Proposal

12 décembre |

L'angoisse est-elle une condition nécessaire pour donner un sens à la vie ? Entre la quête de sens, le sentiment de finitude ou encore celui d'absurdité, nous ne risquons pas de nous ennuyer. Prenant des informations dans un centre communautaire près de chez moi, la réceptionniste m'indique que son mari avait été empaillé dans le sous-sol de sa maison. Ma question fut de demander que font les hommes par leurs absences en ces lieux. Je n'ai pas été tenté de répliquer et suis reparti vivement. Il est arrivé dans ma vie d'éprouver des émotions fortes devant des personnes dans lesquelles je me sentais lésé ou mal compris. Ce n'est pas tant les divergences d'opinions qui me tiraillent que l'attitude émanant de l'interlocuteur. Je considère que tout peut être dit ou à peu près, mais c'est la façon de dire qui fera la différence entre le dialogue et un conflit. Ceci étant dit, je suis le seul et unique responsable de mes émotions. Ce n'est pas tant les autres qui me dérangent que moi qui me laisse déranger. Certaines situations sont délicates, les évènements arrivant bien souvent brusquement. Le plus important est ce que je retiens du différent et de la critique. Comment réagiront mes pensées après le déluge d'émotions ? Comment sera mon comportement après que mes pensées se mettent à dérailler dans pareilles situations ? Telle est la question. Voilà où se situe la voie de l'affranchissement. Se faire confiance exige de connaître les hommes, mais avant tout soi-même et dans nos rapports avec eux. Ces temps-ci, je tiens à ménager les occasions à risque avec autrui. Avant toute affirmation, je dois saisir les raisons d'agir ainsi. Prudence ou rétractation ? Devenir ma propre lumière est mon leitmotiv ; pour cela, vivre en autarcie complète sans toutefois renier autrui est mon objectif ici et maintenant. Possiblement que je suis sur la voie de la sagesse, elle sera acquise complètement lorsque je serai sur le point de disparaître ou presque. De cette altercation, je n'ai pas de pouvoir sur l'autre. De cette débandade ridicule, seul un pas de recul est nécessaire pour éteindre les flammes et ce, avant, pendant et après la frasque, que cela ne tienne.


9 décembre |

Les crucifix décoratifs dans les fenêtres de l'immeuble en face de chez moi qui abritait jadis une communauté religieuse me rappellent mes recherches actuelles. Ils semblent n'être présents qu'à titre symbolique en lien avec le passé tribun de la communauté silencieuse qui s'y abritait. Ce midi, en prenant un thé aux halles, je m'entretiens avec ma voisine. C'est une dame fort cultivée qui n'a de caractère que par ses opinions. Notre conversation nous a permis de philosopher un brin, constatant à quel point j'ai progressé depuis quelques mois. Elle m'a dit qu'il reste toujours une trace en soi de toutes nos lectures exercées. Je doute de moi parfois, à croire même que j'apprends peu. C'est en philosophant avec les gens que je reconnais mon évolution, chose qui, dans la solitude, m'apparait vaine et qui pourtant. Plus tard, je ferai un résumé consistant de mes apprentissages philosophiques depuis quelques mois abordant quelques notions théologiques. Cet exercice me permettra d'affuter un savoir négligé à  l'intérieur d'un raisonnement acceptable. Je ressens maintenant, pour différentes raisons, le développement d'une intelligence pratique et objective dépassant largement ce qui m'a toujours habité, à  savoir l'instinct de survie. Je reconnais que le réflexe de cet instinct s'applique à une époque révolue qui n'a plus sa prétention d'être. En discutant avec ma charmante interlocutrice, je prends conscience de certains éléments qui m'ont conduit à une souffrance par la présence spontanée d'une tierce personne. Rapidement, j'ai su rejeter par le discernement en bloc les affres de mon ressentiment dans une logique inébranlable. Mon besoin de vérité et ma vigilance n'ont jamais été aussi percutant. Theodore Kaczynski écrivit : imaginez une société qui soumet les gens à des conditions qui les rendent terriblement malheureux, puis qui leur donne les médicaments pour les soulager. Cela se produit déjà dans une certaine mesure dans notre propre société. Au lieu de supprimer les conditions qui rendent les gens dépressifs, la société moderne leur donne des antidépresseurs. En effet, les antidépresseurs sont un moyen de modifier l’état interne d’un individu de manière à lui permettre de tolérer des conditions sociales qu’il trouverait autrement intolérables. Malgré son quotient intellectuel et des résultats académiques élevés, il avait des problèmes de santé mentale au point de tuer plus de vingt-trois personnes. Il y a de quoi relativiser ses propos. Il est facile de dire qu’il s’agit du manifeste d’un fou, afin d’éviter de faire face à certains des problèmes inconfortables qu’il identifie. Mais il est tout simplement impossible d’ignorer à quel point nombre de ses prédictions sur la société moderne se sont avérées prémonitoires. La folie nous guette tous à différents niveaux. Cela m'en vient à poser la question suivante : est-ce la condition dans laquelle on s'ébat qui conjugue la vie humaine dans la souffrance ou est-ce simplement le fait d'être humain ? 


Les symboles et les idées mystiques font découvrir Dieu aux profanes par une initiation. En voulant exprimer Dieu, on se rend compte de la faiblesse du langage des mots et de la pensée, Dieu étant au-dessus de toutes choses. Dieu ne peut pas être exprimé par la connaissance et l'intellect, il est d'ordre mystique. La mystique est une communication directe avec le divin ou par intuition immédiate dans un état d'extase spirituelle. Dieu est une ténèbre lumineuse, symbole parfait de la connaissance et de la vie spirituelle. Boèce affirme que la philosophie contribue au bonheur. La grammaire, la rhétorique et la logique sont les prémisses de la philosophie. C'est aussi le début de la division des études élaborées au Moyen Âge. Les secondes connaissances transmises de façon générale de l'époque étaient l'astrologie, la musique, la géométrie et l'arithmétique. Au Moyen Âge, l'Église soumet toutes études et recherches au nom de la foi. C'est le début de la soumission à la foi qui perdurera pendant des siècles. Apparaît alors le primat de la théologie et de la contemplation qui dominera tous les travaux et études pratiques. Tout ce qui est ordonné à la science et à la philosophie est attribué à la contemplation. C'est l'époque dite scolastique : elle vise à concilier l'apport de la philosophie grecque à la théologie chrétienne. Durant les temps obscurs où les Barbares font rage en Occident, la langue latine trouve refuge en Grande-Bretagne et en Irlande qui préserveront les études greco-latines. Au Moyen Âge, les clercs sont des théologiens et non des philosophes, la philosophie étant assimilée à la religion. Au retrait des Barbares en Occident, la diffusion pédagogique se répand alors en Europe par les scolastiques. Les arts libéraux, la philosophie notamment, sont véhiculés par les hommes libres dit-on. C'est aussi le début des grandes écoles chrétiennes enseignées par les clercs et administrées par l'Église offrant les cours classiques en latin. La philosophie propose alors essentiellement la logique enseignée au nom de la théologie. Le néoplatonisme est la philosophie principale intégrée au Moyen Âge en théologie.


8 décembre |

Le nœud gordien est une métaphore d’un problème insoluble finalement résolu par la capacité de sortir des sentiers battus pour réussir. C'est la légende de Gordias qui a dit que quiconque dénouait le nœud du limon de son char deviendrait maître de l'Asie, ce que fit Alexandre en le coupa de son glaive. L’expression nœud gordien désigne, métaphoriquement, un problème qui ne présente pas de solution apparente, finalement résolu par une action radicale. Le nœud gordien est la métaphore du livre de Marcel Gauchet, le nœud démocratique. La crise singulière qui touche les régimes démocratiques dans le monde occidental est replacée dans une perspective longue afin de repenser la nature et l'histoire de la démocratie. Éclairant la place prise par l'économie capitaliste dans les sociétés, le philosophe fait apparaître derrière le mode de production un mode de structuration sociale qui explique la difficulté d'être de ce régime. Aux origines de la crise néolibérale, le désenchantement du monde n'avait pas livré tous ses secrets. Il comportait une suite que l'on n'attendait pas. On le croyait achevé. Il n'en était rien. Il est allé silencieusement à son terme au cours des quatre ou cinq dernières décennies. La sortie de la structuration religieuse des sociétés a libéré cette fois toutes ses potentialités en engendrant un nouveau monde déconcertant. L'étrange crise de la démocratie qui affecte le monde occidental en est un des aspects les plus troublants. Elle est l'opposé exact de la crise totalitaire qui a ravagé le premier XXᵉ siècle. Celle-ci avait pour moteur l'aspiration à détruire la démocratie dite bourgeoise pour lui substituer des régimes supérieurs. La crise actuelle, à l'inverse, touche une démocratie dont les principes sont plébiscités, mais dont le fonctionnement n'en suscite pas moins une immense frustration et des fractures profondes au sein des peuples. Cette crise de la réussite, comme il y eut un vertige du succès stalinien, est liée, montre Marcel Gauchet, à une lecture trompeuse de la nouvelle structuration collective née de l'effacement complet de l'empreinte sacrale. Elle induit une vision réductrice de la nature de la démocratie, aveugle au nœud qui tient ses éléments ensemble. Il faut la dire néolibérale, dans un sens qui va bien au-delà de l'économie, même si elle consacre le règne de l'économie, puisqu'elle concerne tous les domaines de l'existence collective et en propose même un modèle global. Mais à l'exemple de l'expérience totalitaire en son temps, cette expérience qui en prend le contrepied a la vertu de mettre en lumière des conditions jusqu'alors mal identifiables de la bonne marche de nos régimes. C'est en fonction de ses enseignements que devra se repenser la démocratie de l'avenir. Ceci est un texte vraisemblablement contextuel et récent.


La foi et la raison sont inséparables. La philosophie et la religion chrétienne s'assemblent à la recherche de la béatitude selon Saint Augustin, théologien et Père de l'Église. Cicéron dit qu'un bon orateur est quelqu'un qui a une connaissance générale des choses. La philosophie païenne ne conduit pas à la béatitude et n'est pas reconnue dans la chrétienté. La doctrine de Saint Augustin n'a pas comme objectif de décrire scientifiquement la religion, mais de l'y conduire et de la faire désirer. Sa thèse n'est pas de démontrer, mais de faire prier les fidèles ; sa doctrine est inachevée. L'homme, dans le principe de la foi, reconnaît que toutes les vérités lui sont parvenues par Dieu. L'intellect de l'homme découvre Dieu en lui-même. À ce moment précis de l'histoire, nous ne sommes plus dans un raisonnement logique mais dans la foi de Dieu. Il faudra attendre plus tard avec Saint Thomas d'Aquin et les scolastiques pour obtenir une véritable doctrine de la foi. Saint Augustin préconise un itinéraire de vie intérieure associée à la présence de Dieu. On y accède non pas par la philosophie mais par la foi, ce qui est appelé la révélation. Chez Plotin, le fondateur du néoplatonisme, il y a une extase philosophique et intellectuelle ; chez Saint Augustin, il y a une extase de l'amour. Voici la différence entre la raison et la foi. On peu comprendre que dans la tête de bien des gens, la religion soit abstraite et incompréhensible. Elle fut transmise en autorité pour une grande partie des gens. Ceux qui avaient la foi avaient des prédispositions pour la vie contemplative et la vie intérieure. Pour d'autres, elles n'étaient qu'une autorité imposée sans possibles contestations. La religion chrétienne représentait le monde pour les fidèles et ses pratiques comme étant partie intégrante de la culture. Dans toute autre ordre des choses, la rhétorique est d’abord l’art de l’éloquence. Elle a d’abord concerné la communication orale. La rhétorique traditionnelle comportait cinq parties : l'invention, qui est l'art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre ; la disposition, qui est l'art d'exposer des arguments de manière ordonnée et efficace et l'élocution, qui est l'art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments, c'est-à-dire la diction et la mémoire, procédés pour mémoriser le discours. Un rhéteur est celui qui applique la rhétorique. Lorsque l'intelligence artificielle remplacera celle des humains, que feront ces derniers ? Déjà que ces derniers ne l'utilises de moins en moins sauf que pour des raisons techniques et secondaires. Qui suis-je donc pour juger ainsi ? Je m'étais pourtant dit que j'éviterais ce genre d'affirmation pour le moins douteuse. Que sais-je de ce qui se passe dans l'esprit des gens à part une certaine confusion causée par la peur et l'égo ? Évidemment le clergé avait accès aux meilleures sources d'éducation, par ce fait ils pouvaient influencés le peuple et obtenir d'eux ce qu'ils voulaient, le péché n'étant jamais très loin. De plus, les représentants de l'Église n'étaient pas engagé dans les responsabilités familiales, ce qui leurs permettaient d'accomplir leurs tâches de façon plus rigoureuses. Le pouvoir de l'Église faisait en sorte qu'aucunes contestations ne purent avoir lieu pendant des siècles. Ce passé fait encore partie aujourd'hui de ce que nous sommes devenu avec la morale chrétienne ce qui n'est jamais très loin du bon sens à certain égard comme la compassion, la charité, l'amour de soi et de son prochain.


5 décembre |

On ne reste philosophe qu'autant qu'on garde le silence, disait Nietzsche. Ceci étant vrai ou l'Église affirmant être le royaume de la vérité totale et de l'illumination. Cela ne s'applique plus aujourd'hui, quoique qu'il fasse toujours prudent de divulguer certaines vérités ou propos aux oreilles malentendantes. En voyage, durant les quatre dernières années, j'ai vécu l'expérience d'avoir le sentiment d'être présent ici et maintenant au milieu d'un monde lui-même intensément existant. Rien de tel, qu'en mes nombreux voyages, j'ai ressenti de telles grandes extases, loin de tout et surtout dans le silence. Rien de tel, j'ai ressenti pareil étonnement d'être le monde. Chez moi, dans cette ville tourmentée, les étoiles sont absentes où je ne vois que très peu de choses reliées au monde du vivant, que des automates programmés aux yeux blafards. J'ai eu l'impression, au point d'avoir le vertige, d'être une vague au milieu d'un océan sans limites. Romain Rolland a dit que ce n'est rien d'autre que le sentiment océanique. Ces expériences imprégnées d'absolue où je fus immergé dans une dilatation du moi n'ont pas son équivalent dans la société des hommes. Il m'était impossible de tenir longtemps dans cette immensité tout seul, mes repères devenant complément dissous dans une étrangeté oppressante. Je ne savais plus qui je suis, où j'allais, je partais à la dérive entre deux mondes contradictoires. Je perds mes appuis, ma raison d'être. Il faut retourner à la maison, je crois perdre l'esprit, les mots deviennent superflus mais vraisemblablement nécessaires. Mon campeur devient, pour quelques semaines, le florilège du tout, c'est intense, trop intense, je ne peux absorber tout cela bien longtemps. Les journées deviennent indicibles. Les gribouillages dans mon journal deviennent moribonds. Toute cette vie qui s'émane devient impossible de décrire par les mots. Il ne représente rien d'autre qu'une bouée insignifiante pour ne pas perdre la raison. Au retour de mon mystique pèlerinage, il y a mon fauteuil, mes livres, l'absence de mouvement qui s'apparente à la mort. Lentement, plus tard, beaucoup plus tard, je ressuscite, différent, transformé dans le cortège des hommes sans noms ni visages. Mon réveil est brutal, je croyais arriver quelque part, qu'à nouveau je reviens à mon point de départ. Il est plus facile de partir que de revenir. Le bonheur est fugace. Quel étrange sensation que d'exister, heureusement que l'amour est là, encore qu'il faut savoir de quoi il s'agit.


4 décembre |

Le monde des émotions, de la pensée et du comportement est un vaste domaine dans lequel il faut savoir bien reconnaître. Tout est relié dans notre esprit à la fois complexe et ingénieux. L'esprit agit à l'intérieur d'un cercle où agissent émotions et pensées. Il apparaît des distorsions cognitives à la suite de traumatismes. Les pensées automatiques se développent dans le but de se protéger inconsciemment des dangers du passé. Les problèmes arrivent lorsqu'il devient impossible de modifier les pensées automatiques en appliquant des comportements disproportionnels. Les distorsions cognitives se développent, qui, une fois bien installées, apportent des troubles physiques, psychiques et mentaux. Ceux qui développent des distorsions cognitives importantes voient la réalité à travers un filtre et les isolent. C'est le cercle vicieux qui s'installe apportant son lot de souffrance. Une émotion négative engendre une pensée négative, qui engendre le comportement négatif. Ainsi se développe ce cycle qui empêche la conscience de d'harmoniser avec son être profond. Les distorsions cognitives apportent son lot de fausses croyances, d'amertume et de douleur. L'intelligence vive, le raisonnement, le discernement s'atrophient dans une fureur asphyxiante. Reconnaître ces éléments en soi est le premier pas. Les thérapies et les groupes de soutien deviennent des alliés incontournables pour favoriser la guérison. Les proches et les amis ne peuvent pas toujours palier vers une aide constante, toutefois ils ne sont pas négligeables. Prendre une série d'action concrète et diversifiée est la source d'une guérison en plus d'une volonté inébranlable de voir apparaître enfin la beauté du monde. Faire une thérapie lorsqu'on en ressent le besoin est la meilleure implication que l'on puisse faire. Sauver son prochain commence avant tout avec soi-même. L'entraide mutuelle qui se développe dans les groupes de soutien, de discussion, de croissance personnelle permet de sauver des vies, la mienne en apparence. Depuis peu, je perçois ma transformation. Mon parcours s'effectue en dent de scie, je constate. Qui a dit que la vie est une rivière tranquille se lève. Trop souvent j'ai dramatisé des situations qui ne le méritaient pas. Je suis mon pire bourreau, moi qui croyais que l'enfer était les autres. Je me propose quelques défis réalistes à partir d'aujourd'hui en tentant de voir le positif en chaque chose, de cesser de généraliser et de cesser de juger inopinément en acceptant les choses que je ne peux changer. Cette thérapie diffère de toutes celles entreprise dans le passé par le fait même que je suis entièrement disponible dans mon corps et mon esprit. Descartes a écrit un beau texte qui m'inspire réellement. Pendant un certain temps, j'ai examiné les différentes occupations auxquelles les hommes s'adonnent dans ce monde, et j'ai essayé de choisir la meilleure. Rien ne me parut meilleur que l'accomplissement rigoureux de mon dessein, à savoir, employé tout le temps de ma vie à développer ma raison et à retracer les traces de la vérité. Depuis que je me suis aidé de cette sorte de méditation, chaque jour me fit découvrir quelque chose de nouveau qui avait quelque importance. C'est alors que mon âme devint si pleine de joie que nulle autre chose ne pouvait lui importer.


3 décembre |

Il est de ses sujets ou thèmes qui me convient d'aborder parfois et qui requiert logique et raisonnement. Étant de nature émotive, cela me permet de me recadrer significativement. Les règles de la logique sont; l'appréhension qui est l'étude des définitions et du sens des mots, le raisonnement qui est la construction d'une proposition logique. L'art de la discussion se résume bien souvent aux problèmes de logique. La philosophie est très vaste, qui demande beaucoup de rigueur pour saisir tous les champs d'étude. Il serait laborieux et hasardeux de ma part de poursuivre la liste exhaustive de toutes ces composantes. Je vais alors poursuivre vers la philosophie chrétienne et contemporaine, délaissant les pensées grecques qui les ont précédés. La scolastique est rattachée à la religion chrétienne. Elle tente d'harmoniser la raison et la foi, en accordant une grande importance à la mise en forme des raisonnements et au respect des auteurs anciens. Elle s'attache donc à concilier l'héritage de la philosophie antique avec la théologie médiévale. Elle vise à concilier l'apport de la philosophie grecque avec la théologie chrétienne héritée des Pères de l'Église. De ce fait, on peut dire qu'elle est un courant de la philosophie médiévale. Le gnosticisme se réduit aux connaissances secrètes, ésotériques et mystiques transmises par l'initiation. On entre ici dans l'ère pré-christianisme par la voie des sens. La gnose permet de percevoir aux chrétiens Dieu, sa lumière et d'obtenir la vie éternelle. Le gnosticisme est une hérésie aux pouvoirs surnaturels, c'est la connaissance suprême des choses divines. Elle apporte le salut de l'âme après la mort. Le christianisme est l'affirmation de la sagesse divine et de la connaissance de Dieu qui bannira le gnocissisme considéré une hérésie. Les Pères de l'Église ont reçu la philosophie dans la tradition chrétienne. La chrétienté doit percevoir la vérité et percevoir la révélation. Tout ce qui est vrai est chrétien. La religion et la sagesse sont connexes, paraît-il. La religion chrétienne s'appropriant de la philosophie grecque, notamment le néoplatonisme et le stoïcisme, s'avère plus crédible et adaptée à cette époque. Les Pères capaddociens, ne voulant pas enseigner la philosophie, ont progressivement orienté la sagesse chrétienne vers la théologie ou doctrine sacrée. L'intégration de la philosophie à la doctrine sacrée s'est effectuée par St Augustin qui fut influencé par Plotin, Cicéron et St Paul. La pratique chrétienne est mystique et doit aboutir à la béatitude.


À propos du malentendu Toute parole cache une vérité, sauf pour les imbéciles qui disent des sottises. Un recul s'avère nécessaire pour laisser dissoudre l'émotion au besoin. C'est dans l'intention que s'exprime la vérité et non pas dans les mots qui peuvent parfois induire en erreur. Les mots peuvent parfois sous-entendre des malentendus, de maladresse d'une part, et d'autre part une mauvaise interprétation. Dans les deux cas, il est préférable de réprimer toutes opinions divergentes par le dialogue. Des termes équivoques peuvent engendrer différentes interprétations. Vérifier à la lumière le sens réel de toute affirmation est essentiel pour porter un regard pertinent sans laisser de préjudice aux deux parties.


2 décembre |

La philosophie n'est pas une création de système, mais une expérience vécue. La philosophie n'est pas un discours théorique. Philosopher, c'est de préparer à mourir, définition platonicienne reprise par Montaigne. Philosopher est une pratique spirituelle. Selon Kant, la philosophie propose d'acquérir le courage de se servir de son propre entendement. Pierre Hadot dans la philosophie comme manière de vivre raconte son expérience de jeunesse devant le ciel étoilé qui nommera plus tard le sentiment océanique dans lequel il a ressenti une angoisse à la fois terrifiante et délicieuse, provoquée par le sentiment de la présence du monde et du moi dans ce monde. Curieusement, j'ai vécu cette angoisse et cette étonnante extase durant les quatre dernières années, en voyage solitaire à travers l'Amérique en campeur. Le choc fut à ce point brutal, qu'il m'aura fallu près de deux mois pour m'en remettre. La philosophie a pour but de savoir et d'agir, la philosophie spéculative et pratique. Pour connaître la vérité, il faut se servir de l'intelligence. L'intelligence se sert de la logique pour arriver à ses fins. La logique est l'outil de l'intelligence qui permet de sortir un résumé, un exposé ou l'essentiel d'un texte. La logique permet de valider le raisonnement. La logique n'utilise pas la psychologie, mais la raison. Le principe de l'unité et de la multiplicité est universel. Une pierre est une pierre, mais elle est constituée d'un ensemble d'éléments. Ce fait découle de la logique. Il y va aussi du principe du changement et de l'immobilité. L'homme est-il libre ou bien est-ce une illusion ? Cette question se rapporte à la morale ou à l'anthropologie. Marcel Gauchet, philosophe et auteur du Nœud démocratique, dénonce la détérioration du système éducatif dans plusieurs nations du monde, fragilisant ainsi les démocraties récentes et actuelles acquises au prix d'efforts considérables. Lorsqu'un État s'oriente vers les plaisirs abusifs et le jeu, il court à sa perte par manque de discernement, de valeurs intrinsèques, d'intelligence et de vigilance. L'insécurité dans le monde est le signe d'une débâcle sociétale. Pourquoi il y a-t-il autant d'itinérants, de demandeurs d'asile et de réfugiés dans le monde ? Plusieurs facteurs expliquent les faits. La mondialisation, outil spéculative des multinationales, s'est enrichie impitoyablement sur le dos de la classe moyenne ou du moins ce qui en reste. Les humanistes et les philosophes ont laissé place aux promoteurs accablés de profit. L'itinérance est associée à plusieurs causes notamment dû au désintégrement des communautés et à l'effondrement des valeurs. Lorsque j'assiste aux cours en ligne de philosophie de Jean-Marc Rulleau, je saisis bien l'ignorance qui m'a porté. Je ne suis pas le seul à qui l'éducation a fait défaut. La paresse intellectuelle affecte bien des gens, ce qui n'est pas toujours le signe de mauvaise volonté. Cette lacune est manifeste et généralisée dans plusieurs nations. La rigueur n'est plus adoptée, les enseignements sont nivelés vers le bas. Les Indiens Anasazis, qui représentaient l'une des plus importantes communautés amérindiennes aux États-Unis, ont péri par leur addiction au jeu et au relâchement des valeurs qui les avaient portés jusqu'à leur disparition vers l'an 1300. Plusieurs grands peuples ont été décimés pour les mêmes raisons dans le passé. Néanmoins, de grands fléaux naturels ont anéanti des populations entières, notamment les sécheresses, les virus et la détérioration de leur environnement. De grands empires se sont écroulés après avoir maintenu leur gloire pendant des centaines d'années. Le relâchement des valeurs, la corruption, la décadence, les guerres absurdes sont courantes dans l'histoire du monde, même dans la chrétienté. Rien n'est acquis en ce bas monde, ni même la liberté. Nous devons, tel l'équilibriste, marcher sur une corde raide, au moindre faux pas, la rupture peut être fatale, telle est la condition de l'humain, à la fois forte et fragile.


30 novembre |

Pour être philosophe, il faut savoir prendre son temps et admirer. Lorsque les gens regardent la télévision, ce sont les yeux et l'imagination qui travaillent, pas l'intelligence. Le philosophe contemple, il est à contre-courant dans la masse d'où l'importance est de s'agiter de plus en plus rapidement. Si on ne contemple pas les hommes, on ne les comprendra pas et les conflits s'activeront. Dans la contemplation, on s'étonne et l'on peut être tenté de rechercher les causes à toutes choses. Les gens ne semblent plus éprouver de plaisir à être. S'ils admiraient les hommes, ils seraient tentés de communiquer, ils n'apprennent rien sur eux et demeurent dans l'ignorance. Si on ne prend pas le temps pour parler avec les humains, si on court tout le temps pour des raisons techniques, on ne sera pas en admiration pour les hommes et ne connaîtra pas la philosophie. On apprend à vivre en prenant son temps, sinon on ne peut pas développer l'intelligence. Il est impossible de philosopher seul avec les livres. Lorsque les gens ne prennent plus le temps de s'arrêter et d'admirer, ils ne se posent plus de questions. Pour connaître les choses, il faut savoir de quoi elles sont faites. Il en est de même pour les gens. Il ne s'agit pas de juger, mais de connaître la vérité. Pour connaître les hommes, il faut savoir distinguer le bien du mal et en connaître les causes. Le problème du bonheur, c'est le problème de la morale. Connaître la vie des hommes et de soi nous engage à vivre heureux. Les lois de la nature ne changent pas, la condition humaine, oui. Les méthodes pour apprendre diffèrent du sujet observé. Le désir de savoir est en moi, j'avoue, seules mes connaissances ont fait défaut pour philosopher. Mes multiples expériences ne m'ont pas amené sur ce terrain. Je reconnais avoir tendance à me sous-estimer faute d'un apprentissage rigoureux. Néanmoins, ma curiosité envers la vie et les hommes et de savoir m'a toujours soutenu, mais pas complètement satisfaite. Sans être trop dur envers moi-même, je reconnais avoir souffert de paresse intellectuelle. Une trop grande charge émotive causée par des traumatismes à l'enfance qui ont limité mes apprentissages. Mon écoute était déficiente pour les raisons énumérées, ce qui fit de moi un être hypersensible, mal compris et souvent irrationnel. Je possède l'âme d'un artiste, comme bien d'autres qui réalisent à quel point la souffrance est présente. Je ne suis pas celui que je crois être, cela s'explique par le fait de ne pas connaître les forces latentes en moi. Toutefois, j'ai développé une résilience par une force quasi-surnaturelle qui m'a toujours habitée. En réalité, les maîtres m'ont cruellement manqué, les modèles raisonnables aussi. Reconnaître les causes qui ont fait de moi ce que je suis advenu est une chose, être heureux est une autre chose. Cela dépend de moi uniquement dans l'instant présent et de mon destin qui m'en portera acquéreur. Le discernement et la capacité de synthétiser me dévoilent l'essentiel et la vérité. La société moderne possède beaucoup de savoir, mais peu de philosophie. Ayant beaucoup voyagé et m'être agité considérablement, qu'ai-je appris ? Quels furent mes apprentissages si ces apprentissages eurent lieu ? L'étude de la philosophie et la méditation me permettent d'atténuer les émotions que je porte depuis l'éternité. Cesser de juger ou de me juger me rend plus apte au bonheur. Le bonheur est l'absence de malheur. Je comprends mieux cette affirmation aujourd'hui, car je minimise les risques non essentiels. Les émotions fortes que j'ai soutenues toute ma vie ne permet pas mon émancipation en laissant travailler mon esprit à bon escient. Le sens commun, c'est l'intellect qui commence à s'exercer et à percevoir ce que les autres perçoivent aussi. Ainsi je me rapproche des hommes et de l'humanité.


29 novembre |

Dans les médias ce matin, on raconte que l'Australie envisage d'interdire les médias sociaux aux jeunes de seize ans et moins. Enfin une action concrète pour protéger ce groupe d'âge. Le cerveau des jeunes n'est pas suffisamment formé pour exclure les contacts sociaux dont ils ont besoin. J'espère qu'enfin que d'autres pays se rallieront à cette cause. Des mesures de sécurité doivent être apportées de toute urgence pour limiter l'usage des médias sociaux. Ces derniers développent assurément des addictions réelles qui nuisent en grande part à la santé mentale des individus en les isolant, les dernières statistiques le prouvent. D'un autre côté, Elon Musk, cet illustre complotiste, serait tenté d'acheter un grand réseau d'informations américain. Avec Fox News en parallèle, les temps d'antenne de ces médias seraient susceptibles d'atteindre l'intégrité de la démocratie par un assemblage de fausses nouvelles. De plus, ce milliardaire avec sa fortune est en voie, si ce n'est déjà fait, de manipuler le gouvernement américain en lien avec des conflits d'intérêts évidents. Cela aura peut-être pour effet d'attirer dans son giron d'autres millionnaires corrompus par un pouvoir excessif et démoniaque. Voilà l'état du monde actuel avec toutes ses manigances visant à exploiter davantage les biens de ce monde qu'il est capable de produire.


28 novembre |

Ci-dessous, j'ai exposé un résumé sommaire des principales doctrines des écoles philosophiques grecques. Ce résumé est un léger prélude. Tous les philosophes ont été influencés par leurs prédécesseurs. Le néoplatonisme s'est terminé au Moyen Âge avec l'arrivée du christianisme s'inspirant principalement du stoïcisme et du platonicisme. Cette étude renforce considérablement mes connaissances. Elles sont importantes, voir nécessaires au développement de la pensée. La philosophie renforce les esprits, le mien en apparence. J'étais occupé ailleurs à travailler et assouvir mes passions, maintenant davantage motivé à reprendre les choses ou je l'ai ai laissé longtemps auparavant. La philosophie était, et est encore une activité réservée aux classes supérieures qui avaient du temps et des loisirs. Cette liste ne se veut pas exhaustive et ne représente que la pointe de l'iceberg dans l'océan de la connaissance. J'y reviendrai plus tard avec un résumé exposant les grandes lignes de la philosophie grecque, chrétienne et contemporaine. Dans plusieurs grandes écoles, le jugement est à éviter car personne ne détient la vérité.

Héraclite
Sous l'égide des présocratiques, Héraclite dit que l'être est éternellement en devenir, tout se meut sans cesse, nulle chose ne demeure ce qu'elle est et tout passe en son contraire. Héraclite en conclut à une unité dynamique des contraires, une guerre permanente qui existe partout dans la nature, et qui constitue son mouvement même. La nuit et le jour constituent un seul et même phénomène, le début et la fin d'un cercle se confondent, et le chemin qui monte est le même que celui qui descend. Nul homme ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve car, la seconde fois, ce n'est plus le même fleuve et ce n'est plus le même homme.

Parménide
L'être est donc absolument et, parce qu'il est, il ne peut pas ne pas être, le non-être est impossible. Parménide, philosophe présocratique distingue une double philosophie, l'une fondée sur la vérité, l'autre sur l'opinion. En affirmant que l'être ne peut naître ni périr Parménide veut dire que l'être ne peut sortir du non-être, et en disant que l'être n'est pas divisible il veut dire que l'être ne peut sortir de l'être. L'unique manière d'être de l'être, par conséquent, est d'être maintenant. Il faut penser et dire que ce qui est, car il y a être, il n’y a pas de non-être. Je te détourne de cette voie de recherche, où les mortels qui ne savent rien s’égarent. Ils vont sourds et aveugles, stupides et sans jugement, ils croient qu’être et ne pas être est la même chose. Être et penser pourtant ne sont qu'une seule et unique chose.

Atomistes
Courant philosophique et physicien affirmant que la matière est discontinue et composée d'éléments insécables.

Pythagorisme
Philosophie du nombre qui repose en effet sur une initiation et propose à ses adeptes un mode de vie éthique et alimentaire, ainsi que des recherches scientifiques sur le cosmos. Pythagore, le fondateur et les pythagoriciens pensaient que l'âme humaine est immortelle, qu'elle migre d'un être vivant à un autre, que selon certaines périodes, les êtres qui sont nés un jour naissent à nouveau, qu'il n'y a, à proprement parler, aucun être nouveau et qu'il faut croire que tout ce qui est animé appartient à la même souche.

Stoïcisme
Zénon et ses disciples prônent l'acceptation sereine du destin et la maîtrise de soi, en s'efforçant de vivre en accord avec la nature et en se détachant des émotions perturbatrices. Pour les humains, cela consiste à accepter le moment tel qu'il se présente, à ne pas se laisser contrôler par le désir du plaisir ni la peur de la douleur, à utiliser son esprit pour comprendre le monde et à faire sa part dans le plan de la nature, à œuvrer avec les autres et à les traiter de manière juste et équitable. 

Socrate
Philosophie de la morale cherchant à montrer que les vertus morales particulières de justice, courage, tempérance, piété, sagesse, etc... qui convergent toutes dans la vertu qui est une, et, au-delà d'elle, en ce pour quoi la vertu est vertueuse ou l'excellence excellente, en vue de faire le bien. Or pour Socrate, on ne peut avoir une vertu sans les avoir toutes à la fois. En effet, toutes les vertus ont une même origine, la connaissance du bien et du mal. Un homme ne peut pas être à la fois bon sous l'angle d'une certaine vertu et mauvais sous l'angle d'une autre. L'âme déréglée est comme un tonneau percé à cause de sa nature insatiable.

Épicurisme
L'objectif principal est l'atteinte du bonheur par la satisfaction des seuls désirs naturels et nécessaires, les vices étant exclus. Il encourage la recherche du plaisir modéré et la tranquillité de l'âme, tout en soulignant l'importance de l'amitié, de la connaissance et de l'absence de crainte de mort.

Cynisme
Le centre de la philosophie cynique se trouve l'idée d'autosuffisance. Le sage est celui qui est capable de se contenter du minimum, de manière à ne souffrir d'aucun manque et de pouvoir facilement faire face aux situations les plus difficiles. Le sage cynique choisit donc de vivre dans l'abstinence, la frugalité. À titre d'exemple, Diogène vivant dans un tonneau. L'école cynique prône la vertu et la sagesse, qualités qu'on ne peut atteindre que par la liberté. Cette liberté, étape nécessaire à un état vertueux et non finalité en soi, se veut radicale face aux conventions communément admises, dans un souci constant de se rapprocher de la nature. 

Scepticisme
Les hommes ne peuvent prouver aucune réalité, de là provient le doute, le scepticisme, alors il est mieux de ne rien dire. Il n'apporte aucune discussion approfondie ou conclusion. Le scepticisme est une faculté et une méthode qui sert à examiner, qui compare et oppose, de toutes les manières possibles, les choses apparentes, ou sensibles, et celles qui s'aperçoivent par l'entendement; par le moyen de laquelle faculté nous parvenons premièrement à la suspension de l'assentiment, du jugement et ensuite à l'ataraxie, c'est-à-dire à l'exemption de trouble, à la tranquillité de l'âme.

Sophisme
Philosophie qui assemble des arguments qui, partant de prémisses vraies ou jugées telles, aboutissent à une conclusion absurde et difficile à réfuter. C'est un raisonnement vicié à la base reposant sur un jeu de mots, un argument séduisant mais faux, destiné à induire l'interlocuteur en erreur. Les sophistes développent des raisonnements dont le but est uniquement l'efficacité persuasive, et non la vérité, et qui à ce titre contiennent souvent des vices logiques, bien qu'ils paraissent à première vue cohérents des sophismes. Les sophistes ne s’embarrassaient pas de considérations quant à l'éthique, à la justice ou à la vérité.

Platonisme
Philosophie du dialogue fondée par Platon. Il développe sa propre doctrine, qui repose sur un dualisme entre deux réalités, le monde sensible et le monde intelligible, la théorie des idées. Le monde sensible change, se dégrade, périt. Il faut donc imaginer une seconde réalité, éternelle, incorruptible, qui contient les idées ou essences. Ses dialogues, mythes et symboles sont au centre de son travail. L'homme est la mesure de toute chose. Les yeux de l'esprit ne commencent à être perçants que quand ceux du corps commencent à baisser.

Aristote
L'essence ou idée est comme un être existant en soi, tout à fait indépendamment de la réalité sensible, de sorte que la science doit aller au-delà du sensible pour atteindre des intelligibles, universels, immuables et existants en eux-mêmes. Un corps est une matière qui possède la vie en puissance. Il n'acquiert la vie réelle qu'à travers l'âme qui lui donne sa structure, son souffle de vie. Selon Aristote, l'âme n'est pas séparée du corps pendant la vie. Elle l'est seulement quand la mort survient et que le corps ne se meut plus. Il affirme que la raison est vide avant que les sens n'entrent en action. Il pose les lois du raisonnement et fonde la logique comme instrument de précision du discours philosophique. L’excellence n’est jamais le fruit du hasard. Elle est toujours le résultat d’une intention élevée, d’un effort sincère et d’une exécution intelligente. Elle représente le choix judicieux entre plusieurs alternatives, c’est le choix, et non le hasard, qui détermine votre destin. La grâce, c'est peut-être de voir ce qu'il faut choisir et ce à quoi il faut renoncer. Qui veut choisir souvent prend le pire.

Néoplatonisme
Le philosophe Plotin achève les travaux de Platon qui postule l'existence de trois réalités distinctes, mais interconnectées, le monde sensible, que l'on perçoit avec nos sens et le monde intelligible des idées ou des formes. Pour Plotin l'univers est composé de réalités fondamentales, l'un, l'intellect et l'âme. Les objets du monde sensible ne sont que des manifestations partielles et imparfaites des idées du monde intelligible. L'unité est abordée à titre de royaume extrême, manifestant le prélude à la philosophie chrétienne. Lorsqu'on applique une qualité à Un, il y a dualité, alors il faut se taire. Plotin a développé un sens artistique à l'œuvre de Platon. Le sage entre dans l'unité et c'est l'extase. Être absorbé par l'Un est la béatitude qui conduit à être un sage. Le silence apparait, car il est au-dessus de toute chose. L'homme entre en lui-même et c'est l'illumination.


27 novembre |

Platon dit que les hommes passent de la sensation à la contemplation dans l'un de ses multiples dialogues. Platon, élève de Socrate, s'engage à découvrir la vérité en opposition avec les sophistes. Aristote définissait que les philosophes avant lui n'obtenaient que des idées simples, limitées et univoques. Aristote cherche des vérités plus diversifiées. Il étudie et remet en question tous les grands principes jusque là obtenus par ses prédécesseurs. La vérité des choses n'est pas dans les idées, instrument du monde sensible, mais dans les choses elles-mêmes. Aristote s'applique à la réalité des choses, il est donc davantage matérialiste. Ce pourquoi la chose est, quel est le sens de l'existence se définit dans les causes finales d'Aristote. La philosophie pratique est essentiellement axée sur la recherche du bonheur. Puis vinrent trois courants de pensée importants issus de la doctrine de Socrate ; les sceptiques, les épicuriens et les stoïciens. Cicéron, Sénèque, Épictète et Marc Aurèle sont quelques-uns de ceux qui faisaient partie de cette école. Le stoïcisme tente de répondre à comment être heureux, il se fonde sur la recherche du bonheur. On est heureux quand on se soumet à la nature et au destin. C'est accepter le monde tel qu'il est. Agir sur ce qui est en notre pouvoir est le principe des stoïciens. Qu'est-ce qui rend malheureux sont manifestement les passions. Les épicuriens recherchaient le bonheur par les sens dans l'harmonie sans verser dans les vices. Ils pronaient l'absence de troubles par l'indifférence au monde. Austères, ils étaient, ils régulaient leur existence avec parcimonie en optant pour la tempérance et l'amitié. En ce sens, je me considère un épicurien avoué. Ils auraient été de ceux qui, aujourd'hui, auraient indiqué la liste des ingrédients sur les boîtes de  yogourt et le reste. Le doute dans les affaires sensibles et l'absence de tous jugements déterminent la doctrine des septiques dans la recherche du bonheur. Ce sont les platoniciens et les stoïciens qui ont le plus influencé les pères de l'Église. L'idée d'illumination, de contemplation, d'unité et d'intériorité furent les prémisses qui influencèrent des éléments de la philosophie avec la religion chrétienne.


Il existe trois sortes de pensées où se développe l'esprit : émotionnelles, rationnelles et intégrées signifiant l'équilibre des deux premières. La recherche de l'équilibre est la source de chaque chose. L'intuition, l'introspection et l'observation sont nécessaires au développement de l'esprit pour qu'il devienne raisonnable. Reconnaître ce qui se passe en soi est primordial tout en sachant distinguer les émotions trop vives ou/et les pensées disproportionnelles avec la réalité. Prendre un temps d'arrêt en méditant par une technique appropriée pour soi-même possède la même dimension que celui qui fortifie son corps physique. Savoir reconnaître les lacunes qui nous habitent est le début d'un processus de guérison. La construction de son corps et de son esprit s'effectue brique par brique jusqu'au moment jusqu'au jour que la construction se solidifie. Rien ne sert de se presser. Il s'agit simplement de s'appliquer au quotidien en prenant considération que ce travail sur soi est plus important que chaque chose. Actuellement en mode apprentissage accéléré, il est étonnant comment le les résultats s'effectuent  en y ajoutant volonté et détermination. Les fruits mûrissent sans aucun doute. Il vient un temps où il est impossible de remettre à demain ce qui est nécessaire à son bien-être actuel. Se choisir est l'une des plus remarquables décisions que l'on aura à prendre dans toute sa vie. Pour ce faire, il faut fortifier sa base, ses forces, ses acquis et ses intérêts. Se choisir, c'est avant tout avoir un esprit sain dans un corps sain. Il ne sert à rien de courir, mais plutôt de partir à point. Toutes ces maximes nous révèlent la nécessité de chaque chose. Je ne peux me changer, mais je peux me transformer avec ce qui est. Notre vie n'est pas une ligne continue, quelques pas en avant requièrent de faire quelques pas en arrière. L'important est d'agir avec le meilleur de soi-même. Pour y arriver, il faut des efforts, des apprentissages, des expériences et de l'amour pour soi avant toute chose. Lorsque j'exprime tout ceci, mes objectifs et les moyens pour y parvenir me semblent plus clairs. Il y a un moment pour toute chose, savoir s'arrêter est l'un d'entre eux, savoir prendre soin de soi adéquatement en est un autre. Le plus important est de différencier ce qui est possible de changer de ce qui est impossible à faire. Écrire représente pour moi une valeur thérapeutique et pédagogique sûre au point de ne plus être capable de m'en passer. Il permet à mon esprit de se formater rationnellement. De toute évidence, je développe ma capacité à objectiver ma pensée tout en raffermissant mon langage. Je m'étonne, de plus en plus, de la fluidité des mots exprimés sur ce médium et de l'intérêt que j'y porte. Vieillir est d'accepter de voir ses capacités physiques diminuer. Est-il possible que les facultés spirituelles et de l'esprit s'activent dans une recherche d'équilibre compensant cette perte ? La neige a neigé aujourd'hui, je me rapproche du solstice d'hiver.

26 novembre |

Je ne sais pas si je suis le seul à le constater, j'ai l'impression que l'ordre du monde que j'ai connu jusqu'à présent est en train de se désintégrer. Je rêve intensément chaque nuit. Au réveil, je peine à me souvenir de ces songes étranges, c'est le moins que je puisse dire. Cette nuit, mon rêve était intense et incroyablement réel. En buvant des jus spécifiquement sélectionnés, je fus plongé au printemps de 1967 à San Francisco dans le Summer of Love. Cette expression désigne plus particulièrement les événements qui se déroulèrent d'abord dans le quartier de Haight-Ashbury, à San Francisco, où des milliers de jeunes du monde entier se réunirent librement pour une nouvelle expérience sociale, faisant ainsi découvrir la contre-culture hippie au grand public. Je me retrouve donc ainsi dans un univers complètement transformé où il n'y avait aucun téléphone portable. Les gens prenaient le temps de marcher allègrement en se regardant et discutant. Ils allaient spontanément vers les autres de façon décontractée. En entrant dans un grand espace musico-social, je faisais partie intégralement de ces jeunes gens qui festoyaient à l'intérieur de cette époque totalement réaliste. J'étais devenu en l'espace d'un songe l'un des leurs. Dans cette frénétique expérience, je tentais éperdument de contacter des connaissances de mon époque pour leur exprimer mon incroyable enthousiasme d'avoir remonté le temps dans cette fantasmagorie. C'est étrange comment les rêves se dissolvent rapidement au réveil. J'y aurait resté quelques heures de plus, sinon davantage. Très peu de ces jeunes gens qui étaient présent survivent encore aujourd'hui au Summer of Love du printemps de 1967. 


25 novembre |

Lorsqu'on travaille, que l'on est occupé, on n'a pas le temps de penser. Plusieurs évitent de penser, car ils ne savent quoi faire de leur esprit, alors ils bougent ou se divertissent sans cesse. Une métamorphose s'exerce en moi depuis peu avec cette révélation pourtant simpliste. Je prends plaisir à exercer mon esprit pour lui-même. La seconde question qui prend place est ; que représentent les autres dans ma vie, à part les amis sincères, quoique rares, pour ne pas dire inexistants. L'erreur que j'ai faite pour signifier ce fait est de ne pas avoir suffisamment été mon propre ami. Comment les autres pourraient-ils me reconnaître si je ne me reconnais pas moi-même ? Ceci représente l'un de mes plus grands mystères devant lequel j'ai peu de réponses. Peut-être je ne le méritais pas ? J'ai récolté à ce jour ce que j'ai semé, tout juste pour survivre. Avant de philosopher, je médite. Je développe une discipline qui, une fois amorcée, m'offre des résultats concrets. Le niveau de conscience s'élève ainsi en m'apportant une plus grande confiance tout en développant mon autonomie. Je deviens pour ainsi dire ma propre lumière. De ce fait, je n'ai plus besoin de grandes choses à part combler mes besoins de base. J'ai déjà été fou au point que je croyais pouvoir changer le monde, utopie de jeunesse ou expériences pour évaluer mes forces créatrices. Il vient un temps où je dois choisir mes combats. C'est l'exercice que je suis en train de développer qui représente un élan de sagesse propre à un homme de mon âge, ou du moins je l'espère. Il vient un temps où je dois me poser des questions et réfléchir sur le sens de la vie, notamment la mienne. La philosophie signifie amour de la sagesse. Le langage est la chose elle-même qui agit, c'est un instrument d'action et de puissance. Les sophistes s'appuyaient sur cette conception pour enseigner leur doctrine. Le langage sert à convaincre les gens de ce qu'on veut bien faire entendre. En résumé, le langage ne sert pas à dire la vérité, mais pour faire croire ce que l'on veut. Au tribunal, l'essentiel n'est pas de dire la vérité, mais de gagner le procès. En politique, l'essentiel n'est pas de dire la vérité, mais de gagner les élections. La publicité n'est pas pour nous faire apprendre quelque chose, mais pour nous faire acheter une idée ou un objet. Ainsi argumentaient les sophistes, le langage étant leur point d'appui. La vérité émane de celui qui observe, elle n'est pas absolue. La conception des sophistes est que nous ne savons rien et que tout ce qui apparaît à l'homme est vrai. L'homme possède la mesure de toute chose. Chaque homme détient sa propre vérité. L'ironie de Socrate est une manière de se moquer en disant le contraire de ce qu'il voulait exprimer. Elle diffère du sarcasme qui possède de la méchanceté. Le langage n'est pas la réalité, le langage est le non-être. L'être peut être ressenti, mais pas exprimé par le langage. Le langage ne communique pas la réalité de l'être. L'être est incommunicable. Le langage sert à agir sur les gens, sur la foule, il est un mode d'action. Le langage sert à aller vers l'autre qui représente une action, il ne détient que des partis sensibles qui ne sont pas des réalités. Le langage malgré ses faiblesses est une nécessité. Le monde de nos sens qui nous informent est le monde sensible. Socrate était un redoutable adversaire des sophistes en tentant par des discussions aléatoires de révéler la vanité de ses interlocuteurs. Il dérangeait bourgeois et représentants de la magistrature lors de vives discussions et en révélant leurs langages douteux visant à dérober les vérités qui ne devaient pas s’exprimer au peuple, il a été condamné à mourir. Souvent j'ai dérangé par mes propos visant à démasquer les imposteurs vaniteux, pourrais-je dire ainsi. En étudiant la philosophie, comme je le fais en prenant une multitude de notes, mon esprit s'éveille. Je tiens à le nourrir afin qu'il ne perde pas son agilité par des exercices concis. Animant ainsi mon esprit, je développe mon plein potentiel, non plus en tentant de convaincre qui que ce soit, mais pour devenir ma propre lumière et en reflétant ma propre réalité. Socrate cherchait non pas la vérité, son but était de dépister les imposteurs. Cette étude me fait réfléchir sur l'essence des choses davantage que de leurs apparences. Ce n'est pas demain que j'excellerai, mais je dois bien débuter quelque part.


Les bases de la philosophie reposent sur l'être et le devenir d'Héraclite et de Parménide, philosophes présocratiques. Ce qui est ne peut être un non-être. Mobilisme et immobilisme universel sont les premières préoccupations métaphysiques. La philosophie actuelle repose sur l'abstrait et ce qui est en dehors de la nature et de la science. La philosophie, c'est acquérir de l'expérience pour apprendre des lois universelles. Ce n'est pas une réflexion sur soi, mais une expérience. C'est exercer l'intelligence pour découvrir la réalité. La philosophie a pour but de découvrir les choses et non pas d'enseigner une thèse quelconque. Un philosophe a le but de faire apprendre des choses par l'expérience de la pensée et non pas d'affirmer des certitudes ou des principes. Le dialogue est nécessaire aux philosophes pour faire accoucher la vérité. Le philosophe pose les questions afin que son interlocuteur apprenne la vérité par lui-même. Paul, un vieil ami né à Terre-Neuve et habitant Prague depuis 25 ans, était l'un de ceux-là. Il savait poser quelques bonnes questions afin que son interlocuteur apprenne sa propre réalité. C'était un travailleur de rue instruit  et curieux. De tous temps, ceux qui m'ont approché avec la morale ou des convictions personnelles n'ont pas réussi à me faire progresser et apprendre. Socrate disait qu'il ne savait rien, mais qu'il fallait chercher la vérité. Pour cela, il faut poser les bonnes questions en évitant de décrire des systèmes, des concepts. Il ne faut pas connaître la philosophie par une définition, mais par l'expérience. La philosophie s'apprend en premier lieu par l'histoire et l'introspection à la philosophie pour ensuite poser les bonnes questions cherchant à trouver sa propre réalité. Apprendre à philosopher, c'est apprendre à éduquer son esprit en lien avec sa propre expérience.


23 novembre |

On apprend la philosophie par ceux qui nous ont précédés. Pour ce faire, il faut lire les grands préceptes des philosophes et découvrir parmi eux notre propre vérité. Au préalable, une introduction à la philosophie est nécessaire pour comprendre les différents systèmes de pensée au fil du temps. La philosophie est née en Grèce antique pour devenir la philosophie chrétienne et ensuite la philosophie de la nature, moderne et contemporaine. La philosophie est la science qui nous permet de bien réfléchir sur des sujets universels. Plusieurs contemporains ont perdu cette faculté pour différentes raisons, c'est bien dommage. Ce fait se résulte par la crise actuelle que nous connaissons, qu'elle soit politique, économique, culturelle ou spirituelle. De nos jours, les gens sont formés pour des disciplines pratiques qui ne tiennent pas toujours compte de la façon qualitative de leurs pensées. Les différents courants de pensée sont reliés trop souvent à des intérêts spéculatifs et personnels. Seule la philosophie permet de bien saisir l'essence même de la vie dans son ensemble. Pour des raisons de rendement aujourd'hui, la pensée s'effrite de plus en plus surtout avec les technologies actuelles. On forme les gens principalement pour accomplir des tâches et de moins en moins pour réfléchir sur son propre système de pensées qui demande des efforts. À vrai dire, ça ne semble pas rentable et productif à court terme. Là est le problème aujourd'hui, il faut que tout se passe rapidement. Depuis la nuit des temps, la philosophie tente de répondre aux mêmes problèmes, seule la forme, les concepts et les mots ont changé. Ce qui relie les grands philosophes, ce sont leurs intuitions de base qui ont procédé à leurs doctrines. Pour comprendre les philosophes, il faut découvrir les grandes intuitions qui les animaient. Une connaissance me dit qu'il est mieux d'avoir davantage de sentiments que d'émotions. Sage homme, ce Roger qui me parle ainsi considérant qu'il a un cancer. Je suis un cours en ligne sur l'introduction à la philosophie. Si je passe à travers, ce sera plus de vingt-cinq heures de visionnement dans une multitude de capsules évoluant au fil des siècles. Avant d'embrasser la vie monastique, l'abbé Jean-Marc Rulleau, théologien et pédagogue, enseigne et partage sur internet l'introduction à la philosophie en Suisse. Le premier énoncé philosophique fut que tout est changement et permanence. Ce qui est amusant au visionnement des enseignements, c'est la cloche signalant la fin du cours. Je remarque en ce moment qu'il y a toujours en moi l'observateur et l'objet observé. Ceci représente une dualité, un conflit. Si l'égo est à l'œuvre, toute forme de méditation est impossible.


22 novembre |

La métaphysique est la branche de la philosophie qui étudie la nature fondamentale de la réalité. Elle s'intéresse à des concepts tels que l'être et l'identité, l'espace et le temps, la causalité, la nécessité et la possibilité. Elle comprend notamment des questions sur la nature de la conscience, l'âme et la relation entre l'esprit et la matière, ou entre la substance et l'attribut. Loin de me définir philosophe, je m'intéresse aux grandes questions de cette nature. Dans la Grèce antique, étaient appelés philosophie tous les grands sujets allant de la science, la politique, la psychologie, la spiritualité et les lettres. À partir du XVème siècle, on a retiré progressivement plusieurs disciplines qui composaient alors la philosophie qui désigne la sagesse. Les sages de la Grèce antique organisaient la politique pour le bien-être de la société, qui était alors la plus grande distinction. La philosophie représente les grandes questions que se pose l'humain sur lui-même et son rôle dans l'univers. C'est la recherche de la vérité. La recherche des causes en philosophie est une attitude intellectuelle qui incite à trouver ce qui génère les faits et les événements constatés. Pour bien réfléchir, l'esprit doit avoir des dispositions relatives à son fonctionnement. Un esprit embrouillé ne sera pas disponible pour répondre aux équations délicates de la pensée. Tout esprit ne doit pas être soumis à des intérêts particuliers autres que la recherche objective du sens de la vie humaine et d'une pensée juste. C'est pour ces raisons que les grands penseurs et philosophes méditaient. Il est impossible de voir le fond d'un lac si les eaux sont troubles. Méditer oblige à s'imprégner du moment présent. Je devrais créer des personnages pour m'accompagner dans les moments de grandes solitudes. Je leur prêterais plusieurs attributs. De multiples questions demeurent sans réponses, par exemple celles relatives à la solitude. Jusqu'à quel point j'ai besoin des autres pour vivre heureux ? En quoi les autres me font progresser ? Si philosopher, c'est s'ouvrir et que l'autre se referme pour différentes raisons, j'ai le devoir de m'abstenir de sa présence sans jugement. La confiance en moi s'accroîtra en retrouvant des intérêts vitaux et des objectifs réalistes pour les atteindre. C'est à ce moment précis que l'autre interfère avec mon être, telle est la mouvance invisible et métaphysique de l'univers. Je crois malencontreusement n'être pas celui que je crois être. Ma pensée, pour telle ou telle raison, s'est mise à croire que j'étais ceci ou cela. Il y a un doute dans la demeure, je précise. Mes expériences ont fait de moi en partie celui que je crois être. En étant seul, je peux me penser librement, ce qui n'est toujours pas le cas en compagnie de l'autre. Philosopher comme je précise est d'aller aux causes. Quelle est la cause de ma pensée actuelle qui est le reflet de ma personnalité. Ne serait-elle pas une création erronée de mon esprit devant des circonstances qui ne s'appliquent plus à ce jour. La construction d'une identité n'est-elle pas le fruit d'une époque révolue, d'un sordide schéma répétitif et dépassé qui avait sa place dans un passé quelconque ? Philosopher m'aide à me redéfinir sur des bases actuelles en situant les causes de telles ou telles pensées ou d'émotions ne m'habitant plus et qui n'ont plus aucun lien avec la réalité actuelle. Mon identité s'est créée de façon aléatoire et contingente qui ne respecte pas l'être qui s'y retrouve pour différentes raisons, telle la peur notamment. La philosophie n'est pas un système de pensée, car les causes sont immuables. Cioran a dit qu'on ne devient vraiment lyrique qu'à la suite d'un profond trouble organique. Venir au monde n'est-il pas la manifestation d'un trouble quelconque si on ne sait pas séparer le bon grain de l'ivraie en déployant nos ailes avec sagesse ?


21 novembre |

Contingent signifie ce qui peut arriver ou ne pas arriver, ce qui est fortuit, occasionnel, accidentel, incertain, aléatoire. Il y a des circonstances contingentes. C'est ce qui possède une importance secondaire, un caractère accessoire. L'essentiel est contingence, disait Sartre. Ce n'est pas la raison qui détermine l'être, mais les affects. L'existence est à sentir, pas à expliquer. Ressentir la nausée, c'est se réveiller par nos affects, c'est sortir de son sommeil. La raison seule ne peut divulguer toute l'essence de l'existence. Pour Heddeiger, l'existence est une angoisse, pour Sartre c'est une nausée. Le monde de la raison n'est pas celui de l'existence. L'existence passe par nos affects. Sartre fut un génie, grand philosophe et écrivain. Il est le père de l'existentialisme qui est ni plus ni moins un humanisme. Ses écrits ne sont pas toujours aisés à suivre pour le commun des mortels, mais je retiens de lui qu'il a su adapter la philosophie à la littérature. La nausée est un roman philosophique. Je trouve cela fort intéressant pour celui qui se cherche son propre style. Tous et chacun développons des réflexes qu'il est difficile de s'en détacher sans un certain effort associé à une conscience accrue. Pour développer ma conscience, je médite au quotidien. Je manque de constance dans ma pratique ce qui provoque chez moi un égarement émotionnel et sprirituel. J'essaie de me rattraper. J'éprouve ces temps-ci un urgent besoin de méditer. Ce qui m'apparaît difficile au début devient de plus en plus accessible. Méditer, c'est accepter de grandir, c'est mettre un peu de baume sur mes agitations. Méditer, c'est agir en quelque sorte. Agir, c'est exister. Écrire c'est exister. Écrire exige qu'il y ait un début et une fin, en cela c'est mettre un terme temporaire à la nausée, à l'angoisse. Écrire, c'est interrompre le temps dans l'action. C'est interrompre le chaos qui règne dans mon esprit. Écrire c'est créer. Créer c'est vivre.


20 novembre |

David Bohm dans ses Dialogues affirme que dans les conversations, l'important est davantage ce qui se passe en discutant que la formulation. J'ai opté pour cette pratique lors de la thérapie de groupe amorcée cette semaine. Je n'en suis pas à ma première et possiblement pas à ma dernière. Jadis, la honte m'affligeait à exprimer ce fait que maintenant j'y éprouve du courage. Je reconnais la chance que je possède en me comparant aux malheureuses à la table. Les participantes dans le cercle présentaient des malaises apparents auxquels je fus confronté. J'avoue que les soins apportés par ces institutions sont d'une réelle nécessité. Il m'aurait été impensable jadis d'exprimer publiquement les raisons qui m'entrainent dans un processus thérapeutique. Bien entendu, ce n'est pas toujours de gaieté et de cœur que j'y vais, mais comme le gym, c'est après un certain temps et des efforts que je récolte des résultats. Je tiens à profiter de tout ce que la société m'apporte afin d'être une meilleure personne et un meilleur citoyen. Je ressens le devoir de m'offrir les moyens nécessaires pour maximiser mon potentiel et ma vie. En ce sens, je n'ai absolument rien à cacher, bien au contraire. La thérapie cognitive- comportementale révèle les thèmes reliés aux émotions, les pensées, la conscience, les comportements et les relations interpersonnelles. Plusieurs étapes de vie sont douloureuses et demandent une attention particulière, notamment la retraite pour moi. J'ai cru à tort y être préparer. À différentes étapes de ma vie, j'ai reconnu avoir quelques problèmes qui, sans une aide particulière, il m'aurait été difficile de traverser. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, mais une montagne à gravir. Demander de l'aide exige d'avoir beaucoup d'humilité. Demander de l'aide exige de reconnaître qu'il y a un problème qui devient difficile à faire face soi-même. Demander de l'aide exige de se démasquer soi-même et les autres. En ce sens, je crois que j'ai beaucoup cheminé, la preuve est l'exercice exprimé publiquement en ce moment. Cette fois, j'ai le temps et le goût de m'investir pleinement dans cette thérapie que je considère comme l'une des meilleures approches thérapeutiques en ce qui me concerne. Je suis interpellé pendant les quelques mois qui suivront à témoigner de mes observations et de mon ressenti. Je n'entrerai pas dans tous les détails pour rendre mon témoignage accessible en sachant conserver une certaine pudeur. Pour citer un élément de ma personnalité, je m'étonne d'être parfois, voire souvent, troublé par les comportements d'autrui. J'exagère les faits au point de passer parfois à côté de la réalité. Je suis un enfant de la télévision comme bien d'autres et, depuis une décennie, une addiction des médias en ligne. Le problème avec les nouvelles, c'est qu'elles sont toujours mauvaises ce qui teinte l'esprit de négativisme. Cela requiert beaucoup de discernement et de maturité pour filtrer le contenu des contenus médiatiques. Je comprends maintenant les causes de mes distorsions, n'étant pas prêt à les exprimer maintenant. La consommation de tranquillisants distribués aux enfants est une manifestation des problématiques réelles de la société d'aujourd'hui. Maintenant, si je pousse mon observation, je pourrai dire qu'il y a beaucoup d'enfants heureux sur terre déployant des énergies saines et contagieuses. Ce qui m'a apparu difficile hier était de me retrouver le seul homme au sein d'un groupe de huit participants. J'ai surmonté le défi en cassant la glace. En réalité, le plus difficile fut la fatigue émotive à mon retour. Plus jeune, je tenais un journal intime qui exprimait des émotions si fortes qu'il m'aurait été impensable de le publier. Ces cahiers illustraient des poèmes sombres que m'inspiraient les poètes maudits introduits dans ma jeunesse. Je m'identifiai à eux par le malaise qui m'habitait. J'ai exploré à fond différents styles, ne m'y retrouvant guère. Plus tard, dans le cadre de mon travail, en maintenant à jour les communications et le site internet de l'entreprise que j'ai créé, j'ai appris alors le sens de l'esthétique et du travail bien fait. Tout cela pour arriver aujourd'hui à la retraite devant une profonde plénitude, une liberté totale d'expression et une confiance accrue en moi-même. Toutefois la partie n'est jamais gagné car je suis dans le temps, je suis un mortel. Pauvre imbécile, il te reste qu'à jouir de la vie pleinement mais sans hâte. Les germes si longtemps portés en moi apportent aujourd'hui ses meilleurs fruits. Mon apprentissage ne s'est toujours pas effectué dans la facilité, que maintenant, avec le spectacle de tant de souffrances, je prends conscience que j'ai réussi ici et maintenant. Je ne suis pas à l'épreuve des intempéries, mais mon vaisseau est plus costaud pour affronter les tempêtes. La compassion s'exerce avant tout avec moi-même pour ensuite la propager à autrui, sinon elle s'annule dans la complaisance. Dalaï-Lama a dit que les périodes de grandes difficultés sont souvent les plus profitables, en termes de sagesse et de force intérieure.


18 novembre |

Le 17 novembre, j'ai célébré le trentième anniversaire de l'occupation de mon logis. Pour l'occasion, j'ai effectué une splendide randonnée avec une précieuse amie suivie d'un repas. La première moitié de ma vie fut sous le signe d'une furieuse instabilité. La seconde a été plus pondérée et stable, dans laquelle j'ai travaillé d'arraches-pieds durant trente années, c'est le moins que je puisse dire, pour Vert l'Aventure Plein Air, une micro-entreprise que j'ai fondée en 1994. J'ai alimenté ce travail comme s'il était une part entière de moi-même et de ma famille qui n'a en réalité jamais existée. J'ai accompli ma tâche avec passion, rigueur et détermination. Au supermarché aujourd'hui, je m'étonne de voir tous les maghrébins qui y travaillent. Je tente un contact avec l'un d'entre eux qui me répond sèchement qu'il ne parle pas québécois, mais français. Que sommes-nous donc, lui dis-je. Aucun effort n'est déployé de sa part en retournant à ses tâches. Peut-être n'en a-t-il pas le goût ou n'a-t-il pas le temps, que sais-je. Me dirigeant vers la caissière, une marocaine voilée me mentionne de ne pas parler le québécois. Jadis, j'aurais perçu un curieux malaise que maintenant, avec un certain recul, je vois ces personnes différemment. Prendre cela personnel et verser dans des interprétations erronées serais malheureux de ma part. Lorsque j'ai créé mon entreprise en 1994, internet n'existait pas, il fallait alors aller vers les autres. On appelle étrangement le progrès cette affaire. Le seul progrès que j'observe est celle de la technologie. Le progrès humain et collectif, je les vois à peine au point de ne plus reconnaître mes repères. Ai-je à ce point changé ou est-ce le monde qui change ? Les deux dirais-je. Les relations humaines à l'ère numérique ont perdues leurs lustres où est-ce mes perceptions qui se sont atrophiées avec l'âge ? Ce progrès est récupéré en partie par les entreprises qui deviennent synonymes d'une recherche avide de pouvoir dans un va-vite condescendant. Dans ce temps-là, le Québec était homogène, à part la métropole. Malgré la misère, la fraternité et les cadres existaient. Les politiciens doivent renforcer les règles, celles que nos prédécesseurs ont déployées pour conserver les acquis, la culture et le vivre ensemble. Les gardes fous doivent être continuellement révisés pour éviter des situations conflictuelles voire dangereuses. L'ignorance, le repli sur soi dans le rejet de l'autre et l'indifférence sont le reflet d'une société atrophiée. Que s'est-il passé pour avoir si promptement rompu avec les valeurs qui nous ont porté ? L'appât du gain serait-il plus fort que notre amour au point de renier nos frères. Le fatalisme face aux défis contemporains est-il un refuge ou un danger ? La question se pose. Dans le dictionnaire, le fatalisme est ce qui s'abandonne aux événements et qui les accepte avec résignation et passivité. J'éprouve de la difficulté à me résigner, car il y a toujours une lueur au bout du tunnel. Par contre, j'ai l'impression parfois de vivre dans un tunnel qui me sert de refuge. Dans plus ou moins une décennie, le français pourrait devenir une langue seconde avec l'arrivée récente d'une immigration massive. Devrais-je parler l'arabe ou l'anglais dans un avenir rapproché ? Les immigrants, pour la plupart, tentent de reproduire le monde dans lequel ils proviennent, c'est le réflexe exaltant de l'instinct de survie. Les plus forts s'intègrent, les autres moins. Les guettos les guettent, beau jeu de mot qui en dit long sur ces malheureux qui seront peut-être nous dans un avenir rapproché. Les québécois en sont-ils venus à vivre reclus dans ces ghettos, le monde ne nous appartenant plus comme autrefois. Pour se rappeler qui nous sommes, le roman Menaud, maître-draveur de Félix-Antoine Savard est une référence considérable. C'est l'histoire d'un peuple qui se soumet. C'est une partie de mon histoire, ou presque. Ces adhérents trahissent leurs frères pour quelques dollars vaniteux et quelques heures de gloire. C'est comme ça que la vie est devenue si chère. Les gens venus d'ailleurs ne sont pas prêts à délaisser leurs coutumes et leurs cultures, néanmoins des efforts doivent être considérés afin de jeter des ponts dans les sociétés qui les accueillent. Qui suis-je, sombre abruti, pour faire la morale ? Ne suis-je pas fait que pour décrire les beautés du monde, ne parvenant qu'à voir ses travers ? J'éprouve depuis peu un fort sentiment de liberté, celui de me penser et de penser le monde dans lequel je passerai le reste de ma vie. À tous les jours, mon voisin Karl me demande quel jour l'on est. Depuis qu'il ne va plus à la messe du dimanche, il est perdu. Un jour, il ne se souviendra même plus qu'il est perdu. C'est pour ça que j'écris, c'est pour me rappeler d'où je viens, où je vais, même si je n'en sais rien. En réalité, je ne sais pas grand chose à part d'assembler des mots furtifs. Les pensées que je ne dis pas, ce sont des pensées qui pèsent, qui s'inscrustent, qui m'alourdissent, qui prennent la place des idées neuves et qui me pourrissent. Je deviendrais une décharge à vieilles pensées qui puent si je ne parle pas, c'est pour ça que j'écris. Écrire m'apparaît le prolongement de mon regard vers l'intérieur de mon être. Écrire c'est échapper à la tentation de me fuir. 


J'ai mal au pied à trop vouloir me fuir. C'est la seule chose que j'ai apprise dans la vie jusqu'au moment de me raconter à travers le blogue. Il exprime ma renaissance autrement que par mes pas usés par la force des choses. Ce qui fut longtemps une échappée belle est devenu un exutoire, le fourre-tout de mes peurs. Écrire, c'est affronter le vent de face. C'est lentement écumer le vent me pousser dans le dos entre vents et marées. Écrire est ma force et ma dignité dans l'adversité. Écrire devient mon leitmotiv dans l'absence de ma chair. Des étincelles de vérité naissent dans des éclairs de lucidité. Tout à coup, les mots ressurgissent de ma mémoire, les formes se dessinent allègrement, vuptueusement, tel le vaisseau que l'on remonte lentement des eaux sombres. Il y a tellement de choses qui refont surface de mon profond sommeil, telles les portes d'un vieux manoir qui après des siècles s'entrouvrent à la lumière du jour.


16 novembre |

Et maintenant, que se passe-t-il ? Où en sont mes projets à part de respirer à fond et d'entendre au loin les clochettes du Père Noël. J'écris moins, je lis moins. Mes plus récentes pratiques sont en pause. Dans le dernier café philosophique, la question retenue fut : est-ce que la colère collective est justifiable ? Après la victoire de Trump, la colère est palpable. Il y a deux semaines, la question retenue demandait si l'autorité doit être bienvaillante. Le café philosophique me permet de pousser plus loin la réflexion. Dans le groupe, il y a les assidus, j'en fais partie. Plusieurs connaissent mon nom, ça me réjouit. Il y a les nouveaux, intrigués par les discussions. Plusieurs ne reviennent pas, je n'en connais pas les raisons à part un possible épurement naturel selon les intérêts. Certaines personnes sont vraiment bien articulées. J'aime la rhétorique, la dialectique. Je ne dois pas me sentir diminué par les exaltations verbales d'autrui, mais plutôt être fier de faire partie d'une fraternité dotée d'une profonde volonté d'humanisme. Les participants viennent sur une base volontaire et plusieurs d'entre eux appliquent la simplicité volontaire dans leur vie. J'apprécie et je respecte beaucoup l'animateur Jacques qui anime une émission radiophonique hebdomadaire sur la simplicité volontaire à 10h00 les vendredis à CKIA. Mikaël, le dernier venu, est un jeune français doué, il a assurément une carrière prometteuse devant lui. Il anime le café philosophique à l'intérieur d'un format différent. J'assisterai à son atelier à la fin du mois qui regroupera un public plus jeune. Plusieurs affichent une certaine aisance à débattre en public et possèdent des connaissances accrues. J'apprends à mieux réfléchir. Tous et chacun avons eu de la colère à certains moments. Cette émotion, si elle n'est pas gérée adéquatement apporte des problèmes récurrents. Il en est ainsi de cette colère collective qu'un grand nombre d'américains ont exprimée lors des récentes élections. Trump a su exploiter la colère du peuple pour se hisser à la présidence, ce n'est pas rien. Ferry de Kerchove, ancien  ambassadeur et journaliste français, traduit très bien les aléas de la politique mondiale. C'est un génie de la rhétorique. Les manifestations de tous genres permettent un exutoire laissant relâcher de la pression. La colère contenue est dangereuse. Les raisons de la colère peuvent être autres que l'événement lui-même. Une mauvaise gestion des émotions entraîne des pensées erronées et des comportements douteux n'ayant rien à voir avec ledit événement. Depuis un an, je participe à un club de lecture. Depuis le dernier atelier, je réalise que mon intérêt a diminué. Toutefois, la venue de Charles, le nouvel animateur, laisse envisager des jours meilleurs. Idéalement, un groupe ne doit pas être trop homogène, là est le problème. Je me méfie des ghettos de toutes sortes, des groupes fermés. Pour qu'un groupe se développe sainement, la règle est sa diversité et son cadre sauf pour les groupes d'activités physiques qui requièrent une force accrue. Dans ma jeunesse et plus tard, les tuteurs ont cruellement fait défaut. Dorénavant, j'ai des indispositions devant l'ignorance et l'absence de volonté visant le développement humain et social sous toutes ses formes. Mon temps est devenu précieux, et pour cause avec ce temps qui file à vive allure. Kant disait que l'on ne peut apprendre la philosophie, mais on ne peut qu'apprendre à philosopher.


8 novembre |

Ce matin, j'ai croisé Simon, un itinérant. Il avait la vingtaine. En plus de ses fringues et de son baluchon, il avait une petite tente avec lui. Je lui demande s'il passe l'hiver dehors, qu'il me répond ne pas savoir ce qu'il adviendra de lui. Son propriétaire l'a jeté dehors, lui et sa copine pour effectuer des travaux. En chômage tous les deux, ils n'ont eu d'autres choix que de prendre la rue comme des milliers d'autres. Je lui demande s'ils dorment dans les refuges. Répondant par la négative, ils ont peur de ce qu'ils adviendront d'eux dans ces nids de violence, préférant camper dans les parcs urbains en attendant je ne sais quoi. Ils sont loin d'avoir un historique de santé mentale et de toxicomanie comme plusieurs qui séviçent dans les centres-villes. L'itinérance ne fait qu'augmenter avec le coût de la vie qui cible toutes les couches de la population. Que feront les gouvernements ? Réouvrir les institutions en santé mentale comme auparavant. À  partir des années 80 des milliers de patients des hôpitaux psychiatriques se sont fait montrer la porte. On appelait ça la réinsertion sociale et le rétablissement dans la société. Dans un passé pas si lointain, des groupes distincts de citoyens mal-aimés ont disparu de la circulation pour entrer dans ces hospices. Plusieurs d'entre eux étaient pourtant sains d'esprit, mais pauvres et orphelins. Les religieux, avec pour seul salaire la bénédiction du bon Dieu, s'occupaient de ces miséreux. Le système actuel ne peut aider tout le monde, un triage s'effectue, les moyens et le personnel aidant manquant cruellement. Il y a des itinérants que je vois dans la rue qui, avec un peu de soutien, seraient capables d'intégrer la société. Mais de quelle société parle-t-on ? Celle que je vois est aussi folle que les itinérants croisés. Mes propos sont acerbes à propos de la société, j'en conviens. N'est-ce pas ainsi que le monde est fait, pour les plus forts, comme dans la jungle. Qui vivra verra. Les plus faibles périront, le bon Dieu ayant pris des vacances prolongées pour le soutien des malheureux. C'est qu'aujourd'hui la science et la technologie ont remplacé la volonté du saint Esprit dans l'accompagnement des plus misérables. Voici le résultat et ce n'est rien à côté d'autres pays. Le système exige du rendement économique, ceux qui n'entrent pas dans cette case sont sévèrement exclus. Les organismes communautaires ne suffisent plus à la demande. Une réforme complète du système dans lequel on vit devrait être mise en place mais nul ne semble disposé à sortir de sa zone de confort en établissant de véritables réformes pouvant offrir par exemple un salaire universel garanti pour tous. Parfois, j'aimerais disparaître tout doucement à la lumière du jour pour m'envoler dans un monde meilleur. Parfois, je rêve d'une autre galaxie où la vie serait plus accueillante. Parfois je rêve d'un endroit où l'on ne perdrait pas sa vie à vouloir la gagner. Dans mon immeuble habite Karl, sa santé physique et mentale décroît considérablement. Il est négligent de sa personne, il fait pitié à voir. Pourtant, il sait raconter de belles histoires. Le problème, c'est que plus personne ne s'y intéresse. C'est ainsi que la vie se termine pour les mal aimés, les rêveurs et les incompris. Ils n'avaient qu'à joindre les rangs dira-t-on. La société n'as que faire des rêveurs, elle requiert davantage de combattants inutiles pour distraire les millionnaires. Par chance, la méditation quotidienne me ramener doucement de ces distractions insipides mais cruellement nécessaires. Les itinérants prenant du fantanyl ne mettent pas en totalité fin à leurs jours, c'est le système dans lequel oeuvre de grands réseaux bien intégrés dans la société les tuent. Ceux qui possèdent beaucoup de pouvoir et d'argent sont immunisés dans ce système où la justice les protège. Et je ne parle pas des malheureux qui partent en guerre pour des sombres idéologies qui n'ont rien à voir avec eux pour la plupart.

7 novembre |

Je ne suis pas celui que je pense être. Je ne suis pas ma maison, mes diplômes, mon curriculum vitae. L'amour est mon salut. Vouloir être le monde, c'est vouloir être aussi fou que lui. Il a fallu être aussi fou que lui pour vouloir s'y intégrer. Souvent, j'ai perdu mon pouvoir dans la peur ne favorisant pas l'apprentissage. Au début, il y a l'émotion qui engendre la pensée, qui engendre l'attitude, le cycle parfait de la névrose Je fus longtemps dissocié de l'amour par la présence de la peur. L'amour débute lorsque la peur s'efface. L'amour transcende l'égo signifiant le petit moi séparé. L'amour s'obtient en embrassant le nouveau, délaissant le passé. L'égo est l'amour de soi se transformant en haine de soi. Tout ceci ne m'est pas inconnu, mais enseveli dans une montagne d'insouciance. Pour parvenir à me détacher de la douleur, il est essentiel de reconnaître l'amour qui me porte. L'amour est indissociable de la paix. Peace and love is my mind. Paix et amour sont les mots ultimes tel un mantra permettant de retrouver ma véritable nature. Ces mots doivent être accompagnés d'un inévitable lâcher prise. Lentement, je reviens à ma source, m'ayant oublié quelque temps par manque de vigilance ou de folie. L'équilibre tient sur un fil. L'amour est le seul bonheur durable. J'ai essayé le chocolat, à trop en manger, je suis devenu malade. C'est ainsi que j'ai reconnu ce qui est durable ou pas. Il arrive parfois de m'envoler avec beaucoup d'assurance et d'insouciance. La cigale ayant chanté tout l'été se retrouve fort dépourvu quand la bise fut venue. Je n'aime pas les montagnes russes. Prendre l'autobus à l'automne me permet d'échanger avec différents personnages en contraste avec le voyageur solitaire que j'incarne involontairement durant la chaude saison.  Jeune, je n'aimais pas l'hiver que maintenant je cajole assidûment sa cinglante fraîcheur.

6 novembre |

Sociologue de profession, Roger a eu 81 ans. Il a travaillé auprès du gouvernement durant sa vie active et à la retraite, il a siégé dans différents conseils d'administration d'organismes communautaires. Depuis trois ans, il a le cancer de la vessie, l'un de ceux qui se traitent le mieux. À la table du café habituel, je lui demande comment il va, qu'il me répond sereinement très bien. La mort ne lui fait pas peur, il croit avoir fait son temps en s'exprimant avec sérénité et humilité. On parle politique et de société. Il dit que certains problèmes actuels résident dans le fait qu'il y a trop de vieux. Selon lui, il y a plus de gens qui demandent des soins que davantage de soignants. Près du tiers du budget provincial va au budget de la santé et des milliers de gens n'ont pas de médecin de famille. La liste des problèmes auxquels fait face la société concernant l'accès aux soins de santé est complexe. Selon moi, ajouter un frais minimum initial aux soins reçus selon les revenus des usagers dégagerait beaucoup de latitude au régime actuel. Aucun parti politique ne va en ce sens, car ils perdraient leurs électeurs. Avec le statut quo, ce sera l'accès aux soins qui deviendra inaccessible dans le secteur public pour bien des gens. Les usagers, pour obtenir des soins, devront se tourner de plus en plus vers le privé et les montants versés seront plus onéreux. Si rien ne change, les moins nantis seront de plus en plus malades et il en coûtera davantage encore à l'État. Ceci représente, selon moi, une solution à court terme de ce que l'État peut faire pour renforcer l'accès aux soins de santé. Dans quelques décennies, la situation se résorbera peut-être lorsque les baby boomers disparaîtront, ces derniers représentants la plus grande strate de la population. On voit aussi apparaître depuis quelques années des pressions exercées sur les services publics en lien avec l'immigration massive. Roger demeure optimiste et surtout réaliste. Une chose que je lui ai enseignée, comme quoi il n'y a pas d'âge pour apprendre, c'est que les vieux, malgré le fait qu'ils ne produisent pas au sens propre du système actuel, peuvent apporter beaucoup d'humanité de leurs expériences, de leurs savoirs et de la richesse qu'ils possèdent s'ils se sont préalablement épanouis. L'équilibre peut être rompu à tout instant et sans crier garde. Je reconnais les soubresauts disfonctionnels actuellement dans le système et sans un apport accru d'humanité dans ce dernier, les choses ne pourront qu'empirer. À Roger, je lui dis que le simple fait de me parler contribue à l'accroissement de cette humanité. Prendre soin les uns des autres n'est pas compatibilisé, mais apporte une richesse accrue dans un monde qui se recherche éperdument. Est-ce que Donald Trump pourra apporter cette contribution ? Cela reste à voir. J'espère, comme la plupart des gens, que les Républicains mettront des gardes fous au besoin pour protéger le Monde de ce personnage qui ne reconnaît pas les institutions qui ont façonné la démocratie. Hier, je rencontre une vieille connaissance, Mounir, un septuagénaire copte égyptien établi depuis son enfance à Québec qui a fait carrière comme travailleur de rue. En causant, je lui fais part de ma participation régulière au café philosophique. En voyant son intérêt, je l'invite à la prochaine rencontre. On prendra le temps de discuter de tout et de rien avant l'atelier. Voilà le genre d'implication qui m'enthousiasme. Pierre, la cinquantaine, vit seul et travaille le soir dans un centre de recyclage. Son expérience de vie, ses propos, son écoute et ses observations font de lui une personne exceptionnelle dotée d'une grande sensibilité. On se rencontre parfois au café en parlant de soi et du monde dans lequel on vit. On tente de transformer ce qu'il nous est possible de faire, chacun à sa façon. On se ressemble à différents points de vue. Nous avons établi d'une rencontre régulière sur la grande table du café pour partager ensemble nos opinions, nos propos et les émotions perçues de nos expériences relatives. Voilà encore une fois l'implication dans laquelle mes motivations et mes intérêts m'inspirent.


4 novembre |

Adolescent, aussitôt que j'ouvrais l'œil au matin, je marchais jusqu'au moment de m'endormir pour la nuit. Les grands froids et les tempêtes ont vu mes nombreuses traces dans la neige. De plus loin que je me souvienne, j'ai bourlingué dans la ville qui m'a vu naitre pour ensuite dépasser les frontières. Ma vie se déroulait dans la rue et plus tard dans les sentiers, lorsqu'il y en avait, et sur les chemins les moins fréquentés. Hier, je suis allé à un concert de musique gratuit. Après trente minutes à l'intérieur d'une foule compacte, je n'ai pu résister d'aller marcher. J'ai réussi, avant de partir, à me délecter de chocolatines encore chaudes remplies de délicieux chocolat noir fondant. J'ai tellement marcher pendant des années que des gens ont décidé de m'accompagner où je désirais. Malgré moi, j'étais un motivateur moins par mes paroles que par mes actions. J'ai fait rêver beaucoup de monde les projetant dans un monde différent d'où ils provenaient. Tout comme Forrest Gump, je me suis arrêté et je suis retourné à la maison. À vrai dire, dans mes derniers kilomètres, plusieurs avaient déjà abandonné la course. Néanmoins, ils auront compris les raisons pour lesquelles ils marchaient. Ils ont compris qu'ils pouvaient le faire seuls ou avec des amis qui se sont faits durant le trajet. J'ai vu beaucoup de gens s'affranchir. J'ai vu beaucoup de gens cesser de ressentir le sentiment d'appartenance au groupe dans lequel ils ont marché. Je n'en suis pas la cause car la société a commencé à se transformer à l'époque où je marchais intensément. Je proviens d'une époque quasiment préhistorique avec mes histoires sans fil, sans connexion. Je proviens d'une époque dans laquelle internet n'existait pas. À son apparition, des apprentis leaders ont apparu dans la toile, laissant miroiter que le monde véritable s'y retrouvait. Avec internet, certaines personnes ont commencé à voir la vie à travers un filtre ne sachant plus discerner la réalité de la fiction. Internet pour plusieurs, les a mis au monde, pour d'autres, ils les ont barricadés dans un monde imaginaire avec des visages sans noms. Les grands marcheurs d'hier ont laissé place à des doigts clavardant sur des écrans pathétiques d'une société fractionnée. De leader de la promenade et de l'aventure, je suis passé à un illustre inconnu en quelque temps. Je continue à marcher chaque matin, mais j'ai cessé de regarder s'il y a des gens derrière. Ça ne sert plus à rien, ils sont retournés à leurs affaires, ils sont retournés dans un monde qui n'est plus le mien.


3 novembre |

Je rêve, surtout la nuit. Adolescent, j'avais une liste de voyages à effectuer, ils étaient nombreux. J'écrivais sur du papier la liste pour ne pas les oublier. Il y avait des montagnes, des rivières dans cette liste. Il y avait des odeurs, des paysages et des sourires qui m'étaient inconnus jusqu'alors. Ils étaient absents chez moi ou arboraient des teintes blafardes. Ou bien je ne parvenais pas à les voir. Ces voyages étaient mes tâches à effectuer, je m'y accrochait comme à un agenda. C'était mes seuls objectifs, c'était mes rêves éveillés. Il ne m'en reste qu'un seul, la Georgie et ses régions rurales et le centre nord de la Floride à vélo. Ils représentent les derniers remparts authentiques de ces États américains du Sud profond. La nuit, je revois en songes des gens que j'ai côtoyés. Parfois, je suis dans un bar que j'ai longuement fréquenté qui me plaisait. Dans mon rêve, ce lieu s'est transformé en une maison rustique et champêtre où je ne me sens pas le bienvenue. On transforme le bar en une sorte de petite fermette. C'est souvent comme ça dans mes rêves. Je rame beaucoup pour arriver quelque part qui, en réalité, n'existe pas. Je déploie beaucoup d'énergie dans mes rêves pour m'intégrer dans un groupe, mais je n'y arrive pas. Trop de fois, je me réveille seul, attristé. Trop de fois, je me sens impuissant devant ces songes étranges. J'essaie de les interpréter, c'est inutile d'essayer de comprendre dans les émotions. Dans mes rêves, c'est souvent comme ça, le jour comme la nuit. J'essaie de m'y faire en écrivant ce que je ressens. Je voudrais écrire sur des gens, des personnages. Je n'y arrive pas, je ne les vois pas, je ne les ressens pas. C'est pour ça que je rêve que je suis seul. C'est pour ça aussi que je me réveille seul avec comme seul compagnon ma respiration. Ça pourrait être pire, je pourrais ne plus respirer. Après ce dernier périple planifié dans les Sunshine States le printemps prochain, je sais que je voudrai par la suite revoir des lieux que j'ai déjà traversés. Je tenterai de le faire autrement tout en restant éveillé.