Cyclotourisme | Cuba

Québec| 28 janvier

Cuba ne fut pas une expérience agréable comme souhaitée. Je n'y retournerai plus de même qu'à toutes ces destinations exotiques que ce soit dans les Caraïbes ou en Amérique Centrale. J'ai mis en vente mes sacoches vélo tout en conservant mon hybride. Je suis revenu épuisé de ce voyage à Cuba qui fut plus difficile que je l'avais imaginé. La chaleur, l'approvisionnement en nourriture et autres services essentiels, les problèmes digestifs, la dépendance aux transports, la langue et le vélo encombrant et trop lourd m'aura cassé. Mon âge relatif pour ce type de voyage est a reconsidéré de même que le manque de confort relatif. Les forfaits dans le sud ne m'intéressent plus, sauf peut-être un jour, pour une semaine maximum accompagné d'une amie. Aux prochaines aventures je serai accompagné de Béa mon fidèle campeur et les États-Unis deviendront à coup sûr mon terrain de jeu avec Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse durant les grandes chaleurs de l'été. Il fait trop chaud ailleurs à cette période. Je suis content d'avoir beaucoup voyagé tôt sur tous les continents. Ce n'est pas à 65 ans que l'on peut débuter ces grands périples. J'ai fait toujours ce qu'il fallait et au bon moment. Cuba cet hiver me fait prendre conscience de mon cheminement et malgré les difficultés encourues j'en sors grandi. Je rêvais de ce voyage à vélo depuis vingt ans. Depuis mon retour je prends conscience d'habiter davantage dans un beau et grand pays libre. Faut aller voir ailleurs pour apprécier ce que l'on a. Jamais cette révélation n'aura été ressentie avec autant de justesse. Je vais tenter maintenant de repartir du bon pied et en forme tout en respectant davantage mes limites et mes besoins. Merci la vie !

23-24-25-26 janvier | Varadero, Cuba

Chez Cubatur la dame a fait une erreur sur mon "voucher" du transfert vers l'aéroport de Varadero, c'était indiqué l'aéroport de la Havane. En téléphonant le problème c'est réglé heureusement. Jusqu'à la dernière minute je dois être vigilant. Je me ferai rembourser la visite à la clinique médicale par mes assurances et peut-être bien mon nouveau billet d'avion spécifiant ne pas être suffisant en forme pour un retour prolongé, je verrai bien. Jamais je n'ai eu autant tant hâte de revenir chez moi. Une île me fait penser à une prison, les cubains le pensent aussi. Le temps généralement passe très vite, ce voyage à Cuba m'a paru une éternité. Les femmes en strings, les bonhommes à bedaine devant leurs cocktails, la musique latinos à chaque pâtés de maisons, j'en peux plus. À l'hôtel des fumeurs partout, au bar et au restaurant. Les gens ont droit de fumer partout à Cuba, c'est lamentable. Le Québec, mes bas de laine, la musique classique, mes toasts au beurre d'arachides, mes céréales au lait de soja me manquent, j'ai l'impression d'être parti depuis très longtemps. Ce voyage me fera apprécié "mi casa". Quelques heures et vivement la neige et la fraîcheur des couettes.

J'ai repris la forme enfin, ce fut long. Je me suis baigné beaucoup aujourd'hui, pour aimer Cuba fait aller à la plage sinon on cherche une autre destination. Mon enregistrement en ligne est fait. J'ai payé un extra de 4$ pour conserver ma chambre jusqu'à 19h00, heure à laquelle la navette viendra me chercher avec ma "big bike box". Je marcherai sur la plage ce matin laissant les images de ce voyage se dissoudre. Je suis allé hier à vélo sur Santa Marta pour trouver une housse de siège pour mon vélo. Évidemment comme pour le reste je n'ai rien trouvé à part quelques délicieux beignets au chocolat. J'ai beaucoup écrit sur le blogue dans ce voyage. Dans quelques heures la connexion sera débranchée. Je voulais conclure en racontant une histoire. Il y a très longtemps avec une connaissance je fis un court séjour dans un tout-inclus à Varadero, c'était mon premier. Mon entreprise de voyage d'aventures avait le vent dans les voiles à ce moment n'offrant que des voyages de randonnées pédestres au Québec, en Nouvelle Angleterre et dans le sud-ouest américain. J'étais en béquille suite à une sévère entorse à la cheville quelques jours avant le départ. Lors de ce voyage j'avais pris la décision que Vert l'Aventure Plein Air était mûr pour des voyages à l'international sur des destinations européennes, africaines et asiatiques. J'entrepris de grands projets autour du monde sans relâche pendant deux décennies. Des groupes de voyageurs enthousiastes m'ont accompagnés dans ces circuits sur mesure conçus par moi-même  dans lesquels j'y ai mis toute mon énergie et mon coeur. 

Aujourd'hui je revois le parcours. Je rentre à la maison fier, la tête haute d'avoir réalisé mes rêves qui ne seront plus jamais les mêmes à partir d'aujourd'hui. Je suis heureux d'avoir investi dans le tourisme d'aventures et le plein air. J'ai traversé plusieurs crises dont la dernière et non la moindre fut la pandémie. J'ai été tenace, persévérant et entêté jusqu'à la toute fin ayant réussi cette retraite qui dans mon jeune temps je n'imaginais pas m'y rendre. Je suis un survivant et ce dernier voyage à Cuba en cyclotourisme me le prouve encore. J'ai traversé de nombreuses épreuves, maladies, actes de vandalisme, attentats, poursuites, accidents, deuils, éruptions volcaniques, inondations, glissements de terrains, cataclysmes naturels et j'en passe. Je suis un résilient et c'est un miracle que je sois encore vivant. Cette dernière aventure à Cuba, symbolique certes, est le dernier d'une longue série de ce genre. Nul doute que mes prochaines aventures seront avec Béa mon fidèle campeur en Amérique du Nord. Je suis heureux de cette acquisition qui me permet une mobilité accrue, une autonomie et des aventures adaptées à mes besoins. Dans mon précieux téléphone d'où j'écris mon blogue, la carte de téléphone de Cuba va se désagrégée laissant apparaître le Québec sous une nouvelle forme, celle de ma liberté retrouvée, celle de la rencontre avec moi-même. Jamais je n'ai eu aussi hâte à ce moment, ce dernier voyage a été difficile. Le soleil brillera toujours quelque part ailleurs, dans ma tête et dans mon coeur surtout. Dans quelques mois un nouveau et grand périple va prendre forme, il n'aura jamais plus l'apparence de celui-ci. J'aurai appris à la dure, entêté mais reconnaissant. Merci à ceux qui m'accompagnent, mes amis, merci la vie !

Mon hôtel de deux étoiles, Dos Mares anciennement le Pullman était un hôtel de luxe en 1940 issu d'une chaîne d'hôtels française. Si je buvais encore je me saoulerais pour oublier ce voyage. Je vais me payer des langoustes au El Rancho pour me revigorer et surtout des "cakes" que je raffole. C'est ce que je retiendrai de la bouffe à Cuba avec les spaghettis et les jus fraîchement pressés. Venir seul sur une île tropicale renforce le sentiment de solitude, beaucoup plus qu'en campeur en Amérique du Nord. Bonne nouvelle ma sinusite m'a enfin lâchée après plusieurs mois à râler, le repos m'a soulagé. Demain je prends mes derniers cafés, je n'en bois jamais d'habitude. Seul l'un des quatre guichets automatiques de Varadero fonctionne. À vélo j'ai fait huit kilomètres pour trouver le bon. Aucun restaurants ne prends les cartes de crédit, quel horreur! Toujours la musique partout boum! boum! et les odeurs de monoxyde de carbone, j'ai hâte de marcher sur les plaines d'Abraham. De vieux italiens de Montréal se trimballent avec de très jeunes cubaines, indécence. Ils me saluent en me racontant leurs sales histoires que je m'enfuis. J'ai réussi à reprendre mon poids santé en trois semaines à Cuba. Le fromage sur les pizzas est très salé afin de le préserver des bactéries. Certains produits alimentaires coûtent trois fois plus chers qu'au Québec. 

J'ai respecté mon budget, même si j'ai acheté un nouveau billet de retour. J'économise malgré tout en restant moins longtemps. J'ai eu le de la chance de trouver ce billet d'avion car tous les autres disponibles avaient des coûts exorbitants.  Ce soir je me paie une grosse assiette de langoustes même si elles goûtent le brûlé. Deux semaines de plus à Cuba m'aurais déprimé. Plusieurs touristes rencontrés à Cuba n'y reviendront plus, la vie est trop difficile et les services essentiels inadéquats. Ce n'est pas que je sois exigeant mais j'ai frappé mon mur. Le soleil brillera toujours quelque part ailleurs. Après plusieurs heures de recherches j'ai réussi à trouver un nouveau chargeur de téléphone. J'ai aussi trouver une navette pour l'aéroport jeudi à 15$, les taxis coûtant 50$US. La navette me prendra à l'hôtel avec ma boîte à vélo. Il faut travailler très fort pour trouver quoi que ce soit à Cuba, c'est épuisant. J'ai retrouver mon mec du Québec qui est arrivé avec moi à Cuba. On est sur le même vol du retour, on partagera le taxi ensemble à Québec. Hier fut ma meilleure nuit depuis mon arrivée sur l'île. Après plusieurs spaghettis, boissons gazeuses et gâteaux, l'énergie est revenue, il était temps. Des québécois habitués de passer plusieurs semaines à Cuba chaque hiver n'y retrouvent plus l'enthousiasme d'antan. 

Depuis la pandémie la vie sur l'île a bien changée selon les habitués, le monde aussi. C'est la première fois qu'on fait ma chambre depuis mon départ, c'est le gros luxe. Il n'y a presque rien dans les restaurants et les épiceries, tout est complètement vide. Les vendeurs sont assis derrière des comptoirs fantômes à vendre que des bouteilles d'eau ou de misérables pointes de pizza infestes. Les cubains s'ils pouvaient quitter Cuba n'y reviendraient plus. Ayant modifié mon vol de retour je ne peux pas enregistré mon vélo à l'avance, il reste sept places de vélo sur le vol, tout est compliqué, je suis éreinté et j'ai hâte de me retrouver chez moi malgré la forme qui revient lentement. La musique me casse la tête dans les rues. Je suis aller à la pointe de la péninsule de Varadero à vélo. Plus on avance de ce côté, plus ça ressemble à Miami ou à Porto Rico. Ces images ne me plaisent pas. De ce voyage en cyclotourisme 400 kilomètres auront été parcourus non sans difficultés. J'ai séjourné dans plus de dix établissements, "casas particulares" et hôtels. 

La chaleur pour pratiquer le cyclotourisme et le poids du vélo furent contraignants. Les services de base sont difficiles à trouver mais on y arrivent avec des devises suffisantes et beaucoup de patience. L'amoxicilline que l'on m'a donné à Québec et à Cuba ne fonctionne pas, ce sont des médicaments de second ordre, ça prend de véritables antibiotiques. Les cubains n'ont pas beaucoup accès aux médicaments et à une qualité de vie nord-américaine, pourtant ils ont l'air serein dans l'adversité. Le peuple est généreux et accueillant, je n'y ai trouvé aucuns problèmes de sécurité à part l'hygiène. Je suis très heureux d'avoir modifié mon billet de retour. Ce que je retiendrai de ce voyage est la mer, la plage de Varadero et la ville de Trinidad. La mer est d'une couleur et d'une température sublime, le sable divin. Le climat est beaucoup plus agréable et moins chaud du côté de l'Atlantique que celui des Caraïbes. À l'occasion du côté nord la mer est trop agitée pour s'y baigner selon les courants provenant des États-Unis. Ce voyage à Cuba me fait apprécié ma ville natale et mon quartier. Si j'ai pu être critique à son égard dans les derniers temps ma vision s'est transformée depuis ce séjour de trois semaines à Cuba. Ce qui se passe dans ma tête et la réalité parfois est différente. Je dois valider par moi-même mes expériences. C'est la dernière fois que j'entreprends un voyage de cyclotourisme. À l'avenir je ferai des sorties d'une journée avec mon cyclosportif n'ayant vraiment plus le goût de transporter mes sous-vêtements et des boîtes de thons et de sardines sous les tropiques ou à quelques autres endroits. Décidément je pense beaucoup à mon campeur et aux possibilités que m'offre le vanlife en Amérique du Nord. En attendant de sortir Béa de son hibernation, il me reste quelques jours sous le chaud soleil de Cuba. Adios!

22 janvier | Varadero, Cuba

Varadero est une péninsule longue de 20 kilomètres. La moitié regroupe de grands hôtels qui ressemble à la Floride et l'autre moitié se retrouvent les "casas particulares" et ressemble davantage à Cuba de même qu'à Santa Marta. Mon hôtel est dans cette partie. Deux mondes se côtoient ici, l'un moderne et le second plus pittoresque et plus pauvre. Il m'aura fallu des efforts considérables et une planification extraordinaire pour arriver au constat que ce voyage fut trop difficile. De mon hôtel j'ai tout à proximité et le tarif est plus qu'acceptable. Après toutes ces années d'organisation de voyages d'aventures et à quelques semaines de mes 65 ans j'arrive à la conclusion que mes prochains voyages dans le sud seront par le biais de forfaits tout inclus d'une semaine maximum. Varadero possède l'une des plus belles plages au monde alors pourquoi me casser la tête et ce, à quatre heures de Québec sans décalage horaire. Pour moi un nordique, la seule et unique raison pour venir dans le sud est la plage et le soleil. Quelque chose en moi vient de mourir, autre chose renait, je le ressens fortement. J'éprouve une lassitude à organiser et une fatigue en rapport avec les planifications complexes de voyages effectuées toute ma vie. Je n'ai resté qu'une nuit dans la casa particulares à Varadero ensuite je me suis trouvé un petit hôtel typiquement cubain sympathique avec le petit déjeuner inclus pour 26$CAD  la nuit. La plage est à 100 mètres. J'y reste jusqu'à mon départ en avion le 26 janvier. Je suis aller récupéré ma boîte à vélo dans mon premier gîte à l'arrivée. Ce matin j'ai déjeuner avec un québécois voyageant seul et qui tenait de curieuses conversations. Tout le monde semblait fêlé sauf lui. J'ai quitté rapidement.

21 janvier | Varadero, Cuba

J'ai pris le petit déjeuner chez mes hôtes à la Havane. Deux italiennes ce sont jointes à moi. Ensuite j'ai traversé la Havane à vélo et puis quarante kilomètres vers Playa de l'Este que je n'ai pas particulièrement aimé. Il m'était impossible de traverser le tunnel à la Havane. J'ai pris une navette spéciale pour les vélos et motos d'où l'accès se fait par une rampe. De l'autre côté l'autoroute vers Varadero n'est pas du tout intéressante. Vers Playa Jibacoa je fais de l'autostop et rapidement une camionnette s'arrête pour me déposer à Varadero à 110 kilomètres plus loin. Le trajet en taxi aurait coûté 100$US. J'ai offert 10$ et le type était fou de joie. La route a passée à Mantazas, site de lourdes industries pétrochimiques. Tout le trajet fut horrible. À mon arrivée à Varadero, les hôtels que j'avais sélectionnés n'étaient pas disponibles. J'ai finalement trouver une chambre dans une maison d'hôtes à 35$ la nuit. Je suis comblé et heureux de me retrouver ici. J'ai modifié ma date de retour pour le 26 janvier. Il me reste six jours à Varedero, ce sera suffisant. Je tenterai de trouver demain un hôtel plus confortable avec les repas inclus. Ayant avortée une grande partie du trajet à vélo et la vallée de Vinales, je suis prêt à retourner à la maison en profitant du temps qu'il me reste pour me reposer sur la plage.

20 janvier| La Havane, Cuba 

Je suis arrivé en autobus avec Viazul à la Havane après plusieurs arrêts, sept heures plus tard. Nous ne sommes pas seul à voyager en autobus en première classe, des colonies de coquerelles nous accompagnent dans l'autobus. Installation à côté de la gare d'autobus dans un beau gite pour une nuit. Je suis arriver trop tard pour aller dans la vieille ville, la vieille ville étant plus loin. La Havane est très grande, bruyante et polluée. 3.7 millions d'habitants fait de cette ville la plus grande des Caraïbes et la capitale de Cuba. Faut être solide pour vivre ici. Sur 400 kilomètres à vélo j'aurai traversé trois provinces jusqu'à présent; Mantazas, Cienfuegos et Sancti Spiritus. L'autobus est confortable et me permets une pause. Mon campeur me manque quand je me vois avec la horde de touristes dans l'autobus et les hôtels. Ce voyage ne me ressemble pas sauf pour la détente et l'extase de me baigner dans les eaux turquoises. Définitivement Cuba est fait pour la plage et la farniente, pas pour le vélo sauf pour sur de très courtes distances en matinée... sans bagages. J'ai enlevé des sections à vélo prévue que je voulais faire, plus réaliste je rends l'aventure plus adaptée et agréable. J'ai passé quatre nuits à Trinidad ce qui est nettement acceptable. Une étape du voyage est réalisée, je délaisse maintenant les Lada's enfumés de la mer des Caraïbes pour celles de l'Atlantique.

19 janvier | Trinidad, Cuba

Depuis la pandémie Cuba n'a jamais repris son rythme. Quand les riches prennent un rhume lors de grandes crises ce sont les pauvres qui souffrent en premier. Les cubains vivent du tourisme, la crise ici en ce moment est réelle à plusieurs niveaux. C'est à Trinidad que l'on retrouve le plus de "jinareros" à Cuba, des vendeurs de rues plutôt insistants. Il est mieux les ignoré et ça n'ira pas plus loin. Je ne bois pas de café à Québec mais ici au déjeuner je ne peux m'en passé. La carte SIM achetée à mon arrivée ne fonctionne pas la plupart du temps, il est mieux se procurer des cartes wifi ETECSA vendues un peu partout. Des points wifi sont disponibles à différents endroits pour se connecter. Pour cinq heures d'internet il en coûte environ cinq dollars. Mes problèmes de santé se sont dissipés, j'ai réellement passé un mauvais quart d'heure. La "turista" dure quatre jours si bien traitée. Je flâne aujourd'hui car demain très tôt j'ai sept heures d'autobus pour me rendre à la Havane. À la Havane c'est cinq degrés de moins qu'à Trinidad et dix degrés de moins qu'à Santiago de Cuba. Je quitterai cette ville attachante avec nostalgie, rares les endroits que l'on retrouvent dans le monde comme Trinidad. On y vit au rythme du peuple, dans son coeur et son quotidien qu'aucun tout-inclus ne sauraient offrir.

18 janvier | Trinidad, Cuba

Tout le monde vit dehors, l'agitation est intense dans la ville entremêlée de musique langoureuse et répétitive. Je mange de délicieux gâteaux. Un québécois rencontré achète des maisons partout à Cuba, il est architecte et les mets au nom d'amis cubains, ce sont les règles, curieuse intention. Un américain tout vêtu de blanc ressemblant à un pasteur évangélique sur un vélo pliant travaille dans un organisme humanitaire, il connait les moyens pour passer les frontières car les américains n'y sont pas autorisés. Beaucoup de destins se croisent dans la rue de Trinidad, un va-et-vient incessant de chercheurs de vérité. J'ai tant marcher que maintenant ce sont mes doigts sur le clavier qui marchent. En attendant l'autobus pour Playa Ancon dans un café bruyant je regarde le théâtre de la rue, étonné, fasciné. Trinidad vaut le détour, mélange de passions, de rêves et de drames quotidiens. Les grandes maisons coloniales partout sont fraîches à l'intérieur comme en Méditerranée. Le soleil toujours écrase les intentions. 

Sur la lente et resplendissante péninsule d'Ancon je me réconcilie avec la plage et son sable immaculé, ça me calme. Cette journée m'est profitable. Dans un futur incertain il est probable que je j'aille dans les tout-inclus sur une semaine maximum. Le problème c'est que ce sont des cages dorées d'où on ne sais rien de ce qui ce passe à l'extérieur et, ce, prévaut dans toutes ces installations balnéaires. Une connaissance me disait prendre un forfait d'une semaine deux fois l'hiver, je trouve l'idée intéressante pour un vieil homme. Le sud des États-Unis en campeur me parle beaucoup pour les prochaines années. Un bon plan, sans y passer tout l'hiver, est de partir avant la neige en entreposant le véhicule en Floride à la fin janvier pour ensuite prendre un vol vers Québec et retourner en Floride en avion reprendre le campeur début avril en remontant lentement vers le nord. Au retour je vendrai la plupart des sacoches vélo n'en conservant qu'une seule. Je n'ai absolument aucun regret. Ne pas avoir essayer aurait été plus regrettant. La vie n'est qu'une série de bonnes et de mauvaises expériences, les mauvaises dépendent en partie de l'attitude. Parfois la douleur dépasse la volonté. Elles servent à réajuster son élan pour la suite. Je rencontre sur la plage un couple de britanniques très gentil. Ils voyagent dans les Caraïbes pour quatre mois. Encore une fois je prends conscience de mes affinités avec les anglo-saxons. Je peux entretenir une conversation très appréciable en anglais. Les français souvent je les trouvent râleurs mais ils possèdent une curiosité et une culture immense.

18 janvier | Trinidad, Cuba

Les gens les plus riches matériellement à Cuba sont ceux qui possèdent des restaurants et des gîtes. Ils gagnent plus que les docteurs, avocats et administrateurs. Hier soir je suis aller voir un spectacle à la Casa de la Musica, c'était super ! Curieusement plongé dans mes pensées j'avoue aimer davantage la culture anglo-saxonne que latino. À vrai dire les États-Unis en campeur m'est plus attrayant que tout ce que je vis en ce moment à Cuba. Je me sens plus autonome avec le campeur et mon vélo de carbone dessus que de trimballer 75 livres de bric-à-brac sur un vélo en acier dans une chaleur torride. Dans mon campeur j'ai frigo, poêle et lit, je vais partout où je veux quand je veux. En campeur je peux choisir à ma guise les lieux pour mouliner et les températures. Aux États-Unis je n'ai aucuns soucis concernant les virus dans l'eau et la nourriture, le revitaillement, les banques et les paysages sont plus enchanteurs et variés à mon goût. Je trace un peu tôt mon bilan mais il m'apparaît que l'espagnol m'est un handicap pour communiquer. Je maîtrise mieux l'anglais pour avoir un minimum de conversation. L'arrière-pays mythique des États-Unis me plaît où peut-être je n'aime que les courants d'air passagers. J'aime le caractère, la lenteur et le flegme anglo-saxon davantage que l'émotivité, la séduction et la rythme latino. Je suis en train de reconsidérer tellement de choses en peu de temps sur ma retraite, mes goûts, mes besoins, mes limites que j'en suis profondément troublé. Je suis en train de faire une synthèse en accéléré de ma vie. Mon blogue me permet de me rattacher à ce qui me reste de repères pour ne pas sombrer dans le vide. Le jeu de séduction et les chansons latinos ne m'inspire pas autant qu'à 20 ans. L'argent est le centre des préoccupations des cubains, je les comprends. Je suis le canadien, le touriste, le "dinero" ici. Écrire m'apporte du réconfort, ne parler que de sauces piquantes et de potinage m'étrangle dans ma quête d'expression. Je ne suis pas qu'un simple chroniqueur de plage et de rumba. Je suis tout et rien à la fois, de passage que très rapidement. Je peux difficilement me poser dans ma tête mais mon corps le requiert. Je suis né dans l'intranquillité et la mouvance de l'espoir du lendemain. Toujours et toujours les mêmes gestes à recommencer, les mêmes erreurs, les mêmes bêtises. Je plonge dans la mer pour dissiper mes pensées, je l'ai mérité, j'en ai payer le prix, elles sècheront momentanément pour une pause au soleil.

17 janvier | Trinidad, Cuba

Dans le temps où je suis passé à Trinidad c'était rempli de touristes, maintenant c'est assez tranquille. J'ai bien dormi, je serais incapable de prendre mon vélo aujourd'hui. La vallée des Ingénieurs près de Trinidad était la plus grande plantation de cannes à sucre de Cuba. Pour un dollars canadien j'ai environ 100 pesos. À voir les nombreux billets dans mes poches je me crois riche alors que je n'ai presque rien. Le fait de toujours devoir payer comptant est éreintant à la longue. À Trinidad je mange bien dans les nombreux restaurants sur place. Aujourd'hui j'ai fait une erreur en achetant trop cher un câble pour mon téléphone dans la rue. On se fait intercepté beaucoup pour toutes sortes de services et de marchandises. Je me suis acheté un billet d'autobus pour aller à Playa Ancon demain matin. La tarte au chocolat de Baracoa est un pur délice. Baracoa est la plus ancienne ville de Cuba à l'Est de l'île fondée en 1511. C'est le seul endroit où pousse le cacaotier. C'est la seule région tropicale de l'île avec une forêt épaisse et des pluies régulières. J'en suis à mon cinquième séjour à Cuba en y ayant grimpé, dans l'un des voyages, la plus haute montagne dans la Sierra Maestra, le Pico Turquino près de Santiago de Cuba à plus de 1974 mètres à partir de la mer. Un guide nous y a accompagné et l'ascension fut très pénible. Nous avions dormi dans une hutte sur la plage au sol. Santiago de Cuba est la deuxième plus grande ville, c'est très animé et l'odeur du monoxyde de carbone est pénible. J'avais séjourné dans un hôtel sur une plage complètement noire près de Santiago. Je suis aller à Holguin et Playa Guadelarvaca dans des séjours tout-inclus qui ne furent pas très mémorables sauf pour les randonnées en scooter sur Banes et Gibara.

16 janvier | Trinidad, Cuba

J'ai réussi à manger après trois jours de jeûne presque total. Les problèmes gastriques semblent avoir disparus. J'ai parcouru à vélo les trente kilomètres de Playa Yaguanabo jusqu'à Trinidad avec un fort vent de face et des faux plats sans arrêt. Les paysages étaient somptueux. Je pénètre Trinidad, joyau du patrimoine mondial de l'Unesco fondée en 1514. Partout des montagnes à perte de vue, la ville est dense et animée. La culture est immensément riche. Je trouve le gîte à 20 euros la nuit dans une belle maison. Mon hôtesse parle français, je suis content. L'habitation, réputée des touristes français, est magnifiquement bien située à côté de Plaza Major et de la Casa de la Musica. Je suis chanceux car c'est le premier gite que je visite. Les rues sont en pavées lourdement endommagés. Partout de beaux restaurants, casas et cafés. Ma chambre est belle et aérée. C'est ma troisième visite à Trinidad, les autres fois je séjournais à Playa Ancon et ne passais que rapidement dans la vieille ville accompagnant des groupes. Cette cité coloniale espagnole est un véritable musée à ciel ouvert et la plus authentique de Cuba. Trinidad prospérait par la canne à sucre et le marché des esclaves. Les terriens de l'époque possédaient des richesses inouïes à constater l'architecture coloniale exceptionnelle présente partout. De véritables palais inondent les rues. 

Je prends une douche et me dirige vers la clinique médicale de Trinidad pour ma récidive de sinusite. Je n'attends pas longtemps. Le tarif est 57 euros la consultation qui me seront remboursés par mes assurances. On me fait une piqûre dans la fesse et j'ai des antibiotiques à prendre incluant de précieux conseils. Les médicaments manquent terriblement comme bien d'autres choses surtout depuis la pandémie. Les grands hôtels de Playa Ancon ont fermés depuis ce temps. Je n'ai pas le choix de rester en ville et prendre l'autobus pour aller à la plage pour la journée. Je suis bien à Trinidad et je rester y rester un bon moment. Mon gîte est à côté de la gare d'autobus Viazul, je ne peux demander mieux. Les réservations doivent se faire plusieurs jours à l'avance. J'ai descendu physiquement et moralement assez bas quelques jours, le meilleur s'en vient après cette fulgurante tempête. Le restaurant ce soir, qui est un palais à moitié en ruines, j'entends les cochons et les poules. Toutes les maisons à Trinidad ont des couleurs pasteles. Au retour de la clinique il m'a fallu une heure pour retrouver mon gîte, j'avais oublié de prendre l'adresse et toutes les rues se ressemblent. Une nouvelle étape du voyage vient de débuter. Je vais modifier considérablement mes plans de voyage pour la suite.

14-15 janvier| Cienfuegos, Cuba 

Ce matin dimanche je vais bien, je mange un bol de riz et un jus. Les odeurs de monoxyde de carbone et de reflux d'égouts sortent des pores de ma peau. Je profite de la fraîcheur et du vent de dos pour quitter Cienfuegos vers Trinidad à travers la Sierra de l'Escambray. C'est de loin les plus beaux paysages de montagnes et de nature jusqu'à présent. Des montagnes escarpées partout, je monte quelques côtes à pied. Il y a de la fraîcheur qui se dégage de cette verdure, j'aperçois de grandes rivières. Les vautours rôdent, je maigris, ils n'auront que des miettes. J'y vais plus lentement. Mon hôte ce matin surpris de me voir à vélo m'a dit que j'étais son héros. À 60 kilomètres plus loin j'arrive à Playa Yaguanabo. Un complexe hôtelier modeste se dévoile au détour. Je prends une chambre incluant le petit déjeuner. La chambre est spacieuse et le tarif excellent. Peu de touristes présents. J'ai pas de retard sur le programme malgré le poids du vélo. Partout des charrettes tirées par des boeufs, des champs de fèves, des hibiscus, des bougainvilliers en fleurs. Tout est majestueux mais le soleil de plomb est torride sous le ciel bleu. C'est ma plus belle étape du voyage à ce jour. Rien de comparable. Sur l'île l'économie est parallèle et les commerces s'activent au noir entre particuliers. Les réseaux de distribution de nourriture passent par là. Partout des coopératives agricoles. Les commerces sont vide mais si on cherche bien sur la rue on trouve. Avant mon départ j'ai eu la covid et une sinusite, cette dernière n'a pas passée avec les antibiotiques, demain à Trinidad faut que je m'occupe de ça et allant à la pharmacie ou à la clinique médicale. Je dois rester positif, les nuages bientôt se dissiperont.

Je me promène à Cienfuegos sur les deux rues piétonnes de la ville et les rues marchandes bondées. Il n'y a presque rien à manger. Je trouve une cafétéria, il n'y a que de petits pains hamburgers blancs avec une tranche de jambon et de la mayonnaise, je prends un café. J'achète des biscuits sur la rue et je trouve un guichet automatique pour des pesos cubains. Mon hôte est juif, il exprime ardemment ses opinions, c'est agréable, il est éduqué et prompt. Il parle un anglais fort bien des solutions à mes problèmes digestifs et de nausées, de politiques et de culture. Selon lui les difficultés ne proviennent pas du gouvernement mais de l'ignorance et le manque d'éducation des cubains. Sa recommandation est de ne manger que du riz blanc, des soupes en purée sans fèves, du poulet et beaucoup d'eau froide et chaude. Les boissons gazeuses ne sont pas recommandées ni le café. C'est pas évident mon affaire. Je bois des tisanes préparées par mon hôte. Pleins d'aliments sont proscrits pour les touristes même les cubains ont des problèmes digestifs en lien avec l'eau. Dans mon gîte comme partout les odeurs de monoxyde de carbone envahissent les demeures. Je suis aller du côté de Viazul voir les horaires d'autobus pour aller sur Trinidad demain qui est à 80 kilomètres. Le seul part à 21h00. Trop tard, je partirai à vélo et dormirai dans une casa sur le bord de la mer à mi-chemin et au besoin je ferai de l'autostop. Je suis en train de faire mon examen de conscience. On ne peut pas être aviser d'un tel voyage sans y être réellement. Je suis en train d'apprendre à la dure comme indubitablement depuis que je suis né. Comme s'il me fallait m'exposer inlassablement pour apprendre. Le gravinol fait effet, j'ai un petit salon dans mon gîte, je me repose. J'ai fait 210 kilomètres à ce jour, parfois je pense à mon vélo de carbone et mon campeur. 

Cienfuegos est la 3ème ville de l'Unesco à Cuba après la Havane et Trinidad. Cienfuegos possède de beaux bâtiments coloniaux et un port de mer important; la perle des Caraïbes fondée par des français de Bordeaux et de la Louisiane pour y implanté le commerce du sucre. Je vais diminuer mon rythme à compter d'aujourd'hui, je passerai quelques jours ici. Je vais faire des photos, c'est inspirant. C'est une ville fort attrayante avec une culture très riche. Dans le passé je me rappelle d'un transfert d'autobus à Cienfuegos et d'un arrêt au parc José Marti. Je m'étais souvenu de cet endroit magique, rien n'a changé. Je m'étais dit que j'y reviendrais. Cienfuegos et Trinidad sont des arrêts obligatoires à Cuba, je vais ralentir mon rythme en alternant avec des transports en autobus. Les vélos sont autorisés sur Viazul. Rien de mon voyage ne ressemble à la dolce vita et la farniente. Je vais m'adapter pour la suite en réajustant le programme afin de flâner davantage à un rythme plus décent et contemplatif. En arrivant à Cienfuegos je viens de franchir une étape, le jeune en moi devrait se calmer sous peu.

13 janvier | Cienfuegos, Cuba

Luis me réveille tôt avec un thermos de café brûlant de café sucré. Mes forces ont repris et la nausée s'est amoindrie. Un "billie", genre de véhicule motorisé jumelant une moto et une camionnette m'attends pour aller sur Hoquerias à trente kilomètres par un chemin de terre très mauvais. Je traverse une forêt remplie de marécages suivi d'une vaste région agricole de rizières, de manguiers, de bananiers et de cannes à sucre. Il y a une banque au village où dégage des odeurs de vieux parfums et de toilettes. Deux heures j'ai attendu pour avoir 200$. Cinq caissières tentent de m'obtenir des pesos. Je paie le transport et le gîte au motocycliste J'espère pouvoir me rétablir rapidement, je n'ai pris qu'un comprimé d'immodium. Il n'y a rien à manger ici et le village ressemble au tiers monde. Je mange une conserve et un jus d'orange gazéifiée. Aucun endroit ne prends les cartes de crédit ou bancaires à Cuba à part quelques rares exceptions. Je suis très dépendant des banques et je ne veux pas trainer trop de devises sur moi à vélo. Cet incident aurait pu être davantage brutal et je prendrai des mesures de sécurité accrues pour la suite du programme. La marche est haute entre le climat du Québec et de Cuba ainsi que les bactéries qui s'y retrouvent. La chaleur peut venir à bout d'un mortel nordique à Cuba et malgré l'apparence délicieuse des repas servis se cachent des pièges. Voilà le prix de l'aventure, déjà en autobus c'est pas mal, imaginez à vélo. A Hoquerias c'est le bout du monde, je n'avais rien vu de tel à Cuba. Je suis le seul étranger. Des anges m'ont aidé, merci la vie ! Je mouline dix kilomètres jusqu'à Yaguaramas et trente-cinq de plus sur Cienfuegos, une grande ligne exécrablement droite au soleil. Les cubains ont l'air à se demander ce que je fais là, je me le demande aussi. J'arrive en fin d'après-midi à Cienfuegos au pied du massif de l'Escambray, hautes montagnes de Cuba. La ville est animée, le style est français, c'est agréable. Je m'installe dans un petit gîte près du parc José Marti. Je dévore un spaghetti jambon fromage et je vais me coucher.


12 janvier | Guasasa, Cuba

Cette nuit j'ai rêvé que je réussissais à voler et qu'on me payait grassement pour ça. Je me réveillai brutalement dans la nuit avec une impitoyable "turista". Je ne sais pas ce qui m'a pris de partir à vélo le lendemain malgré mes nausées et malaises. J'avale un cola et pris le chemin de terre sur le bord de la mer à travers le parc national Cienaga Oriental de Zapata. Trop manger c'est pas terrible avec la chaleur. À ma surprise aucune circulation et personne sur cette route déserte et ombragée. M'arrêtant à tous les cinq kilomètres pour m'étendre à l'ombre, j'arrivai deux heures plus loin à Guasasa, un petit hameau d'une dizaine de cabanes. Je m'écroule fiévreux devant le seul gîte où l'on me recueille. Le problème est que je n'ai que quelques pesos pour acheter trois boissons gazeuses. Je n'ai pas mangé de la journée et en serais incapable. Luis m'offre le gîte en face de la mer, c'est magnifique. Il n'y a que quelques enfants et des poules. C'est loin de tout mais vraiment. Je prends une douche, bois une boisson gazeuse, la seule chose qui entre, et m'effondre dans le lit grelotant de fièvre pour 18 heures.

11 janvier| Playa Giron, Cuba 

Je viens d'avoir la confirmation qu'il m'est impossible d'effectué des réservations sur le site d'Airbnb à partir de Cuba. C'est bloqué de même que bien des choses qui proviennent de l'étranger. Il faudrait que quelqu'un le fasse pour moi du Québec avec mes coordonnées. J'ai vérifié si je pouvais télécharger une application VPN mais c'est pas sécuritaire pour les transactions confidentielles. À un part d'avoir un très bon contact pour effectuer mes réservations de Québec je n'ai autre choix que de réserver sur place à mon arrivée ou par les hôtes de ma destination précédente comme c'est le cas présentement. Neylin la fille d'Estelle, mon hôtesse à Playa Giron, a fait pour moi la réservation pour demain qui a un gîte au même tarif. Elle habite sur ma route à Yaguramaras qui est à 45 kilomètres d'ici. Ce village est tellement petit que je n'ai qu'à dire son prénom pour qu'on m'indique son gîte. 

J'ai passé de très bons moments sur la plage ici en y allant à vélo. J'enlève les sacoches pour me promener autour du village en prenant soin d'apporter mon cadenas. J'ai rencontré un tas de routards européens et latinos, ces petits villages sont l'idéal pour faire de belles rencontres. Mon rhume est passé, jamais plus le climatiseur. La carte wifi Nauta de Cuba est mieux que la carte SIM Cubacell. Pour près d'un dollar j'ai cinq heures de connexion dans certains établissements. Depuis que je suis arrivé à Playa Giron je prends conscience que je débute maintenant mon voyage. J'aime beaucoup cet endroit simple et sans fioritures. Il est préférable lorsque les gîtes sont éloignés un peu de la plage. Je vais apprendre toujours un peu plus à chaque jour sur mes goûts, sur la culture et les habitudes à prendre pour voyager économiquement selon mes besoins. Il m'aura fallu cinq jours pour m'adapter de façon autonome et intelligente. Je reconnais davantage mes limites et les distances à vélo à ne pas franchir en interprétant mieux les guides de cyclotourisme en ma possession. Je saurai m'adapter rapidement compte tenu de mes nombreuses expériences de voyage. Merci la vie !

Mon hôtesse m'a fait le même tarif qu'Airbnb et les repas sont les meilleurs à ce jour. Playa Giron est le meilleur spot pour un arrêt avec une plage déserte à 500 mètres, Playa Coco. Sa fille qui habite à 45 kilomètres de Playa Giron m'hébergera. Je passerai sur le bord de la mer et à l'intérieur de l'île par des villages et chemins de terre perdus. Le jour suivant je ferai l'autre moitié du parcours de 45 kilomètres sur Cienfuegos. C'est sur ma route, je suis très content. Je dors comme un bébé depuis que je suis ici. Après 165 kilomètres sur deux journées et demie de vélo, cet arrêt était nécessaire. J'apprends lentement les usages de base pour faire un voyage économique et confortable en cyclotourisme. J'ai trop de vêtements, je saurai pour la prochaine fois. 

10 janvier| Playa Giron, Cuba

J'ai quitté Playa Larga plus tôt que prévu. J'ai payé trop chères la chambre et le souper. Les tarifs sont indiqués en dollars américains ou en euros mais le taux de change est très élevé et varie d'un endroit à l'autre. Ma chambre n'était pas à mon goût, mal située et trop prêt des touristes. J'ai appris qu'il faut toujours passer par le site d'Airbnb pour réserver les "casas particulares". C'est moins cher et ça évite les surprises avec le taux de change. Je pars tôt à vélo en déjeunant à la sortie de la ville de sardines et d'un sandwich au beurre d'arachide. Je bois deux litres d'eau pour parcourir les 35 kilomètres pour rejoindre Playa Giron, le prochain village. Soleil, mer et bitume tapissent mon avant-midi sans voitures et maisons. La mer des Caraïbes est turquoise, je passe un site de plongeur, je bois un jus à l'ombre. Je passerai deux nuits à Playa Giron car il faut que je me repose. J'aime mieux de très loin ce village plus aéré et tranquille. Il fait plus chaud sur la mer des Caraïbes que du côté de l'Atlantique. L'alternance chaleur extérieure du jour et du climatisateur la nuit est mauvaise. Je trouve la villa Serafin, je paierai dans le site d'Airbnb dans la soirée car je suis bloqué pour 24 heures ayant fais quelques erreurs sur l'application. J'y prendrai quelques repas et les autres dans la rue principale. Le village est paisible, la plage à un kilomètre où se retrouve le seul "tout-inclus" Le gîte est au fond d'un chemin de terre dans le village. La chambre est très lumineuse et tranquille, les plafonds sont hauts. Estelle, mon hôtesse est accueillante de même que sa maison avec des couleurs éclatantes et ses grands espaces. Les poules et les dindes piaulent, le coq chante à ma fenêtre. Je n'entends rien à part les gens en fin d'après-midi qui reviennent de nulle part. Le village est beaucoup plus intime qu'à Playa Larga. Après avoir avalé un sandwich au fromage et aux tomates grillés, du riz au porc et un pichet de jus je vais dormir profondément dans la chambre aux grands volets beiges que je ferme légèrement.

9 janvier |Playa Larga, Mer des Caraïbes, Cuba

De jolies grenouilles translucides avec de grands yeux noirs tapissent la salle de bain avec les lézards. Je fait un mémorable séjour dans un oasis de paix. Au petit déjeuner deux hamburgers, des patates et bananes frites, un pichet de jus frais et du café de la plantation d'à côté. Je quitte tôt pour me promener à vélo au village et mouliner vers Playa Larga ma seconde étape. Tout le monde me regarde intrigué en me saluant. C'est joyeusement dépaysant, l'harmonie totale. Mon parcours est bien construit. Mes hôtes me donnent d'excellentes informations sur ma prochaine étape. En cas de soucis sur la route je n'ai qu'à lever le pouce pour de l'aide ou du transport. Les "casas particulares" doivent avoir un permis du gouvernement pour opérer et ils sont nombreux. C'est très chaud et venteux, pas trop humide, sous les arbres je suis bien mais ils sont rares. Je suis plus en forme aujourd'hui, la route est belle, les paysages plus agréables en campagne. Je traverse depuis Varadero que des régions agricoles, la déforestation est importante. Quand je vois un arbre je m'abreuve de son ombre. Ceux qui arrivent de l'étranger à Cuba il est préférable d'apporter les devises canadiennes et de faire le change dans la rue en négociant, les taux sont de loin meilleurs qu'à la banque. 

Je fais un arrêt bien mérité à Jaguay Grande puis je continue vers Playa Larga. À vingt kilomètres de ma destination j'aborde le parc national Cienaga de Zapata le plus grand à Cuba dans la baie des Cochons sur la mer des Caraïbes. C'est de cet endroit que l'invasion américaine a avortée à la révolution cubaine. Le parc est une immense étendue de marécages avec des oiseaux somptueux. Je traverse une ferme de crocodiles. Je n'ai aucune réservation de gîte, je trouverai sur place. Les voitures dégagent une odeur épouvantable. La route est impitoyablement linéaire. Avant mon arrivée les nuages me souhaitent la bienvenue, je suis exténué par la chaleur. Je bois quatre litres de liquide par jour. Sur la "caleton" de Playa Larga je retrouve des "casas particulares" partout sur la plage et de jolis restaurants. Je trouve un gîte abordable et pars rapidement enfilé un spaghetti et une pizza. L'endroit est franchement typique, des routards européens sont nombreux, aucuns américains car ils leurs est défendus de séjour sauf pour ceux qui ont les deux nationalités, américaines et cubaines. Je passerai deux nuits ici car c'est trop cool, les musiciens cubains sont en feu. J'ai réussi à traverser l'île en deux jours de l'Atlantique à la mer des Caraïbes sur 120 kilomètres.

8 janvier | Jovellenos, Cuba

Il y a quelques sympathiques hôtels économiques à Varadero. J'en ai ciblé quelques-uns. Certains possèdent des tarifs différents selon l'endroit où l'on fait la réservation. De très beaux hôtels sur la plage à 27$ US la nuit incluant les repas c'est possible. Fidel Castro a introduit le système socialiste en faisant la révolution, il est devenu président en 1959 suivi de son frère Raoul dans le pays renversant son prédécesseur Batista. Avant Fidel le capitalisme régnait avec immensément de corruption par des groupes d'américains sans scrupules. Le président actuel est Miguel Diaz-Canel. Des contrats commerciaux ont lieu avec la Russie depuis la guerre froide et l'embargo américain qui pertube la vie des cubains. La population de Cuba est de 11.3 millions, la densité trois fois qu'aux États-Unis. La capitale est la Havane. 1000 kilomètres relient l'île d'une extrémité à l'autre, la mer des Caraïbes au sud et l'océan Atlantique au nord. Haïti se trouve à l'ouest qui sépare Cuba par un étroit chenal, les Bahamas au sud et la péninsule du Yucatan au Mexique à l'Est. La Havane, resplendissante cité encore aujourd'hui qui fut très riche à l'époque des conquistadors espagnols. La Havane était jadis le dernier port d'Amérique d'où les navires remplis d'or des Incas qu'ils massacrèrent pour traverser l'Atlantique vers l'Espagne. Les navires se regroupaient à plusieurs afin de déjouer les pirates des Caraïbes.

Cuba possède des trésors architecturaux de l'époque coloniale et une culture riche et diversifiée. C'est le pays le plus sécuritaire de tous les pays latinos. Il y a peu de circulation sur les routes mais les voitures roulent rapidement. Les cubains adorent klaxonner au volant de leurs vieilles et rutilantes bagnoles américaines des années 50. Il y a davantage d'anciennes voitures que de récentes. Beaucoup de charrettes et de vélos circulent sur les routes par contre c'est probablement le pays le plus facilitant pour y faire du vélo. Il y a beaucoup d'affiches représentant l'armée et la révolution de Fidel qui est décédé récemment et de Che Guevara, un révolutionnaire bolivien qui fut son acolyte. Je me lève tôt avant les grandes chaleurs et après avoir ajusté le vélo et les bagages je pars fébrilement vers Santa Marta et Cardenas. À Coliseo je m'arrête me rafraîchir à la cafétéria qui est située au carrefour avec de petits kiosques où l'on y retrouve de petits snacks, cafés et rafraîchissements. J'achète de petites barres au miel et sésame, un jus et un café. Les cubains rafolent du café. Mon vélo intrigue les regards des locaux. Le soleil est torride, je suis constamment en sueur roulant sans ombrage. Le terrain est plat heureusement le paysage est monotone sur les premiers 25 kilomètres. 

Enfin tout devient vert et des eucalyptus apparaissent avec des bosquets de fleurs éparses. De belles montagnes lorgnent l'horizon avec quelques nuages qui me donnent un répit. Ma première étape est 60 kilomètres de Varadero à Jovellenos, typique village cubain, aucun étranger ici sauf sur quelques motocyclettes de passage. Je me sens mieux dans ce village qu'entourés de touristes endimanchés dans leurs bulles artificielles. En arrivant dans le village je peine à trouver mon gîte agricole bien camouflé a l'orée de la canopée. Une "finca" signifie une ferme, en espagnol, Finca Luna est son nom. Il y a huit chambres, je suis le seul client ce soir. Aniel, pompier à la retraite et Aniela, mes hôtes sont charmants en me servant un jus de papayes fraîchement pressé. Le tarif est très abordable incluant le petit déjeuner et le souper. Il y a une jolie piscine, des palmiers et des animaux de ferme. Tout y est paisible et vert. Je me sers de l'application le "traducteur parlant" pour discuter.  En arrivant je plonge dans mon lit pour un repos bien mérité, il est 14h00. Depuis une journée il y a aucune connexion internet sur l'île, par chance j'ai le wifi au gîte. J'ai acheté au besoin une carte wifi pour presque rien qui dure cinq heures. Le vélo se comporte bien, les manoeuvres sont différentes avec son poids considérable, je fais des pauses souvent. J'ai déjeuné de petites bananes sur la route, des calmars aux tomates en boites, des amandes et raisins secs. Pour 50$CAD en moyenne par jour je peux me loger et me nourrir, pas besoin d'essence et de transport. Je dois me donner quelques jours avant de m'adapter au 75 livres que je trimballe et surtout à la chaleur. Une journée à la fois est ma devise à ce voyage exotique hors du commun. Je ne ressens aucunes menaces dans le pays, me sentant agréablement en sécurité et entourés de gens qui me saluent. Les cubaines m'envoient des bisous sur la route et partout les sourires sont resplendissants malgré la pauvreté omniprésente. Les restaurateurs et les propriétaires de maisons d'hôtes gagnent plus d'argent que ceux qui travaillent dans les tous inclus, ces derniers ne laissant que très peu de dividendes dans le pays. Hier dans un hôtel de Varadero le réceptionniste, qui parlait bien français, ne rêvait qu'à s'enfuir du pays. Son salaire est de 30$ par mois incluant les repas à raison de six jours par semaine de dur labeur avec les "los tabernacos" sans classe saouls du matin au soir en déblatérant leur simplicité d'esprit et leur inconvenance. Le jeune type à la réception a versé des larmes en me parlant de liberté. Hier j'ai rencontré mon idiot de Québec, j'en ai fait mon deuil rapidement de cet imbécile que j'ai viré fermement dans un divorce irrévocable. J'éprouve autant de pitié pour lui que de mépris. Que le ciel lui vienne en aide ainsi que ceux qui auront à entendre ses balivernes et ses caprices lamentables. J'ai choisi ma route dorénavant. Merci la vie !

5-6-7 janvier| Varadero, Cuba

Le vol de Transat sur Varadero a été retardé. Arrivée à 00h30 à la "casa particulares" dans un immeuble bien situé dans le centre ville, je suis ravi. J'ai de la difficulté à grimper la boîte et son vélo avec Fernando le chauffeur de taxi dans l'escalier très étroit jusqu'au 4ème étage. Je frappe à la porte et personne ne réponds. Ça me prends vingt minutes pour trouver enfin Élisa la propriétaire qui m'ouvre. La chambre est modeste mais très bien avec un balcon offrant une belle vue. Le lendemain après une bonne douche sous un mince filet d'eau, je rencontre Pedro son mari qui est très gentil. J'aime mieux les gîtes que les grands hôtels style tout inclus, ça n'empêche pas d'aller m'allonger dans leurs chaises.  Je pars faire des courses, carte SIM, c'est long mais on y arrive et la banque pour les devises. Aucun endroit à Cuba ne prends les cartes de guichet, je fais le change avec la carte de crédit, des pesos cubains. Un gros paquet de pesos pour 200$. Je passe à l'épicerie, il n'y a presque rien mais là presque rien disais-je. Je ne prendrai pas de kilos dans ce voyage surtout avec les kilomètres que je vais avalés. Des conserves et de grandes bouteilles d'eau, c'est tout. Je trouve un pain sur la rue par un vendeur. Samedi matin est la seule journée de la semaine ou les fruits et légumes frais se retrouvent sur la place. A mon arrivée je ne trouve que de petites bananes, rien d'autres de comestibles pour mon estomac de "gringo". Je m'étais apporté quelques provisions de Québec heureusement. Des noix et fruits secs mélangés dans un gros sac et un pot de beurre d'arachide. Je file au restaurant, il y en a plusieurs, les prix sont abordables. Je prends un petit déjeuner dans un restaurant qui semble populaire par la quantité de touristes qui s'y retrouvent. Pas cher mais peu de chose dans l'assiette. Je fais deux bouchées de l'omelette avec un jus et du lait chaud, tarif moi à de cinq dollars. La ville est à moitié bondée de touristes mais tranquille sur la rue.

La pénurie alimentaire affecte beaucoup les cubains. Ce soir j'ai déniché un bon restaurant avec des musiciens traditionnels, la cuisine est excellente, riz au boeuf et salades et pour moins de dix dollars. Je dois être prudent avec ce que je mange surtout les légumes et les fruits dans pelure et bien entendu pas d'eau potable. Mes bagages sont prêts sur le vélo et demain je ferai la farniente sur la plage sous les palmiers me reposant avant d'entreprendre mon périple à vélo. Mon défi sera l'espagnol, avec le temps mon oreille et mes yeux s'y feront. Je suis bien ici, c'est décontracté et la chaleur humaine est omniprésente, le paradis quoi. Après le repas je vais sur la plage, c'est l'une des plus belle au monde avec son sable fin d'une blancheur immaculée. J'ai réussi à mettre en action un vieux rêve, ça commence bien. Il ne peut peu pas y avoir de meilleurs endroits pour débuter une retraite pendant l'hiver. Entre l'avenue Cartier et Cuba c'est pas difficile de faire son choix.

3 janvier|

Le compte à rebours a débuter pour "el paradisio del sol". Une connaissance de longue date avec qui j'ai peu d'affinités, à part le fait d'être célibataire tous les deux, est sur le même vol que moi pour Cuba. Je raconte. Je ne me souviens pas dans quelle circonstance l'avoir connu. Peut-être que ce sont les effluves de cannabis qui nous ont rassemblés jadis sur la folie des extases enfumés. Ce type assez grand et costaud ne fait pas ses soixante-dix ans passés. Il vit à l'aise financièrement seul près des remparts de la ville. Il possède une petite camionnette qui lui sert de charrette et de campeur rudimentaire l'été. De toujours il fut autodidacte et travailleur autonome. Me suivant sur les médias sociaux depuis quelques temps il m'a contacté afin de se joindre à moi pour une éventuelle aventure. La vérité est qu'il a subi une accident lui laissant de sérieuses séquelles aux jambes. Malgré sa force et sa vigueur je savais bien qu'il ne pourrait pas m'accompagner en cyclotourisme à Cuba compte tenu son état de santé et aussi du fait que je ne tenais pas à être accompagné sans cesse. Je lui ai conçu alors un programme différent du mien de trois semaines avec son approbation. Je l'ai aidé largement, sinon plus, dans les réservations de gîtes, d'avion, location de vélo tout en lui prodiguant de multiples conseils et l'appuyant sur les transports, vêtements, guides et accessoires nécessaires à son voyage parallèlement au mien.

Ma surprise fut grande au fur et à mesure de mes communications avec lui de constater un second problème qui au premier abord ne semblait pas présent, son état de santé mentale relative au voyage qui, à priori, ne lui convient pas du tout. Des problèmes cognitifs et de déficits d'attention ont émergés m'amenant à douter de ses capacités à bien saisir les informations prodiguées et sa perception du voyage. J'ai passé des heures considérables, parfois lamentables dans l'élaboration de son voyage relativement simple devant lequel nous devrions nous croiser occasionnellement sur l'île. Ces rencontres à destination nous auraient permis des échanges joyeux et amicaux. Aujourd'hui je me rends bien compte que j'ai largement dépassé mes limites et au lieu d'obtenir un plaisir réciproque j'ai récolté que malentendus et frustrations. Je n'ai pas su déterminé assez tôt l'ampleur de la tâche et son incapacité à exécuter le projet. La personnalité ingrate de ce bonhomme curieux c'est révélée dans la disgrâce et il me semble y avoir détecté une déficience dans les disjoncteurs. Je n'ai nullement les compétences à diagnostiquer ses distorsions et encore moins de les soutenir. J'ai déjà donné largement dans ma carrière en tourisme dans ce genre de situation malaisée. Ce type au caractère toxique devenait un fardeau avant même de m'envoler vers Cuba. Heureusement nos sièges ne sont pas juxtaposés dans l'appareil et nous ne séjournons pas au même gîte à Varadero. L'aventure a débuter bien avant de m'envoler. Ce rêve que je caresse depuis des décennies aurait pu rapidement devenir un cauchemar. L'ignorance vide la liberté de son sens, ceci est mon apprentissage au fil du temps. La chance encore une fois est de mon bord. Il est mieux partir seul que mal accompagné, telle est ma sage conclusion.

1er janvier|

"Cuba con la bicicletta" est un grand voyage de rêve qui débutera jeudi cette semaine. Je prends l'avion de Québec pour Varadero à Cuba pour cinq semaines en cyclotourisme. Depuis longtemps j'ai ce périple en tête et je suis prêt. Je ferai le centre et l'ouest de l'île à vélo en solo avec cinq sacoches. Ma vieille bécane est un hybride usagé de marque Mikado Brentwood. Il est en très bon état avec des pneus neufs et un "liner" à l'intérieur des pneus pour renforcir et éviter les crevaisons. Son poids incluant le bagage est de 75 livres. Il est équipé de quatre sacoches ultra-perfomantes neuves de marque américaine Ortlieb et une sacoche au guidon Topeak. Ce fut long, tant physique que mental, la planification de cette aventure, j'ai bien pris soin de le préparer minutieusement avec soin.

J'ai acheté la meilleure carte routière, Cuba National Geographic et deux guides vélo incluant Cuba Biking Lonely Planet sur Amazon, le seul et meilleur endroit pour en trouver des neufs et usagés. L'équipement modeste et nécessaire suivant entre à merveille dans les sacoches et l'une d'entre-elles à l'avant servira de garde-manger. Cinq chambres à air, des outils, des câbles à freins et vitesses, une pompe à air, une béquille, des "patchs" pour les crevaisons, des supports pour les sacoches, des étriers et des ailes. Les guidons sont droits avec des cornes sur les poignées et une sonnette pour avertir animaux, cyclistes et charrettes. J'apporte un adapteur pour  les prises de courant, une caméra numérique avec chargeur et une batterie externe pour le téléphone qui va requérir une carte SIM Cubacell à destination. Les devises locales cubaines sont disponibles dans les bureaux de change de Cuba et j'apporterai quelques devises canadiennes. J'apporte une trousse de santé, un drap en nylon sous forme de sac, une lampe frontale, ustensiles, canif, quelques bouquins, une serviette synthétique, crèmes solaire et moustique, accessoires de toilette, un casque à vélo, des vêtements cyclistes et des gants. J'ai une paire de chaussures Merrel neuve pour le vélo et la marche, une paire de sandales Keen mi-fermée, des sandales Croc pour la salle de bain sans oublier mon maillot de bain et ma brosse à dents.

Je dormirai exclusivement dans les abordables et authentiques "casas particulares", gîtes locaux où j'y prendrai la moitié du temps mes petits déjeuners et les repas du soir typiquement cubains copieux et peu dispendieux. Mon itinéraire est construit en me laissant abondamment d'espace pour les imprévues, le temps libre, les visites et la plage. Mes trois premières nuits sont réservées dans un magnifique gîte au centre de Varadero et les deux dernières nuits également. Je pourrai y laisser la boîte à vélo pour le retour. Le chauffeur de taxi qui est voisin du gîteur m'a fait un bon prix à l'arrivée en avion jusqu'à Varadero. Les gîteurs nous aident au besoin pour différents aspects du voyage avec leurs réseaux de contacts et les facilités. Je possède un dictionnaire et des applications de traducteur oral et écrit pour faciliter la conversation et l'apprentissage de l'espagnol. Je m'apprête à effectuer un voyage de simplicité volontaire et de tourisme durable dans lequel je priorise les contacts avec les cubains afin d'apprendre la culture et les mœurs. Vous pourrez me suivre en temps réel sur la perle des Caraïbes dans mon blogue de voyage. Hasta luego !

Intermède

28 décembre|

Talleyrand affirmait "tout ce qui est excessif est insignifiant". Trump, Bolsonaro, Poutine, Zemmour… 2022 fut l'année des illusions perdues du populisme. Polièvre se verra-t-il décoiffé par la voix démocratique tout comme l'ont été les conservateurs du Québec ? Le populisme conservateur de Duhaime a secoué le temple à Québec avec des votes considérables propulsés par les radios poubelles. À nul autre endroit ces lamentables propos et larmoiements ne s'y retrouvent avec autant d'acharnement qu'à Québec, ville ultra conservatrice. Éric Duhaime est issu de ces radios populismes insignifiantes qui racolent allègrement avec l'ignorance ou le vide que propose l'opposition de François Legault. Le porte-avions libéral aura finalement mieux traversé la tempête que la frégate populiste. De grands bandits ont été démasqués, à l'image de Donald Trump, d'autres chassés, comme Jair Bolsonaro; de fameux tyrans se sont mués en illustres meurtriers, Vladimir Poutine y prend sa part. On ne vote jamais pour le meilleur chef d'état dans les pays démocratiques (dans les autocraties on ne vote pas) mais pour le moins pire, communément appelé le vote stratégique. La politique est un mal nécessaire. L'extrême droite soigne son apparence, renonce, chaque jour un peu plus, à la méthode du coup de poing. C'est probablement dangereux d'un point de vue politique, mais c'est efficace. Le populisme de tout acabit est la simplification de la rhétorique et de la brutalisation. Bref, les populistes ont, en un an, pris un coup de vieux. La chose est d'autant plus spectaculaire que leurs adversaires libéraux n'avaient qu'à proposer une inflation record et une crise de l'énergie pour que s'effondre leurs légitimités.

Écrire de cinq cent à mille mots par jour est mon objectif afin de peaufiner mon écriture et les pensées qui s'y rattachent. Observer mon environnement immédiat en décrivant sur la page blanche ce qui me vient à l'esprit est un exercice louable et créateur. M'affranchir de cet art est notable et possible avec du travail et de la patience. Je recherche des mots nouveaux pour augmenter mon vocabulaire de façon subséquente. Je vise à développer l'esprit afin de refléter une pensée juste et appropriée en toute circonstance. J'ai dans le passé eu une connaissance qui appliquait cette règle quotidienne dans le but d'écrire un livre. Ça m'a rester ce souvenir, mais le type est passé aux oubliettes. Redondant m'apparaît-il dans ses tangiversations et divagations répétitives malgré ses efforts, c'est une question de goût. J'ai aménagé un espace d'écriture simple pour le jour, le soir préférant mon délicieux fauteuil. J'ai rencontré peu d'esprits notables dans ma carrière ou bien ils se faisaient discrets ne laissant apparaître que les grandes gueules en groupe. Il y a eu un italien qui n'avait de cesse que pour la drague avec ses histoires de Casanova, d'opérettes et de cantates répétitives, fort intelligent certes mais malhabile. Les gens sont ce qu'ils sont et je ne dois pas me laisser contrarier outre mesure par les divergences d'opinions et de styles. 

Si un jour l'idée d'écrire un roman surgit je n'aurais qu'à puiser dans le souvenir de ces pathétiques bougres qui m'ont transitoirement accompagné dans mes aventures sur des chemins peu fréquentés. Égarés tout comme moi dans les carrefours qui parsèment nos existences, ils étaient à l'image des sentiers de travers que j'ai tant aimé. Du plus loin de ma mémoire j'ai aimé ceux qui ont marché avec moi dans la même direction le temps d'un ravissement éphémère. Ceux qui marchaient à contre courant ma confiance s'opposait farouchement. Mais il en est de nos vies ou tôt ou tard nous prenons nos propres chemins, rien n'est acquis et éternel. Je suis ce pèlerin, tout comme ceux qui ont marché et qui marchent encore, dans cette quête transcendante de destinée. Tous comme les combattants ou troubadours d'une même cause l'unité représentait des rangs intrinsèques. Il m'aura fallu une pause prolongée et d'un sain recul à l'intérieur pour freiner temporairement ma longue marche et saisir ce gigantesque cirque dans ma combativité exacerbée et excessive.

27 décembre|

Depuis mon retour de voyage en octobre des problèmes de santé m'ont assailli jouant sur mon moral. Un faciès plantaire, la covid et une sinusite mal identifiée m'ont relégué pendant quelques mois à l'état végétatif. Aujourd'hui en allant au CLSC de mon secteur je fus étonné de constater la piètre qualité de l'accueil, j'ai eu l'impression d'être dans un pays du tiers monde et encore. La richesse de la ville s'étale dans les banlieues de plus en plus et le centre s'appauvrit de services ne laissant que des infrastructures touristiques aux arômes de "bubble tea" et de peluche en orignal. Cette évidence n'est pas seulement l'apanage de Québec. Par chance l'hôpital Jeffrey Hale a su compenser largement par la qualité de l'accueil et des soins. Cette institution de même que l'hôpital juif à Montréal sont anglo-saxons et ses services sont de qualités exemplaires. Au Jeffrey Hale l'établissement est administré encore en partie par des anglophones. Une amie à moi qui travaillait en recherche gérontologique devait faire l'inventaire des meilleures institutions de santé au Québec en offrant la palme au plus méritant. Le centre gériatrique Maïmonaides de Côte St Luc à Montréal raflait les honneurs pour la compassion auprès des usagers et la qualité des soins. Aucune contention des patients n'étaient effectuées dans l'établissement, une sérénité et une paix inondaient les murs. Cet hôpital est juif anglophone. Curieux n'est-ce pas ? Je sais que des gens ne seront pas d'accord sur mes propos mais les anglophones s'avèrent de meilleures gestionnaires que bien des francophones par leur tempérament et leur singulier trait de caractère. Stephen Zweig qui avait beaucoup bourlingué l'avait constaté en Angleterre au XIXe siècle. N'est-ce pas en grande partie grâce au flegme des britanniques qu'Hitler à été vaincu? Les juifs ont apporté beaucoup à l'humanité et ce, à différents niveaux car ils étaient résilients, solidaires et instruits. Les juifs avaient plus d'accointance avec les anglais que les français par leurs religions distinctives, le rapport à l'argent, la culture et l'autonomie. Au Canada les juifs ont immigrés au Québec en premier lieu pour y vivre et commercer mais massivement ils ont quittés vers les provinces anglophones dans les années 70 lorsque que les francophones ont revendiqués leurs identités et leurs droits ce qui était légitime. Ce sujet mérite un examen exhaustif dans lequel je ne m'avancerai pas davantage. Je ne sais pas où nous allons dans la gestion québécoise des soins de santé et les sommes qui y sont déversés? Je me pose de sérieuses questions sachant que rien n'est simple dans les souffrances du corps et de l'âme dans la démographie actuelle. Il existe de multiples causes factorielles qui coexistent dans la politique et notre culture. Que devient le grand rêve du Québec aujourd'hui de bâtir un pays? Utopie ou réalité? François Legault disait dernièrement qu'il s'exaspérait de voir la "louisanisation" du Québec. À moins d'une masse critique et stable d'immigrants francophones, le Québec actuel de "souche" fera parti du folklore dans quelques générations. Je crois fortement que les gens qui proviennent de pays extérieurs sauront apporter de l'air frais au Québec avec un humanisme renouvelé dans un proche avenir, tant pis pour les ceintures fléchées et les "tabernacles d'hosties de ciboires de calices du christ". Nos prières ne seront plus entendus sur la place public qui, depuis d'ores et déjà, déambulent allègrement sur internet en ayant quitté présomptueusement le café du coin et les perrons de porte.

Dans la guerre de Cent ans opposant la France et l'Angleterre en 1337, les anglais ont siéger la région bordelaise en pénétrant la Garonne. De ce fait ils ont contrôlé une partie sensible du pays au coeur de la France et des français, les vignobles. Dans les archives de cette époque les paysans français estimaient avoir été mieux traités par les anglais que les français. À Québec une grande partie du caractère historique, architectural et patrimonial de la vieille ville a été sauvegardé au régime anglais et si la ville a héritée de grands parcs urbains et d'une ravissante canopée c'est grâce à ces derniers. Si les anglais ont gagné la guerre et sont devenus indépendants et nombreux en Amérique du Nord il existe sûrement de bonnes raisons à part le colonialisme et l'impérialisme. Je ne tente pas par cet exercice de renier la culture française en Amérique bien au contraire mais il faut savoir remettre à César ce qui appartient à César. Avant d'être nationaliste je suis un homme de bon sens, ni traître, ni négationniste, ni mécréant. Je suis libre de parole et que j'en sois béni. Par expérience et sagesse, j'utilise cette parole avec une généreuse parcimonie lorsqu'elle m'est offerte pour mon journal ou avec les interlocuteurs intéressés. Mes voyages dans le monde, le contact auprès d'un large public, ma sensibilité et mes autodidactes études m'ont permis d'affermir un regard éclairé sur le monde, autrement dit je m'assume.

25 décembre|

Depuis le temps que je m'abreuve de littérature je réalise qu'écrire pour plusieurs écrivains est une question de vie ou de mort surtout ceux d'une autre époque. Dans des temps lointains ou presque il n'y avait aucun autre moyen, à part la parole, de communiquer sinon par les livres et l'écriture. Ce besoin semblait inévitable aux esprits. Il y a eu l'âge d'or de cet art qui aujourd'hui n'a plus la même influence et la même portée à l'heure des technologies et c'est regrettable. La rapidité à laquelle la vie se déroule aujourd'hui est hallucinante avec l'informatique et sa panoplie de jouets parfois décadents mais on dira qu'il faut en faire bonne usage. Il y a de moins en moins de place à l'introspection et au silence. Bientôt je débranche le câble sur le téléviseur ne conservant que les canaux locaux avec l'antenne numérique, "enought is enought". Mes soirées depuis quelques années sont devenues silencieuses mais pas moins passives. Je n'ai pas besoin de savoir toutes les nouvelles du monde; chats écrasés, sexualité et déboires des pseudos-vedettes de téléréalité. Dans l'avenir on devra réinventer les villes afin qu'elles deviennent aussi vertes et paisibles que la campagne avec des vergers, des jardins et une canopée réinvestie. Depuis la révolution industrielle on a pas suffisamment aménagé les villes pour le bien-être des citoyens. Les villes sont conçues pour les promoteurs immobiliers et les banquiers. 

Je me suis toujours senti en avance sur mon temps et on me donnera raison, peut m'importe. Je suis à la fois idéaliste, humaniste et rêveur. Un jour les quartiers reviendront comme ils étaient jadis, des lieux d'identité, de communication et d'appartenance. Elles se nommaient les paroisses et c'était bien ainsi. Les fusions municipales sont apparues avec la mondialisation et bientôt on admettra les erreurs commises. Les humains ont besoin de repères et les quartiers qu'ils habitent sont l'un d'eux. Plusieurs endroits se sont dénaturalisés. Il est temps de se réapproprier notre territoire et nouer des liens la communauté environnante en abaissant les perfides smartphones. Humaniser les villes c'est possible, je le crois. Je crois aussi au salaire universel pour tous qui aurait pour but d'endiguer une certaine pauvreté sans toutefois développer l'oisiveté. C'est une question de dignité humaine et le contraire voudrait que l'on demeure esclave d'un système désuet, abusif et rétrograde. La grande et véritable révolution passerait inévitablement par là et tous les pays devraient y adhérer diminuant en parti les flux migratoires. Le travail deviendrait une tâche davantage désintéressée. La pression migratoire sur les pays occidentaux serait amoindrie. Un équilibre ressurgirait de ce système ancestral qui doit se réformer. Il faut que le définition de croissance économique se transforme en croissance humaine et par ricochet l'économie mondiale se porterait mieux. Sauf pour la solidarité et l'humanité le "think big" est dépassé. Il est grands temps de réajuster la mesure en développant une nouvelle conscience collective.

23 décembre|

Près de chez moi sur la rue dans la neige j'ai trouvé un gros filet de saumon dans son emballage. La date indiquait qu'il était comestible, le prix indiqué; 45$. Une belle paire de gant neuf qui me faisait comme un gant gisait à côté. Le Père Noël ne m'a pas complètement oublié même s'il ne m'a pas présenté la fée des glaces comme j'espérais. Dommage pour le bougre qui était si pressé. Si je meure par manque d'amour ça ne sera toutefois pas de faim aux fêtes. Paolo Coelho écrit "un jour, vous vous réveillerez et vous n'aurez plus le temps de faire les choses que vous avez toujours voulues. Faites le maintenant". De toute ma vie je fus confronté à cette affirmation et j'ai agis parfois de façon compulsive. Depuis peu j'ai appris à modérer mes ardeurs quoiqu'à l'occasion je ressens le besoin viscéral de me compromettre. Mon agitation s'estompe un peu car je possède les moyens pour vivre adéquatement, j'ai un toit convenable, de quoi m'alimenter, lire et rêver. Le quartier où j'habite est convivial avec un immense parc de verdure et une jolie rue marchande à côté. Il y a des cafés pour rencontrer les habitués du quartier, la boulangerie et ses halles. Je ressens constamment le besoin d'avoir sur ma table de nombreux livres pour m'accompagner et m'élever de ma condition d'homme faible et mortel. Fernando Pessoa est mon invité ce soir dans "le livre de l'intranquilité". Cet ouvrage, qui doit se consommer très lentement, est une autobiographie sans événements. Pessoa était un écrivain compulsif qui  a sondé les régions inexplorées de son être à l'intérieur d'une routine infaillible entre son métier de comptable et son gîte sur la rue Douradores à Lisbonne vers 1930. Il était d'une lucidité implacable et son écriture transpirait une fluidité remarquable. 

La vie des hommes est courte et parsemée d'étapes importantes qui se révèlent radieuses ou intempestives. La vie des hommes n'est pas linéaire malgré ses contreparties universelles telles; la naissance, l'étude, le travail, l'amour, la famille et la mort. Entretemps il y a le soleil, les petits bonheurs, les amis et les vacances. Il me semble tourner en rond dans mes propos recherchant d'inspirations notables. "Je" est un autre, cet intrus banalise, trompe et agite cruellement celui qui "est". Toute l'énergie déployée provient de cet étranger qui s'infiltre à mon insu. À vrai dire nous le laissons s'introduire par paresse ou nonchalance. Le reconnaître est le début d'une transformation. Pour y arriver je dois établir une règle ou une non-règle, selon l'interprétation, à l'intérieur de mes pensées ne laissant filtrer celles nécessaires à mon rayonnement. "La plupart des gens sont d'autres gens" fit remarquer Oscar Wilde. Cela est intrinsèquement relié à la cinglante dualité de la personnalité. Elle prend l'apparence trompeuse du protecteur mais elle n'est qu'un masque obstruant la réalité et l'amour véritable.

20 décembre|

Mon sang est juif en grande partie, seule ma grand-mère était québécoise. Pour cette raison j'aime certaines histoires hébraïques. Je viens de débuter une excellente biographie de Stephen Zweig qui est aussi un livre-témoignage les plus bouleversants du XIXè siècle. Stephen Zweig juif lui-même né à Vienne en Autriche sous l'empire austro-hongrois des Habsbourg raconte plusieurs anecdotes et drames sur un demi-siècle d'histoire en Europe dans le livre "le monde d'hier". Vienne d'avant-guerre fut l'une des villes paisibles et artistiques la plus étonnante d'Europe où les juifs de l'Est ont convergés dans une parfaite assimilation, fait qui m'était inconnu. Ce livre est un voyage dans le temps. Zweig décrit ses divagations en Russie avec une réelle précision qui sous Lénine et Staline ensevelissement ses libertés et sa dignité au nom du nationalisme en enterrant ses tsars.  En moi vit toujours le petit garçon timide et curieux, toujours enthousiasme d'apprendre la culture et la diversité. Malgré mon âge actuel, je n'ai pas l'impression d'avoir vieilli sauf quand je me regarde dans le miroir. Le témoignage de Stephen Zweig, écrivain nostalgique m'offre, en plus des images d'une époque révolue, la possibilité de voyager tout en étant confortablement assis dans mon fauteuil. Il est de ces auteurs qui ont ce pouvoir et Zweig est de ceux-là. Il faut imaginer l'Europe au siècle d'or d'avant-guerres qui vivait un faste inégalé. Les inventions techniques et scientifiques bouleversaient l'Europe. Ensuite vinrent les grandes guerres et le monde a cesser d'être ce qu'il était par la suite. Je connaissais l'histoire et les migrations des juifs notamment par Jacques Attali "les juifs, le monde et l'argent" mais pas celle de Vienne et sa communauté juive bien pensante et bien intégrée. C'est absolument fascinant de découvrir les textes de l'auteur relatant la monarchie, les aristocrates, la culture artistique de cette époque et sa population mondaine et cosmopolite. L'écrivain a voyagé beaucoup par nécessité, par curiosité du monde et aussi pour se fuir. J'y retrouve davantage l'inspiration que mon voyage d'aventures à Cuba approche à grands pas. Je n'aurai jamais pensé écrire mon journal en publique sur internet il y a quelques années à peine. J'interprète ce geste par mon ouverture au monde dans un stimuli culturel à l'état pur sans artifice et sans pudeur. Ma liberté s'exprime ainsi dans la transparence. Je n'ai rien à perdre de l'exercice et tout à gagner en y retrouvant une identité enfouie sous une épaisse crasse de déni et de peur. 

19 décembre|

Mille pensées vacillent dans mon esprit se conjuguant parfois avec fracas. Lâcher prise devient nécessaire pour ne pas succomber aux tumultes  incessants. Dans la prochaine année j'ai l'objectif de créer de nouveaux liens et entreprendre quelques activités nouvelles. J'ai réussi à atteindre durant les dernières années ma retraite et me procurer un joli campeur dont je rêvais depuis longtemps. J'ai par la suite apprivoisé le vanlife sur de multiples voyages et de longues périodes, chose qui ne se fait pas en claquant des doigts. La prochaine année débutera avec deux périples d'envergure au moment d'atteindre mes 65 ans. C'est temps-ci je traverse un passage à vide et je souhaiterais des miracles avec une vie davantage portée vers l'amour. Je viens de terminer un beau roman de Marcello Simoni, "les marchands de livres maudits" qui raconte une histoire médiévale rocambolesque sur l'illumination venue des anges conférant certains pouvoirs à l'époque des croisés. La fiction puise sur des faits et personnages réels un peu à la Dan Brown dans "Code de Vinci". Je me plais dans ces histoires ésotériques et transcendantes. Les intrigues sont captivantes au point de ne pas vouloir laisser tomber la lecture. Au retour dans la réalité je plane un peu sur le thème des anges, propice au solstice d'hiver et des grands recueillements. 

Je suis fébrile à l'aube du voyage à Cuba en vélo, vaguement nerveux pour ainsi dire. Lorsque je mentionne vouloir réseauter, la décision n'est qu'une partie de mon choix l'autre partie relevant d'autrui. Mon attitude me permettra toutefois une certaine influence que je tenterai d'établir à bon escient. Si seulement je savais exactement ce que je veux et sans ce filtre que je porte dans mon regard il deviendrait beaucoup plus aisé d'atteindre ma cible. La vie est faite d'essais et d'erreurs et c'est le chemin qui incombe davantage que le but. Mon ange Habuhiah symbolise un principe de vie, celui de l'élan vital, source de génération et de régénération. Son influence me fait aimer la campagne et les espaces libres. L'eau est mon élément, le vert ma couleur, le pin mon arbre. Je suis poisson descendant capricorne naissant en fin d'hiver. Changeant, sensible, créatif, mystérieux et insaisissable même pour moi-même, ma personnalité est fluide et brillante comme l'animal qui la représente. Mon mantra, comme celui de bien d'autres, est "om namah shivaya". Répéter à plusieurs reprises en allongeant le souffle il apporte le calme et la paix. Le mantra signifie salutations à celui qui est de bon augure, au divin qui est en soi.

15 décembre|

Je ne crois pas avoir autant lu de toute ma vie, enchaînant en cascade livres après livres. J'ai beaucoup de temps à y consacrer n'ayant que peu d'activités programmées et de rendez-vous. La retraite exige une nouvelle identité car le rôle induit par le travail n'est plus. Je vis dans une sobriété quasi vertigineuse qui s'intensifie dans la solitude. Le dernier bouquin consacré est de Paul Auster "la nuit de l'oracle". Cette lecture magnifique stimule mon imagination en me projetant dans des vies multiples et encensées. J'ai de la chance de trouver des livres nourrissants tout comme j'ai eu de la chance tout le long de ma vie de rencontrer des anges gardiens au moment opportun. Je suis un survivant. Pouvoir peindre des livres comme Auster est une force incroyable de force et d'imagination. Comme bien des gens qui, trop pressés à vivre, se questionne sur le sens de l'existence je n'y fait pas abstraction. Je suis profondément en duel aimant tout et rien à la fois. Je suis tenté par la poésie et les histoires d'amour que je reviens rapidement à l'esprit analytique, à l'introspection et à celle de mon environnement immédiat. Je suis tenté parfois d'en vouloir à ce monde étrange dans lequel je baigne et je me permets d'imaginer un ailleurs me permettant de mieux réaliser ma véritable assignation. À quel moment se termine mes choix? Je me pose beaucoup de questions sur le sens de ma place dans tout ça en rupture de la vie active c'est-à-dire du travail. Quels sont les pas à effectués pour aller vers l'autre, ma responsabilité de bonheur en rapport avec autrui ? Je serais tenté d'écrire des histoires hallucinantes à l'intérieur de romans aux personnages inouïs mais je doute de ma patience. Il y a tant à faire qu'il devient étourdissant d'y penser seulement alors je m'assoie sur un banc de parc et j'attends que ça passe. Tout comme enfant lorsque je pensais à devoir travailler, j'attendais que cette pensée se volatilise en regardant les arbres et les nuages. Est-ce que l'on va vers la vie ou est-ce la vie qui vient vers soi ?

9 décembre|

Nous sommes hyper connectés et réseautés comme jamais les humains ne l'ont été auparavant et paradoxalement jamais il n'y a eu autant de solitude. De nomades les humains sont devenus sédentaires. Pour les anciens grecs, vivre en dehors des murs de la cité pouvait être terrifiant. Cette peur dura des siècles jusqu'au moment ou Goethe et Rousseau firent les éloges de la vie en nature et en dehors des murs. William Woodworth et quelques-uns de ses compatriotes écrivains et poètes établit à Lake District en Angleterre ont beaucoup vantés la vie heureuse en nature et plus tard Victor Hugo, Henry David Thoreau et John Muir pour ne nommer que ceux-là. Aujourd'hui nous vivons dans une ère de surveillance par le biais des applications et traces que nous projetons par notre désir de socialiser et de s'inventer une image. Les femmes n'ont plus peur de revendiquer leurs désirs sous les couverts anonymes de la toile en ne projetant qu'une infime partie de la réalité, les hommes ne sont pas en leste pour autant. Ces nouveaux paradigmes ont transformés le monde sur une période très courte. Les femmes ont obtenues une grande part de gâteau qui leur était défendu depuis des siècles. Elles ont su profité du vide laissé de la libération des mœurs à la révolution tranquille. Depuis, plusieurs d'entre-elles se sont gavées parfois à l'excès. Je ne tente aucunement de procéder à des généralités en m'affirmant ainsi. La vie a horreur du vide et internet et ses concepteurs ont pris largement leurs parts de marchés devant les nouveaux besoins d'une société fatiguée de traîner son histoire collective. L'individualisme s'est aliéné de la toile. Le pouvoir acquis est réel avec internet si les connaissances de soi et les vertus sont mises en perspective.  Le marché de la séduction en ligne n'a jamais été si prospère et les adeptes sont recrutés de plus en plus jeunes. Peu importe où les montants investis s'en vont, les pulsions de socialiser et d'alimenter les égos n'ont pas de limites et de prix. Tout comme les grecs effrayés à l'idée de sortir des murs de la cité, les contemporains craignent, pour la grande majorité de sortir du troupeau de la masse virtuelle. Les dépendants de la toile sont manipulés librement et navement par la masse et les concepteurs de l'intelligence artificielle. La volonté de réseauter et de se faire voir et entendre est plus fort que les risques liés à cette consommation effrénée. Internet est là pour rester et demeure un outil puissant pour qui sait sagement s'en servir. 

De multiples dérives se multiplieront devant cette toile assoiffée et agglutinante et envers plusieurs consommateurs qui tôt ou tard devront s'autodisciplinés afin de conserver le peu de liberté qu'ils leur reste. Internet et ses joueurs devront s'auto-régularisés pour ne pas dévier dans une folie sans bornes. Internet offre une source intarissable d'informations. Le paysage culturel devient de plus en plus homogène et la diversité s'effrite au même rythme que la biodiversité dans le monde. Des choix s'imposent, j'ai fait les miens. Parfois je parle à des étrangers sur la rue et je me sens comme un extraterrestre, plusieurs se sentant menacé à certains égards. Que reste-t-il des cafés et bistros qui étaient les lieux de communication et d'échanges? La masse d'hyper connectés s'y engouffrent pour bénéficier du wifi ou s'agglutiner seul avec la dernière version de téléphone. Les plus jeunes n'auront jamais connu autre chose et les modèles sont rares. Le monde et sa complexité n'est que le prisme de l'écran. J'ai fait mes choix et préfère être seul que de mendier les minutes précieuses de ma vie sur cette toile addicte et pernicieuse. J'ai fait le choix de ne pas me convertir en zombie de la communication préférant le silence à la cacophonie de la masse virtuelle. Les contenus sont exponentiels, je ne tiens pas à me transformer en encyclopédie universelle ni devenir l'ami virtuel de milliers de gens inconnus qui me "like". Je considère avoir cessé cette folie à temps afin de vivre en harmonie avec mon essence même, celle de la liberté retrouvée et de la dignité. Merci à Michaël Harris, journaliste canadien pour son livre "solitude, l'étonnant pouvoir du calme" qui m'a inspiré pour cette chronique.

4 décembre|

J'ai beaucoup aimé les pays et les îles de la Méditerranée, sa mythologie et son histoire, ses peuples et ses contrées minérales gorgés de lumière, de sauges sauvages et d'anis. En me déplaçant, retrouverais-je la liberté, ou au moins adoucirais-je ma servitude. Comment pourrais-je être en sûreté dans ces lieux où tout me rappelle mes blessures, où le présent et le passé m'obsèdent? Pour trouver la liberté j'ai essayé de fuir, j'ai erré mais mon mal a fui avec moi. Porter son mal en soi, changer de lieu n'apporte que fatigue. Ceux qui courent au delà des mers changent de climat sans changer d'âme. On ne guéri pas son âme mais on la prépare en voyageant en en renonçant à l'objet de son amour sans se retourner. Seul un pareil voyage offre la sécurité à un homme qui aime. Les voyages guérissent l'âme seulement quand elle est préparée. La vie est courte, incertaine et l'on travaille beaucoup pour un mince profit. Mes oreilles étaient remplies des applaudissements du public que j'ai tout de même maudit. Ce texte tout à fait sublime est de François Pétrarque dans "mon secret". Le prochain grand ouvrage à me révéler des vérités prochainement  est de Fédor Dostoïevski, "les pauvres gens". Dostoïevski est le plus grand écrivain et romancier russe. "les pauvres gens" est un roman épistolaire métaphysique. Je ne crois pas me rendre à la fin du livre mais j'ai le goût de paître par curiosité un morceau de l'auteur. À la lecture de ces bouquins j'observe attentivement  la façon dont les mots sont placés les uns devant les autres, le style, les thèmes et les sujets proposés. Il m'est quasi impossible à la lecture de ces maîtres de me divertir des futiles distractions que la télévision me propose après ces immersions littéraires. Je me demande pourquoi je paie encore pour ces stériles divertissements. Il n'est jamais trop tard pour apprendre. Autodidacte dans l'âme je possède cette fois-ci l'intérêt et la curiosité d'y plonger allègrement. À ce stade de ma vie cette soif d'absolu, par les livres en partie, est mon ultime recours pour rattraper les années d'insouciance. Toutefois je ne me culpabilise pas pour autant car j'étais tout simplement ailleurs. Je ne regrette rien sauf si j'avais persisté dans cette mouvance d'ambitions incertaines et de désir inapproprié.

2 décembre|

En se réglant sur la nature on devient riche. Aux yeux du monde je ne le serais jamais assez. Il me manquera toujours quelque chose, et en le poursuivant je tomberais dans le précipice des passions. Mon plaisir est de me promener dans une campagne lointaine en m'allongeant sur l'herbe pour entendre le murmure des ruisseaux ou m'asseoir au sommet d'une colline pour contempler le paysage étendu à mes pieds. Jamais je ne suis oisif à ce moment en jouissant du silence. Je me fixe un but et lorsqu'il est atteint je m'arrête une bonne fois et je respire. Souvent je fus gonflé d'orgueil soit par ignorance ou par l'appât du gain. Derrière l'orgueil se cache la peur. Peurs multiples qu'engendrent les besoins et les manques parfois légitimes et mal interprétés. Quelle est la plus grande puissance que de n'être soumis à personne et ne pas être dans le besoin? Ne pas commander ni obéir. J'ai repris une conversation philosophique entre François et Augustin écrit par Pétrarque. Ce dialogue issu des grands classiques de la Renaissance s'inspire des discussions entre Platon et Cicéron. Il y a de ces choses, de ces textes qui ne perdent pas leurs splendeurs au fil du temps, ce livre en fait parti.

1er décembre|

Il est plus facile de décrire des paysages somptueux et des aventures de voyage animées de gens sympathiques que d'être chez soi seul avec le covid. C'est ce qui vient de m'arriver malgré les nombreux vaccins injectés. La pensée s'affaiblit autant que le corps, la souffrance apporte son lot d'humilité et de repentance. Assis seul chez soi en automne dans un modeste logis n'est pas aussi exotique que de parcourir des contrées verdoyantes au soleil. Afin de m'affirmer à l'intérieur de mon journal je dois puiser en moi des éclats de nourrissantes pensées, je scrute le monde intérieur en recherchant des couleurs et des mots méticuleusement chéris qui se camouflent dans une idiote mais nécessaire routine. Cette routine parfois apaisante, parfois inquiétante devient absurde par manque d'amour et de sens. Toutefois la vie est une aventure qui n'a pas toujours besoin d'éclats. Il est de mon vouloir de déployer les royaumes qui se terrent au fond de mes entrailles pour faire ressurgir les vallons rieurs et les délicieuses rivières. Je ressuscite des prismes de lumière jadis conquis pour ces moments d'âpres douleurs et d'indifférence. Pour renaître il faut avoir péri à de multiples reprises. Qu'il y a-t-il de plus puéril au milieu du désordre que d'arranger des phrases? Je possède beaucoup de temps et à la fois très peu. Je pourrais l'offrir à des organismes de charité ou à une femme esseulée, je pourrais travailler ou bien apprendre à mieux respirer et à contempler le monde dans lequel je gémi. Il y a tant à faire et en même temps si peu.

28 novembre|

Assidu de lecture, je le fus les dernières semaines. J'ai un petit calepin où je prends note des auteurs et de certains ouvrages appréciés pour d'éventuelles références. Je vis difficilement le rejet et l'abandon. Ce fut le cas cette semaine avec une connaissance. Je m'attends des amis que j'estime et côtoie une bonne et réciproque communication. Si je laisse une personne entré dans ma vie et que je me sens trahis ou rejeté je vis le drame des jours voir des semaines. Je ne peux pas juger cette personne, n'étant ni dans sa peau ni dans son vécue. Je puis dire néanmoins que je fus blessé. Dans le passé à la différence d'aujourd'hui c'est que je suis moins naïf, davantage éveillé. Nous ne sommes pas toujours heurté par les autres mais nous nous laissons heurté, c'est la différence. Je lui ai laissé de la place volontairement et j'ai fais confiance. Mon instinct rapidement m'indiquait de mauvaises interactions mais j'ai quand même poursuivi cette relation. Je comprendrai cette histoire avec du recul, mes yeux n'étaient pas suffisamment ouverts car j'y avais un intérêt, en cela je suis responsable du malaise en partie. J'ai élaboré un plan de voyage pour Cuba en janvier et nous devions s'y croiser à quelques reprises. J'ai conçu, réaliser et même davantage, débordant passablement les objectifs du voyage, un programme d'aventures à son niveau. J'y ai mis tout mon énergie dans le but de le satisfaire et par ricochet obtenir satisfaction par sa compagnie à l'occasion. Je suis allé trop loin et je réalise que j'ai dépassé largement mes limites résultant de larges irritations par son manque de rigueur et d'attitude. "Qui trop embrasse mal étreint" dit le proverbe. Cet incident m'a heurté profondément sans toutefois mettre en péril mon départ incessant. J'y vois dans cet exercice les difficultés relationnelles surtout lorsque j'ai affaire avec des égos surdimensionnés ou des gens avec qui je ne partage pas les mêmes visions. La folie n'est pas suffisante et demeure largement déficitaire pour jumelé deux êtres ensemble. Ce n'est pas pour ces raisons que je préfère ne faire aucun projet avec quiconque sauf aller simplement au restaurant et au cinoche. Suite à mon récit je viens de recevoir un courriel de cette curieuse connaissance qui un jour a croisé mon chemin m'exprimant ses excuses. Notre rencontre a sûrement un sens caché comme toutes les rencontres fortuites.

Depuis toujours j'ai mené ma barque seul. On appelle ça un travailleur autonome mais parfois il n'y a que le mot qui le soit. C'est pas pour rien que j'ai œuvré pendant plusieurs décennies dans l'organisation de voyages et d'activités de groupe car à bien des égards j'aime mieux organisé les autres qu'être organisé. Je fais confiance qu'à très peu de gens pour mes affaires et relations intimes. Ces derniers doivent avoir de la délicatesse, du discernement et un certain état d'esprit. Je fais peu de concessions car je préfère la liberté aux multiples compromis malaisés ou stériles. Mon passé porte ses blessures que j'aurai pas assez d'une vie pour les guérir et les raconter. Seul moi-même doit être en mesure de ce qui est bien pour moi quitte de déplaire au passage. Je ne donnerai pas une seconde chance aux ignorants et abrutis de me faire la leçon, j'ai donné en ce sens malgré que je doive pardonner. De toute façon il faut bien apprendre quelque part. Parfois ma vigilance me fait défaut mais je dois prendre des risques pour valider mes limites et profiter au fond de cette vie qui m'est prêté pour ne pas la subir. Ce type avait une bien grande gueule et entendait peu. Je crois qu'il n'a pas compris que le comportement est plus significatif que les mots à bien des égards. Son écoute et sa parole furent de faible intensité, son attitude déconcertante et impulsive. Je m'arrête ici afin d'éviter de trop juger car les critiques sont toujours reliées à notre réalité qui n'est pas toujours arbitraire et objective. Jusqu'à quel point on est responsable de nos malheurs? Impossible à dire avec précision. Toutefois je posséde un sens d'observation qui, à maints égard, m'a servi et que les vertus prépondérantes à une vie meilleure se manifestent timidement. Ma prudence et ma méfiance m'auront privé de vivre certaines expériences j'en convient, pire auraient-elles pu être. Mon existence fut et demeure complexe comme bien des vies mais heureusement les fils ne se touchent pas trop, pas encore.

25 novembre|

Il existe trois formes d'amour, "eros" l'amour-désir lié au manque, "philia" l'amour d'amitié qui implique choix et réciprocité et "agapé" l'amour universel désintéressé, le plus difficilement accessible. Il y a quatre vertus essentielles; la justice, la tempérance, le courage et la prudence. La justice est la plus importante car sans elle la société ne pourrait fonctionner et nos vies par surcroît. On peut être tempérant, courageux ou prudent de manière égoïste. Un tyran peut être très courageux sans relier ce courage à une valeur humaniste. Le courage est une force de caractère. La tempérance est une vertu qui régule le caractère perpétuellement insatisfait de nos désirs. La prudence est issue davantage de l'intelligence que de la volonté. La prudence se définit par le discernement. Mieux vaut préférer la qualité que la quantité et d'apprendre à limiter nos désirs et à se satisfaire de peu de choses selon Frédéric Lenoir. L'auteur démontre dans "la sagesse expliquée à ceux qui la cherchent" la spiritualité des livres de sagesse des auteurs anciens et contemporains qui ont le plaisir de m'accompagner dans ma soif de connaissance. Il m'est difficile toutefois de m'abreuver pendant de longues heures de ces thèmes, cela me renvois trop à mes faiblesses. Cela m'apparaît aride sur certains angles. Trop longues les lectures sur le sujet que j'éprouve une impuissance à devoir trop m'analyser et changer. Toutefois il n'est pas autant question de changer par la lecture de ces ouvrages que de reconnaître et de comprendre certaines réalités. Alors je mets quelques-uns de côté pour plus tard en orientant mes choix en alternance avec des essais plus facilitant tel "comme un roman" de Daniel Pennac écrit en 1992. On y découvre les subtilités et les richesses sur l'acte de lire en avant-plan, de l'éducation et des différences générationnelles. 

La lecture anime passionnément mes soirées devant lesquels peu d'événements aussi attractifs retiennent mon attention, à part de faire l'amour mais qui, l'activité si elle est une, est temporairement hors service et dont je n'ai aucune idée du moment que la situation se rétablira. C'est là que la tempérance et la sobriété entre en jeu en attendant sagement la convergence des planètes et d'Eros. Dans un autre ordre d'idée je rencontre un type dans un café avec qui j'ai eu de nombreuses discussions dans le passé. Je l'interpelle d'un gentil "bon matin petit" et à ma surprise il me dit de poursuivre mon chemin en me jugeant de condescendant en rapport avec le "petit". Après avoir muri longuement cette affirmation étrange et en sachant que je le croiserais dans les prochains jours j'ai pratiqué ma réplique intelligemment. Salut Éric, lui disais-je deux jours plus tard, je suis un con descendant selon toi et depuis tu es devenu un con montant à mes yeux en lui suggérant de poursuivre sa lecture du Journal de Québec. J'ai fait mes choix une fois de plus adéquatement en m'affirmant avec tact et dignité devant l'ignorance.

24 novembre|

Des gens partout troquent la liberté et l'identité pour la sécurité. Sécurité financière au détriment des valeurs, sécurité pécuniaire contre la liberté d'action ou de parole. Mais est-il possible ne pas savoir que faire de sa liberté? C'est lorsque privé de liberté que son sens prend toute sa valeur. La notion de travail est importante à bien des égards mais rarement on ne la remets en question. Que signifie l'oisiveté? En absence de travail intéressé la liberté exprime de la créativité et parfois de l'anxiété. Se remettre en question peut être déstabilisant, comme douter et se questionner sur le sens de sa vie. J'entends une masse critique affirmer "c'est ça la vie ou bien on a pas le choix, c'est comme ça". Expressions creuses comme les gens qui les véhiculent. Réfléchir est un travail à temps plein n'est-ce pas? alors si mon travail ne m'amène pas à réfléchir mon jugement pourra s'atrophier. Réfléchir est relatif. "Je pense donc je suis". Il y a deux personnes dans cet énoncé, le "je" qui "se pense" ou qui croit "être" et celui qui pense. On réfléchit aux choses pratiques dans la vie mais la réflexion s'arrête promptement lorsqu'elle devient trop ardue, lorsque les doutes et les réponses dérangent. Plusieurs passent du travail aux divertissements afin de ne pas trop se questionner. Se distraire devient évitement. "Je n'ai pas le temps" est la phrase-clé du manque de rigueur ou de courage pour changer. Mon manque de temps est peut-être que ce sont mes choix qui déraillent par peur de me compromettre ou ne culpabiliser. Réfléchir est un exercice nécessaire et vital, réfléchir sur le sens de sa vie en prenant conscience de l'égo derrière le "je". Par contre la méditation équilibre la pensée et consiste à diminuer le nombre de pensées à la minute créant ainsi un espace entre chaque pensée apportant une plus grande paix et lucidité. On comprendra qu'un débit important de pensées est éreintant. Lorsque l'esprit est calme une meilleure communication s'impose naturellement avec soi-même et autrui laissant ainsi survenir l'amour comme le dit si bien David Bohm dans ses Dialogues. On ne peut tous cesser les activités pratiques en même temps car il faut des bras pour mettre en place la société et sa propre vie mais il n'est pas nécessaire d'être tous identiques en bêlant tous en même temps. La liberté est source de créativité et permets de penser le monde et de l'améliorer. Sans répit il n'y pas de recul, sans repos et d'introspection pas de progrès significatif.

23 novembre|

J'ai possédé un ardent désir d'être vu et entendu pendant de nombreuses années. Arrivé depuis quelques années à saturation de cet état nébuleux je prends plaisir maintenant à regarder et entendre les murmures de l'intérieur et en surplus entretenir des liens et conversations salutaires et pragmatiques avec les gens que je choisi. J'avais besoin de reconnaissance et du regard d'autrui pour m'aimer, chose qu'il m'était difficile de faire par moi-même. Je m'appréciais dans l'action et les réalisations extérieures et sociales. Maintenant que je comprends mieux le schéma adopté et en regardant en arrière, il me serait impensable de poursuivre ces comportements régressifs à l'intérieur de réflexes débilitants. Toutefois je ne crois pas qu'avec amertume et regrets je puisse progresser en sagesse. J'aurais davantage d'insatisfaction si je n'avais osé rien entreprendre, en ce sens je suis victorieux. J'ai appris de ces expériences qu'elles sont le résultat ultime des révélations que je dois adoptées pour la suite. 

Dans ma vie professionnelle internet et les médias sociaux ont pris une place considérable voir même trop de place mais j'ai suivi le courant comme bien d'autres inconscients qui recherchent la gloire et l'attention impunément. Plus de 5,500 personnes virtuelles composaient ma réalité qui a accaparé mon attention de façon obsédante. Dans ce monde d'indifférence et d'abstraction j'étais connecté avec tous sauf avec moi-même au point d'oublier les raisons de ma mission. Je fus obnubilé par le succès et l'attention qu'on portait à mon entreprise au point de m'oublier dans des relations souvent paradoxales et étranges. L'artiste et l'aventurier devenait entrepreneur avec les caractéristiques qui l'entourent. J'ai beaucoup improvisé des situations qui parfois étaient malaisantes voir explosives. Toutefois j'ai le mérite et la fierté d'avoir gagné ma vie honorablement avec le meilleur de mes connaissances. Une chose certaine est qu'aujourd'hui la tranquillité d'esprit et le bonheur se manifestent comme jamais auparavant dans ma vie. Je le dois à une honorable introspection, un détachement et une connaissance approfondie de moi-même et du monde. Je dois l'inspiration de mes confidences à la lecture d'un classique de la Renaissance, "mon secret" de Pétrarque. Augustin et François dans ce manuscrit entretiennent des discussions spirituelles s'inspirant des anciens. Il y a quelques années encore il m'aurait impossible de saisir le sens de ce texte consacré à l'amour, la douleur et la poésie. C'est l'une des plus anciennes conversations du Moyen Âge dont j'ai pu m'entretenir à ce jour avec intérêt et curiosité.

22 novembre|

Parfois j'éprouve soudainement certaines révélations. Les gens sur la route au hasard ou près de chez moi représentent des messagers de lumière. J'appelle cela de la synchronicité. Peu de gens rencontrés sont éveillés, la plupart étant préoccupés, enfermés et peu disponibles. La nature humaine m'apporte des réponses et la mienne me révèle des vérités  à chaque étape de vie selon le niveau de conscience où je me situe. Un jour viendra que je réussirai à comprendre avec le coeur, chaque chose en son temps. C'est le chemin utilisé qui incombe non l'objectif et ce n'est jamais une ligne droite. Le défi qui m'interpelle est de savoir m'arrêter, savoir apprécier le repos, prendre conscience de mon souffle sans ressentir de la culpabilité. Je me suis souvent projeter telle une flèche sur des cibles indistinctes et méconnues. Le bonheur dépend en grande partie de la chance dit Frédéric Lenoir dépendamment de la génétique, de la famille, de l'éducation, de la culture environnante. Ensuite il incombe de faire des choix judicieux pour atteindre ce bonheur si ardemment recherché. J'aurai fait de grands détours pour arriver à ces constatations, je me serai péter la gueule à plusieurs reprises mais à l'heure de la retraite je reprends mon deuxième souffle. Epictète affirme "souviens-toi que ce qui te cause du tort, ce n'est pas qu'on t'insulte ou te frappe, mais l'opinion que tu as fait qu'on te fait du tort". Profitez simplement de la vie qui me traverse sans trop réfléchir à ce que sera demain me suffit pleinement en réalisant quelques objectifs réels à court terme. Mettre de l'espace dans mon esprit agité m'apaise afin de jouir du temps qui m'est offert ici et maintenant. Le bonheur est sagesse, c'est accepter le réel tel qu'il est et non pas comme on voudrait qu'il soit.

21 novembre|

Lorsque j'écris sur le blogue je me questionne souvent à propos du style adopté. Je me demande quel est réellement mon style et comment je veux écrire et transmettre. C'est tenté ainsi de me définir. Je sais toutefois que je ne porte aucunement vers le roman, le théâtre et la poésie pure. Je me sens bien avec la nouvelle et l'essai. Mais quel style d'écriture devrais-je utilisé qui me convienne, telle est la question que je me pose. Comme un muscle qui se développe avec la pratique, l'écriture prend forme en écrivant. Quels sont les thèmes que mes intérêts me portent? Sans vouloir être égocentrique j'aime me situer au centre du spectacle car c'est moi qui écrit et pense le monde. La vie tourne autour de soi sinon il n'y a rien d'autre qui vaille sinon le néant. Ce qui est extérieur à moi-même est en réalité absent et invisible. Le sujet m'apparait plus important que le style qui représente d'une certaine façon l'emballage mais la littérature et le langage exige une forme.

Dans mes premiers boulots de jeunesse, et il y en a eu plusieurs. Je posais tellement de questions à gauche et à droite que je dérangerais la productivité et les collèges. Je questionnais la pertinence de ces emplois, du sens de la vie et ma curiosité était vaste comme le monde. Je comprends mieux maintenant cette attitude et cette curiosité qui est celle du petit bonhomme qui avait manqué cruellement d'éducation et de support. La plupart de ces emplois étaient misérables à part quelques-uns. Je devais amasser de l'argent pour subvenir à mes besoins et acquérir de l'expérience pour plus tard, comme on dit. Mon père étant mort à mes dix ans, je l'ai amèrement regretté lui et ses manuscrits, il était journaliste. Mes enseignants, tuteurs et parents trop âgés furent absents pour combler mes manques illimités.  Photographe-pigiste fut cet emploi qui me motivait car je rencontrais pleins de gens dans des situations variées et inusitées. L'aventure me découvrait et je m'en suis imprégné rapidement au point d'y laisser ma peau à plusieurs reprises. Les images et les mots m'ont toujours fasciné, l'absolu, le désir de vivre intensément une profonde liberté. Je devins photographe pour le musée des beaux-arts, différents salons, la télévision communautaire, je faisais du figuratif, du portrait, des cartes postales, des reportages, du marketing. J'ai appris à développer mon côté créatif et entreprenant, deux composantes de ma personnalité actuelle. 

J'étais très séducteur, fonceur mais naïf et maladroit, ce qui m'amena à vivre de nombreuses situations enivrantes et parfois malaisées. Du moins je m'exerçais à affirmer mes besoins et mon désir de réussir en affaires et avec les femmes. N'étant pas diplômé de quoi que ce soit, plus tard dans la vingtaine j'entrepris des études collégiales en tourisme. Je faisais beaucoup de sport et de cyclotourisme à cette époque ayant parcouru seul à vélo la Nouvelle-Angleterre jusqu'à New York et Boston. Ma motivation fut telle à la découverte de ces nouveaux horizons que les études en tourisme allaient de soi. Et j'ai voyagé beaucoup sur tous les continents avec des tas de gens différents allant de juge à ministre, policiers revendicateurs, grande gueule ou égocentriques personnages ingratas sans oublier les ces jolies mademoiselles qui auront croisé mon regard. En revisitant rapidement ce cortège inégal d'expériences et d'émotions je me questionne sur le présent et mes victoires lourdement acquises. Je reviens à la case départ et je renoue avec mes convictions et intérêts d'antan. J'ai moins besoin de reconnaissance, me faire voir et admirer qu'autrefois. J'ai cesser de faire le capitaine bonhomme avec mes péripéties. Rester tranquille avec moi-même sans action excessive devient une incontournable nécessité. Le silence, l'immobilité et la solitude ne m'effraient plus comme avant. Jadis intranquille pour reprendre le titre du journal de Pessoa, je suis devenu relativement sage par l'accumulation des années et d'un corps qui se fatigue plus rapidement. Les images et les mots perçus et utilisés revendiquent davantage d'espaces conscients. Peut m'importe le style pourvu que libère les mots crus et incisifs. M'imprégner de la fluidité de mon être, libérer les flots d'émotions qu'aucuns barrages ne peux freiner, voilà mon désir actuel. Mon leitmotiv est ma transparente ouverture sur le monde, ma créativité et ma liberté retrouvée de n'appartenir qu'à moi seul pour le meilleur et le pire. J'ai soif de vérité et de sagesse suffisamment pour vouloir me retirer substantivement de la masse critique quitte à y revenir plus tard affranchi de mes intimes découvertes. La sagesse est un processus individuel et non collectif, elle s'invite par la connaissance et la maîtrise de soi, par la méditation et des lectures à caractère spirituel. Savoir prendre ses distances du bruit inhérent de la foule devient essentiel pour une vie bonne comme disait les sages de l'Antiquité. Les religions ont enterrées les philosophes mais ne sont pas disparus pour autant. Poser les bonnes questions et se les poser est le début de ce long apprentissage dans la quête de paix et de bonheur.

17 novembre|

"L'éducation est l'enjeu le plus important de l'avenir. Ce qui manque à l'éducation contemporaine est l'apprentissage du doute et du questionnement pour que l'éducation ne soit pas simplement la préparation à une vie professionnelle dédiée au progrès des sciences et du savoir. L'important est de découvrir très tôt au contact de la pluralité des vies possibles en construisant nos relations avec les autres avec la part d'incertitude et de hasard qu'on rencontre dès que l'on sort de soi-même". La vie est comme une auberge où je séjourne jusqu'à l'arrivée de la diligence de l'abîme. Je ne sais où elle me conduira, car je ne sais rien. Je pourrais la considérer comme une prison, du fait d'être contraint d'attendre entre ses murs; je pourrais la considérer comme un lieu de bonne compagnie, car j'y rencontre des gens. Dans cette auberge certains se prélassent sans sommeil amorphes dans leurs lits, d'autres bavardent dans le salon et les autres contemplent le paysage à la fenêtre se délectant du vent qui souffle. Depuis longtemps j'ai l'habitude d'annoté des textes et citations dans le but de transmettre, c'est davantage une passion qu'un travail. Ne sachant absolument pas vers qui je m'adresse, cela n'a pas d'importance du moment que j'exprime ou transmet l'essence même de ce à quoi je crois important à mes yeux. Je réalise que les mots utilisés parfois sont teintés de crispations comme si j'éprouvais des résistances à me laisser porter dans le courant. J'ai peur que la rivière dans laquelle je m'agite me déverse dans le néant. Les mots qui me plaisent sont ceux qui révèlent des images. Dans ma carrière de travailleur autonome je fus un passeur, un catalyseur d'énergie, cela fut ma véritable vocation. On ne choisi pas son public, c'est lui qui nous choisis. Nous nous accordons beaucoup plus d'importance que l'on en a vraiment et à son rôle. À l'auberge ce soir je me délecte d'une délicieuse musique, je ne suis pas prêt de voir la diligence arrivé mais je décide de si peu. Mes meilleurs compagnons sont les livres, mes amis ne les comprennent pas, ils sont probablement fait pour autre chose que je ne saisi pas. Peut-être que mes amis ne sont pas les bons pour ces choses-là.

16 novembre |

Jean-Marie Guéhenno écrit "Dans un monde accidentel, et pour ainsi dire illisible, les individus dépossédés d'une identité collective pensent d'abord à eux-mêmes. On n'attend plus d'un État qu'on méprise qu'il incarne une ambition collective, et on n'est pas prêt à mourir pour lui. Mais on attends que ses serviteurs meurent pour nous et tiennent à distance tout ce qui pourrait menacer les individus que nous sommes devenus". Le collectif en Occident perd sa vitalité au détriment des valeurs individuelles. "La perte de légitimité des institutions politiques et l'affaiblissement concomitant des liens sociaux ont commencé avec la multiplication des actes d'incivilité et, au bout du chemin, débouchent sur la violence et le crime". L'identité individuelle est devenu au fil du temps le déversoir de nos attentes. La peur de l'autre est omniprésente, le monde virtuel a pris la place du monde physique et les habiletés traditionnelles et communautaires se dissolvent. En passant le plus clair de son temps devant un écran ou seul dans sa voiture on creuse son individualité. Heureusement que les réalités d'ici ne sont pas les mêmes partout, le navire prend l'eau. Peut-être est-ce un passage obligé le temps qu'une ère nouvelle émerge. Vivre dans un rang perdu m'est souvent apparu intéressant mais j'y serais trop dépendant d'une voiture et trop isolé avec le temps. Dans un village je serais trop près des potins. Dans les grandes villes américaines des millions de gens quittent ces mégalopoles pour des plus petites villes à dimension humaine et à proximité des espaces verts. Tucson, Salt Lake City, Denver, Austin, San Antonio représentent des pôles d'attractions considérables actuellement pour vivre aux États-Unis.

Québec demeure un bon choix. Peu de cités ont une force d'attraction chez moi au Québec. Ailleurs au Canada c'est l'anglais qui trône. J'ai longtemps aimé les Cantons de l'Est mais elles sont presque devenues au fil du temps une banlieue bourgeoise de Montréal qui ne cesse d'étendre ses indifférentes tentacules. Mon espace vert est le parc des Champs-de-Bataille à deux pas de chez moi, le nom est évocateur de mes luttes. Depuis peu à force de comparer différents lieux je me considère choyé de vivre dans ce quartier fort appréciable avec ces services de proximité. Je me sens privilégié de pouvoir me passer d'une automobile durant l'hiver. Il y a de petites villes au Québec qui seraient probablement stimulantes d'y vivre par exemple Victoriaville au Centre du Québec pour sa dimension humaine. Cette région est l'une de mes préférées au Québec pour sa plus grande facilité d'y créer des liens et la beauté du territoire. Québec n'obtient pas la palme pour tisser des liens durables, cela est mon humble opinion. C'est le lot des grandes cités et Québec avec sa population qui avoisine le million d'habitants ne défait pas la règle. On pourrait dire que j'ai le choix de vivre ailleurs, plus facile à dire qu'à faire. C'est comme l'indépendance du Québec, c'est trop tard car on fait pas un pays avec des vieux et des jeunes festoyants inlassablement dans le monde virtuel. La peur fait parti de l'essence même des québécois, peur de l'autre, des différences, peur d'avoir peur, de se tromper. Ce soir je suis bien chez moi avec cette douce neige qui orne mes fenêtres. Je refais le monde et je me sens davantage être au lieu d'agir, de réfléchir davantage que "faire quelque chose". Suis-je arrivé au bout d'une course tel Forest Gump qui après avoir couru plusieurs années s'arrêta "sur le champs" pour retourner à la maison. L'harmonie, plutôt que le dépassement de soi, doit-elle me définir dorénavant ?

14 novembre|

"Je pense donc je suis" disait Descartes. Oui et nous avons le droit de douter! Cela peut d'ailleurs être une force. Laisser place à l'incertitude permet en effet de s'interroger, d'affiner ses jugements ou de se découvrir des capacités d'empathie. Je peux même douter du "je" qui s'affirme. Sceptique je le suis, je doute de tout et de rien. Le "je" peux contenir des distorsions cognitives qui peut contenir dans ce moi un autre. J'ai horreur des gens qui affichent une trop grande confiance, qui jamais ne doutent. La retraite me va bien à vrai dire, je trace lentement mon stoïcisme avec les années, je ne puis me fuir. Les stoïciens pensent que la meilleure preuve de la qualité philosophique d'un individu est non pas ce qu'il dit, mais la manière dont il se comporte. Pour mener une bonne vie, il faut, pour les stoïciens, comprendre les règles de l'ordre naturel, car selon eux tout est enraciné dans la nature. N'en demeure que j'ai encore beaucoup de chemin à parcourir. J'aime discuter, écrire et réfléchir. Toutefois parler pour ne rien dire où parler à des ignorants m'épuise. Je lis un bouquin sur l'intranquilité du portugais Fernando Pessoa. Rarement je n'ai lu d'aussi beaux textes sur le mal de vivre. Plusieurs écrivains maudits comme on les appelait jadis transposaient sur la page blanche leur mal-être avec beaucoup de style et de poésie. De nos jours plusieurs d'entre-eux auraient bénéficié d'une importante pharmacopée. Écrire devient une nécessité pour ne pas sombrer dans la folie, je comprends le geste. Ils étaient maudits car ils n'étaient pas de leurs temps dans leurs propos en lien avec les moeurs ou ils avaient le courage d'exprimer leurs sentiments sur la voie publique et cela dérangeait. La Hollande a accueilli plusieurs écrivains censurés dans leurs propres pays grâce aux calvinistes, c'est pour cette raison que j'ai tant aimé la Hollande et les hollandais. Je m'identifie à Pessoa sur certains aspects, je m'y retrouve devant cette lassitude partagée grandissante de mes congénères. Mes blessures d'enfant me relient à leurs passés et les mots déployés. Je ressens l'enracinement aujourd'hui ici non pas par amour mais par volonté d'y parvenir. En devenant maître de moi je deviens maître chez moi. Je m'enracine paradoxalement en m'abrutissant au contact de mes concitoyens. Sur un angle différent, je me repose, étudie et réfléchis entre deux voyages. J'attends de moins en moins la sollicitude d'autrui car je me nourris de mon propre sang. Les modèles m'ont cruellement manqués, je n'y peux rien, je fais avec ce que je suis et je m'aime ainsi, libre et authentique. Exprimer ces propos est une pure libération. Pessoa écrit "je suis comme un homme qui chercherait distraitement quelque chose et qui, entre la quête et le rêve, aurait oublié ce qu'il cherchait. Renoncer c'est se libérer".

12 novembre|

Le monde se transforme rapidement depuis quelques décennies. Internet a changé la société littéralement. Les institutions démocratiques que les sociétés ont érigées depuis la Grèce Antique que l'on connait s'effritent dans le monde virtuel et ses algorithmes. Le livre de Jean Marie Guéhenno "le premier XXIe siècle" propose une réflexion approfondie de la globalisation à l'émiettement du monde. L'auteur fut secrétaire adjoint des Nations Unies et enseigne à l'université de Colombia. Il serait pour moi ardu de faire une dissertation de ce gigantesque ouvrage. Néanmoins je peux affirmer que le monde que je suis né et celui où je suis maintenant c'est littéralement transformé. Le recueil de données, l'intelligence artificielle, les nouveaux agitateurs virtuels, les GAFA sont les nouvelles réalités qui modifient le monde. "Comme des rivières souterraines qui gonflent à l'abri des regards, les foules virtuelles de l'internet jaillisse soudain dans l'espace public, sans qu'on les ait vues venir. Elles deviennent un torrent difficile à contenir." Les individus dans ces groupes virtuels se font entendre par des cris et injures bien souvent qui leurs permets grâce aux algorithmes de se regrouper partout dans le monde. Ces groupes ne propagent pas leurs propos sur les bases du savoir et des connaissances de là les dangers contre la démocratie. Le populisme et les groupes totalitaires des dernières décennies sont alimentés par internet et ses groupes tout comme le fut la radio à l'émergence du facisme. La politique grâce à internet est influencée par la montée de l'extrême-droite dans le monde notamment.

Que peut-on faire? S'éduquer, lire, développer le discernement et être prudent avec les gourous virtuels. Ce n'est pas parce que quelqu'un est populaire qu'il est nécessairement bourru de savoir et de sagesse. Je conseille la lecture de ce bouquin pour découvrir la face du monde actuel. Les forces individualistes et les miroirs que forment internet transforme la culture et les collectivités. Chacun sur sa toile se permets de rivaliser avec les autorités en proposant un langage commun dans un mépris considérable. Sans les institutions démocratiques le monde redeviendrait le Moyen Âge avec ses hordes de barbares trumpistes et poutiniens. Pour ma part je vis tant bien que mal dans ce monde étrange, seul, retraité et sans enfants. Par choix je ne saurais dire mais il est peut-être mieux ainsi avec les paramètres de la société actuelle. L'avenir n'a plus les mêmes représentations pour moi à ce stade et comme plusieurs je suis le courant du désenchantement. Si le monde est en voie de devenir meilleur alors il reste beaucoup de chemins à parcourir dans le chaos. Peut-être que le chaos est notre condition humaine car nous n'avons pas trouvé des solutions durables. Reste le hasard, la chance et les projets de voyage pour m'arrimer à mes rêves jusqu'au prochain déluge.

1er novembre |

Je vis tellement de bons moments à la lecture de certains auteurs. Les mots mis sensiblement les uns à côté des autres avec discernement m'éclairent de délicieuses vérités. L'abondance n'assure pas nécessairement la liberté affirme Jacques Godbout. Je cite Saül Bellow prix Nobel en littérature que les livres servent à compenser le désespoir ou la médiocrité de l'existence. Flaubert croit que l'écrivain par le biais des images et du style fournit les qualités humaines dont manque le monde extérieur. Le Québec vue du ciel est une mosaïque rectangulaire à angle droit comparativement à plusieurs pays du monde. Tous ces rectangles parfaits sont éclairés de façon disproportionnée  par l'électricité vue du ciel, trésor qu'il en soit du Québec. La richesse à ce niveau créé de la laideur à mon avis. Cette richesse nous permet-elle de vivre selon nos moyens? A constater l'endettement de nos concitoyens on ne saurais dire. Deux choix nous sont proposés, diminuer nos besoins ou augmenter notre pouvoir d'achat. Cette dernière me semble arrivé à saturation de même que les ressources à qui l'on doit notre survie.

J'aimerais pouvoir emmagasiner les connaissances de ces bouquins. Le temps passé avec ses êtres d'une talentueuse conscience et d'un évident discernement m'éblouis considérablement. J'ai tellement changé depuis quelques années pour le mieux que je m'en étonne moi-même, la littérature en est pour quelque chose. Je suis plus modéré dans mes propos, plus poli et courtois avec autrui sans toutefois méprisé mes convictions qui sont de plus en plus confirmées. Hier une jeune femme a engueulé son copain à vive voix sur la rue et ce matin elle marchait radieuse avec un autre par la main. Le monde est fait de ces incohérences, Camus aurait dit de l'absurdité. Un garçon aide son grand-père sur internet et ce dernier lui dit qu'en échange il lui transmettra des connaissances de son enfance. Le garçon lui dit que ça ne l'intéresse pas. C'est comme ça que la chaîne de transmission se rompt par ici. Internet est capable de répondre à tous les désirs. À la fin de notre vie dira-t-on grâce à internet que je suis devenu un homme ou bien j'étais orphelin mais grâce à ma souris j'ai eu une enfance heureuse. Mitterand, ancien président de la République disait que le paysage de son enfance avaient des odeurs de terre et que l'on y entendait le vent dans les feuilles, ces choses lui ont inspirés toute sa vie.

30 octobre|

Il est difficile et en même temps soulageant le retour à la maison après plusieurs mois d'escapade. J'ai beaucoup écris depuis deux ans en vanlife. Ce geste s'avère essentiel surtout lorsqu'on passe la plupart de son temps seul. Ce n'est pas toujours par choix. Lire et écrire devient incontournable. Depuis peu j'ai appris que je devais cesser de comprendre les gens et les évènements par la tête mais plutôt avec le coeur car trop souvent on n'y arrive pas. Depuis mon récent voyage aux États-Unis me déposer devenait vital avant de réécrire pour me laisser émergés de nouvelles inspirations et états d'âme. J'observe ce qui se passe en moi et autour de moi. Je suis plus attentif à mon environnement depuis la retraite, au bruit, aux distractions futiles. Mon immersion aux États-Unis m'a fait grand bien malgré les courbatures au retour. J'ai compris ce que je redoutais que le Québec, malgré ses efforts herculéens, demeure le parent pauvre de l'Amérique. La culture au Québec est devenue pour moi une inculture, c'est-à-dire une machine à fric pas plus ni moins qu'aux États-Unis. Je lis beaucoup des essais d'auteurs  intellectuels québécois pour tenter de saisir notre nature tels Jacques Grand-Maison (les valeurs qu'on parlent si peu) Jacques Godbout (lire c'est la vie) Mathieu Bélisle (bienvenue au pays des gens ordinaires), Gilles Archambault, Joseph Facal. En me promenant dans ma ville natale Québec je constate l'indifférence et l'ignorance qui y règne. Mettre sur le dos les systèmes en place est une fuite. Je perçois des gens bien informés mais peu éduqués, pétris dans leurs habitudes en lien avec le fric et les divertissements. À l'école les étudiants ne sont préparés qu'à se reproduire et se fondre à leurs éventuels boulots sans obtenir les connaissances de base et les valeurs que tous devraient assimilées. Je sais que j'exagère et qu'il y a beaucoup de belles personnes avec qui échanger mais ces dernières s'agitent silencieuses en vase clos. Les villes sont laides par leurs rythmes et leurs indifférence, Québec n'y échappe pas sauf pour quelques endroits spécifiques hors de la foule. Bien entendu cela est mon opinion que peu de gens partagent en public ou ne veulent pas s'avouer vaincus ou négatifs. Toutefois sans gêne ils s'affirment anonymement sur les réseaux sociaux sous de fausses représentations tels des lâches. 

Je lis des romans à l'occasion et j'écoute peu ou pas la télévision depuis un an, cela ne me rejoins plus. Je préfère le silence dans la lecture. "Tout le monde en parle" qui auparavant m'informait m'apparaît aujourd'hui insipide et ne m'apporte que des distractions stériles sur des potins ludiques parfois insignifiant. Je n'y vois qu'une société avide de consommer de l'information divertissante et générales en diffusant leurs intérêts personnels. Le titre même de l'émission m'en éloigne. Les modèles d'informations de masse, les téléréalités et les pseudo-séries dramatiques ne n'apparaissent plus crédibles ou suis-je devenu davantage spirituel. On offre à ce qui veut bien entendre, voilà ou nous en sommes c'est-à-dire réducteur. Rien de profondément spirituel dans ce spectacle médiatique. J'aimais de loin le Grand Cirque à TV5 qui n'avais aucune prétention égocentrique. Les gens et la culture se nivèlent par le bas constamment de là provient le populisme si présent aujourd'hui.

Mon campeur m'a quitté pour son grand sommeil hivernal jusqu'au printemps et c'est bien ainsi. Ayant arpenté des milliers de kilomètres sur les plus belles routes d'Amérique du Nord en prenant soin de Béa inlassablement. Le temps était venu de me reposer afin d'entreprendre une aventure complètement différente cette fois-ci cet hiver à l'ouest de Cuba. J'y apporte mon vélo avec des sacoches afin de parcourir des centaines de kilomètres sur la perle des Caraïbes et découvrir le peuple cubain et sa chaleur humaine. Demeurez tout l'hiver au Québec me casserait les os et me glacerais le sang. Je réalise un vieux rêve encore une fois et j'ose espérer que si la santé me le permet j'y séjournerai plusieurs semaines chaque hiver. J'habite le centre-ville de Québec et les gens que je croise sur les trottoirs ont le regard d'une indifférence glaciale. Les salutations ou regards sympathisants n'habitent ces ombres lorsqu'on a de l'argent à offrir, nourrir leurs égos et encore. J'en conclus que je me sens étranger dans ma propre ville. Je comprends ces étrangers qui débarquent en déployant pour plusieurs de l'ouverture que l'on nomme immigrants. La prochaine grande révolution du Québec ne se fera pas avec les québécois de souche mais avec ces nouveaux arrivants. Je ne tiens pas compte de la jeunesse affairée sur leurs téléphones intelligents et ne saurais faire confiance aux générations futures pour la suite des choses qui ne connaissent le monde que dans leurs écrans de smartphones. 

Mes propos semblent être le fruit de malaises et d'inconforts. Il est probable que je sois un éternel idéaliste rêveur insatisfait peu importe où je me trouve. Je n'ai pas toutes les réponses à mes questions et c'est peut-être mieux ainsi. C'est à l'intérieur de moi seul qu'existe le paradis et dans quelques plaisirs tels la connaissance et l'amour qui ne cesse de se dissimuler. C'est dommage qu'avec tous les gens autour je me sente si seul néanmoins. Je ne tiens pas à m'inscrire à des cours de l'université des aînés ni dans les ennuyants centres communautaires de loisirs pour m'y faire des amis, je n'y crois pas de même qu'à ces trop nombreux catalogues d'humains virtuels qui ont tous les mêmes choses à raconter. Mes mots sont sévères envers mes concitoyens mais j'assume en grande partie mes critiques qui évidemment ne s'adressent pas à tous. Reste les ombres sur les trottoirs à croiser et me divertir de leurs passages. À Cuba les premiers mots appris seront des mots d'amour car ici on est trop préoccupé par soi-même et pour ces choses-là.

23 octobre|

Je transcris un texte intégral d'Antony Hopkins qui reflète de façon inouïe ma pensée. Rare sont les fois dans mon blogue que je laisse autant de place à un interlocuteur mais ces propos sont essentiels pour la suite des choses afin de me réaliser pleinement ici et maintenant. "Laisse partir les gens qui ne sont pas prêts à t'aimer. C'est la chose la plus difficile que tu auras à faire dans ta vie et ce sera aussi la chose la plus importante. Arrête d'avoir des conversations difficiles avec des gens qui ne veulent pas changer. Cesse d'apparaître pour les personnes qui n'ont aucun intérêt à ta présence. Je sais que ton instinct est de tout faire pour gagner l'appréciation de ceux qui t'entourent, mais c'est une impulsion qui vole ton temps, ton énergie, ta santé mentale et physique. Lorsque tu commences à te battre pour une vie avec joie, intérêt et engagement, tout le monde ne sera pas prêt à te suivre à cet endroit. Cela ne signifie pas que tu dois changer ce que tu es, cela signifie que tu dois laisser partir les gens qui ne sont pas prêts à t'accompagner. Si tu es exclu, insulté, oublié ou ignoré par les gens à qui tu offres ton temps, tu ne te rends pas service en continuant à leur offrir ton énergie et ta vie. La vérité c'est que tu n'es pas pour tout le monde et tout le monde n'est pas pour toi. C'est ce qui te rend si spécial quand tu rencontres des gens avec qui tu as de l'amitié ou de l'amour partagé et tu sauras à quel point c'est précieux. Il y a des milliards de personnes sur cette planète et beaucoup d'entre elles vont les trouver à ton niveau d'intérêt et d'engagement. Peut-être que si tu arrêtes de venir, ils ne te chercheront pas. Peut-être que si tu arrêtes d'essayer, la relation prendra fin. Peut-être que si tu arrêtes d'envoyer des messages, ton téléphone restera sombre pendant des semaines. Cela ne veut pas dire que tu as ruiné la relation, ça veut dire que la seule chose qui la tenait était l'énergie que toi seul donnais pour la maintenir. Ce n'est pas de l'amour c'est une attache. C'est donner une chance à ceux qui ne le méritent pas ! 

Tu mérites tellement plus. La chose la plus précieuse que tu possède dans ta vie est ton temps et ton énergie, car les deux sont limités. Aux gens et aux choses que tu donnes ton temps et ton énergie, définira ton existence. Lorsque tu réalises cela, tu commences à comprendre pourquoi tu es si impatient lorsque tu passes du temps avec des personnes, des activités ou des espaces qui ne te conviennent pas et ne doivent pas être près de toi. Tu commences à réaliser que la chose la plus importante que tu puisses faire pour toi-même et pour tous ceux qui  t'entourent, est de protéger ton énergie plus férocement que tout autre chose. Fais de ta vie un refuge sûr, où seules les personnes compatibles avec toi sont autorisées. Tu n'es pas responsable de sauver qui que ce soit. Tu n'es pas responsable de les convaincre de s'améliorer. Ce n'est pas ton travail d'exister pour les gens et de leur donner ta vie ! Tu mérites de vraies amitiés, de vrais engagements et un amour complet avec des gens en bonne santé et prospères. La décision de prendre de la distance avec des personnes nuisibles te donnera l'amour, l'estime, le bonheur et la protection que tu mérites".

18 octobre |

"Bienvenue dans le pays du monde ordinaire" est le titre du bouquin que j'achève de Mathieu Bélisle. Enseignant en littérature à St Jean de Brébeuf, cet essai retrace l'histoire du Québec depuis la Grande Noirceur jusqu'à nos jours. Ordinaire est le peuple québécois selon lui. Je m'intéresse à ce sujet voulant satisfaire ma curiosité par d'autres sources qui ne proviennent pas du terroir médiatique. J'aime saisir le pourquoi et le comment de nos caractéristiques sociales et culturelles. Le québécois moyen est fortement prosaïque, c'est-à-dire qu'il manque d'élégance, de noblesse, de poésie, c'est Bélisle qui l'affirme. Notre passé fut profondément catholique et paysan. Les anglais ont connus la période industrielle avant nous peuple du défrichage ce qui n'est pas mauvais en soi mais cela a créé un retard sur notre évolution en nous maintenant dans la pauvreté. À la révolution tranquille les québécois ont repris le retard en acquérant une richesse matérielle collective satisfaisante par la démocratisation et le savoir faire. Le cynisme est un trait de personnalité distinct du québécois, l'humour en vogue depuis les années 80 est cynique. Il est passé de symbolique et burlesque à celui de politique à ludique. Le cynisme critique l'autorité en place. Diogène fut le père du cynisme dans l'Antiquité en émettant des doutes sur les influences de Platon. Paysan et colonisé voilà notre patrimoine. Les protestants ont moins d'intermédiaires ce qui leurs ont permis de développer une plus grande autonomie. Dans la religion protestante Dieu est davantage en relation directe avec les anglais car les intermédiaires sont supprimés affirme Bélisle.

La culture s'est développée au Québec avec beaucoup de censure. Carnegie, riche philanthrophe américain, voulait offrir une grande bibliothèque à Montréal que des voix s'élevèrent pour y voir le péché dans les futurs manuscrits de la bibliothèque. Le Québec a hérité d'un retard flagrant dans son évolution, son éducation et son indépendance en rapport avec les anglais et les américains. Les québécois n'étant pas en pouvoir de force ont été largement sur la défensive. Les autorités en place nous faisaient croire à des dangers multiples qui n'étaient en fait que de sottes élucubrations pour transmettre la frayeur et maintenir le pouvoir sur le peuple. Il ne fallait pas être conquis totalement mais nous avons fait quand même allégeance à la couronne britannique. Ce livre est écrit avec finesse et bon goût relevant nos caractéristiques et nos racines. Je ne ferai pas la dissertation du livre, je ne suis pas critique littéraire mais j'aime par dessus tout les propos éclairés de cet écrivain. Il aurait été le genre de professeur que j'aurais aimé avoir pour transmettre les connaissances. J'apprécie les lumières que les bons écrivains fustigent. Trop d'importance est accordée aux journalistes et comédiens pour transmettre les idées. Les écrivains d'ici sont souvent mal aimés et incompris et font peur ou inspire peu confiance. Je suis à contre courant depuis longtemps, réfractaire car mes sources d'informations et d'influences n'ont pas toujours été au niveau. Maintenant grâce à la lecture, l'introspection et plus de liberté j'ai davantage de discernement et affirmer ma confiance. Bélisle à la fin de son essai parle d'américanité, des américains et de leurs idéaux malgré leur morale parfois somnolente et superficielle. J'aime les États-Unis, son peuple contrasté et surtout le flegme qu'il affiche inlassablement. Cette caractéristique représente leurs forces qui m'enchantent au plus haut point. C'est en parti le secret de leurs succès avec leurs idéaux qui ne se fractionnent pas à la moindre secousse. Ils sont les gendarmes de la planète, ça me rassure d'une certaine façon lorsque je compare avec le reste du monde. Je privilégie les moins pires car il n'y a pas de monde idéal malgré qu'on le cherche constamment.