Bienvenue sur mon blogue et cybercarnet personnel. Ce journal intimiste dans ses récits et propos exprime un désir de dépassement et d'authenticité.
11 mars |
Là où les dieux et les hommes ont tenté de m'oublier, seule ma volonté et mon amour triompheront. À quoi bon mendier alors que je n'ai qu'à me tendre la main pour m'offrir en partage. Personne ne me doit plus rien, j'ai pris bien du temps pour comprendre ma déraison et mon malheur. J'ai attendu autrui en vain, ne me doutant pas que j'avais qu'à me tendre l'oreille. De douces confessions m'acclament de leurs profondes vérités. Précieux journal et doux allié ne me juge point. À de justes raisons, je sais m'édifier pour apaiser ma peine. Je tourne dans ma tête mille petits motifs lorsque je ne vaque à aucunes activités, passant de la joie à la tristesse. Serait-ce là ce qui s'appelle de la neurasthénie ou de la procrastination ? À trop m'écouter, je découvre tellement de maux que j'ai peur de m'effondrer. La preuve que j'évolue est dans les livres à ma disposition dans une bibliothèque bien rangée de la maison. Rares sont les ouvrages expirés ou dépassés que j'ai envie de relire. Jadis, ils faisaient mes envies et mon savoir que maintenant ils n'apparaissent mauribonds. J'ai beau les tâtonner, les feuilleter, les admirer, que je n'y vois plus guère de satisfaction à part que de meubler mon salon. En cela, j'y vois le signe de mon évolution littéraire, mes critiques en la matière etant plus élevées qu'autrefois. Je sais davantage distinguer les bons ouvrages qui me satisfassent et me délectent. Je souris devant certains bouquins qui ornent mes tablettes et dont je peine à me séparer. Plusieurs de ceux-ci sont figés dans un curieux mélange de nostalgie à l'intérieur d'une époque révolue. Je n'aime ni les romans, ni les ouvrages en sciences. Je reconnais un bon livre en l'ayant sous la main. Il me suffit de très peu de temps pour en connaître le caractère et son doux refrain. Rilke disait que si le quotidien nous paraît pauvre, c'est parce qu'on n'est pas assez poète pour appeler à nous ses richesses. J'ai réussi aujourd'hui à maîtriser en partie un litige, la suite me sera divulguée sous peu. J'ai tenu tête à un avocat et j'en suis fier, passant au crible son ministère et ses règles devant lesquelles j'ai subi un préjudice. Je ne possède comme seuls appuis ma raison et mon courage. Un à un, des pièges m'étaient destinés afin de céder et m'accroupir. Le gros du travail est fait dans le dossier dont la justice et l'équité sauront me satisfaire. Je n'ai plus le cœur à me laisser périr sans tenter de lutter, sans tenter de grandir. Choisissant mieux mes combats, la tête haute et légère, je pars en croisade pour retrouver ma dignité dans ce duel où les chances sont de mon côté. Il en est ainsi. Étant un créateur qui se redessine dans des jeux d'atmosphère, mon travail se fortifie à me plaire. Et si j'arrive à le faire, j'attirerai vers moi les plus belles citations, les plus belles créations. Ce n'est pas le décor qui change, mais le regard. Ce n'est pas l'objet qui se transforme, mais mon cœur qui lui prête attention. Écrire m'empêche de ruminer et de perdre la raison. Je sculpte mon esprit comme l'artiste à ses pierres. Mes mots n'ont plus les mêmes raisons, la même perspective depuis que je m'investis dans un thème nouveau et rafraichi. Ma solitude, soudainement, donne naissance à un être étrange et beaucoup plus beau. Ma solitude se referme aux bruits du dehors et se peuple de nouveaux personnages. Une œuvre d'art est bonne quand elle nait d'une nécessité. Que dois-je créer est une question essentielle dans laquelle je suis disposé à dicter. Créer n'est pas qu'essentiel, mais vital pour s'offrir du sens et s'aimer. À la différence d'autrefois, ma création ne requiert pas de récompenses autre que de me révéler. En ce sens, j'avoue ne plus être capable de cesser d'écrire. Je le fais non pas pour être lu et aimé de l'extérieur, qu'autant qu'à croître selon ma loi et mes profondeurs.
Les premiers oiseaux de la saison ont chanté à ma fenêtre ce matin, à mon grand bonheur. Il existe deux justices, l'une pour les pauvres et l'autre pour les riches. Tous savent cela et encore plus lorsqu'on est dans le trouble. Je trouve ignoble les fortunés ayant accès aux avocats aptent à plaidoyer avant tout à leurs causes, puissent obtenir justice par la voracité de leurs grandes gueules éhontées et de leurs salaires bien souvent injustifiés. Quelle est cette justice-là, monsieur ? Il y a justice pour qui sait bien parler, celle des gens éduqués, celle des gens qui ont les contacts, celle des gens habiles ou celle des belles gueules, malgré qu'aujourd'hui que ça ne suffise plus. Les autres, qu'ils aillent se faire foutre et qu'ils se débrouillent, car on ne s'occupe pas de ces gens-là, monsieur. La justice est pour les gens heureux bien avant qu'ils ne perdent leurs causes. Il y a une justice pour les beaux et jeunes physiques, surtout s'ils ont avec elles, de beaux nichons. Il y a deux systèmes de santé, deux classes de sièges aux avions, aux collèges, aux amphithéâtres et aux services de tout acabit. Il y a deux justices, l'une qui prend toute la place et les autres qui cèdent leurs places. La justice se paye de nos jours, monsieur, l'avez-vous remarqué ? Il y a une justice pour ceux qui fructifient leur avoirs et ceux qui en n'ont pas. Il y a une justice pour ceux qui travaillent et ceux qui font travailler les autres. Il y a une justice pour les gens intelligents et une autre pour les ignorants, mais on n'en parle pas de ceux-là, monsieur. Il y a une justice pour ceux qui ont de l'aide et une autre pour ceux qui n'en ont pas. Il y a une justice pour ceux qui ont de la chance et une autre pour ceux qui n'en ont pas. Il y a une justice pour ceux qui n'abandonnent pas, mais soyez prudent si vous parlez pas trop fort, de risque d'être amener au palais des impudents, au palais des injustices. À vrai dire, il est franchement mieux que je sois philosophe qu'avocat, la question ne se pose même pas. La justice des hommes est absurde et elle n'existe tout simplement pas. Et c'est ainsi que justice se fait, par la loi du plus fort dans l'évolution de l'espèce inhumaine et contrarié. Et si cette jungle n'existerait pas, quelle forme prendrait-elle ? N'est-il pas utopique de croire que tout pourraient être beau, parfait et sans injustices ? Beaucoup d'ambivalence et de dissonance s'entrechoquent dans la tête des gens, c'est pour ça que leurs visages m'apparaissent hostiles et maussades dans les lieux banales et communs. La certitude est mauvaise et dangeureuse dans l'esprit des gens. Sans le doute, il n'y a pas de mystère et sans mystère, pas d'espoir. Il y a ceux qui ne peuvent se faire justice eux-mêmes, car ils seraient ramasser par la justice. Il y a les justiciers qui passent incognito et les truands qui deviennent des héros. Il y a une justice pour ceux qui savent se taire et une autre pour ceux qui ne peuvent pas. On connaît tous la chanson, on connaît tous les règles. Et puis après, qu'est-ce que ça donne de dire ça, si on n'est pas du bon côté de la galère ? Être sur le neutre, c'est se taire en évitant de crier à l'injustice. C'est ainsi que les couleurs s'effacent de nos faces à trop vouloir s'effacer. Cette justice là est plus forte que la raison, monsieur. Être sur le neutre, c'est lorsqu'on n'a plus rien à faire, plus rien à tenter pour changer ce monde induit de désordre et d'erreur. La justice des riches, j'en ai rien à foutre et la justice des pauvres ne m'émeut guère. Je préfère rester à la maison ou dans mon camion le printemps venu à me taire avec seul ami mes mots pour ne pas être jeté en tôle ou trainer en justice.
Toutes choses et commentaires sont assujettis à interprétation, le sarcasme par exemple. Un ami m'indique avoir été abusé de sarcasmes par moi alors que je tentais simplement d'exprimer quelques brins d'humour et de rigolade dans le rapport d'amitié qui nous unit. Il y a question de s'interroger et surtout de discuter, évidemment en personne et le plus rapidement possible. Il est de ces sujets délicats qu'il vaut mieux parler en tête à tête que par internet. Toutefois, certaines personnes, par un surcroît d'émotions, préféreront écrire pour dissiper au préalable, quelques frustrations ou divergences d'opinions. Je préfère de loin la philosophie à la psychologie, car elle questionne des sujets plus vastes que soi. La psychologie, bien souvent, s'investit de situations ou de comportements spécifiques en faisant allusion à des problématiques particulières et personnelles. Sartre disait que l'enfer, c'est les autres. Il n'avait pas tout à fait tort devant la complexité des rapports humains. De ce point de vue, s'il m'avait fallu attendre d'être parfait pour m'adresser aux autres, j'aurais passé ma vie seul à me raconter des histoires. Ces temps-ci et, plus qu'à l'habitude, je préfère converser en solitaire dans le blogue qui me sert de journal intime. Il m'est plus facile ainsi d'esquiver des opinions et commentaires d'autrui qui pourraient m'être douloureux à entendre ou à défendre. De plus, cet exercice me permet de peaufiner mon esprit et mon vocabulaire dans le but éventuel de préparer de futures discussions qui, sommes toutes, pourraient être agréables, dépendamment à qui l'on s'adresse. C'est une méthode qui porte ses fruits en ce moment, je le constate tous les jours. Je me rappelle du temps, par manque de confiance et de relief, que mes propos et opinions pouvaient être interprétés de telle ou telle façon, j'en conviens, mais à l'heure actuelle et, par souci de bien faire, j'essaie d'apporter davantage de nuances et de précisions sans toutefois tenter de réprimer, outre mesure, mes paroles spontanées et créatives. Jamais de mon existence, je n'ai eu accès à autant d'immobilité et à ce désir de l'être pour écrire et réfléchir. Ces moments ne surviennent pas par hasard, mais par nécessité. Ils reflètent une incroyable métamorphose dans laquelle je puise mes inspirations. Il était grand temps, accusant un sérieux retard, tout en rattrapant une sincère évolution. Veillir, c'est de l'esprit qui s'éveille lorsque le corps s'endort. Ces longs moments d'arrêts et d'hibernations plus ou moins volontaires arrivent à point pour poser les bases solides de mon être qui, sans elles, j'étais voué à disparaitre. Certains utilisent des pierres pour ériger leurs maisons une à une, alors que pour moi, c'est mot par mot que j'érige la mienne. Il serait subterfuge, à ce moment précis, d'abdiquer devant ma solitude et qui me permet de croître en sagesse et en distinction. Je m'étonne devant cette soudaine renaissance des dernières années et qui consistent soudainement à relier les mots ensemble pour me réinventer. Jamais je n'aurais cru pouvoir faire un aussi bon usage de la langue. Jamais je n'aurai cru pouvoir assumer autant ma défense de ma dignité par le verbe. Je suis en train de rapatrier mon être qui s'était éclaté en mille morceaux par ma négligence à naître et ne sachant par où commencer. Je reconnais prendre toute la place qui dans mes propos qui sont miens et que j'en suis fier. Comment pourrais-je ne pas le faire après m'être expatrié aussi longtemps ? Comment ne pas prendre la place qui me revient, ayant fui trop souvent, trop longtemps, pauvre abruti que je fus dans mon corps et mon esprit ? Qu'aucun puisse dire que je suis égocentrique, qu'ils seraient immédiatement invités à se faire foutre. Toute morale autre que la mienne n'a plus aucune emprise sur moi. Ce n'est pas tant de morale que d'amour dont j'ai besoin. Pour mériter cet amour, il faut obligatoirement savoir se l'offrir et reconnaître le sien en premier lieu. On ne peut donner ce qu'on n'a pas. Beaucoup de souffrances s'agitent en ne reconnaissant pas son propre amour et qui s'invite à se fuir pour éviter sa propre douleur. La fuite nait de l'incapacité à corriger sa trajectoire. La fuite naît d'une incapacité à se reconnaître et s'aimer. Quels autres sujets seraient plus importants que moi-même à ce moment précis ? Je n'y vois aucun signe d'égocentrisme, bien au contraire. Chacun de nous ne voit-il pas qu'il est le centre de l'univers et que tout rayonne autour de soi ? Serait-ce possible que ce Dieu inconnu soit à l'intérieur de nous-mêmes ne connaissant pas son nom ? Déjà quelques heures à écrire et la soirée n'a pas encore débuté. Décidément, j'ai trouvé matière pour fuir l'ennui sans trop de volonté et de misère. C'est curieux de constater que le vide n'existe pas. C'est curieux de constater que tout arrive à point à qui sait attendre. À vouloir tout étreindre, on n'embrasse rien. Lorsqu'on croit avoir tout gagner, on finit par tout perdre. Voici la leçon que je reçois et qui résume bien l'état de ma situation au moment d'en parler. Je saisi avec le recul, le piège dont je me suis volontairement installé en reconnaissant aujourd'hui les causes. Je crois que la route à la prochaine saison ne sera plus la même avec toutes les révélations qui s'étalent devant moi au grand jour. Comme il est étonnant de retrouver, tout d'un coup, de grands torrents d'inspiration à mesure que mon esprit se lève. Comment ai-je pu faire pour rester endormi aussi longtemps ? M'affirmer, c'est vivre, bien le faire c'est ressusciter.
8 mars |
Ce soir au café Quoi, et qui porte bien son nom pour les questions que les gens s'y posent, je fais la connaissance de Benjamin, un fanatique protestant réformateur à la gloire de Dieu. Il n'a pas été respectueux, malgré le ton agréable dont il dispose et pourtant, après avoir exprimé mon intention à plusieurs reprises de vouloir m'abstenir de parler de la grâce de Dieu et de ses composantes. C'est un sujet qui, pour moi, est complètement inutile et dépassé aujourd'hui dans sa forme actuelle, son contenu et son mysticisme incompréhensif et douteux parsemé de soumissions hostiles. Toutefois, je ne renie pas ceux qui ont la foi en Dieu, ça les regarde et si, tout d'abord, ils gardent le sujet pour eux et entre-eux. Je préfère largement m'abreuver des choses de l'esprit, notamment par la raison s'exprimant dans le moment présent et en évitant de citer des histoires incertaines, relatives ou trompeuses. Ma vérité se déploie sur ma raison de croire ce qui est juste et bon pour moi et avec l'humble discernement à ma disposition et de la justice, si elle existe. Les religions ne me sont d'aucune utilité par le manque de compréhension dont elles disposent et je me méfie des prêcheurs habiles et chevronnés qui acclament la vérité suprême du bon Dieu. J'aime les vérités, si elles existent, qui me traversent directement et qui ne passent pas à travers les intermédiaires douteux, quel que soient leurs caractères. Les seuls avec qui je peux dialoguer sérieusement sont les êtres qui ne sont barricadés de certitudes et de morales incertaines. Bon, j'ai suffisamment parlé de ce sujet qui ne tient pas la route dans mon esprit en constante ébullition par les temps qui courent. J'ai appris que Benjamin est le fils d'un fidèle et prolifique pasteur protestant. Il respectait son père avec grandiloquence qui lui a apporté une influence sincère et approuvée vis-à-vis ses prédilections. Il n'y a rien d'autres à dire sur le sujet qui n'influencera ni mon destin, ni mes croyances. Au même moment, j'ai eu le plaisir d'assister à un baby shower brésilien, qui est, ni plus ni moins, la célébration d'une nouvelle naissance. Ce café m'est cher et dans lequel j'éprouve un fort sentiment d'appartenance jusqu'au jour où je puisse suffisamment me faire confiance pour me passer de ces distractions qui ne sont pas les miennes, même si elles ont leurs raisons d'exister. Ce soir, j'ai trahi mes saines habitudes en ingurgitant grand nombre de chocolateries et pâtisseries somptueuses. Tant pis pour moi si les dieux me punissent pour ma gourmandise, je le mérite bien, pauvre misérable que je suis.
7 mars |
La vie passe trop vite pour un retour en arrière, ainsi soit-il. Vert l'Aventure est mort, vive Vert l'Aventure. La philosophie est très importante pour comprendre la politique et pour prendre les bonnes décisions à son égard. Un bon philosophe atteste un bon discernement devant la politique et les programmes actuels qui ne sont pas simples à comprendre par toutes les affirmations qu'elles propagent. S'il y avait davantage de philosophes pour démystifier et saisir la politique, le monde se porterait mieux et nos choix seraient plus judicieux. Les politiciens, en règle générale, n'aiment pas les bons penseurs par les déroutes qui pourraient s'imposées par leurs bourbes et leurs tricheries triomphales. Je ne comprends pas qu'après quelques années au collège, les jeunes gens délaissent la philosophie au détriment des affaires et des technologies. L'esprit est un muscle qui a besoin de constants exercices pour survivre dans le monde actuel et la philosophie propose des résultats clairs à cet effet. Il ne s'agit pas autant de savoir manier les choses que de savoir pourquoi et à quel escient elles sont constituées. Le monde n'existe pas seulement pour une série de touches sur le clavier et de réclames publicitaires. Le monde n'est pas seulement un matériau que l'on assemble indéfiniment. Le monde requiert bon sens et jugement, que sans l'apport de la philosophie de graves erreurs peuvent se commettre et survenir. À quoi ça sert de savoir additionner si on ne sait pas pourquoi on le fait ? À quoi ça sert d'empiler des trésors toute sa vie durant si à la fin de ses jours, ils deviennent inutiles ? La philosophie sert à comprendre le monde au lieu de le subir. La philosophie sert à comprendre l'étranger qui est en nous et à s'en faire un ami. À quoi ça sert de gesticuler sans arrêt si on ne comprend pas les raisons qui nous poussent à le faire ? Le malaise ne proviendrait-il pas de trop vouloir bouger au lieu de réfléchir aux raisons qui me poussent à le faire ? L'oisiveté est mal perçue, car on n'y décèle que la contre-productivité à l'intérieur d'un monde agité et ultra-performant. À quoi ça sert toute cette agitation si mon corps requiert le repos et la tranquillité ? Philosopher, ça sert à poser les questions nécessaires devant ce rythme fou et inconscient qui freine les libertés et la dignité. S'arrêter ne paie pas sauf si on est crever et qu'on doit ménager sa santé. On nous aura bien menti et fait croire à des balivernes pour demeurer prisonniers de nos chaînes. Il me semble que notre chère planète, elle aussi, aurait bien besoin d'un repos mérité et prolongé. À quoi ça sert de gagner sa vie à vouloir la perdre ? À quoi ça sert toute une vie à vouloir la dépenser de tout bord et tout côté sans vraiment savoir pourquoi et comment ? C'est pour tout ça que j'apprends à philosopher, afin de ne plus perdre mon temps à vouloir le gagner. Ça fait plusieurs jours que je n'écoute plus le téléjournal, il y a trop de raisons qui s'y retrouvent pour perdre la raison et ne pas savoir que faire de toutes ces pérégrinations. Depuis plusieurs jours, je délaisse les démagogues à leurs histoires, espérant qu'un jour plus personne n'entendra ce qu'ils ont à dire. Que les véritables leaders se lèvent ? Est-il possible que ces derniers soient silencieux et réfractaires en attendant un nouveau jour propice à le faire ? Croître et vivre lui inculquait la désobéissance, car la vie, c'est la recherche de la lumière, disait Jack London. Dans un passé pas si lointain, je me rappelle que le rire et l'humour prenaient davantage de place qu'aujourd'hui. Il est vrai de nos jours que les raisons de rire se font plus rares. L'appareil médiatique avec ses nouvelles quotidiennes inquiétantes et le coût de la vie nous rappelle notre condition humaine plutôt sobre par les temps qui courent. Les spectacles d'humour d'autrefois sont quasiment relégués aux oubliettes et leur intensité ne m'enchante guère. La vulgarité et la violence de ces parodies n'ont plus d'emprise sur moi. Ce n'est pas que je veuille me soustraire aux rires, mais mes intérêts sont ailleurs, tout comme de grands pans de la société s'en sont détournés aussi, si je m'abuse. Il fut une fois où les gens étaient moins sérieux et se prenaient moins au sérieux. Le pouvoir économique et ses contraintes a pris la place du besoin de produire toujours plus et toujours plus vite. Il faut consommer toujours et encore plus. Des experts partout nous indiquent les choses à faire et à nous procurer, ce qui crée de l'anxiété et des soucis. Pendant ce temps, les visages s'allongent de morosité et d'indifférence. Le sens de l'humour nous a quitté subitement et les plaisanteries ont déserté les lieux publiques. Depuis quelque temps à peine, il m'est impossible de raconter des histoires aux passants sans passer pour un pauvre imbécile ou un mal élevé. Chacun pour soi est devenu la norme du monde tel qu'il apparaît aujourd'hui, insolent et austère. Faire preuve d'ironie est mal vu et contester n'a plus sa place. Le mercantilisme s'est frayé un chemin là où jadis il y avait de la compassion et de l'amitié. L'humanité nous a quitté, du moins du côté de mon horizon. La télévision est devenue un immense centre commercial où toujours les mêmes idées s'achètent à crédit. Je n'y trouve rien de bon pour trouver des repères, ne voyant là qu'une piètre comédie de marionnettes au service des marchands. Bien entendu, il reste quelques bons bougres qui font du bon boulot ici et là, mais il se fatigue plus rapidement qu'autrefois à nager à contre-courant. Tout est balisé, tracé, copié, retranscrit pour les besoins de rentabilité et de prospérité superficielle. Au sérieux économique s'ajoute le sérieux politique, fanatique et religieux qui n'entendent pas à rire lui aussi. Rire devient un acte de résistance. Mon plaisir actuel aujourd'hui est de philosopher avec mes semblables s'ils sont disposés à le faire et si, bien entendu, ils en ont le temps et le goût, ce qui est rare. Le métier de philosophe est l'un des seuls qui ne soit pas rentable et pourtant il est l'un des plus importants. Quoi de meilleur et de plus sain que de rire avec ses semblables en philosophant. La philosophie n'est pas aussi sérieuse qu'elle en a l'air et ce serait un préjugé de la croire ainsi. Elle apparaît sérieuse, car elle fut longtemps l'apanage des bourgeois et des riches ayant les moyens à profusion. Le rire se suffit à lui-même et son objet n'est pas nécessaire à sa cause. Rares sont les fois que je ris en solitaire, car le propre de l'homme n'a pas de sens dans la solitude. Pour ma part, je m'en incommode en écrivant avec tout le sérieux dont je dispose. Ne riez pas, ce n'est pas de ma faute si je ne suis pas drôle, car je n'ai jamais appris à l'être et en n'étant pas mon souci premier. Ce qui est drôle pour quelqu'un, le sera moins pour un autre. Quant à la parole, elle se raréfie dans les espaces publics. Les habiletés sociales sont perturbées dans un monde de plus en plus hermétique et contrôlant. Les textos sont en avance sur la voix et rien ne laisse présager un avenir joyeux pour la communication spontanée et aléatoire. Point de salut, hors des sites de rencontres et des applis à distance. Le monde est devenu triste et monotone où plus rien n'est nouveau. Plus rien n'a de chance de s'alléger comme autrefois quand on entendait encore les murmures des gens et la joie s'éclatée. Rien que pour se parler aujourd'hui, ça prend un mot de passe, disait Francis Cabrel. La plupart du temps, je ne parle plus et je me fais taire, tel le vieil idiot que l'on envoie au rancart. Depuis, j'ai entrepris un dialogue avec moi-même, mais pour cela, il a fallu me faire confiance. Les présentateurs de la télé n'ont plus rien à me présenter pour que je veuille les entendre. Quelques minutes suffisent pour entendre les mêmes ragots toujours pareils sous le thème de la violence ou de l'insignifiance. À me parler, il n'y a aucun sermon, injonction ou leçon. Je me traite d'égal à égal, ce qui facilite la fluidité de mes interventions. Si un sujet me nargue, je passe rapidement mon tour, ne laissant personne dans la confusion. Jamais le monde n'aura connu un monde étoffé de gens seuls et isolés. Personne ne peut dire ce qui adviendra de nous, n'ayant aucune référence en la matière pour en discuter. Les paramètres technologiques actuels n'ont jamais rencontrés d'historique qui puissent nous donner des précisions claires sur ce paradoxe de nature contemporaine. Communiquer avec moi-même est plus facile qu'il m'aurait pensé le croire. J'apprends bien et vite. Je m'étonne d'avoir demeuré aussi près de moi-même en l'absence de mots pour m'aimer et me plaire. Je retrouve un pouvoir trop longtemps enfoui, trop longtemps méconnu et qui était si près pourtant. Pour se retrouver, il faut s'être quitté à maintes reprises, ce que j'ai fait abondamment. Ma liberté retrouvée s'actualise dans mon langage qui s'était affaissé inconsciemment en venant au monde et dans lequel je n'ai pas désiré. Mon journal est une source de communication intime avec moi-même qui m'offre une plus grande estime de ma valeur. J'ai décider de cesser de faire le perroquet, d'être une coquille vide. Je suis devenu un homme libre en me parlant, un homme qui correspond à son essence première et capable de me hisser à la hauteur de mon existence. Avoir raison n'a plus autant d'importance devant les autres, c'est surtout mon sentiment d'exister devant les autres qui prime en premier lieu. Il y a un risque d'exister devant autrui, mais le bénéfice humain sera supérieur s'ils décident de m'engager. J'aime beaucoup débattre sur un discours aventureux et fragile. Pas de risque, pas de résultat est ma devise et l'a toujours été. Schopenhauer estimait qu'il ne faut jamais discuter avec quelqu'un qui nie ses principes. Ceci établit une règle claire devant chaque interlocuteur qui voudra bien me prêter attention. Sans une communication franche et sincère, il n'y a pas de cités ni de sociétés. C'est dans le plaisir de vivre ensemble que l'on se console et se régénère. Les pouvoirs en place détestent la parole, sauf la leur, bien sûr. Lorsque je parle, je résiste ; en cela, ma parole déstabilise le pouvoir que les êtres dominants exercent. Le centre de tout ça enfin, c'est le coeur, c'est le plus faible et le plus invincible d'où Christian Bobin dans la lumière du monde.
6 mars |
Je sais pertinemment que je suis pas le seul à jouer de l'ironie avec la nature des hommes actuels. Je sais que je ne suis pas le seul à faire dans la dérision devant ce monde somnolent de contradictions. Mes rêves s'épuisent d'être les seuls à qui parler. Il n'y a plus de répit à part le soleil qui me caresse à l'aube. Comme il est curieux d'entendre mon verbe se teinté d'obscurité. Ce n'est pas parce que les ruminations m'enlassent que je m'identifie à elles. L'encre de mes mots suffisent à m'en distancié. La nature de ces derniers est sans équivoque sur la page blanchie de ma complaisance. Mon assise actuelle repose sur une libération inconditionnelle, peu importe la forme et la couleur des mots expédiés. Une poésie étrange tente de ressurgir dans le fracas qui m'entoure et m'indispose. Les mots se jouent d'eux-mêmes dans une ponctuelle beauté me confirmant être vivant et heureux de l'être. Les nuances se font rares devant l'intransigence qui règne dans les parages. La beauté des villes m'est difficile à percevoir que je m'empresse de déguerpir à chaque nouveau printemps que la vie m'amène. Heureusement que mon esprit s'alimente à l'intérieur d'une trêve que la route m'interpelle. L’ambiance est morose au sens large de la vie en ce moment. Je mets toutefois mon énergie créatrice et volatile à contribution, le temps d'humer mes amères illusions. Écrire, c'est me dégager de ces craintes, de ces illusions et de ces émotions qui partent à la dérive. Écrire, c'est en partie m'inscrire dans la société humaine. Je me rappelle du temps où je rédigeais des cartes postales aux sommets des montagnes où respiraient ces joyeux refuges. Ces temps sont révolus et les courriels n'ont pas la même atmosphère. Plusieurs de ces extraits se rappellent avoir marcher les Alpes dalmatiennes, les Dolomites italiennes, la Sierra Nevada andalousienne, la Cordillère des Andes équatoriennes, les collines toscanes, les îles éoliennes, le Dodécanèse et les îles Sous-le-Vent. D'autres en marchant la forêt amazonienne, les volcans nicaraguayens, les déserts arides étatsuniens ou marocains. J'ai nagé la mer Égée, du Nord, de Cortez, de Libye, des Caraïbes, Tyrrhénienne, Adriatique, Ionnienne, le Canal de Panama, les Cyclades et les golfes clairs. J'ai marché encore sur la Campanie, la Corse, le Belize, Karpathos dans le vent, Istanbul et Venise sur les gondoles de minuit. J'ai trinqué à Florence, Rome, Ajaccio et Amsterdam. J'ai croisé des palais guatémaltèques, vietnamiens, grecques et siciliens. Je fut ébloui par les châteaux hollandais, étrusques, espagnols et français. Des églises italiennes et françaises, j'ai prié pour que se poursuivre mes voyages et ma chance. J'ai surfé les archipels d'Hawaii, Bocas del Toro et Halong. J'ai dormi dans les ghettos de la Nouvelle Orléans, de New York, de San Francisco et dans les trains de l'Oklahoma et du Kansas. J'ai failli mourir à Playa Dominical, Cotopaxi, Rio Napo, Lahaina, Manicougan, Kodachrome, Tikal et Watertown. Combien de fois j'ai tenté de me perdre sans jamais y réussir ? Combien de cartes postales ont quittées ces lieux ne restant aujourd'hui que des songes étranges aux odeurs de sauge sauvage, de lavande ou de pin ? À quoi aura servi tout cela, à part d'avoir humé les vents contraires et fumé quelques joints moribonds sur tous les continents. Brève nostalgie d'un temps qui s'achève au pied de la montagne, j'ai survécu à de nombreuses crises mystiques et solitaires. Souvenirs passagers des nuits d'été dans la plaine et sur les rivages tourmentés, j'ai vu le soleil de minuit au-delà de mes peines à me réinventer au temps des moissons. À part ce réel sentiment d'avoir aimer tous ces rêves devant lesquels je me suis tellement identifié, il ne reste que des mots épars et de vagues esquisses de n'avoir fait que passer. J'existe encore malgré les vents contraires et le calme retrouvé. J'ai vu au fil du temps, mes contacts diminués au point de se fondre dans l'oubli. Serais-ce possible que les vieux soient moins attractifs et séduisants ? Est-il possible qu'il y est moins de gens pour aimé les vieux et les apprécier à leurs justes valeurs ? Je n'arrive pas à comprendre ce qui s'est passé entre cette frêle jeunesse et le temps des siestes profondes. On dirait que j'ai perdu un petit bout entre le temps des rires fous et mes peines. Personne, mais personne ne pourra m'enlever mes rêves et ces années de gloire passagère à me construire et me défaire sans cesse jusqu'au moment où ma mémoire ressurgit. Que reste-il de mes amours chantait l'autre dont j'ai oublié le nom ? Il me reste à écrire pour ne pas oublier la source des vents qui m'ont vu naître. J'écris pour rester sur la plage humaine et pour croire encore qu'il est possible de s'ouvrir à autrui par le coeur et l'esprit. Les boîtes aux lettres disparaissent des intersections, évitant ainsi de vous plaire de mille mots à votre attention. Il restera toujours les textos, mais c'est pas pareil. Philosophe marcheur, je le fut en me méfiant du langage d'autrui et de ses distorsions. Malgré tout, j'ai persévéré et me suis battu plutôt que de me taire. Philosopher, c'est refuser l'immobilité des choses, en ce sens j'ai réussi à maintenir un ligne sinueuse, parfois maladroite, mais toujours digne et fière. En marchant, il y a toujours mon ombre qui me suis pour m'indiquer la subjectivité et la dualité de chaque chose. En marchant dans la cité, je ne cesse de voir un monde triste et déprimant, il en a toujours été ainsi. C'est pour ça que je me suis tant promener en nature, pour oublier d'où je viens et pourquoi j'y existe. Ma condition en a voulu ainsi que je me pardonne de ne pas avoir miser plus haut et en me rebattant sans cesse sur cette misérable terre et cette cité malheureuse. Il en faut du courage pour quitter son pays et ses racines mêmes si elles pourrissent de l'intérieur. Dans cette putain de ville qui pourtant je m'y suis attacher sans cesse par nécessité, tout me porte aux lamentations et à la culpabilité. On m'a toujours dit de garder le moral même dans les vents contraires. J'appelle ça l'acceptation de la misère, l'acceptation de ses douleurs. À les écouter tous, je devraient toujours revenir remplis de sourires et de grâces malgré les tâches obscures et dégradantes. Soumission ou acceptation, choisir ou fuir mais pour quoi faire et aller où ? Voilà la question auquelle il m'est difficile de répondre avec précision. Voilà pourquoi j'écris pour tenter d'y répondre ou bien de me taire. Comment faire pour demeurer joyeux sous de telles hémisphères ? Et pourquoi la joie serait préférable à la tristesse si ce n'est que pour faire semblant d'être heureux ? L'espace est plus restreint depuis que je lis et que j'écris et c'est bien ainsi n'ayant besoin que du strict nécessaire pour me changer les idées et me réinventer. N'est-ce pas ainsi qu'il me soit possible de transformer le monde à ma façon aujourd'hui même ? Cette réflexion est forte intéressante et révélatrice du point où j'en suis rendu dans mon corps et mon esprit. Tout est une question d'équilibre et je suis le parfait exemple de ma rédemption. Deux choix me sont proposés qu'il me soit difficile de répondre ou de trancher ; sangloter ou m'exulter. Chaque sentiment doit s'éprouver. Les bloquer ou les censurer serait inutile et contre-productif. Jean Louis Cianni dit qu'il est mieux un désarroi sincère et approuvé qu'une joie affichée mais superficielle. Je n'ai vraiment jamais été un être entièrement joyeux ni malheureux, ce qui m'indispose au purgatoire ambivalent et douteux, si toutefois il existe. Devant cette réalité qui m'a toujours habité, j'ai souvent nagé à contre-courant dans une mer d'incertitude. Pourtant, c'est cette absence de trouble chère à Épicure que j'ai nettement recherché. Je n'ai pas toujours suivi à la lettre ses recommandations en tempérant mes plaisirs et en combattant mes inquiétudes. Tout comme Épicure, je tente de mettre en pratique la modération en toute chose et de faire la différence entre les plaisirs naturels et artificiels, ceux qui sont nécessaires de ceux qui ne le sont pas. Il est de ces plaisirs dévorants et dangeureux devant lesquels je n'ai plus envie de me soumettre et dont la sagesse appelle à m'y soustraire. La sagesse est nécessaire pour reconnaître les différents plaisirs troubles ou nécessaires. Le plus difficile pour moi, afin de capter cette sagesse, est de me détourner des tourments qui m'affligent et d'en reconnaître leurs causes. Ces tourments se sont incrustés que je m'en suis porté acquéreur par habitude ou en m'identifiant à eux. Pour m'en dégager, rien de mieux que la philo-thérapie et la littérature pour me cultiver et me découvrir. La joie ainsi retrouvée rétablira un état d'équilibre rompue et perdue dans la nuit des temps. Alors, le seul fait d'exister me comblera de bonheur sans le filtre d'une époque révolue et dépassée. Spinoza a fait appel à la raison pour développer la joie. Depuis quelques temps, je l'ai adopté au lieu des passions pour développer mon bonheur d'exister. Lorsque les forces manquent, la raison m'aide à discerner ce qui m'est préférable. Plutôt que de rechigner dans une complainte excessive, je fais usage de la raison qui m'apporte un droit de passage vers la joie. Cela revient à faire un choix philosophique délibéré en affirmant une liberté ainsi retrouvée. Lorsque je m'étendrai sur la plage cet été, c'est que je l'aurai choisi et décidé. On ne naît pas joyeux, on le devient par le plaisir et le désir d'être et ce, même si la joie est cruellement passagère disait Spinoza.
5 mars |
Sartre explique que l’angoisse est, au final, la conscience de la liberté. Il pleut. Moment de solitude intense. Malgré tous les stades et les salles de cinéma, j'avance incertain, fébrile. Le monde aujourd'hui s'est brisé devant l'insatisfaction qu'il m'apporte. Décadente saturation d'un savoir faire d'une existence calfeutrée d'ignorance. Persécution malveillante d'un monde intransigeant à se ruer d'insolence. Pourquoi mes mots intempestifs ressemblent aux bouches édentées de l'indifférence ambiant. Simplement qu'ils sont le reflet monstrueux d'une étrange poésie qui me délivre d'un mal ancestral qui m'a toujours habité. Que dire sinon me taire ; plus jamais ? Dark side on myself in this exalting think of my journal. It's not a true story but i love it, because it's the only one i got. Je me réchauffe par mes propres moyens, ceux que j'ai à ma disposition. Méditer est gratuit, j'en profite, d'autant plus que c'est l'un des meilleurs placements que je possède. La méditation est, avec l'amour, l'une des seules choses qui apportent du bonheur durable. J'ai déjà essayé avec le chocolat, la seule chose qui soit durable avec lui, c'est la douleur au ventre qu'il m'apporte. Je revêt une lueur d'espoir en m'exprimant de la sorte. Renaître est la joyeuse affirmation d'une liberté retrouvée ou jamais acquise. La lecture me procure un état d'éveil savoureux. Saturé par toutes ces impulsions électroniques compulsives, la lecture m'apparaît, tel un baume, dans cette existence qui se fatigue d'exister. Lire sous la pluie est un pur délice, lorsque le soleil ne peut me distraire de ses promenades. Lire m'aide à surmonter ma paresse, surtout lorsqu'il s'agit de philosophie. Lire m'enseigne à moi-même dans un mouvement de liberté continue. Lire, c'est me pratiquer à savoir vivre et à forger ma conscience. En lisant, je reprends l'apprentissage raté de ma jeunesse à trop vouloir faire qu'à être. Pourtant, ce fut l'inverse qui aurait dû se produire. C'est la jeunesse qui le voulait ainsi et je n'ai pas été épargné. Peu m'importe maintenant que j'ai tout mon temps pour vous écrire mes amères silences. Ma résurrection ne se fait plus attendre maintenant que ma raison vient à ma rencontre. Je ressens toujours cette pensée étrangère et qui, à la lecture d'autrui, je forge la mienne. Je fais exactement, en ce moment précis, ce que mon père aurait attendu de moi en reprenant des textes à ma manière et qui comme lui, l'a fait de son vivant. Je suis honoré et fier de suivre ses traces par le désir de m'éclairer et de lui plaire. Pour penser à moi-même, il faut que je sois capable de m'ouvrir à la pensée des autres, c'est ce à quoi la lecture m'apporte. En réalité, j'aime l'expression silencieuse de mes interlocuteurs à travers leurs écrits plutôt qu'à leurs paroles. Mon corps se nourrit d'apport extérieur, il en est de même pour ma pensée. Sans cet apport que m'offre mes lectures, je ne serais que l'ombre de moi-même dans la seule distraction de tourner en rond. Lire, c'est remplir la feuille blanche de mon existence, c'est me retrouver dans des mots jaillissants d'extases délibérées et sincères. Sans poésie, il n'y a rien d'autre sur quoi bâtir mes espoirs. Sans poésie, le verbe aimer n'existe pas. Sans poésie, les paysages ne seraient plus les mêmes. Sans poésie, je ne pourrais m'éclater en mille morceaux. Grâce aux auteurs et écrivains, je me ralie à une époque, à une tradition, à un savoir. Je lis, car les idées me viennent et m'apaisent de mes absences. La philosophie est comme, dit Jean-Louis Cianni, la figue de Barbarie, piquants à l'extérieur, suaves à l'intérieur. Je reconnais un bon auteur par l'intemporalité de ses ouvrages. C'est par la lecture que je m'initie au monde des vérités transitoires, relatives, évolutives. La philosophie n'est pas la somme de vérités, mais la multitude de mes recherches. La philosophie ne m'apporte pas de réponses claires, mais elle suffit à mes questions. La philosophie m'offre une quête singulière devant des problématiques éternelles, existentielles. Philosopher me permet de dépasser la rampe de l'actualité. Penser par moi-même ne signifie pas penser tout seul, en cela je l'atteste par les auteurs que je côtoie. Lire me permet de construire mon opinion en réaction aux idées reçues. Lire me libère d'idées fausses et préconçues que le jargon populaire tente de me soumettre. Ma sagesse commence où celle de l'auteur se termine. Les auteurs ne m'offrent pas autant de réponses que de désirs. Ces derniers sont empreints de lucidité, de justice et de liberté. Leur mise en pratique débute à travers la lecture. Philosopher, c'est aussi apprendre à déposer les livres. Que dire de plus en lisant ces paroles qui s'émissent au plus profond de mon être ? Comment ai-je pu m'en passer aussi longtemps ? N'étais-je tout simplement pas suffisamment prêt pour elles, trop occupé à me construire une image qui s'est affaissée dans un vide de transition, dans l'interstice de ma raison ?
Le tournant mondial que l'on vient de prendre est teinté d'instabilité et de précarité. Plusieurs causes en sont la raison, notamment l'étrange et archaïque modèle économique actuel, les impitoyables changements climatiques qui ont déjà déversés leurs inquiétudes et les ressources naturelles qui s'amenuisent par les exploitations humaines insensées. La perte de sens est palpable dans plusieurs des sociétés, principalement dans les grandes cités. Devant ces nombreux phénomènes, il n'est pas étonnant de voir la progression de régimes conservateurs de droite et extrémistes. La mondialisation telle que l'on l'a connue durant les dernières décennies battra de l'aile sous l'égide d'un protectionnisme accru. Cette rétraction est liée à l'instinct de survie grandissant. Ce mouvement est celui de la peur qui règne devant notre impuissance à l'intérieur d'un monde en profonde mutation et dans lequel l'ordre et la cohérence régnaient encore il y a quelques temps encore. Les sociétés se contractent et se replient lentement sur elles-mêmes, car la vie telle que nous la connaissions se meurt et la peur s'abat dans toutes les directions. Dans toute cette agitation, l'esprit se tare d'ignorance et de contradictions. Les avancées technologiques, bien qu'évolutives à bien des égards, perturbent l'existence humaine par les rapides changements qu'elles apportent. Ce sont de ces sujets et thèmes importants que j'aime discuter lorsque l'occasion se présente. Ce matin, à l'entraînement, je m'entretiens de la foi avec un témoin dominicain de Jéhovah. Je ne partage pas son regard, mais je le respecte si ses propagandes doctrinales ne débordent pas dans les institutions publiques. Si cela peut la rendre heureuse dans son cadre personnel, pourquoi pas. On a discuté respectueusement un bon moment pour faire valoir nos opinions respectives. Pascal a dit que les grandes pensées viennent du cœur et que le cœur a ses raisons que la raison ignore. Cette sage pensée évite tous clivages et conflits qui pourraient survenir. Toute chose est bonne à dire, c'est la façon de l'exprimer qui importe. Le problème avec la foi n'est pas la foi en elle-même, mais le prêcheur recrutant ses fidèles parmi les misérables. Mais bon, le seul pouvoir que je possède réellement est envers moi-même, et puis encore. Je préfère de loin la philosophie et je ne m'en cache pas. Curieusement, ensuite, mon souhait s'est exaucé en faisant la rencontre de Constantin, un écrivain moscovite, comme il entend à dire. Grand et fier gaillard, sorti tout droit des vieux films d'espionnage. Il me confie écrire des scénarios pour la publicité et d'autres médias. Il me répond habilement que les scénarios d'espionnage sont trop près de la réalité pour en faire de bons récits. Son rêve est d'aller vivre à Saint-Pétersbourg en Russie, plus libérale et artistique. C'est la cité la plus occidentale du pays, à la lisière de l'Europe et de ses influences. J'avais quelques questions qui me venaient en tête et en lien avec la démocratie et les idées véhiculées actuellement dans son pays. Je reconnais ne pas pouvoir obtenir des réponses claires car il me faudrait m'adresser à plusieurs russophones du pays pour établir des statistiques précises sur l'indice de bonheur et de liberté. Notre conversation fut plus qu'acceptable, voyant en lui un profond démocrate et réflecteur de liberté. C'est dans les discussions et partages avec les étrangers ouverts au profond dialogue que converge mon esprit à caractère universel. Le coût de mon abonnement se voit ainsi allégé par les discussions qui l'entourent.
En politique, la morale n’est qu’une fable, seule la force écrit l’histoire. La condition du bonheur est l'absence de trouble. Trump en est un, et lorsqu'il m'apparaît le cœur me lève de mépris et de dégoût. Pour placer sa notoriété, si elle existe et qu'en cela j'en doute, il relance des scandales sans autre finalité que de faire scandale. C'est ainsi qu'il a fait fortune, en vendant un grand nombre de stupides macarons à son effigie qu'à autant de stupides acheteurs qui se les procurent. Avoir trop de choses en ma possession représente aussi du trouble. L'oisiveté me permet de me former et d'élever mon âme pour m'accomplir. Stevenson disait qu'il n'y a pas de sujet libre sans un socle d'estime de soi. La vie de l'insensé se rue tout entière vers le futur. Visage humain de la folie qui part sans cesse vers l'avant, j'étais l'un de ceux-là. À cette vie ordinaire, notre époque ajoute la tyrannie de l'immédiat. Nous voulons communiquer, décider, agir en temps réel à la vitesse permise de nos gadgets technologiques. Ainsi, soit le temps n'avance pas assez vite et nous cherchons à l'accélérer, soit il devient trop rapide et nous ne pouvons le suivre. De là, résulte le décrochage du présent et de l'insatisfaction. Je ne tiens plus à m'entourer d'écoliers à instruire ni de pontifes doctrinaires. J'aime ceux qui ont la force du verbe et l'humour de leur méthode. Le repos étant bon pour le bétail, je préfère les tempêtes existentielles de mon esprit. Avant, je préférais l'action futile, que maintenant je choisis les activités intellectuelles que m'offre cette douce oisiveté. Les classes d'étudiants m'étaient insupportables, que j'ai opté l'école buissonnière. Autrefois, la présence des gens âgés était un remède, leurs esprits un antidote. Même les plus stupides avaient des choses à nous apprendre. Cette ligne de transmission s'est rompue laissant place aux réseaux technologiques froids et abusifs. Les acteurs de ces chapitres ne sont plus au rendez-vous. Ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes dans un univers atrophié, mourant aussitôt qu'ils viennent au monde. En rompant avec les traditions qui nous ont vu naître, les racines sont arrachées de leur terreau originel et les liens se sont tus. Mes opinions se renforcent au fil du temps, retiré dans mon ermitage, et qui deviendront de plus en plus clairsemées à mesure que le jour s'achève. À quoi me servent toutes ces interrogations ? Puis-je les éviter ? Ma condition se joue là, de penser à naître. Ma curiosité est la somme de mon ignorance. Mes questions transforment mes soucis en action. Me questionner, c'est affirmer ma liberté. Celui qui ne se pose pas de questions s'ampute d'une partie de son être. Mes questions ne paralysent pas mes actions, loin de là. Pas d'avancée sans les interrogations sur ce qui est ou n'est pas, disait Jean-Louis Cianni. La question accompagne la production de vérité. Je me suis souvent demandé quelle serait le courage, la beauté, la cité idéale. Je n'y suis jamais arrivé. Philosopher consiste à poser des questions. Le philosophe questionne, se questionne. J'ai souvent dérangé mes semblables avec mes questionnements. Il auraient préféré davantage cet homme docile mais pas trop car ils deviennent ennuyants et ennuyeux à la longue. Les pouvoirs oppresseurs redoutent les questionneurs, le système marchant aussi. J'ai connu leurs médecines, ne trouvant jamais ma place auprès de ceux qui enquêtent sur ma défection à venir. J'ai toujours douté, même d'être venu au monde. Les sujets évoluent avec les époques, la prochaine ne manquera pas de questionnement. Jeune, on me disait que pour être heureux il ne faille pas trop se poser de questions. J'ai toujours détesté ce sordide argument venu de nulle part. Jai connais des gens qui ne se sont jamais posé de questions et qui, aujourd'hui, ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes par les insouciances qui les ont portés. Il ne s'agit pas de contrôler l'incontrôlable autant que de me questionner sur le sens de la vie, en particulier la mienne, tout en refusant les mauvaises réponses. Dans mes questions, je m'ouvre à moi-même et au monde dans ses grandeurs et ses faiblesses et dont je fais partie, pour le moment. Toutes mes questions sont bonnes, car elles existent. Ce n'est pas autant les réponses qui importent, que de chercher à me connaître à travers mes questions. Trump est un être ridicule qui croit détenir toutes les certitudes du monde auquel il croit lui appartenir. Viendra le jour où il frappera le mur de sa propre répugnance. Viendra le jour, où la vie se chargera de lui-même et devant toutes les abyssales imondices qu'il aura fait subir aux gens de bonne foi. J'aimerais en ce moment, m'étendre sur la plage pour laisser dissoudre tous mes questionnements et dans lesquels je n'aurai pas suffisamment d'une vie pour y répondre.
2 mars |
À l'entraînement, je rencontre deux sympathiques algériens kabyles berbérophones originaires d'une région à dominante montagneuse de l'Algérie. Le dixième du pays de soixante millions d'habitants est occupé par la Kabylie qui n'est pas ouvert au tourisme. C'est une région d'une grande beauté avec des influences traditionnellement méditerranéennes. Dans le passé, j'ai connu les peuples berbères marocains. À deux reprises, ma carrière de guide d'aventures m'amena dans plusieurs régions du pays, notamment dans le Haut Atlas, dont je conserve d'incroyables souvenirs. Il m'est impossible d'oublier, en plus de ces paysages grandioses, ce peuple de fiers montagnards formidablement authentiques. Les berbères ont la peau généralement plus pâle que les arabes et même parfois les yeux bleus. Ils habitaient leurs terres bien avant les arabes. Je ne tiens pas à trop m'épivarder sur le sujet, car il y a trop à dire. Quoi qu'il en soit, ces jeunes hommes sont d'une gentillesse extrême, ce qui m'amène à méditer sur le sujet. À trop vouloir s'ouvrir au monde, il y a risque d'y être assimilé. Je ne suis pas contre le multiculturalisme, apprenant sincèrement de ceux qui n'apparaissent différents et qui, à bien des égards, ne le sont pas tant que ça à part la couleurs de leur peau. Toutefois, les règles d'immigration ne doivent pas être prises à la légère pour ne pas disparaître dans le néant de nos bêtises. Notre identité collective risque de s'affaisser sous le poids d'influences grandissantes venues d'ailleurs. Notre naïveté à cet égard a été plus que significative dans ce pays qui ne peut contenir, malgré sa grandeur, toutes les misères et les espoirs du monde. En réalité, qu'en est-il de l'identité culturelle d'un pays à quoi on s'attache autant ? La question se pose surtout lorsqu'on voit des grandes cités sous le joug de la diversité culturelle dans lequel plus rien ne reste de leurs braves passés identitaires. Que tente-t-on vraiment de protéger à travers tous ces discours nationalistes, à part la langue ? La culture collective d'une société ne devrait-elle pas être le fruit d'affinités communes et du travail de conciliation constant entre individus au lieu d'être le clivage entre races et nationalités ? Le vivre-ensemble est le mortier nécessaire pour élever une société. Les religions ne doivent à aucun prix s'attabler aux institutions publiques qui déterminent nos valeurs communes. Cette voie de terminologie complexe n'est pas simple et le progrès est bien souvent illusoire. Les graphiques et données concernant ce sujet mitigeur ne pourront se revendiquer de vérités absolues, car c'est de la vie humaine qu'il s'agit. Aucuns barrages ne peut retenir les eaux grandissantes de la vie, aucuns murs ne résistent aux marées humaines de l'intransigeance. Il est de notre devoir à tous d'adopter une attitude juste et équitable, sans quoi les conflits risquent d'émerger ou de perdurer. Le dialogue et une véritable éducation continuelle ne s'appuyant non pas seulement sur les technicalités, demeurent la base du vivre-ensemble. Ce n'est que par le cœur que les gens s'enlacent et se comprennent. C'est curieux à quel point les choses hautement humaines et authentiques ne sont pas tellement prises en considération par rapport aux sujets économiques si distinctivement mis à l'avant. Auparavant, les gens devaient disposer d'une éducation rigoureuse afin d'obtenir des bases solides pour leurs vies entières. Ce n'est plus le cas, malheureusement aujourd'hui, sauf dans quelques situations précises où l'humanisme prend tout son sens en apportant les lumières d'un monde obscurci par tant de maladresse, d'ignominie et d'ignorance. La parole est fluide, les mots figés. Écrire est plus prudent en s'affirmant, mais le mot reste gravé tel la preuve irréfutable de ses vérités ou de son venin. Je reconnais que les verbes sont limités, car la vie n'a que faire de toutes ces élémentaires et futiles propositions divergeantes. On raconte qu'une image vaut mille mots, encore faut-il savoir la détecter. Peu importe, je fais ce que je peux avec ce que je possède et, en ce sens, je préfère les mots que les ruminations. Les mots stimulent un temps long une partie de mon hémisphère, que l'image éblouit l'instant d'un éclair par les couleurs qu'elles portent. Toutes deux présentent les masques de l'esthétique une fois investi. Toutes deux peuvent s'avérer des camouflages lorsque caviardés ou manipulés. S'exprimer subjectivement rehausse les passions, que la raison n'a que faire de ces enchevêtrements puérils. La passion n'a de mordant que dans sa modération. Jouant avec l'esprit, elle devient plus perspicace et flamboyante. La parole est moins esthétique, quand même elle le voudrait. La parole peut être à la dérive, ce que l'image ne peut. Je parle de leurs formes brutes et non pas de leurs essences distractives, corruptibles. J'écris non pas autant pour me faire comprendre que pour l'art qu'il manifeste. Le premier devoir de l'homme est de parler. Les principaux sujets de conversations sont : je suis moi, tu es toi. La conversation est un art, chacun s'exprimant et se justifiant dans un chant intemporel flattant des vanités mutuelles et respectives. Une fois les limites dépassées, le sage, le charmeur et le courageux se réinventent dans une gloire incertaine et illusoire. Ainsi, en l'espace d'un moment, leurs paroles érigent un palais de délices. Écrire me permet de me maintenir aux sommets de ma gloire. Écrire possède en soi l'illusion que le temps s'arrête. Écrire me hisse aux plus hautes hémisphères, là où il n'y a que joie et la satisfaction de me plaire. Et c'est tant mieux si ces mots résonnent à ceux qui veulent bien entendre l'écho de mon humble voix.
1er mars |
Depuis quelques semaines, je me suis joint à un groupe qui n'est associé à aucune doctrine et à aucune activité en général. Une dizaine de participants se réunissent chaque semaine dans un café pour parler de tout et de rien dans une ambiance décontractée. En posant quelques questions à plusieurs d'entres-eux, je réalise que j'ai affaire à des survivalistes complotistes sceptiques ayant des difficultés à nuancer certains sujets actuels. La dernière rencontre portait sur l'enseignement de la radio émetteur pour se distancier des réseaux actuels en cas de pannes généralisées ou d'effondrement complet. L'idée en soi n'est pas mauvaise, mais là où le bas blesse, c'est que le contenu des transcriptions est superficiel. En réalité, je n'y vois que de légères discussions autour de la technologie et de ses composantes. Je demande quels sont les sujets entourant les communications auxquelles il me répond : test, test, one two, one two, I'm from Illinois, about you, Charlevoix or nowhere. Je traverserai la rivière lorsqu'elle apparaîtra, me disais-je. J'ai trop à faire du temps présent et avec des gens n'ont guère de soucis autres que du contenu stérile à l'intérieur de cruches vides. Ensuite, je m'avance sur un sujet délicat en ce qui concerne la politique internationale. Croyez-vous que la dictature existe en Russie et Poutine est-il un dictateur ? La réponse, aussi étonnante qu'elle puisse paraître, fut que c'est partout pareil, même au Canada. Je lui demande âprement par la suite si les opposants du Parti libéral du Canada ont été empoisonnés pour avoir signalé leur mécontentement. Bouche bée, il devient soucieux et perplexe. Après ces quelques tergiversations, je quitte délicatement les lieux n'ayant plus grand chose à y faire, délaissant le groupe poliment, les laissant avec leurs jouets respectifs. Lorsque je rencontre des gens dorénavant, je trouve juteux de poser des questions judicieuses et pointues devant lesquelles il devient pertinent de reconnaître mes interlocuteurs, ce qui donnera lieu à poursuivre ou pas la discussion. Pour moi, certains faits relèvent du commérage. Il y a beaucoup de monsieur-ou-madame-je-sais-tout qui possèdent la voix de l'opinion générale. Toute recherche doit se faire selon une direction donnée, sinon ce n'est que du flanage et du pur vagabondage. Ceux dont les intérêts exclusifs se nomment affaires ne peuvent être maintenus qu'au prix d'une négligence perpétuelle des autres domaines. L'oisif s'oppose à tout cela sans pour autant se négliger. Un bon compagnon est le plus grand des bienfaiteurs, et si c'est une femme, c'est tout à mon avantage, m'assurant une probante complémentarité. Je lis en ce moment Robert Louis Stevenson, un écossais de santé fragile, décédé abruptement dans la quarantaine. Plusieurs auteurs classiques ou contemporains écrivent ou ont écrit le mal de vivre les habitant dans des turbulences de mots débridés. De ce nombre, il y a beaucoup d'orphelins et de gens provenant de milieux misérables et dysfonctionnels, pour ne nommer que ceux-là et qui, s'expriment pour tenter d'obtenir des réponses devant l'existence. En s'exprimant dans le calme de la solitude ou, pour certains, dans des cafés quelconques, ce désir d'écrire fait d'eux une force invisible et inconditionnelle au créateur littéraire en eux. Se raconter devient un exutoire nécessaire au maintien de leur équilibre. Plusieurs portent en eux des blessures profondes qui font d'eux des reclus sensibles et divergents de leurs semblables pour différentes raisons, l'exclusion en est souvent la cause. Écrire devient alors d'une nécessité abyssale qui transcende le monde dans lequel ils tentent de fuir ou de s'opposer. Je fais partie de cette grande famille d'artistes écrivains qui s'éveille après une trop longue nuit d'absence à somnoler de dérive. Je me reconnais de l'essayiste, je reconnais le même désir qu'eux de m'ouvrir le ventre en exposant mes tripes au grand jour avant qu'elles ne pourrissent de l'intérieur. Écrire devient d'une nécessité viscérale devant le grand vide qui m'a trop longtemps habité. Je le reconnais ce fainéant pour les vertiges qu'il a fait plané dans ma stratosphère. Je reconnais l'absence de moi-même au point d'en perdre la raison. L'apologie des oisifs de Stevenson est un baume ce soir qui me rappelle ne pas être le seul à souffrir d'exister. Tout comme moi, il a beaucoup voyagé pour chercher le meilleur de lui-même sous d'autres cieux, tout en cherchant en vain à fuir le mal qui l'habitait. Je me suis enfin trouvé un réseau d'amis fidèles en ces écrivains et philosophes et, en qui j'ai parfaitement confiance et qui me porte à penser que je deviens aussi mon meilleur ami. Mon objectif est de poser les questions essentielles l'une après l'autre qui me viennent à l'esprit pour retrouver le sens perdu de chaque chose. Je deviens ainsi l'observateur observé. Écrire est un geste profondément méditatif, laissant après chaque mot, chaque phrase, l'espace nécessaire au maintien de mon fragile équilibre. Dans chaque chose, il y a le positif et le négatif et, c'est au contact des deux que l'énergie circule. Je perçois l'analogie dans tout, même dans les boîtes de chocolats. Cela est à s'y méprendre, comme quoi je prends conscience de n'être plus l'être isolé que je croyais être. Les mots qui éjaculent ont ce rôle et ce pouvoir qui est de relier les choses entre elles. Les mots me permettent d'atteindre le juste milieu de toute chose en écartant l'ombre devenue obsolète. Depuis que je me réinvente par les mots, mon identité se réincarne dans la joie et la délivrance. C'est la plus étincelante et déterminante addiction qui m'aura affecté. Et si les étoiles me frayaient enfin ce chemin tant attendu pour retrouver cette place qui me revient dans le monde apaisé du murmure ou du silence.