Elle s'intéresse à des concepts tels que l'être et l'identité, l'espace et le temps, la causalité, la nécessité et la possibilité. Elle comprend notamment des questions sur la nature de la conscience, l'âme et la relation entre l'esprit et la matière, ou entre la substance et l'attribut. La morale vise d'une part à la conservation des formes collectives d'organisation sociale, de la société, de l'intérêt général, d'autre part à l'agrément de la vie des individus en société. De même, un même schéma moral est adapté selon chaque culture et société, mais, à l'intérieur de ces cultures, différents types de moralité cohabitent, avec un degré variable de tensions. Les règles morales peuvent être vues comme de simples habitudes qui ont fini par s'imposer à un groupe social, c'est-à-dire des façons d'agir culturellement acquises, apprises et intégrées par les agents, consciemment ou non, qui ont fini par se préciser ou se transformer au cours des siècles, ou au contraire comme des normes absolues, invariables dans le temps, transcendantes et d'origine divine ou révélées. De même, elles peuvent être considérées comme relatives, variables selon les peuples et les époques, ou au contraire comme universelles, indépendantes du lieu et de l'époque, et établies par la raison humaine ou exigées par une certaine représentation de l'être humain en général telles l'universalisme et les droits de l'homme. La morale est l'ensemble des règles d'action et des valeurs qui fonctionnent comme norme dans une société, communément appelée normalité. C'est la science du bien et du mal. L'éthique est proche de la morale dans sa définition, qui est la doctrine du bonheur des hommes et des moyens d'accès à cette fin ; ensemble particulier de règles de conduite. D'autre part, la morale est généralement rattachée à une tradition idéaliste de type kantien qui fait la distinction entre ce qui est et ce qui doit être, alors que l'éthique est liée à une tradition matérialiste de type spinoziste qui cherche seulement à améliorer le réel, c'est-à-dire ce qui est, par une attitude raisonnable de recherche du bonheur de tous. La morale provient de la nuit des temps dans la conscience des hommes. Elle a revêtu une apparence particulière au Moyen Âge dans le christianisme. La morale fut établie de façon plus subséquente pendant la grande noirceur du Moyen Âge afin d'établir des règles plus strictes associées à la religion chrétienne. Je suis pour le bien de la morale dans son ensemble. Le terme de la normalité à certains égards m'apparaît obsolète en lien avec les systèmes économiques, culturels et politiques contradictoires en place.
Examine l’angoisse, mais ne t’y attarde pas : elle est un pont, non un lieu d’habitation. L'angoisse est-elle une condition nécessaire pour donner un sens à la vie ? Entre la quête de sens, le sentiment de finitude ou encore celui d'absurdité, nous ne risquons pas de nous ennuyer. Quels sont nos refuges ? L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde. Par l'appel humain, Camus fait référence au besoin profondément humain de comprendre le monde et d’y trouver un sens. Le silence déraisonnable du monde renvoie à l'absence de signification transcendante. Le sentiment d'absurde vient alors de la prise de conscience douloureuse, mais fondamentale, que le monde ne répondra jamais aux aspirations métaphysiques de l’être humain. Partant de ce constat, Camus prône une attitude de révolte lucide en vivant pleinement, en construisant une vie significative malgré cette absence de réponse universelle. C'est donc une réponse existentielle face à l'absurde. D'où son utilisation du mythe de Sisyphe comme métaphore de la condition humaine. La révolte de Sisyphe réside dans le fait qu’il continue de pousser le rocher malgré l’absurdité de sa tâche. Il donne un sens à sa vie en affirmant sa liberté face à sa condition. Il faut imaginer Sisyphe heureux, nous dit Camus. La vraie crainte de l'existence n'est pas la peur de la mort, mais la peur de la vie. C'est la peur de se réveiller chaque jour pour affronter les mêmes luttes, les mêmes déceptions, les mêmes douleurs. C'est la peur que rien ne change jamais, que vous soyez piégé dans un cycle de souffrance auquel vous ne pouvez pas échapper. Et dans cette peur, il y a un désespoir, un désir de quelque chose, n'importe quoi, pour briser la monotonie, pour donner du sens à la répétition sans fin des jours. En philosophie, l'angoisse a été traitée par plusieurs auteurs et particulièrement l'existentialisme pour lequel elle prend la valeur d'un questionnement sur la condition humaine. En psychopathologie, elle désigne un état de mal-être qui se manifeste par une sensation interne d'oppression et de resserrement ressentie au niveau du corps. Ceci s'accompagnant généralement d'une crainte de malheurs ou de mort imminente contre lesquelles le sujet se sent impuissant. L'angoisse n'est pas un signe psychopathologique en elle-même, mais le miroir d'un ensemble de phénomènes affectifs, toutefois, si elle devient trop fréquente, voire continue, l'angoisse devient un symptôme pouvant être corrélée à d'autres signes particuliers pour former un syndrome ou se présenter de manière isolée à travers l'anxiété généralisée ou une névrose d'angoisse. Dans certaines situations cliniques, une absence d'angoisse peut être aussi alarmante qu'un excès. La peur de la mort est moins douloureuse que la peur de vivre. Elle n'est rien à comparer de voir se dissiper le sens de cette vie, disparaître notre raison d'existence, voilà ce qui est insupportable. Pour Kierkegaard, l’angoisse est un passage obligatoire pour accéder à une vie authentique qui a du sens. L’être humain, confronté à l’immensité de ses possibilités, ressent une sorte de vertige, le vertige de la liberté. L’angoisse survient face à cette indétermination, elle force l’individu à reconnaître sa liberté et à assumer la responsabilité de ses choix. Elle pousse l’individu à se questionner, à s’affirmer et à chercher un sens personnel à son existence. Pour Kierkegaard, ce sens ne se trouve pas dans des vérités universelles ou objectives, mais dans un engagement subjectif profond. L’angoisse peut éclairer le chemin de la compréhension. Elle peut parfois préparer le terrain pour la croissance spirituelle et l’éveil. Cependant, je ne crois pas qu’elle soit une condition nécessaire en soi. Le sens de la vie peut également émerger de la paix, de la joie et de la pleine conscience. C’est l’acceptation de l’instant présent, qu’il soit teinté d’angoisse ou de sérénité, qui, à mon avis, ouvre la voie à une vie significative. L’angoisse n’est qu’un visiteur, et son message peut être une invitation à contempler ce qui importe véritablement. Pour comprendre cela, il peut être utile de se tourner vers la philosophie existentielle, comme celle de Kierkegaard et de Heidegger. Kierkegaard considère l’angoisse comme une réaction à la liberté humaine et aux possibilités infinies qu’elle offre. Elle est le signe que l’homme est confronté à son potentiel de transcendance. Heidegger, de son côté, la décrit comme un sentiment qui révèle l’être face à l’énigme de son existence, l’éloignant des distractions du monde quotidien pour le rapprocher de son être-véritable. Dans cette perspective, l’angoisse peut agir comme un catalyseur, une force qui pousse l’être humain à examiner ses choix, ses valeurs et ses aspirations. Cependant, il m’apparaît important de préciser que cette force qu’est l’angoisse n’est pas indispensable pour tout individu. Certaines traditions spirituelles, comme le bouddhisme, mettent en avant une autre voie, celle de la contemplation et de la pleine conscience, qui permet de transcender l’angoisse sans nécessairement passer par elle. Tout, y compris l’angoisse, est impermanent. En méditant sur cette impermanence, on peut transcender l’attachement à l’angoisse et découvrir un sens plus profond, ancré dans l’harmonie de l’existence. Cela signifie qu’il est nécessaire d’étudier l’angoisse non pas comme une fin en soi, mais comme un élément parmi d’autres dans la quête de compréhension du sens de la vie.
17 décembre |
C'est en prenant le bus que l'on constate à quel point les diverses nationalités des dernières années peuplent la cité et la majorité des sièges de l'autobus. À l'arrière, une jeune femme particulièrement jolie parle au téléphone. Je détecte l'arabe. Elle est vêtue de couleurs sombres. Elle porte un foulard noir élégant cachant ses cheveux. Ses lunettes sont grandes, évasives. Son visage très blanc contraste avec ses vêtements. Elle porte des gants soignés et une veste en cuir noir. Assez grande, son corps est mince et plutôt différent de ceux rencontrés chez les musulmanes. Émane d'elle une assurance et une présence réelle. Je détecte un brin de caractère dans son regard perçant. Elle m'aperçoit l'observer minutieusement. Je lui dis qu'elle est jolie et lui souhaite de belles festivités dans les semaines à venir. Je ne ressens pas l'ouverture lorsqu'elle me dit que Noël ne la concerne pas. Je demande sa nationalité, algérienne, me répond-elle. J'ai l'impression que son intégration au peuple qui l'accueille ne semble pas l'une de ses priorités. L'intégration et le respect des valeurs laïques des institutions publiques et et l'apprentissage de la langue sont essentiels au vivre ensemble. On ne peux blâmer les immigrants reçus légalement de reconstituer leur culture d'origine dans les pays hôtes, sauf s'ils s'opposent aux valeurs démocratiques qu'ils choisissent de s'établir. Un jeune africain, me voyant interagir avec la jeune femme me sourit. Je lui fais un clin d'œil et il me répond d'un signe de la main qu'elle n'est pas à son goût. Je l'ai fait rigoler tandis que la jeune inconnue semblait indifférente à mon intervention. À chaque hiver depuis quatre ans, je prends le bus. Je ne déteste pas ça du tout en apprenant à lire sur le visage des gens. Rares sont ceux comme moi qui entament la discussion. Lorsque je m'adresse à eux, ils semblent étonnés de mes interventions socratiques. Et si j'étais une jeune et jolie blonde, serait-ce ainsi ? La question se pose. Je ne tiens à aucun prix porter des jugements de valeur. Il y a quelques années, en travaillant pour Uber avec mon défunt bolide, je prenais conscience des sensibilités des gens avec lesquelles je tentais de discuter, surtout les musulmans, qui, de manière générale, sont plutôt susceptibles. Je préfère en premier lieu, les gens capables d'auto-dérision, sinon je m'ennuie rapidement. Le réflexe serait de se taire, comme font la majorité des gens, les écouteurs dans les oreilles, ailleurs. C'est curieux le monde dans lequel on passe notre si courte vie. Ailleurs n'est pas garant d'un monde meilleur, autant m'y faire en m'adaptant dans la ville qui va vu naître. De cette façon, je n'aurai pas l'impression de fuir vers un monde utopique, illusoire. Je ne suis plus ce lâche prenant la fuite. Je suis plutôt le combattant de l'adversité et de la résilience. Dans mon groupe de discussion de la journée, une jeune femme s'étonne de la rareté des occasions de discuter, à part qu'avec ses quelques amies. Tout se fait en ligne. Jadis il y avait la danse en ligne, maintenant c'est vivre qui s'effectue en ligne. Et plus l'énergie à déployer dans ces réseaux se multiplie, et plus les gens sont seuls à l'intérieur du monde virtuel. Les malhabiletés sociales s'accentuent en parallèle avec les détresses psychologiques. Les écrans sont en train de rivaliser avec le monde réel au point de se demander qu'est devenu le monde réel. À l'extérieur des tâches accusant le rendement tel le travail, les motivations de s'adresser à autrui sont loin d'être privilégiées. Le monde n'est plus un espace public, mais une sphère privée, du moins dans mes observations des lieux qui me sert de repères. Pour résumer, mes observations ne représentent pas la réalité, elles ne sont que mes perceptions dans lesquelles je puise ma propre vérité. Je n'ai aucune prétention de détenir quelconque vérité autre que celle d'exister. Il est étonnant de constater à quel point quelques mots auront suffit à m'étendre sur de si simples observations en lien avec la jeune étrangère. Goethe disait souvent : une œuvre d'art, qui ne laisse rien à deviner, n'est pas une véritable œuvre d'art, une œuvre de réelle valeur ; sa plus haute fin est toujours d'inciter à la réflexion, et l'œuvre ne peut plaire vraiment au spectateur que si elle le contraint à l'interprétation selon son propre sentiment, à en continuer et à compléter en quelque sorte la création. La beauté physique d'une jeune femme est une œuvre d'art en soi. Parfois, il vaut mieux se taire pour ne pas se laisser distraire par l'illusion.
16 décembre |
Non que l’on jouisse alors des souffrances d’autrui, mais parce qu’il nous plaît de voir qu’on y échappe. Doux aussi, lors des grands carnages de la guerre, de regarder de loin les armées dans la plaine. Mais rien n’est aussi doux que d’habiter les monts fortifiés du savoir, citadelle de paix d’où l’on peut abaisser ses regards vers les autres, les voir errer sans trêve, essayant de survivre, se battant pour leur rang, leur talent, leur noblesse, s’efforçant nuit et jour par un labeur extrême d’atteindre des sommets de pouvoir, de richesses. Misérables esprits des hommes, cœurs aveugles. Dans quelle obscurité, dans quels périls absurdes se consume pour rien leur presque rien de vie. N’entendez-vous donc pas ce que crie la nature ? Que veut-elle sinon l’absence de douleur pour le corps, et pour l’âme un bonheur pacifié, délivré des soucis, affranchi de la peur ? Le corps, nous le voyons, se soucie de très peu : l’absence de souffrance est un plaisir exquis ; la nature apaisée n’en demande pas plus. Ce sublime poème épique tiré de la nature des choses est de Lucrèce, fervent admirateur d'Épicure et qui a vécu un siècle avant J.-C. C'est en lisant le livre Quattrocento de Stephan Greenblatt, écrivain shakespearien américain, que je découvre une histoire captivante qui ressemble en partie au Da Vinci Code de Dan Brown. J'y découvre la vie des scribes au Moyen Âge dans les monastères du Vieux Continent. Les scribes reproduisaient des copies de textes originaux allant de l'Antiquité jusqu'à l'arrivée de l'imprimerie en Allemagne par Gutenberg. Les moines n'étaient pas tous des gens de foi et des érudits. Les costauds et les illettrés travaillaient dans les champs, les chétifs étaient des scribes. Ils leur étaient interdits de pousser leur curiosités dans les manuscrits auxquels ils travaillaient, leurs tâches étaient que de retranscrire. C'est un miracle que les poèmes de Lucrèce nous soient parvenus, car ils allaient à l'encontre des autorités ecclésiastiques de leurs époques et bien au-delà. Depuis peu, je ressens chez moi un grand vent de liberté intellectuel depuis la retraite. Je peux accéder à des connaissances qui jadis ne m'étaient pas disponibles par manque de disponibilité. Mes intérêts étaient de travailler et à contempler le monde par mon corps. Il y a dans la littérature un espace gigantesque pour nourrir mon esprit et ma curiosité qui est telle que je n'aurai jamais ni le temps ni la capacité d'absorber tout cela de mon vivant. Une raison de plus pour que je m'y mette sans plus tarder. J'aime surtout chez les auteurs la clarté et la beauté des propos qu'ils révèlent. J'aime l'histoire romancée associée à la philosophie et à la spiritualité. Dans Quattrocento, c'est indéniable que l'auteur est un génie. J'ai tellement voyagé que maintenant je ne ressens plus ce besoin obsessif de voir le monde. En moi, je possède d'innombrables références et expériences qui me permettent de rester tranquille dans la quiétude de mon logis. J'ai rencontré un tas de gens différents dans des contextes multiples. Apprendre différemment à la lueur de ma lampe me suffit pour atteindre des horizons lointains. J'éprouve dorénavant moins de passion que de raison. À ce titre, l'usage de la lenteur et de l'étude me sied à merveille. Je demeure, néanmoins, avide longues promenades à vélo ou dans la neige, que ce soit dans ma province natale ou en Nouvelle-Angleterre. La littérature m'ouvre des portes qui me font voyager allègrement, dépendamment des auteurs et des conditions dans lesquelles je vaque. Je reconnais, depuis la création du blogue, une clarté d'expression qui me caractérise associée à une compréhension indissociable de mon être et du monde qui m'entoure. Je sais dorénavant, que je ne puis me sentir complètement seul grâce à mon blogue et avec tous ces auteurs vivants ou qui ont déjà vécu. Les écrivains et les pédagogues ont ceci de magistral qu'ils me sortent de ma torpeur d'avoir le sentiment d'être le seul à exister. Il est notable de terminer un texte par une saine conclusion. Du vagabond du monde, je suis retourné à la maison pour comprendre les raisons qui m'ont poussé à prendre le large. J'y suis arrivé, mais le récit n'est pas encore terminé, pas encore.
15 décembre |
Il faut renoncer à beaucoup de choses pour ne désirer que ce que l'on a la certitude d'obtenir et pour soumettre ses désirs au jugement de la raison. La transformation, c'est le changement d'attitude à l'égard du temps. Le plaisir le plus pur, le plus intense, peut être atteint facilement dans le présent. Il est impossible d'augmenter le plaisir par la durée, car il est tout entier dans le moment présent. La conscience d'exister est le plus grand bonheur. Le présent seul dépend de nous, de notre volonté, disait Marc Aurèle. On ne saura pas heureux, si on ne l'est pas immédiatement. Ceci révèle la pensée des épicuriens et des stoïciens chez les anciens grecs. C'est la mise en accord qui est en nous avec la raison qui dirige le cosmos produit l'enchaînement du destin. Dans chaque événement, le monde entier est impliqué. Le monde ne vit que dans le présent, seuls les humains ont le pouvoir de se projeter dans le passé et le futur. Le moment présent contient toute la richesse de l'être. Pour le contenir, il faut que le cœur soit en paix et qu'aucune passion vienne troubler le calme, selon Rousseau. Goethe en a fait l'expérience en l'exprimant dans ces nombreux ouvrages, j'y reviendrai. Mes plus grandes souffrances proviennent du fait d'avoir négligé le moment présent. Aujourd'hui, j'ai pratiqué la marche consciente qui consiste à marcher d'un pas plus lent. J'ai toujours eu le réflexe de marcher rapidement. Vouloir se battre avec le temps équivaut à vivre contre lui. Pourquoi suis-je tant pressé à l'heure de la retraite ? Mauvaises habitudes qui ne m'apportent pas de bien-être imminent, sauf cette l'impression d'être plus en forme. Ce geste s'annule dans cette intention en provoquant la carence du moment présent. Ma journée s'est déroulée de façon plus harmonieuse avec davantage de joie et du bonheur d'exister.
14 décembre |
Je débute ce nouveau chapitre avec une très courte rétrospective des principales doctrines grecques jusqu'au début du christianisme énoncé au chapître précédemment. C'est un bref résumé pour se situer avant de poursuivre à la philosophie chrétienne. Héraclite dit que l'être est éternellement en devenir, tout se meut sans cesse, nulle chose ne demeure ce qu'elle est et tout passe en son contraire. Parménide dit que l'être est, donc, parce qu'il est, il ne peut pas ne pas être ; le non-être est impossible. Il distingue une double philosophie, l'une fondée sur la vérité, l'autre sur l'opinion. Être et penser pourtant ne sont qu'une seule et unique chose. Le stoïcisme par Zénon et ses disciples prône l'acceptation sereine du destin et la maîtrise de soi, en s'efforçant de vivre en accord avec la nature et en se détachant des émotions perturbatrices. Cela consiste à accepter le moment tel qu'il se présente. La philosophie de Socrate celle de la morale cherchant à montrer que les vertus particulières convergent toutes dans la vertu principale qui est une, en vue de faire le bien. L'objectif principal de l'épicurisme est l'atteinte du bonheur par la satisfaction des seuls désirs naturels et nécessaires, les vices étant exclus. La philosophie du cynisme se trouve dans l'idée d'autosuffisance. Le sage est celui qui est capable de se contenter du minimum, de manière à ne souffrir d'aucun manque et de pouvoir facilement faire face aux situations les plus difficiles. Dans le scepticisme, les hommes ne peuvent prouver aucune réalité, de là provient le doute, alors il est mieux de ne rien dire. Le sophisme est la philosophie qui assemble des arguments qui, partant de prémisses vraies ou jugées telles, aboutissent à une conclusion absurde et difficile à réfuter. C'est un raisonnement vicié à la base reposant sur un jeu de mots, un argument séduisant mais faux, destiné à induire l'interlocuteur en erreur. Le platonisme est la philosophie du dialogue fondée par Platon. Il développe sa propre doctrine qui repose sur un dualisme entre deux réalités, le monde sensible et le monde intelligible soit celle de la théorie des idées. Pour Aristote, l'essence ou l'idée est comme un être existant en soi, tout à fait indépendamment de la réalité sensible, de sorte que la science doit aller au-delà du sensible pour atteindre des intelligibles, universels, immuables et existants en eux-mêmes. Il affirme que la raison est vide avant que les sens n'entrent en action. Dans le néoplatonisme, le philosophe Plotin achève les travaux de Platon qui postule l'existence de réalités distinctes, mais interconnectées par le monde sensible, que l'on perçoit avec nos sens, et le monde intelligible des idées ou des formes. Pour Plotin, l'univers est composé de réalités fondamentales, l'Un, l'Intellect et l'Âme. Lorsqu'on applique une qualité à Un, il y a dualité, alors il faut se taire. La foi et la raison sont inséparables selon lui. La philosophie et la religion chrétienne s'assemblent à la recherche de la béatitude selon Saint Augustin. Sa doctrine n'a pas comme objectif de décrire scientifiquement la religion, mais de l'y conduire et de la faire désirer. Sa thèse n'est pas de démontrer, mais de faire prier par la révélation. Il préconise un itinéraire de vie intérieure associée à la présence de Dieu. On y accède non pas par la philosophie, mais par la foi, ce qui est appelé la révélation. Chez Plotin, le fondateur du néoplatonisme, il y a une extase philosophique et intellectuelle, chez Saint Augustin, il y a une extase de l'amour.